• Accueil
  • À propos
  • Documents
  • Liens
  • Le point sur
  • Les cahiers
  • Newsletter

Passeuses d'hospitalités

~ des exilé.e.s à Calais

Passeuses d'hospitalités

Archives Mensuelles: mars 2015

COMMUNIQUÉ CONTRE LES EXPULSIONS

31 mardi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 63 Commentaires

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, solidarité, squats

Téléchargez le communiqué ici.

Téléchargez le document présentant le contexte général et l’historique ici.

 

Les expulsions de migrants les plus importantes qu’ait connu Calais sont en train de se dérouler dans le plus grand silence.

A Calais en ce début avril est en train de se dérouler l’expulsion de migrants la plus massive qu’ait connu la ville.

Depuis la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte en 2002, les migrants tentant de rejoindre le Royaume-Uni ont fait leurs propres habitations de fortune dans et autour de la ville.

Cela a donné lieu à un harcèlement policier régulier et soutenu, se soldant par des expulsions violentes. Actuellement, il y a six camps – ou jungles – connus, une usine et une maison squattées, accueillant au total environ 1 200 personnes, venant principalement du Soudan, d’Afghanistan, de Syrie, d’Érythrée et d’Éthiopie.

Les autorités ont informé les habitants des jungles et squats qu’ils doivent « déménager » sur un site qui est une ancienne décharge, fait de zones humides et situé à environ 7 km en dehors de Calais, ou faire face à des expulsions forcées une fois de plus. Peu d’entre eux considèrent cela comme un choix. Le site lui-même manque de toute installation pour la vie quotidienne, et va créer un ghetto de personnes qui, actuellement, vivent dans leurs propres communautés organisées. Cette perspective soulève ainsi des craintes parmi eux de conflits entre communautés. D’autre part, cela va déplacer les migrants dans une zone hors de la ville contrôlée par la mafia. Ce nouveau campement apparaît donc comme une étape supplémentaire vers l’apartheid des migrants hors de la ville et hors de la vue, au cœur de l’Europe.

Sous la pression policière avec des visites répétées chaque matins ces derniers jours, la majorité des exilé-e-s quittent les campements et squats et nous assistons de fait en ce moment à une expulsion massive et ce dans le plus grand silence. Les résidents des campements et squats, ainsi que certaines associations et groupes de solidarité avec les migrants sont opposés à ces expulsions.

Équipe média – solidarité contre les expulsions (Morgane Clerc, Philippe Wannesson, Tim Woolrich), avec le soutien de la FASTI et du Réveil Voyageur.

Contact :

solidaritecontrelesexpulsions@gmail.com

07 54 41 71 47

1. Le site est à proximité d’un nouveau centre de jour, connu sous le nom de « Jules Ferry ». Ce centre, dont l’ouverture est annoncée pour le 11 avril, regroupera des services existants (alimentation avec un repas fournit par jour, des douches, des installations pour recharger les téléphones portables, des informations sur l’asile et l’aide au retour et potentiellement un service médical). La distribution des repas a commencé en janvier, environ 500 personnes s’y rendent actuellement. Le 26 mars les personnes résidents dans la maison pour les femmes migrantes et leurs enfants – environ 40 personnes – ont été déplacées vers le centre.

2. Pour plus d’information sur les expulsions et les raisons de s’y opposer : https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/ https://passeursdhospitalites.wordpress.com/

CALAIS – EXPULSIONS – AVRIL 2015

ÉLÉMENTS DE CONTEXTE

1999 : augmentation du nombre de réfugié-e-s à Calais. Ouverture du « Centre d’hébergement et d’accueil humanitaire » dans un hangar à l’écart de la ville, sur le territoire de la commune de Sangatte. Ce hangar accueillera jusqu’à 2000 personnes.

2002 : fermeture du centre de Sangatte par Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur. Cette fermeture était sensée régler la question de la présence des exilé-e-s à Calais. 13 ans plus tard, ils et elles sont toujours là.

Depuis fin 2002 : les exilé-e-s n’ont plus de lieu à Calais où ils et elles aient le droit d’être. Ils et elles habitent dans tout ce qui peut leur servir d’abri ou construisent eux-même des campements, dont ils et elles sont expulsé-e-s et qui sont détruits. Ils et elles connaissent des contrôles au faciès dans la ville, et les violences policières sont quotidiennes.

Où (s’)hab(r)iter ? Des solutions de survie à l’autoconstruction

Dès la fermeture de Sangatte, les exilé-e-s ont dû trouver des lieux où s’abriter, souvent d’une extrême précarité : blockhaus, tuyaux de chantiers, anciennes portes d’écluses, bâtiments abandonnés, terrains vagues… S’ils et elles ne sont pas expulsé-e-s rapidement, une vie collective se met en place et les exilé-e-s aménagent leurs espaces de vie pour répondre à leurs besoins sociaux ou spirituels autant que de survie. C’est cette auto-organisation qui est détruite lors des expulsions qui enlèvent aux exilé-e-s les moyens de répondre par eux-mêmes à leurs besoins.

2003 : traité du Touquet organisant les contrôles à la frontière franco-britannique, et notamment les contrôles britanniques dans les ports français.

2009 : forte augmentation, jusqu’en juillet, du nombre d’exilé-e-s, principalement afghan-e-s, présents à Calais. La plupart des squats et campements sont évacués et détruits en septembre et octobre, de manière très médiatisée (« fermeture de la Jungle de Calais » le 22 septembre par Éric Besson, ministre de l’immigration et de l’identité nationale).

2009 : signature d’un nouvel arrangement franco-britannique portant sur la répartition des coûts de sécurisation du port, le contrôle de la frontière et la répression à ses approches.

Depuis l’automne 2013 : augmentation graduelle du nombre d’exilé-e-s à Calais, reflet atténué de l’augmentation du nombre de personnes traversant la Méditerranée (200 000 exilé-e-s arrivent en Italie en 2014, ils et elles sont au maximum 3000 à Calais).

2014 : année meurtrière à la frontière

Avec au moins 17 personnes décédées de part et d’autres de la frontière, 2014 a été l’année la plus meurtrière depuis la fermeture de Sangatte. En raison de la difficulté du passage, les exilés prennent de plus en plus de risques pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, les tensions s’exacerbent. La précarité des conditions de vie use les personnes moralement et physiquement, et peut entraîner la mort.

La réponse des autorités à cette augmentation se fait en trois temps :

– tout d’abord la poursuite du harcèlement policier et des expulsions de squats et campements selon leur rythme ordinaire, sans réelle anticipation de ce qui est en train de se passer ;

– l’expulsion de trois campements situés près du centre de Calais le 28 mai 2014. Une partie des exilé-e-s part à la périphérie de Calais, où le préfet les a invité à squatter de nouveaux terrains. Les autres occupent en protestation le lieu aménagé pour la distribution des repas, près du centre-ville. Le lieu de distribution des repas et trois squats de centre-ville sont évacués le 2 juillet de manière particulièrement violente (600 arrestations, 200 placements en rétention). La plupart des exilé-e-s vont à la périphérie dans les campements actuels. Les associations et No Border ouvrent un grand squat en centre-ville le 12 juillet.

– les autorités décident de regrouper un certain nombre de services aux exilé-e-s à l’écart de la ville, au-delà de la rocade autoroutière (camp Jules Ferry), et de regrouper les exilé-e-s sur le site d’une ancienne décharge situé à proximité.

Les violences policières : une réalité quotidienne

Le harcèlement policier est un aspect important de la politique qui vise à dissuader les exilé-e-s de rester à proximité de la frontière, il a été dénoncé au fil des années par une série de rapports dont notamment :

2008 : rapport de la Coordination nationale pour le Droit d’asile – le titre du rapport était « la loi des jungles »

2012 : décision du Défenseur des droits concernant le harcèlement policier à Calais.

Début 2015 : rapport de l’ONG « Human Right Watch » sur les violences policières à Calais / long développement concernant Calais dans le rapport du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe sur la situation des Droits de l’Homme en France / nouvelle saisine du Défenseur des Droits sur le harcèlement policier à Calais.

Septembre 2014 : annonce par la mairie et le gouvernement de l’ouverture d’un centre de jour pour les migrant-e-s, réunissant en fait des services déjà existants. De manière officieuse, les autorités font savoir aux associations que les exilé-e-s devront s’installer uniquement autour du centre de jour, dans une zone tolérée.

Septembre 2014 : nouvel accord franco-britannique, prévoyant la création d’un fonds commun pour la sécurisation du port et le renforcement de la politique répressive conjointe et au niveau européen.

Janvier 2015 : fin des distributions de repas aux exilé-e-s en centre-ville, début des distributions de repas au camp Jules Ferry.

Mars 2015 : ultimatum des autorités aux exilé-e-s. Ils et elles ont jusqu’au 31 mars pour « déménager » de leur plein gré sur l’ancienne décharge près du camp Jules Ferry, sinon ils et elles seront expulsé-e-s par la police.

Un centre sans accueil

Le centre Jules Ferry vise davantage à éloigner les exilé-e-s de la ville plutôt qu’à les accueillir :

– c’est un dispositif regroupant un certain nombre de services existants où il n’y a aucun endroit prévu pour s’asseoir, pour se reposer, pour la convivialité.

– il est éloigné du centre de Calais.

– il n’y a pas d’hébergement pour les hommes.

– un seul repas est fournit par jour alors qu’il n’y a aucun commerce à proximité.

– sa capacité est limitée à 1000 personnes.

 

Le nouveau bidonville

Le terrain où les autorités imposent aux exilé-e-s de s’installer :

– est en lui-même inhabitable : dépôts de déchets sauvages / remblais d’origine douteuse / terrain humide

– n’est équipé d’aucune infrastructures : pas d’éclairage / pas d’eau / pas de toilettes / pas de poubelles.

– est dangereux car à proximité de la zone d’influence des passeurs (risques de prise de pouvoir, extorsion de fonds, violences), et en raison des conflits avec les chasseurs et motards qui utilisent ce site actuellement, ainsi qu’avec les riverains.

– est éloigné du centre de Calais, et donc du reste de la population, des services proposés par les associations, des magasins, des services administratifs (OFI, poste, sous-préfecture…)…

– n’a fait l’objet d’aucun écrit officiel autorisant les migrant-e-s à s’y installer et peut être évacué au gré des décisions des autorités.

Les femmes déplacées à nouveau

La maison des femmes avait été ouverte en 2013 par les No Borders près du centre-ville, la préfecture a ensuite demandée à ce qu’elle soit reprise par une association d’insertion (Solid’R). Les femmes ont été déménagées en juillet 2012 dans un préfabriqué à l’écart de la ville. Elles ont été à nouveau déménagée le 26 mars 2015 au centre de jour Jules Ferry, dans un autre préfabriqué, à l’écart de la ville, dans une zone où elles seront plus vulnérables lors de leurs déplacements.

Première quinzaine d’avril : période prévue pour l’expulsion des squats et des campements. Une visite du ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, est annoncée.

11 avril 2015 : ouverture complète du camp Jules ferry, à environ 6 km du centre-ville.

De Sangatte à Jules Ferry

13 ans après la fermeture de Sangatte, les autorités tentent à nouveau de regrouper les exilé-e-s à l’écart de la ville. Cette création se fait par la destruction des lieux de vie existants et une aggravation de la pression policière. Si des services sont regroupés comme à Sangatte, il n’y a plus de hangar pour abriter les personnes, celui-ci est remplacé par un bidonville. Cette démarche de relégation est présenté par le gouvernement comme une solution humanitaire.

calais_loc light

jules light

EXPULSION DU CAMPEMENT DE TIOXIDE DEMAIN ?

31 mardi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions

La police est passée aujourd’hui mardi au campement situé sur les terrains de l’usine Tioxide pour dire aux occupants qu’ils seraient expulsés demain mercredi matin à 6h00.

L’ultimatum lancé par le préfet aux habitants de squats et campements expire en effet aujourd’hui, les expulsions peuvent en effet commencer dès demain.

Les expulsions de squats et campements qui ont débuté ces derniers jours par le départ d’une grande partie des habitants suite aux visites répétées de la police et aux menaces d’expulsions violentes, sont les plus importantes en nombre de personnes concernées (plus de mille deux cents) que Calais ait jamais connu depuis l’évacuation d’une partie de sa population pendant la Seconde Guerre mondiale.

Six campements et deux squats sont concernés par ces expulsions. Les autorités veulent que les exilés se regroupent en face du camp Jules Ferry, qui rassemble des services déjà existants à leur intention comme les repas et bientôt les douches, ainsi que l’hébergement des femmes, sur un terrain qui en partie une ancienne décharge.

 

l-exode1940

Pentax Digital Camera2015. Certes, ce n’est pas pareil, mais comment en arrive-t-on à avoir de telles images aujourd’hui en France, sachant que les personnes qui sont chassées par la police sont pour la plupart des réfugiés fuyant des dictatures et des en guerre ?

LE GHETTO COMME UN MIROIR

30 lundi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires, racisme

Avec de nouvelles visites de la police et une augmentation de la pression, un nombre croissants d’exilés vont vers l’ancienne décharge près du camp Jules Ferry, où les autorités veulent qu’ils s’installent et disent qu’ils seront tolérés. La ville se vide de ses exilé-e-s, l’expulsion de ceux qui s’accrochent encore à leurs lieux de vie va bientôt commencer.

Après l’expulsion des exilé-e-s hors de la ville, nous allons nous retrouver entre nous. « Nous », c’est-à-dire ceux et celles qui ne sont pas considérés comme des « migrants », ceux et celles qui n’auront pas été chassé-e-s de la ville. « Nous », c’est-à-dire – ceux et celles qui veulent vivre dans une société ouverte et solidaire, pour qui l’autre est une richesse, pour qui tendre la main à quelqu’un dans la galère va de soi, quelle que soit son origine ou sa couleur – ceux et celles qui refusent la différence, prônent l’exclusion et veulent une société de l’entre-soi – ceux et celles qui s’en foutent, aussi, ou pas.

« Nous », ceux et celles qui approuvent le nouveau ghetto et se réjouissent de l’expulsion des « migrants », comme ceux et celles refusent cette violence qui leur est imposée, qui refusent d’être séparé-e-s de leurs frères et de leurs sœurs, qui ne ressentent face à cela que rage et honte.

« Nous » allons nous retrouver entre nous, avec notre chômage, nos entreprises qui licencient, nos commerces qui meurent, nos logements vétustes ou insalubres, notre vivre-ensemble qui part en quenouille, et notre crise à « nous », qui pèse depuis quarante ans, nos espoirs en berne et notre incertitude quant à l’avenir.

Alors, il va bien falloir que nous nous regardions nous-mêmes, et que nous choisissions comment nous voulons vivre.

 

Ghetto – dictionnaire Larousse en ligne

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ghetto/36870

« nom masculin (vénitien ghetto, de l’hébreu ghet, divorce)

– Quartier habité par des communautés juives ou, autrefois, réservé aux juifs.Lieu où une communauté vit en marge du reste de la population ;

– cette communauté elle-même : Les ghettos noirs de New York.

 

– Milieu renfermé sur lui-même, condition marginale dans laquelle vit une population ou un groupe : Un pays qui veut sortir de son ghetto économique. »

 

Pentax Digital Camera

 

 

 

CAMPEMENTS DE TIOXIDE, ENTRE CRICKET ET EXPULSION

29 dimanche Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé, Paroles

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, solidarité

Début d’après-midi, chemin du Pont-Trouille et rue des Garennes. Des matelas, bâches, couvertures, tentes, palettes, poutres, et sacs s’entassent devant les campements du bois Dubrulle et de Tioxide. Les bénévoles des associations qui ont répondu à l’appel du préfet et de la maire de Calais de déménager les exilés sur le terrain à proximité du camp Jules Ferry sont là avec leurs véhicules.

https://goo.gl/maps/mDFy2

Au centre de ce qui reste du campement de Tioxide, sur le terrain de football, un groupe vêtu de blanc, Afghans et Britanniques, s’affaire à installer le terrain de cricket pour le tournoi organisé par l’UKHIP (UK Humanitarian Intervention Party), venu pour la seconde fois du Royaume-uni. Des habitants du campement et des soutiens aux exilés sont regroupés autour du terrain. Une enceinte diffuse de la musique venant des téléphones portables.

Le terrain installé, le tournoi de cricket commence, comme en-dehors des circonstances extérieures.

Imran, un exilé afghan qui vit au bois Dubrulle, nous donne son point de vue sur la situation :

en anglais :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064225/avant_les_expulsions_-_imran/

en français :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064233/vf_avant_les_expulsions_-_imran/

David nous parle de l’UKHIP et de ce tournoi de cricket :

en anglais :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064227/ukhip_et_jungle_cricket/

en français :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064245/vf_ukhip_et_jungle_cricket/


Milieu d’après-midi. Tour de ce qui reste du campement pour en photographier les vestiges. Des hommes et des femmes portent leurs quelques affaires et des pièces de leurs abris, pour reconstruire là-bas, de l’autre côté de l’autoroute, où il n’y a rien pour construire.

Insalubre, indigne, précaire, ce lieu a aussi été le lieu de vie de plusieurs centaines de personnes, le lieu qu’elles ont aménagé au fil du temps, avec sa vie sociale, religieuse, économique (avec ses coiffeurs, ses épiceries, ses restaurants, certaines et certains, valorisant leurs savoirs ou les services qu’ils rendent comme aller acheter de la nourriture et la cuisiner).

Un peu plus loin, dans le décor désolé du camp démonté, on silhouette et un visage aperçus à l’intérieur d’une cabane encore debout, comme ceux du dernier homme.

On rase des villages en Palestine, Des hommes et des femmes fuient la guerre en Irak où au Soudan, emportant avec eux ce qu’ils peuvent et quand ils peuvent. Des réfugié-e-s fuient la police à Calais, emportant ce qu’ils et elles peuvent quand ils et elles le peuvent. Leur habitat sera rasé bientôt. Quelle guerre étrange leur menons-nous ? Une guerre où en principe nous ne les tuons pas – quoiqu’on meure beaucoup aux frontières européennes – mais une guerre où on détruit, dépouille, jette à la rue, frappe, humilie.

Dans ce qui est presque un autre quartier de ce qui fut presque un village, un jeune Érythréen : « je suis partie d’Érythrée, je suis allé en Éthiopie, Soudan, Libye, Italie, Autriche, Allemagne, maintenant Calais. Il y a deux endroits dont je me souviendrai, la Libye et Calais. En Libye, il y a beaucoup de violence. À Benghazi, quand tu entends un coup de feu, tu te fais tout petit. » Il n’en a pas dit plus sur Calais.


Fin d’après-midi. Les joueurs de cricket partent. La patronne d’un des restaurant du bidonville, dont toiture et cloisons ont été démontées, nous demande de garder les affaires – mobilier, vaisselle, réserve de nourriture – pendant qu’elle fait des aller-retours pour les porter jusqu’à la rue, de peur que quelqu’un les vole. Les bénévoles se sont fait rares pour aider au transport, qui se fait à dos d’homme ou en caddie.

Des feux s’allument, montrant les groupes clairsemés de ceux qui restent là pour quelques jours encore. À l’intérieur du hangar quelques groupes, dont des femmes.


Les Blancs sont vraiment cons. Nous avions quitté le campement avec à l’esprit des images de désolation, laissant des copains soudanais boire bière sur bière, une amie nous avait téléphoné pour nous dire qu’ils n’avaient sans doute pas à manger. Nous raflons ce que nous pouvons dans notre buffet et nous partons les rejoindre dans la nuit. Comme nous les avions prévenus, les copains avaient en fait préparé un délicieux repas. Dans le grand hangar à moitié vide et bousculé par un vent de tempête, nous avons passé une partie de la nuit à discuter, à rire et à chanter.

 

 Pentax Digital CameraCricket

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

Pentax Digital CameraC’était l’école du bidonville

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera

Pentax Digital CameraUn des restaurants, en cours d’évacuation, après démontage de la cabane qui l’abritait

Pentax Digital Camera

AVANT LES EXPULSIONS

27 vendredi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé, Paroles

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, expulsions, solidarité, squats

Début d’après-midi ensoleillée à l’occupation Galou. Dans la cour, à l’entrée du hangar, un groupe entoure un homme assis sur une chaise qui se fait couper les cheveux par le coiffeur du jour. Un peu plus loin, l’atelier de réparation de vélos. D’autres personnes, seules ou par petits groupes, se réchauffent au soleil timide du printemps débutant.

Une après-midi où tout semble calme. Pourtant, quand on discute, questionnements, inquiétudes, incertitudes, réflexions sur les expulsions annoncées viennent vite dans la conversation.

Un exilé nous livre en français ses réflexions :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064208/avant_les_expulsions_1/

 

Pentax Digital CameraÉté 2015, les murs qui parlent de l’occupation Galou.

28 MARS À CALAIS : TOURNOI DE CRICKET DE L’UKHIP

27 vendredi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, Royaume-uni, solidarité

Samedi prochain, l’UKHIP vient à Calais. UKHIP comme United Kingdom Humanitarian Intervention Party, parodie de l’UKIP (UK Independence Party), parti xénophobe britannique. Et groupe qui vient en soutien aux exilés de Calais, précisément à la frontière du Royaume-Uni, fermée pour eux.

http://www.independent.co.uk/news/uk/politics/why-ukhip-is-in-no-danger-of-being-confused-with-farages-party-10128938.html

L’UKHIP sera de nouveau à Calais se week-end, et invite toutes et tous, avec ses amis de tous les pays, mais en particulier Afghans et Parkistanais, dont c’est le sport national, à un tournoi international de cricket :

Samedi 28 mars à partir de 13h

À la « jungle » de Tioxide, rue des Garennes, à Calais

https://goo.gl/maps/xIvTw

Toutes et tous sont les bienvenu-e-s pour un temps de fête et de partage.

En témoigne cet appel lancé par un poète inconnu :

 » LA COUPE DU MONDE CALAIS CRICKET SE PASSE CE SAMEDI 28 MARS 13:00 TIOXIDE JUNGLE … ÉQUIPES SO FAR..PAKISTAN, AFGHANISTAN, le reste du monde … CONCOMBRE SANDWICHS ET CREME TEA sera suivie par Rosbif ET DES JAMBESGRENOUILLES. Passez le mot. Le match sera rapportée par GRÈVE! MAGAZINE strikemag.org
Mais si vous avez d’autres CONTACTS JOURNALISTIQUES Veuillez faire parvenir …. peut-être en direct sur Sky avec Ross Kemp EXTREME CRICKET …. «Je viens de Gotta Get Out of Here ‘.
www.youtube.com/watch?v=RegtYS1W80I
BONBONS ET COURAGE A TOUS LE MONDE  »

 

ukhip

 

LE PIÈGE

27 vendredi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

bidonvilles, Calais, campements, Exilés, expulsions, squats, violence

Menacés d’une expulsion violente de quasi-totalités des squats et campements par la police, quelques exilés sont venus s’installer sur le terrain où les autorités disent qu’elles vont les « tolérer », sur le site d’une ancienne décharge. Certaines personnes des associations les aident à emménager.

Les premières réactions des « riverains » sont violentes, d’abord des menaces, puis avant-hier le gendre d’une voisine qui amène une pelleteuse pour détruire les premières cabanes :

http://www.nordlittoral.fr/accueil/chemin-des-dunes-au-volant-de-sa-grue-il-veut-faire-fuir-ia0b0n194366

Face aux menaces, les bénévoles appellent la police pour s’interposer. Difficile dans le même temps de dénoncer les violences policières, qui pourtant s’aggravent. Et aux yeux des « riverains », ce sont les associations qui sont responsables de l’installation des exilés. Et les associations appellent la police, justifiant la présence policière.

Si le terrain a peu de voisins, il a par contre des usagers : chasseurs, motocrossistes, personnes qui l’utilisent comme décharge sauvage, ou qui récupèrent le cuivre et viennent là pour brûler les gaines en caoutchouc des câbles électriques. C’est à quelques centaines de mètres de là, sur la rocade d’accès au port, que le syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière avait organisé le 13 octobre 2014 une manifestation anti-migrants, en convergence avec des chasseurs, agriculteurs, commerçants, tenanciers de bars et autres « riverains » en colère. Il était déjà question d’hostilité au centre de jour Jules Ferry, et il n’était alors pas question de l’installation d’un bidonville de plus de mille habitants à proximité.

Le piège se referme donc. D’un côté, les anti-migrants qui se sont organisés, d’abord Sauvons Calais, puis la convergence plus large initiée par Unité SGP Police Force Ouvrière, avec au mieux la complaisance des autorités; de l’autre des associations divisées; les autorités, ville et État, qui se retrouvent en position d’arbitres, tout en étant les principales auteures des violences à l’encontre des exilés. Les autorités ont acquis la maîtrise du jeu.

Les 28 mai et 2 juillet 2014, face aux expulsions de squats et de campements, les associations étaient unies. Le 12 juillet, à l’issue d’une des plus belles manifestations que Calais ait connue sur le sujet, elles ouvraient ensemble le squat Galou, en plein centre-ville. Ce souvenir permet de mesurer le chemin parcouru.

La violence contre les exilés a de beaux jours devant elle.

Et les expulsions peuvent commencer.

 

Pentax Digital CameraCe genre de buissons couvre une grande partie du terrain près du camp Jules Ferry. Les bénévoles qui font des soins aux exilés qui s’installent sur les terrains où il est présent le connaissent bien. Quand la police fait des descentes au petit matin, les exilés s’y blessent en tentant de s’enfuir.

INTERVIEWS AUTOUR DU FEU – VERSION FRANÇAISE

27 vendredi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Paroles

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, expulsions, solidarité, squats

Nous avons doublé en français les trois entretiens audios que nous avons publiés hier « Du Darfour à Calais » dans leur version originale en anglais ou en arabe avec traduction en anglais.

Les voici :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064187/vf_-_du_darfour_a_calais_1/

http://audioblog.arteradio.com/post/3064189/vf_-_du_darfour_a_calais_2/

http://audioblog.arteradio.com/post/3064190/vf_-_du_darfour_a_calais_3/

 

Pentax Digital Camera

 

INTERVIEWS AUTOUR DU FEU

26 jeudi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Paroles

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, expulsions, solidarité, squats

C’est le soir dans le grand hangar de l’occupation Galou, ouverte le 12 juillet 2014 à la fin d’une manifestation dénonçant les expulsions de squats et campement qui avaient eu lieu le 2 juillet. L’histoire s’apprête à se répéter, puisque l’évacuation des squats et campements du Calaisis est annoncée par les autorités pour le mois d’avril.

Un exilé du Darfour a accepté de partager au micro ses réflexions et ses sentiments en cette veille d’expulsions. Nous nous asseyons dans un coin calme du hangar. Deux de ses amis le rejoignent. Ils allument le feu. Un thé se prépare pendant l’interview. D’autres exilés nous rejoignent ensuite. La fumée des feux nous enveloppe d’un fin brouillard. Les visages sont éclairés par la lumière blanche et lointaine d’un néon alimenté par le groupe électrogène, et par celle rougeoyante du feu autour duquel nous sommes rassemblés.

Deux autres exilés acceptent de s’exprimer en arabe, notre hôte traduisant en anglais. Tous trois le font sur un ton calme et grave, donnant tout leur poids aux mots qu’ils nous offrent, qu’ils déposent dans ces enregistrements qui porteront leur parole.

Vous pouvez écouter ces trois entretiens ici :

http://audioblog.arteradio.com/post/3064174/du_darfour_a_calais_-_1/

http://audioblog.arteradio.com/post/3064175/du_darfour_a_calais_-_2/

http://audioblog.arteradio.com/post/3064176/du_darfour_a_calais_-_3/

 

Pentax Digital CameraOccupation Galou, premier jour, 12 juillet 2014 : dessin sur les murs.

UN MESSAGE

24 mardi Mar 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 3 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, expulsions, solidarité

La perspective des expulsions à venir a déclenché tout un processus fait d’inquiétude, de discussion autour du feu, de réunions plus formelles, de réflexion sur ce qui va se passer et sur ce que les uns et les autres veulent faire.

Un habitant du squat Galou a écrit ce message, qu’il adresse à tous ceux et toutes celle qui voudront bien le lire, et qu’il nous invite à transmettre et à diffuser :

« On est tous des humains. Et l’homme a le droit de vivre et de s’épanouir dans la vie.

On ne considère point l’homme d’après son origine, mais d’après son travail.

On est tous dans un même bateau. Nous les migrants, le gouvernement, les citoyens, ainsi que la police. Si on ne s’approche pas les uns des autres nous allons tous couler.

On est tous ensemble. Vous et nous. Les blancs, jaunes, les noirs et peaux-rouges. Les chrétiens, juifs, bouddhistes et musulmans. On est tous des simples frères sur la terre. La vie est un cadeau du bon Dieu. L’amour est notre richesse. Aimons-nous. »

 

tioxide-meetingRéunion à Tioxide, par Loup Blaster http://loupblaster.tumblr.com

← Articles Précédents

Passeurs d’hospitalités

Passeurs : font circuler la parole, et relient les êtres et les rives.

Hospitalités : les mille formes de l'accueil et de la rencontre entre les êtres.

Le bloguistan des Passeurs d’hospitalités

  • Passeurs d’hospitalités – English
  • Exilés dans les Balkans (fr)
  • Exiles in the Balkans (en)
  • Lampedusa – une île

Contact :

passeurs.dhospitalites (at) laposte.net

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Abonnement flux RSS

  • RSS - Articles

Articles récents

  • FEVRIER 2023 A CALAIS
  • JANVIER 2023 A CALAIS
  • DECEMBRE 2022 A CALAIS
  • NOVEMBRE 2022 A CALAIS
  • Une cinquantaine de soutiens entravent de nouveau l’expulsion du campement rue du Beau Marais à Calais
  • Blocage d’une opération d’expulsion quotidienne sur un lieu de vie à Calais
  • La marionette Amal arrivera bien à Calais Dimanche 17 octobre
  • A Calais, trois personnes entament une grève de la faim pour demander l’arrêt de la politique de harcèlement envers les personnes exilées.
  • « Ayez pitié des passants » Lettre d’un exilé de passage, sur la route de l’Angleterre
  • A Calais, suite au décès de Yasser, les personnes exilées appellent à une manifestation pour la paix.

Archives

  • mars 2023
  • février 2023
  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Articles récents

  • FEVRIER 2023 A CALAIS
  • JANVIER 2023 A CALAIS
  • DECEMBRE 2022 A CALAIS
  • NOVEMBRE 2022 A CALAIS
  • Une cinquantaine de soutiens entravent de nouveau l’expulsion du campement rue du Beau Marais à Calais
  • Blocage d’une opération d’expulsion quotidienne sur un lieu de vie à Calais
  • La marionette Amal arrivera bien à Calais Dimanche 17 octobre
  • A Calais, trois personnes entament une grève de la faim pour demander l’arrêt de la politique de harcèlement envers les personnes exilées.
  • « Ayez pitié des passants » Lettre d’un exilé de passage, sur la route de l’Angleterre
  • A Calais, suite au décès de Yasser, les personnes exilées appellent à une manifestation pour la paix.

Archives

  • mars 2023
  • février 2023
  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com

Propulsé par WordPress.com.

Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies
  • Suivre Abonné∙e
    • Passeuses d'hospitalités
    • Rejoignez 955 autres abonné∙e∙s
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Passeuses d'hospitalités
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…