Étiquettes
bidonvilles, Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires
Une fin de journée autour du feu. Un Soudanais commente, d’un ton calme et ferme, un rien désabusé, la visite du ministre de l’intérieur à Calais :
« Qu’est-ce qu’il est venu faire le ministre à Calais ? Il a vu la situation et il a fait quoi ? À l’accueil des femmes (*) il y a cent places, pas plus. Dans la jungle il y a des femmes enceintes, des femmes avec des enfants, qui vivent dans des cabanes comme celle-ci. C’est normal ça ? Il a visité l’accueil des femmes, il y a des femmes qui dorment à deux sur le même matelas, des femmes qui dorment avec leur enfant sur le même matelas. Il ne ressent rien le ministre quand il voit ça ?
Deux mille personnes à Calais, c’est quoi pour un pays comme la France ? Elle ne peut rien faire la France ?
Avant la visite du ministre, les douches (*) duraient 4 minutes, maintenant elles durent 6 minutes. C’est ça qu’il a fait le ministre de la France ? »
Eh ben oui. C’est la honte, quoi.
(*) Le centre Jules Ferry regroupe des services qui existaient ailleurs, comme l’accueil des femmes, les douches, les repas (un par jour), une permanence santé. Depuis les expulsions de fin mars – début avril, la plupart des exilés habitent un vaste bidonville sur un terrain voisin où ils sont « tolérés » par les autorités. Cent femmes sont hébergées dans deux bungalows de 200 m2, soit 4 m2 par personne, auxquels s’ajoute une cuisine. Pour les douches, les exilés recevaient un jeton qui faisait couler l’eau pendant 4 minutes. Maintenant, le jeton fait couler l’eau 6 minutes. Certains appellent le centre Jules Ferry et le bidonville qui lui fait face le « Sangatte du pingre ».
Sur les murs qui parlent de l’occupation Galou.
Pingback: VALLS À CALAIS, OU L’INDIGENCE POLITIQUE | Passeurs d'hospitalités
Pingback: Nouvelles de Calais | Collectif de Soutien aux Sans Papiers 49