Depuis quelques mois, les associations de soutien aux exilés sont en relation avec le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines) http://www.perou-paris.org/
Le PEROU s’est notamment impliqué dans le bidonville de Ris-Orangis http://perou-risorangis.blogspot.fr , habité par des Rroms venus de Roumanie, y édifiant une « ambassade », bâtiment de bois au coeur du bidonville, lieu de rencontre et d’activités et moyen d’ouverture du bidonville sur la ville; y améliorant les conditions de vie, la boue, les rats, les déchets, l’électricité, le chauffage, les risques d’incendie, les toilettes, habiter là de manière moins précaire pour préparer la sortie du bidonville; soutenir les démarches des habitants pour participer à la ville, la scolarisation des enfants, les liens avec le voisinage.
L’aventure s’est interrompue de manière tragique, les habitants ont été expulsés et le bidonville rasé.
L’aventure a repris à peine quelques kilomètres plus loin, sur la commune voisine de Grigny, où se sont réinstallés la plupart des habitants, recréant un nouveau bidonville.
En quoi cette démarche, d’intervenir avec les habitants dans le bidonville pour tisser des liens entre celui-ci et la ville et préparer sa dissolution parce que ses habitants auront trouvé place dans la cité, peut–elle nous inspirer ?
Prenons par exemple le campement de la rue Lamy, en face du lieu de distribution des repas, habité par une centaine de personnes d’origines diverses. Le conseil régional, propriétaire du terrain, ne demanderait apparemment pas l’expulsion tant qu’il n’y a pas de solution de relogement. On peut donc en accord avec le propriétaire et avec les habitants envisager des améliorations.
Ça ne coûterait pratiquement rien de répandre du gravier pour éviter la boue et de remonter les tentes sur palettes pour isoler de l’humidité. Amener des braséros et gérer les déchets non plus, d’autant plus qu’il y a maintenant une benne à côté.
Il ne s’agirait pas seulement d’améliorer les conditions de vie, mais de créer une solidarité entre les associations et les habitants, et d’impliquer l’institution propriétaire du lieu dans une démarche par rapport au bidonville.
C’est très peu, mais dans le contexte calaisien c’est un petit pas qui indique une direction.
Si les campements se déplacent au fil des expulsions, on peut imaginer une ambassade mobile. Une fourgonnette avec un grand parapluie qui puisse se déplier sur plusieurs mètres, des chaises pliantes, des guéridons, du thé chaud, quelques ordinateurs avec un accès internet, des prises électriques pour recharger les portables, des brochures d’information. L’action des associations et des personnes qui interviennent dans les campements pourrait s’articuler à cette ambassade.
Et puis il y a les multiples interstices d’hospitalité éparpillés dans la ville, qu’on ne remarque pas toujours ou qu’on finit par oublier, qu’il faudrait relier et conforter.
La réflexion est lancée.