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« Les migrants continueront inexorablement à s’amasser aux portes de
l’eldorado britannique. » « Le flux continuel de migrants entraine l’économie locale dans une crise sans précédent et les entreprises sont menacées. »

Ces lignes ne proviennent pas du collectif d’extrême-droite Sauvons Calais, mais d’un appel à manifester ce lundi 13 octobre d’un syndicat d’ordinaire classé à gauche, Unité SGP Police Force Ouvrière. Ce qui aurait pu n’être qu’une manifestation syndicale autour de revendications catégorielles s’est transformé en une manifestation politique anti-migrants.

Et c’est sans surprise qu’on le trouve relayé sur des sites d’extrême-droite, comme ici.

Le syndicalisme policier a depuis longtemps un problème d’identité. On imagine mal des syndicalistes des personnels des impôts intervenir dans les médias pour expliquer la politique fiscale du gouvernement, ou des syndicalistes de l’éducation nationale pour exposer la politique du gouvernement dans ce domaine. On voit par contre de manière récurrente des représentants des syndicats de policiers défendre dans les médias la politique sécuritaire ou migratoire de leur employeur, dans une parfaite confusion des rôles.

Mais nous avons là une intrusion du syndicat dans le domaine politique qui est d’une autre nature.

D’un côté le syndicat prend le relais de Sauvons Calais dans une campagne faisant des « migrants » la source de tous les maux à Calais – à commencer par les conséquences de la crise économique – et demandant que leur « afflux » à Calais soit stoppé.

De l’autre, les expulsions de squats et de campements des 28 mai et 2 juillet avaient donné un résultat catastrophique en terme d’image pour les pouvoirs publics. La mise en scène du mécontentement de la population et de la violence des « migrants » a commencé cet été, la maire de Calais, Sauvons Calais et les syndicats de police jouant chacun dans son registre. La manifestation du 13 octobre, avec son appel à la mobilisation des citoyens, se situe dans cette logique. Et lorsque l’opinion publique sera prête, une nouvelle phase de répression pourra commencer.

Est-ce le rôle d’un syndicat de manipuler ainsi l’opinion publique ? Est-ce un hasard si cette manifestation coïncide avec le premier jour de l’opération européenne Mos Maiorum (voir ici, ici et ) ?

Enfin, cette manifestation intervient dans un contexte où la police est utilisée depuis année au service d’une politique qui vise à décourager les exilés de venir à Calais, au prix d’un harcèlement constant, de multiples violations du droit, de nombreuses violences. Cette situation a été constatée par les associations de défense des droits de l’homme, par le Défenseur des Droits, par le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe. L’enjeu est aussi de retourner la situation en terme d’image, et de poser la police en victime.

Pourtant, tout montre une police en sureffectif et omniprésente (voir ici, ici et ), et une aggravation des violences policières (voir ici, ici, ici et ).

 

Tract FO 2014-10-01_Rassemblement_Calais