• Accueil
  • À propos
  • Documents
  • Liens
  • Le point sur
  • Les cahiers
  • Newsletter

Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives Mensuelles: juin 2014

À L’HEURE DES CHOIX

30 lundi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, logement, solidarité

L’huissier est venu en milieu d’après-midi signifier le jugement d’expulsion de ce vendredi aux occupants du lieu de distribution des repas, ce qui veut dire qu’il peut être évacué par la force à tout moment.

L’avocat des occupants travaille aux recours juridiques.

Mais la question est avant tout politique : l’État va-t-il utiliser la violence pour chasser les habitants du lieu, qui iront quelques centaines de mètres plus loin, quelques kilomètres tout au plus, pour construire un nouveau campement, nouveau témoignage de son impuissance ? Ou engagera-t-il le dialogue pour trouver des solutions à la situation des personnes et du territoire ?

Calais continuera-t-elle à trainer le boulet d’une réputation de cité de la honte et des violations des droits de l’homme ? Ou saura-t-elle accueillir ces personnes qui passent par son sol, donnant au monde l’image d’une ville d’hospitalité, accueillante à qui vient d’ailleurs ?

Le président du conseil général et l’Aide Sociale à l’Enfance offriront-ils au trente à cinquante mineurs qui habitent le lieu une protection compatible à leur projet migratoire ? Ou en feront-ils à nouveau des enfants des rues, harcelés par la police et à la merci des exploiteurs ?

Le préfet et l’association Solid’R viendront-ils rencontrer la trentaine de femmes et leurs enfants pour leur proposer d’intégrer le dispositif d’hébergement mis en place ? Ou les laisseront-ils à la rue, montrant que l’État n’est pas capable de pérenniser ce que No Border a créé ?

L’État offrira-t-il un accès équitable à la demande d’asile, en terme d’information, de conditions d’accueil et d’accompagnement ? Ou continuera-t-il à aller de violation de la loi pour dissuader les personnes en demande de protection de rester en France, en coup médiatique destiné à donner un habillage humanitaire à la violence des expulsions ?

La réponse ne devrait pas tarder s’il s’agit d’un nouveau déferlement de violence.

Il serait important que la réponse vienne vite s’il s’agit enfin d’aller vers des réponses constructives.

 

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

 

WEEK-END MÊLÉ AU LIEU DE DISTRIBUTION DES REPAS

30 lundi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, logement, solidarité

Le jugement du tribunal administratif de Lille de prononcer l’expulsion du lieu de distribution des repas occupé par les exilés depuis le 27 mai n’a donc pas été exécutée dès ce lundi matin.

Mais cette décision a amené les exilés à s’organiser à nouveau. Les réunions quotidiennes au début de l’occupation du lieu avaient disparues du fait de la dilution des occupants initiaux parmi les nouvelles personnes arrivant chaque jour, le grève de la faim lancée le 11 juin par un groupe d’une trentaine de personne avait fini par s’évanouir progressivement, jusqu’à s’arrêter en fin de semaine dernière.

Samedi une première assemblée des occupants a eu lieu pour partager les informations et faire le point sur la situation. Une autre a eu lieu hier dimanche dans l’après-midi. Elle a été suivie par l’élection de délégués par communauté. Aujourd’hui, un texte circule de groupe en groupe pour être approuvé par tous avant d’être adressé aux autorités. Comme le mois dernier, les exilés choisissent un mode d’organisation démocratique et tentent d’ouvrir le dialogue avec les autorités pour trouver des solutions à leur situation. Espérons que pour une fois, contrairement à ce qui s’est passé il y a un mois, les autorités ne répondront pas par la violence et l’expulsion.

Mais la violence vient parfois aussi d’ailleurs. Un petit groupe arrivé il y a quelques jours faire du business et qui n’a pas été correct en affaire a provoqué une violente bagarre samedi soir, faisant plusieurs blessés. Le dialogue entre les communautés aurait pu être remis en cause, ce genre d’affrontement ravivant souvent des clivages en fonction de l’origine et de la couleur de peau, mais plusieurs personnes ont fait office de médiateur pour renouer les fils dès le soir même.

Dimanche a été aussi le premier jour de ramadan. Tous ne sont pas musulmans et tous ne jeûnent pas, mais c’est un moment important de la vie collective, qui crée souvent un climat d’apaisement.

 

Pentax Digital Camera

 

L’EXTRÊME-DROITE EN BRUIT DE FOND

29 dimanche Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Le point sur

≈ 6 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, extrème-droite

Dans la nuit du 12 au 13 juin, une personne tire à deux reprises sur des exilés avec une carabine à plomb, blessant deux d’entre eux à deux heures d’intervalles. Le fait qu’il ait tiré au même endroit, la facilité avec laquelle l’arme puis le tireur ont été retrouvés, donnent l’impression d’une personne qui agit avec un grand sentiment d’impunité, et qu’il aurait pu continuer toute la nuit si la police ne l’avait pas appréhendé.

S’agit-il d’un acte exceptionnel, ou du signe d’une recrudescence des actes violents à l’égard des exilés ? S’agit-il d’un acte isolé, ou est-il lié directement ou indirectement à l’émergence d’un groupe d’extrême-droite violent, Sauvons Calais ? L’enquête devrait permettre de l’établir, mais rien n’indique que des investigations soient menées pour éclaircir les motivations et les connexions éventuelles du prévenu.

Les violences racistes passent au second plan à Calais derrière les violences policières, qui sont massives et quotidiennes, et laissent loin derrière les violences liées au passage. Il y a également une tendance à les minorer, à tord ou à raison – « il n’y en a pas tant que ça, vu le contexte ». Elles sont de ce fait mal connues, ainsi que leur caractère organisé ou non.

Le Front national fait des scores dépassant facilement 20% sans faire de campagnes importantes ni avoir une présence de terrain visible. On a l’impression qu’il suffit qu’ils collent quelques affiches pour qu’une rente électorale tombe. Cela ne signifie pas qu’il n’ont pas une présence moins visible dans la société calaisienne.

Il y a par contre au quotidien un racisme d’apartheid, avec des bars et des magasins qui refusent les exilés, d’autres qui les acceptent dans des conditions restrictives, deux par deux comme le Lidl de la rue Molliens rendu célèbre par le film « Welcome », ou qui servent en manifestant leur hostilité d’une manière ou d’une autre. Et puis il y a aussi tous les commerces et bars qui ne font pas de différences selon l’aspect physique de la personne, ou ceux qui font un geste de sympathie, comme ces commerces qui donnent leurs invendus en fin de journée ou les bars qui permettent l’accès à leurs toilettes sans consommer, puisque quelques centaines d’exilés n’ont accès qu’à trois toilettes d’une saleté repoussante posées devant le lieu de distribution des repas. La société calaisienne est de fait clivée comme pouvait l’être la France de l’Affaire Dreyfus, mais sans que ce conflit éclate au grand jour (héritage du « délit de solidarité », la solidarité se cache souvent).

La maire de Calais légitime ces comportements racistes lorsqu’elle annonce en février 2013 des contrôles au faciès au centre commercial des 4B, en centre-ville, désignant les exilés comme responsable des difficultés financières du centre. L’État, sous un gouvernement socialiste, légitime cette position en faisant effectuer des contrôles au faciès par la police nationale, chargée explicitement d’éloigner les « migrants » de cet espace commercial.

Le racisme au quotidien – pousser des cris d’animaux quand on croise des Africains dans la rue – se trouve donc légitimé et renforcé par le racisme institutionnel, fait de discours stigmatisants et de pratiques de violence physique et symbolique – qui légitime à son tour la violence des simples citoyens.

Un bénévole témoigne : « C’était pendant l’hiver 2008-2009. C’est les bénévoles des associations qui s’occupaient du BCMO, le gymnase ouvert pour le plan grand froid. Une nuit, j’ai entendu des claquements. J’ai vu deux trous dans le bas des vitres des portes. Je suis sortis et je n’ai vu personne, je n’ai pas entendu de véhicule démarrer. Il y avait des éclats de verre jusqu’à mon sac de couchage, à cinq mètres de la porte, ce n’était donc pas des pierres. C’est quand j’ai entendu parler du vigile qui a tiré sur les migrants que j’ai pensé à une carabine à plombs ». Rien ne dit que ce soit la même personne et la même arme, mais ces tirs au ras du sol auraient pu atteindre des dormeurs.

Il y a ainsi une violence raciste dirigée contre les exilés, et parfois contre des exilés d’origine étrangère, souvent nocturne. Les douches des exilés, gérées par le Secours catholique, ont ainsi été incendiées plusieurs fois. Situées par volonté de la mairie dans une zone industrielle, il n’y a pas là de riverains dont la prétendue indignation viennent légitimer la violence. Au contraire, l’isolement du lieu l’a rendu vulnérable. Les auteurs des incendies n’ayant pas été retrouvés, il n’a pas été possible d’en savoir plus sur leurs liens possibles avec une extrême-droite organisée.

S’ajoutent peut-être à es violences plusieurs morts non élucidées. Le 22 décembre 2011, Ismaël, un jeune Éthiopien, est trouvé mort au pied d’un pont du centre-ville. La police conclut à un suicide, ce qui est possible mais pose quand même question vu la faible hauteur du pont, aucune enquête n’est menée. Le 7 juillet 2012, Nouredine, un jeune Soudanais, est trouvé mort dans un canal. La police conclut à une mort accidentelle sur la foi du seul témoignage d’une personne qui le poursuivait suite à une altercation, malgré les demandes des proches et de la famille. A minima, l’absence de transparence et d’investigations montre une absence d’intérêt pour la vie de « ces gens-là ».

Le 15 mars 2014, un jeune exilé meurt dans un camion lors d’une tentative de passage. Le chauffeur du camion est pris en charge par une cellule psychologique pour le traumatisme subi. Les exilés qui venaient d’assister à la mort de leur camarade sont arrêtés, placés en garde-à-vue, puis relâchés. Il parait évident à tous les acteurs du drame et au journaliste qui en rend compte qu’ils n’ont ni psychisme, ni souffrance, ni traumatisme qui puisse justifier qu’ils bénéficient du même soutien psychologique que le chauffeur européen. Dans l’esprit commun, ils participent bien d’une humanité intérieure, dépourvue d’âme, « Untermenschen » disait-on dans un contexte pas si ancien.

En quoi ce mépris officiel de la vie humaine et de la qualité d’humain facilite-t-il le passage à l’acte nocturne d’un tireur à la carabine ? En quoi les appels au meurtre qu’on peut lire sur la page facebook puis le site de Sauvons Calais l’encourage-t-il ? L’enquête permettra-t-elle de l’établir, comme le demande Amnesty International ?

Le passage à tabac et diverses agressions d’exilés par les membres d’un groupe identitaire calaisien en 2010 avait entrainé un procès et des condamnations à des peines de prison ferme. Le groupe avait alors disparu du paysage.  Mais on était là devant un exemple de violence raciste politiquement revendiqué.

On ne sait pas s’il y a un lien de filiation entre ce groupe et Sauvons Calais, apparu en octobre dernier, et bénéficiant à son apparition du soutien de la mairie, qui vient de publier un appel à la délation contre les squats et reçoit le collectif sur les marches de l’hôtel de ville, ainsi que de l’État lorsque le groupe attaque un squat de Coulogne (voir ici, ici, ici et là), combinant caillassage du bâtiment, menaces de mort et de viol, jets de cocktails Molotov et tentatives d’intrusions nocturnes, pendant un semaine durant, jusqu’à ce que les occupants partent en catimini. La position officielle de la préfecture est alors qu’il n’y a pas de trouble à l’ordre public. Si la préfecture interdit la manifestation de Sauvons Calais prévue le , ni les appels au meurtre et à la haine raciale propagée par son site internet, ni sa constitution en milice patrouillant en ville pour repérer les squats et démarchant les particuliers sous le prétexte de protéger leur habitation contre les sans-logis ne font l’objet des poursuites prévues par la loi.

La nuit de tir aux migrants des 12-13 juin s’inscrit dans ce contexte, dont il est essentiel de comprendre les implications, sauf à vouloir que ces violences se reproduisent.

 

Vous pouvez écouter ici une interview d’Adam, une des deux personnes blessées par les tirs de la nuit du 12 au 13 juin :

http://audioblog.arteradio.com/post/3061182/interview_adam/

 

douches 30 decembre 2013 001Les douches pour les exilés, gérées par le Secours catholique, incendiées le 30 décembre 2013.

PAROLES D’EXILÉS 10

28 samedi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Paroles

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, extrème-droite

Dans la nuit du 12 au 13 juin, un vigile tire à la carabine à plomb sur des exilés, à plus d’une heure d’intervalle. Interview d’Adam, l’un des deux blessés de cette nuit-là. Plus d’information sur https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2014/06/13/tir-aux-migrants/

Interview en anglais :

http://audioblog.arteradio.com/post/3061182/interview_adam/

 

Vous pourrez retrouver l’ensemble de ces sons en format mp3 sur http://audioblog.arteradio.com/blog/Passeursdhospitalites/

Si vous souhaitez les utiliser pour une diffusion radio, nous pouvons vous les envoyer en format wav : écrivez-vous à passeurs.dhospitalites(at)laposte.net

 

gramophone

 

CHAOS À CALAIS

27 vendredi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, Frontière, logement, mineurs, solidarité

Le tribunal administratif a décidé l’expulsion sans délais du lieu de distribution des repas à partir de la signification du jugement, c’est-à-dire que l’expulsion deviendra possible dans le courant de la semaine prochaine, selon la célérité avec laquelle le préfet accordera le concours de la force publique – ou selon ce qui a été organisé de concert entre la mairie et la préfecture si elles se sont mises d’accord sur le déroulement des opérations.

Bien entendu, aucune solution n’est proposée aux personnes qui habitent sur le lieu de distribution des repas.

Les associations et les exilés vont prendre le temps de faire le point sur la situation et d’envisager que faire. Les recours juridiques possibles sont étudiés avec Me Nobert Clément, qui a assuré la défense des habitants du lieu de distribution. Les associations ont aussi décidé de boycotter la réunion du conseil des migrants convoquée pour aujourd’hui, pour dénoncer l’absence de dialogue et la violence de la politique municipale.

Plus de quatre cents personnes habitent là maintenant. Parmi elles, entre trente et cinquante mineurs, adolescents et pré-adolescents (la question des mineurs a été soulevée avec insistance ces derniers mois, comme aucune solution n’a été apportée ils sont toujours là), et quelques mineures. Une trentaine de femmes, dont certaines enceintes, et certaines avec des enfants de quatre à six ans. Jusqu’à présent la maison de l’avenue Victor Hugo accueillait les femmes et les enfants, mais soixante-treize personnes y habitaient en milieu de semaine, il n’y a décidément plus d’espace disponible.

À ce propos, la préfecture ajoute au chaos ambiant s’il est possible. Le préfet avait annoncé le déménagement à la fin du mois du lieu d’accueil des femmes, sans donner de précision de lieu. Le Secours catholique vient d’apprendre que l’État réquisitionnait pour l’hébergement des femmes le lieu d’accueil de jour géré par le Secours catholique. Il s’agit d’un préfabriqué posé au-delà de la rocade de contournement de Calais, au milieu des champs, à une heure de marche du centre-ville (la localisation a été imposée par la mairie), impropre à l’habitation. Plus de soixante-dix femmes et enfants de l’avenue Victor Hugo et plus de trente femmes et enfants du lieu de distribution des repas, il est incapable d’accueillir plus d’une centaine de personnes.

Le Secours catholique accueille là quotidiennement soixante à quatre-vingt personnes, il y a aussi ses bureaux pour l’accompagnement des demandeurs d’asile. L’activité de l’association s’en trouvera déstructurée. Règlement de compte du préfet vis-à-vis des associations qu’il trouve trop peu dociles ?

L’incohérence qui règne dans l’action de l’État depuis plus d’un mois tient-elle à l’incompétence du préfet du Pas-de-Calais, auquel cas M. Cazeneuve serait charitable de le renvoyer pour le remplacer par quelqu’un d’à-peu-près capable de gérer la situation ? Ou est-elle délibérée pour faire basculer la situation dans la violence – dernière arme d’un gouvernement aux abois ?

Malheureusement, la circulaire du 11 mars 2014, signée par Manuel Valls dans la dernière ligne droite de la campagne des municipales, énonce : « Lorsque la nationalité de l’étranger est établie ou qu’il est titulaire de documents de voyage, je vous invite à privilégier la voie de son éloignement vers son pays d’origine. Dans les autres cas, cette voie doit également être recherchée, sans négliger toutefois la réadmission au sein de l’Union européenne, lorsqu’elle est possible, qui permet d’assurer que la situation irrégulière ne reste pas sans réponse » (page 3).

C’est une réponse possible à la question « où vont aller les gens après l’expulsions ? » Après le couple Besson – Sarkozy se mettant en scène expulsant les Afghans en Afghanistan, on aurait comme un remake maquant d’imagination le couple Hollande – Valls expulsant les Soudanais au Soudan ou les Syriens en Syrie, pour mettre en scène sa fermeté face à « l’invasion migratoire », et briser ce qui reste du « ni-ni », ces personnes ni régularisables ni expulsables, ce qui reste de barrière morale pour que les personnes ne soient pas renvoyées vers la torture et la mort. Malheureusement de ce pouvoir tout est possible.

Le pire n’est jamais sûr, mais le prévoir permet parfois de l’éviter.

Espérons-le. Et créons ensemble cet autre possible.

 

Pentax Digital Camera

EXPULSION DU LIEU DE DISTRIBUTION DES REPAS : L’OURS DÉFENDRA SA PEAU

27 vendredi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, solidarité

En fin d’après-midi, un huissier accompagné de deux policiers municipaux est venu déposer deux présentoirs sur lesquels était fixé le dossier d’une centaine de pages en français de la saisine du tribunal administratif par la mairie de Calais pour obtenir l’expulsion des personnes occupant le lieu de distribution des repas.

Dans le dossier, il y a un formulaire en français que doivent signer les occupants du lieu auxquels la plainte a été signifiée. L’huissier essaye de faire signer des exilés, qui refusent de signer un papier qu’ils ne comprennent pas. Il apostrophe par son nom un bénévole présent, qui lui réplique qu’il n’habite pas là. L’huissier insiste pour avoir sa signature. Un bénévole naïf aurait peut-être signé sans savoir les conséquences. Est-ce la loi de trouver un quidam qui n’habite peut-être pas là pour signer un document qu’il ne comprend pas ?

Les occupants du lieu essayent de comprendre ce qui se passe. Lecture du document, explications, traduction. La mairie de Calais a saisi le tribunal administratif en référé (procédure accélérée) pour demander l’expulsion des personnes occupant le lieu de distribution des repas. L’audience est fixée au lendemain vendredi 27 juin à 9h30. On signifie la convocation au jugement en fin d’après-midi pour le lendemain matin à Lille à des personnes ne comprenant généralement pas le français.

Peut importe, on téléphone pour trouver un avocat pouvant représenter les exilés au procès – pour que celui-ci soit à-peu-près équitable, même si l’avocat n’a concrètement pas le temps de prendre connaissance du dossier – ce qui peut motiver un report d’audience et permettre de gagner le temps de vraiment préparer la défense.

L’affichage de la plainte sur des présentoirs aux accès du lieu de distribution des repas est destinés aux riverains hostiles aux exilés – les autres n’ont pas droit à la parole – et met en scène une opposition entre « Calaisiens » et « migrants » qui sert à masquer que la maire de Calais ne fait rien pour les Calaisiens et mène une politique contraire aux intérêts du territoire.

Comme souvent, les exilés ont répondu de manière digne. Quand sont venus les bénévoles qui avaient prévu de discuter des violences policières, et qu’ils leur ont expliqué la situation, les enjeux, leur ont dit qu’ils avaient trouvé un avocat pour les défendre, ils et elles ont été plus de trois cents à donner leur nom et signer la délégation de pouvoir à l’avocat pour les représenter. Face à la violence qu’ils subissent chaque jour ils ont opposé le respect de leurs droits.

Sachant que la mairie de Calais saisit le tribunal de ses propres turpitudes. Lorsque jour après jour les exilés collectent leurs déchets dans des sacs-poubelles et les déposent pour qu’ils soient collectés, c’est la mairie de Calais qui crée l’insalubrité en ne les ramassant pas. Lorsque les associations interpellent la mairie pour nettoyer les trois toilettes chimiques qui sont à l’entrée du lieu de distribution des repas et augmenter leur nombre en fonction du nombre de personnes qui utilisent le lieu ou vivent à proximité immédiate, et n’obtiennent aucune réponse, c’est bien la mairie de Calais qui crée l’insalubrité.

Évacuer le lieu de distribution des repas pour aller où ? La question est la même qu’à la veille de l’expulsion e campements du 28 mai. Et toujours pas une trace de solution de la part des autorités.

 

Pentax Digital CameraPentax Digital CameraPentax Digital CameraLa plainte de la mairie, mise en scène sur un présentoir à l’attention de certains riverains, mais pas d’autres qui n’ont aps voix au chapitre.

Pentax Digital CameraPentax Digital CameraDes toilettes rarement nettoyées et en nombre insuffisant, malgré les multiples interpellations des associations. La mairie de Calais crée l’insalubrité dont elle se prévaut pour demander l’expulsion.

Pentax Digital CameraPentax Digital CameraDes déchets qui s’amoncellent, des poubelles qui ne sont ramassées qu’après de multiples pressions. Mais le jour où on affiche une demande d’expulsion, les poubelles sont ramassées comme par magie. Comme quoi quand on veut on peut.

Pentax Digital CameraPentax Digital CameraCette photo a été prise en octobre 2013 au campement de la rue Lamy, quand il n’avait qu’une cinquantaine d’habitants. Pendant des mois les associations ont interpelé la mairie pour obtenir le ramassage des poubelles. L’insalubrité est un des arguments mis en avant pour justifier l’expulsion.

Pentax Digital CameraPentax Digital CameraL’insalubrité a également été utilisée pour obtenir la décision d’expulsion du squat de la rue Mouron. L’insalubrité sert aussi à justifier l’utilisation d’une procédure d’urgence. Ici, la décision en urgence est prise en juillet 2013 alors que le lieu est habité depuis octobre 2012 dans les mêmes conditions d’insalubrité. Il sera évacué en septembre 2013.

Pentax Digital CameraL’expulsion du squat de la Rue neuve en octobre 2013 pour insalubrité, selon la même procédure d’urgence, alors que le squat était habité depuis un an. Lorsque les habitants d’un squat déposent leurs poubelles sur le trottoir, les éboueurs ne les ramassent systématiquement pas. L’accumulation d’immondices entraine des réactions négatives des riverains et conforte les préjugés racistes, que la maire de Calais exploite ensuite politiquement. Elle crée la situation, puis en tire profit.

ÇA COGNE TOUJOURS

26 jeudi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, violences policières

Hier jeudi, emmené à l’hôpital un jeune Érythréen, arrivé il y a trois jours à Calais. Frappé à la tête par trois policiers. Une petite plaie qui suinte, mais une forte douleur.

Aujourd’hui en fin d’après-midi, un mineur érythréen de 17 ans, la lèvre fendue par le coup de poing d’un policier la nuit précédente.

Aujourd’hui après le repas, un Érythréen le nez cassé et des plaies aux jambes, tabassé par des policiers la nuit précédente.

Quelques témoignages parmi un multitude de la bestialité croissante des policiers à l’égard des personnes exilées. Probablement au vu de la fréquence de ces agissements, sur ordre de leur hiérarchie.

À l’initiative de la Plate-forme Service Migrants, des bénévoles et des associations calaisiennes, une information a été donnée aux exilés sur leurs droits, et un numéro de téléphone leur a été distribué pour qu’ils puissent témoigner des violences dont ils sont victimes.

 

VICTOR HUGO : L’INQUIÉTUDE DES COSETTES

26 jeudi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 6 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, hébergement, solidarité

Hier en fin de journée, un groupe d’hommes et quelques femmes bavardent devant l’ancien squat Victor Hugo. Une question inquiète est posée : le lieu doit fermer le 30 juin, les femmes savent qu’elles doivent partir, personne ne leur a dit où. Ils et elles craignent qu’elles se retrouvent à la rue.

Ce squat ouvert en juin 2013 par des membres de No Border, qui accueillait plus spécifiquement des femmes et qui était sous le coup d’un jugement d’expulsion depuis décembre, a été repris il y a un mois par Solid’R, une association d’insertion qui gère déjà un CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), à la demande de l’État. Le préfet du Pas-de-Calais a annoncé aux associations et à la presse le 18 juin que la maison de l’avenue Victor Hugo serait rendue à sa propriétaire le 30 juin, et que le dispositif d’accueil serait pérennisé jusqu’à octobre dans un autre lieu. Silence par contre par rapport aux nouvelles conditions d’accueil. Cinq jours avant le déménagement, les principales intéressées ne savent toujours pas à quoi s’en tenir.

En terme de taille l’ancien squat est une maison qui qui conviendrait à un couple plutôt modeste avec enfants. Quand les discussions ont commencé entre les associations, la préfecture, des membres de No Border et Solid’R à la fin de l’hiver, elle accueillait une trentaine de femmes et d’enfants. Quand Solid’R a repris les lieux, elle en accueillait une soixantaine.

Comme le lieu est plein, des femmes dorment à nouveau dehors. Elles sont entre quinze et vingt à dormir sur le bitume du lieu de distribution des repas.

No Border avait mis en place une expérience intéressante d’accueil des femmes exilées à Calais. À force de bricolage, de mesures à court terme et d’absence de perspectives, l’État a réussi à ce qu’il y ait à nouveau des femmes à la rue à Calais.

 

 

LE ROYAUME-UNI N’EST PAS LE PARADIS

24 mardi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Asile, Exilés, Royaume-uni

Une recherche menée par des chercheurs de l’Université de Birmingham montre un accroissement des situations de pauvreté parmi les demandeurs d’asile et les réfugiés. Au-delà des coupes budgétaires qui touchent un peu tous les domaines, les chercheurs l’attribuent à une politique visant à dissuader les personnes de venir demander l’asile au Royaume-uni.

Article (en anglais) :

http://www.migrantsrights.org.uk/news/2014/new-research-shows-endemic-poverty-amongst-refugees-uk?utm_source=Migrants+Rights+News&utm_campaign=8b57f9f56f-MRN_News_10-05-2014&utm_medium=email&utm_term=0_1084a7080c-8b57f9f56f-217248241

Vous pouvez télécharger le rapport (en anglais) ici :

http://www.birmingham.ac.uk/Documents/college-social-sciences/social-policy/iris/2014/working-paper-series/IRiS-WP-1-2014.pdf

La récente loi sur l’immigration restreint également l’accès au système public de santé (National Health System) de manière gratuite aux personnes résidant au Royaume-uni depuis au moins 5 ans, excluant de nombreux migrants. Les demandeurs d’asile et les réfugiés ne devraient pas être concernés par cette restriction, mais de nombreuses imprécisions de la loi inquiètent quant à la définition de la résidence habituelle permettant d’accéder aux soins de santé gratuits.

Article (en anglais) :

http://www.migrantsrights.org.uk/blog/2014/05/immigration-act-2014-what-next-migrants-access-nhs-care?utm_source=Migrants+Rights+News&utm_campaign=2e3b3d1a8c-MRN_News_27-05-2014&utm_medium=email&utm_term=0_1084a7080c-2e3b3d1a8c-217248241

 

 

UN JEUNE ÉRYTHRÉEN A FAILLI SE NOYER DANS LE PORT

24 mardi Juin 2014

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, passage

Un jeune Érythréen a failli se noyer en tentant d’entrer dans le port la la nage, vraisemblablement au cours de la nuit de vendredi à samedi derniers. Il est resté deux jours dans le coma, et il est toujours en réanimation.

Entrer dans le port à la nage se fait généralement en petit groupe, sans passeurs, donc gratuitement. C’est un des moyens utilisés par les personnes sans argent. Avec les risques qui vont avec.

https://goo.gl/maps/yHzqI

 

Pentax Digital Camera

 

← Articles Précédents

Passeurs d’hospitalités

Passeurs : font circuler la parole, et relient les êtres et les rives.

Hospitalités : les mille formes de l'accueil et de la rencontre entre les êtres.

Le bloguistan des Passeurs d’hospitalités

  • Passeurs d’hospitalités – English
  • Exilés dans les Balkans (fr)
  • Exiles in the Balkans (en)
  • Lampedusa – une île

Contact :

passeurs.dhospitalites (at) laposte.net

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Abonnement flux RSS

  • RSS - Articles

Articles récents

  • Au CRA de Plaisir, on n’est pas malade à cause du Covid mais à cause de l’enfermement !
  • À Calais, au beau milieu de l’hiver, deux initiatives mettent les plus vulnérables à l’abri
  • À Calais, une justice complice du harcèlement étatique des exilé.e.s
  • Coquelles : Justice des libertés et de la détention, justice fantôme ?
  • Expulsion vs mise à l’abri : jeu de maux à Calais
  • Une expulsion sous les ponts à Calais, politique de « lutte contre les points de fixation »
  • Le juge judiciaire se déclare incompétent pour trancher de la légalité de l’expulsion du 29 septembre à Calais
  • CRA de Coquelles : un retenu dénonce la violation de ses droits fondamentaux
  • Maintien des expulsions et des placements en rétention au CRA de Coquelles malgré de nouveaux cas positifs
  • HOMMAGE COLLECTIF A MOHAMED KHAMISSE ZAKARIA : LA FIN D’UN REVE

Archives

  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Articles récents

  • Au CRA de Plaisir, on n’est pas malade à cause du Covid mais à cause de l’enfermement !
  • À Calais, au beau milieu de l’hiver, deux initiatives mettent les plus vulnérables à l’abri
  • À Calais, une justice complice du harcèlement étatique des exilé.e.s
  • Coquelles : Justice des libertés et de la détention, justice fantôme ?
  • Expulsion vs mise à l’abri : jeu de maux à Calais
  • Une expulsion sous les ponts à Calais, politique de « lutte contre les points de fixation »
  • Le juge judiciaire se déclare incompétent pour trancher de la légalité de l’expulsion du 29 septembre à Calais
  • CRA de Coquelles : un retenu dénonce la violation de ses droits fondamentaux
  • Maintien des expulsions et des placements en rétention au CRA de Coquelles malgré de nouveaux cas positifs
  • HOMMAGE COLLECTIF A MOHAMED KHAMISSE ZAKARIA : LA FIN D’UN REVE

Archives

  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com

Propulsé par WordPress.com.

Annuler

 
Chargement des commentaires…
Commentaire
    ×
    Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
    Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies