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Passeuses d'hospitalités

~ des exilé.e.s à Calais

Passeuses d'hospitalités

Archives Mensuelles: juin 2015

18 JUIN : DE L’APPEL À LA RAFLE

30 mardi Juin 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, expulsions, politiques migratoires, rétention

C’est avec un sens précis du symbole que la préfète du Pas-de-Calais a choisi le 18 juin, jour anniversaire de l’appel du général De Gaulle à la résistance (voir ici et là), pour organiser des rafles d’exilés à Calais et le placement d’au moins cinquante-quatre d’entre eux en rétention, avec notamment des décisions d’expulsion vers l’Afghanistan et le Soudan.

L’opération a été renouvelée pendant la semaine du 20 au 27 juin, avec une trentaine de placements en rétention, et encore des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) vers l’Afghanistan et le Soudan).

Les personnes ont été dispersées dans différents centres de rétention à travers la France, parfois emmenées en avion depuis l’aéroport de Mark, à côté de Calais, qui est de plus en plus utilisé pour ce genre d’opération.

Il est par conséquent difficile de collecter les informations sur ce que deviennent ces personnes une fois placées en rétention. Une partie a été libérée par les juges (tribunal administratif ou juge des libertés et de la détention – JLD), d’autres parce que la préfète n’a pas prolongé la rétention au-delà de 5 jours, ce qui évite le passage devant le JLD.

Mais dans d’autres cas, des rendez-vous avec le consulat du pays de destination (pour en obtenir le laisser-passer nécessaire à l’expulsion) ont été organisés et des places sur des vols pour Kaboul et Khartoum ont été réservées. Des expulsions effectives sont donc possibles.

 

Ci-dessous,  le communiqué et l’appel à mobilisation du Groupe Information Rétention Calais :

« De Calais à Kaboul en passant par Khartoum

Arrestations massives, placements en Centre de Rétention Administrative, tentatives de renvois en Afghanistan et au Soudan: l’autre versant du plan Cazeneuve !

Le 18 juin, Calais a connu une rafle d’au moins 54 personnes qui ont été arrêtées puis envoyées dans différents centres de rétention en France : Vincennes, Rouen, Mesnil Amelot. Rafle passée inaperçue…Dans la semaine du 22 au 27 juin, ce sont plus de 30 personnes arrêtées à Calais qui ont été placées au CRA de Coquelles puis transférées le lendemain pour un autre centre de rétention : Nice, Sète, Mesnil Amelot, Rouen, Metz. Le temps d’arriver au centre de rétention, le délai de 48 heures pour pouvoir exercer son droit au recours devant le tribunal administratif contre la décision de la préfecture du Pas-de-Calais saute. Le TA délivre, ces dernières semaines, systématiquement des OQTF (obligation de quitter le territoire français) à destination du pays d’origine des exilés. Ainsi les retenus ne peuvent pas contester leurs décisions de renvois vers l’Afghanistan, le Soudan, l’Irak, l’Éthiopie, la Libye, le Pakistan ou encore le Vietnam ! Cette pratique étatique prive les exilés de leurs droits, et empêche les réseaux de solidarités de s’organiser pour contrer ces procédés illégaux et ces menaces d’expulsion.

A nouveau l’État cherche à « vider » Calais en disséminant les personnes arrêtées aux quatre coins de l’hexagone, mais, cette fois-ci, cette mise en rétention s’accompagne systématiquement d’un OQTF pour la plupart des exilés en partance pour l’Angleterre.

Des vols vers le pays d’origine sont systématique réservés pour les exilés soudanais et afghans placés en rétention. Des visites du consul ont été organisées pour les retenus soudanais et afghans, ce qui pour les afghans ne s’est pas vu depuis 2009. Si le consul reconnaît la personne comme ressortissante du pays d’origine et délivre le laissez-passer, l’expulsion pourra avoir lieu. Ainsi, le 17 septembre dernier, un exilé soudanais avait été renvoyé au Soudan avant la réponse de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui avait été saisie pour suspendre l’expulsion, et avait répondu le lendemain, condamnant la France pour cette pratique.

Le Soudan et l’Afghanistan seraient-ils devenus des pays sûrs ? Le président soudanais, Omar Al Bashir a pourtant été arrêté, il y a quelques jours encore en Afrique du Sud, dans le cadre d’un mandat de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui le recherche depuis de nombreuses années pour crimes de guerre et génocide… A Kaboul, les morts et les attentats se succèdent, dont un récemment à l’aéroport… Pourtant, la France tente d’expulser les rescapés de l’Europe forteresse dans leurs pays d’origine ! Après les renvois groupés en Albanie, à quand les charters pour le Soudan, l’Afghanistan, l’Érythrée, l’Éthiopie ? Là où le plan Cazeneuve prétend « humanité et fermeté », nous ne voyons que rafles, centres de rétention et tentatives d’expulsion, notamment pour les personnes ne souhaitant pas être forcées de demander la protection de la France mais continuer pour des raisons légitimes leur route vers l’Angleterre. D’ailleurs, comment leur reprocher de ne pas demander l’asile en France lorsque l’on ne propose que l’’inhospitalité et répression comme politique d’accueil ?

Appel à manifester son désaccord au ministre de l‘intérieur et ses complices :

Elysée : 01 42 92 81 00 / fax : 01 47 42 24 65
http://www.elysee.fr/ecrire/index.html
Secrétaire général :
jean-pierre.jouyet@elysee.fr
Directrice de cabinet :
sylvie.hubac@elysee.fr

Matignon :
premier-ministre@pm.gouv.fr
manuel.valls@pm.gouv.fr
sebastien.gros@pm.gouv.fr

Ministère de l’Intérieur :
Cabinet du ministre : 01 49 27 49 27 (demander le Cabinet),
Fax : 01 40 07 13 90 (Directeur de Cabinet)
bernard.cazeneuve@interieur.gouv.fr
Directeur de cabinet : Thierry Lataste :
thierry.lataste@interieur.gouv.fr

Directeur adjoint: Thomas Andrieu : thomas.andrieu@interieur.gouv.fr
Conseiller Immigration : Raphael Sodini :
raphael.sodini@interieur.gouv.fr

Chef de cabinet : Gabriel Kunde gabriel.kunde@interieur.gouv.fr et sec.chefcab@interieur.gouv.fr

Directrice de l’accueil, de l’accompagnement des étrangers et de la nationalité à la direction générale des étrangers en France : Muriel Nguyen : muriel.nguyen@interieur.gouv.fr

Directeur général des étrangers en France : Luc Derepas
luc.derepas@interieur.gouv.fr

Préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio: 03.21.21.20.00 / par fax : 03.21.55.30.30 sur le formulaire de la préfecture : http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Contactez-nous

Info / contact :

Groupe information rétention Calais

Informationretention@gmail.com »

Non expulsions

LA RÉPONSE DES AUTORITÉS FRANÇAISES AUX SYRIENS À CALAIS : GAZAGE ET ÉVACUATION PAR LA POLICE

29 lundi Juin 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé, Paroles

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Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires, Réfugiés, Royaume-uni, solidarité

Après leur évacuation par les gendarmes mobiles de la place d’Armes hier un peu avant midi, les Syriens à Calais y sont retournés ce matin après 11h pour faire entendre à nouveau leurs revendications.

Une trentaine d’exilés, quelques soutiens, des banderoles, une ambiance calme.

La police fait une première apparition une heure après, sur le ton « vous n’avez pas le droit de rester là, c’est interdit aujourd’hui, vous devez vous en aller ». Des cars de CRS se garent juste derrière. Puis ils partent sans intervenir.

Après 14h, retour de la police, sept cars de CRS, une voiture, plus la BAC (Brigade anti-criminalité). Les CRS sont casqués et harnachés, deux fois plus nombreux que les exilés et leurs soutiens. Après les trois sommations ils repoussent les manifestants avec une brutalité croissante, puis commencent à gazer à bout portant. Un des Syriens fait un malaise – c’est ramadan, certains d’entre eux ne mangent et ne boivent pas de toute la journée. Les manifestants sont « raccompagnés » jusqu’au bivouac devant l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, à quelques centaines de mètres de là.

Sous une forme ou sous une autre, les Syriens sont déterminés à continuer leur mouvement. Comme dit l’un d’eux : « nous sommes là à cause de l’entente entre Bachar el-Assad, Daech et les gouvernements occidentaux, dont est victime le peuple syrien ».

On a pu constater par rapport aux deux autres mouvements d’exilés syriens que Calais a connu, à l’automne 2013 et à l’automne 2014, un durcissement de la répression, qu’on rencontre aussi dans d’autres domaines.

 

Après l’expulsion et le gazage, l’un des Syriens reprends leurs motivations et leurs demandes (en anglais) :

http://audioblog.arteradio.com/post/3065657/syriens_en_mouvement_-_3e_jour/

 

Syriens place d'Armes 29-06-2015

 

 

LES RÉFUGIÉS SYRIENS DÉGAGÉS POUR LA PARADE

28 dimanche Juin 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé, Paroles

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Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires, Réfugiés, Royaume-uni, ségrégation, solidarité

Hier, les exilés syriens présents à Calais ont occupé la place d’Armes, au centre-ville, pour réclamer la dignité et la possibilité d’accéder au Royaume-uni légalement pour y déposer une demande d’asile. Ils y sont restés toute la nuit, et la matinée d’aujourd’hui dimanche. La police est passée plusieurs fois, sans plus, intimidation ordinaire. Aujourd’hui peu avant midi, la gendarmerie mobile a chassé les manifestants de la place.

Comme par le passé, cette expulsion est purement publicitaire, la manifestation se trouvant sur la parcours de la Parade musicale internationale, manifestation médiatique. L’expression démocratique et la présence d’exilés faisait tache pour des autorités qui tentent de montrer qu’il n’y a rien à voir.

Les Syriens ont pris le temps de se concerter sur comment reprendre demain leur mouvement.

 

Mehdi nous raconte la genèse de celui-ci et le déroulement des deux premières journées :

http://audioblog.arteradio.com/post/3065653/mehdi_-_syriens_en_mouvement/

 

Voici en anglais et en français leurs revendications :

« This is a letter of demand of the Syrian community currently stuck in Calais. This letter is written independantly of any charity or political party. It comes from an independant group of people fleeing war and seeking for asylum.

Here is our message :

1. Statement :
There is an average of 75 syrian citizens staying in Calais. They are living on 3 differents areas : the jungle, the parvis and the gate. None of them is currently asking for asylum in France.

2. Facts :
We consider that the path to reach England is extremely dangerous. We are aware of the risks that we take and we suffer the consequences. For instance, Mouaz was a young Syrian who drowned on the English Channel. Shadi lost the use of his two arms after a truck crash. We also have already been threatened by a truck driver who was holding us at gunpoint. We are very frequentely beaten and gassed by French policemen. It is really easy to find videos showing such facts on the Internet.

3. Why England ?

Firstly, because we speak English. The language is definitly the most important factor when it comes to start a new life abroad.
Also, we all have relatives and kinfolk in England.
In the end, we think the welcoming conditions are far better than in France. Indeed, the country of Human Right offers asylum but keep us living outside for months and months while England accomodates, respects the dignity and the physhical integrity of its asylum seekers.

4. Dignity :
We claim for the right to dignity. We are not animals but human beings, and we demand to be considered and treated as such.
So, we wish to communicate with both English and French governements in order to find reasonnable and reliable solutions for us to reach England legally and safely. »

 

« Les syriens présents à Calais revendiquent sans être encadrés par des associations ou partis politiques! Il s’agit d’un mouvement autonome !
Voici notre message :

1. Constat :
Il y a selon eux entre 70 et 80 syriens répartis sur 3 sites : la jungle, le parvis, et le quai.
Aucun demandeur d’asile en ce moment!

2. Le danger :
Se rendre en Angleterre, pour nous, est un acte dangereux ! Nous sommes non seulement conscients des risques mais nous subissons aussi …
Rappel : Mouaz , jeune syrien qui s’est noyé , Shadi, syrien à qui l’on doit aujourd’hui donner à manger , des menaces par armes à feu d’un routier , le gaz, les coups, un érythréen mort cette semaine …
On ne veut plus de ça !

3. Pourquoi l’Angleterre ?

D’abord, parce que nous parlons anglais , et ce n’est pas à banaliser lorsqu’on souhaite débuter une nouvelle vie ailleurs…

Puis, parce qu’on a pour beaucoup des proches là bas !

Enfin, parce que les conditions d’accueil là bas sont beaucoup mieux gérées qu’ici! En effet, la France propose l’asile mais nous laisse dehors encore quelques mois alors qu’en Angleterre nous sommes hébergés sur le champs et dignement.

4. Dignité

Nous réclamons le droit à la dignité!
Nous ne sommes pas des animaux et réclamons le statut d’êtres humains!

Nous souhaitons donc communiquer avec les gouvernements franco-britanniques, dialoguer et trouver des solutions fiables afin de nous rendre en Angleterre légalement, en sécurité ! »

 

11650516_10205794315114382_430911891_nPolice de nuit,

11668150_10205794316434415_522995315_npolice de jour,

11324181_10205794314794374_1344147605_npuis expulsion par la gendarmerie mobile.

les syriens dans l’entonnoir calaisien se mobilisent

28 dimanche Juin 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, mobilisation, syriens

Ce samedi 27 juin 2015, un groupe de Syriens a quitté le bidonville voisin du centre Jules Ferry pour manifester place d’Armes. Avec les syriens qui survivent sur le parvis de l’église Saint Pierre-Saint Paul et le quai du hangar Paul Devot, (près du phare), ils se sont regroupés avec détermination, des revendications claires, des banderoles. Depuis ce matin ils ont décidé de rester là jusqu’à ce qu’ils soient entendus. Et si la crainte était là de se faire éjecter par les « gardiens de la paix » dans la soirée, aux dernières nouvelles en ce début de dimanche 28 juin, ils sont toujours là, et  ils sont décidés à revenir et persister en cas de dispersion.

Un militant nous transmets leur message:

1. Constat :
Il y a selon eux entre 70 et 80 syriens répartis sur 3 sites : la jungle, le parvis, et le quai.
Aucun demandeur d’asile en ce moment!

2. Le danger :
Se rendre en Angleterre, pour eux, est un acte dangereux ! Ils sont non seulement conscients des risques mais ils les ont subi aussi …
Rappel : M , jeune syrien qui s’est noyé , S., syrien à qui l’ont doit aujourd’hui donner à manger , des menaces par armes à feu d’un routier , le gaz, les coups,  un érythréen mort cette semaine …
Il ne veulent plus de ça !

2.  Pourquoi l’Angleterre ?

D’abord, parce qu’ils parlent anglais , et ce n’est pas à banaliser lorsqu’on souhaite débuter une nouvelle vie ailleurs…

Puis, parce qu’ils ont pour beaucoup des proches là bas !

Enfin, parce que les conditions d’accueil là bas sont beaucoup mieux gérer qu’ici! En effet, la France leur propose l’asile mais les laisse dehors encore quelques mois alors qu’en Angleterre ils sont hébergés sur le champs et dignement.

4. Dignité

Les syriens réclament le droit à la dignité!
Ils ne sont pas des animaux et réclament leur statut d’êtres humains!

Ils souhaitent donc communiquer avec les gouvernements franco-britanniques,  dialoguer et trouver des solutions fiables afin de se rendre en Angleterre légalement, en sécurité !

RAPPEL:

en novembre 2014, d’autres syriens du parvis de l’église se sont aussi mobilisés avec banderoles, tracts, déplacement à Boulogne au consulat britannique.

Pentax Digital Camera

en septembre-octobre 2013, les syriens éjectés du squat rue Mouron, revendiquaient sur la passerelle piéton du terminal des Ferry.

PS: appel à tous à soutenir ce mouvement spontané.

PS2: Des syriens survivent sous le porche de l’église et du quai près du phare de Calais depuis juillet 2014. Cette fin juin 2015, ce ne sont évidemment pas les mêmes personnes.

analyse de Michel Agier, anthropologue, sur la situation à Calais

27 samedi Juin 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Nous publions ici l’analyse de Michel Agier, anthropologue spécialiste de l’exil et des camps, sur ce qui se passe à Calais depuis la création du « centre d’accueil Jules Ferry » et du bidonville voisin.  « un regroupement forcé, un enfermement dehors »..

jungle life

26 JUIN 2015 |  PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/260615/le-camp-de-regroupement-de-calais-retours-sur-une-violence

L’anthropologue spécialiste de l’exil et des camps, Michel Agier (1) propose une analyse sur ce qui se passe actuellement à Calais. « Les associations de citoyens bénévoles sont en train de se faire déloger du dispositif qui se met en place. On est maintenant dans une logique de type humanitaire-sécuritaire où ces associations ne trouvent plus leur place, ni ne savent comment donner sens à ce qu’elles font ou voudraient continuer à faire. »

« Bidonville d’État », « New jungle », « Sangatte sans toit », « Ghetto Cazeneuve » : les manières de nommer sont importantes, certes, mais c’est d’abord le lieu lui-même qui interpelle. Invité à voir et commenter ce qui se passe à Calais, en regard d’une expérience de plusieurs années de recherches sur les camps dans le monde (camps de réfugiés, camps de déplacés internes, campements de migrants), j’ai rencontré pendant deux jours plusieurs personnes parmi les intervenants du monde associatif, du « centre Jules Ferry », et parmi les migrants. Ce que j’ai ramené de cette visite est la proposition d’un regard décentré sur l’ensemble de la situation, sur ce qui se passe là en ce moment, et un constat. Celui-ci peut tenir en quelques mots : ce qui se passe aujourd’hui à Calais est la mise en place d’un camp de regroupement sécuritaire-humanitaire sous le contrôle de l’État. Une mise à l’écart violente. Une immobilisation d’étrangers en mouvement. Une séparation des migrants et de la ville.

La complexité de cette situation est à la fois juridique, politique, logistique, et humaine ; elle est en constante évolution. J’essaierai de la décrire et de proposer quelques commentaires.  

Des expulsions − un regroupement forcé − un enfermement dehors

La fermeture très médiatisée en 2002 du centre de la Croix-Rouge de Sangatte par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, devait mettre un terme à une visibilité acquise par le « hangar de Sangatte » qui dérangeait l’image lissée d’un pays démocratique. La fermeture du lieu et l’expulsion des étrangers qui l’occupaient, préparaient aussi ce qui s’institua cinq années plus tard, avec l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy, comme un nationalisme identitaire et une xénophobie par le haut, au plus haut niveau de l’État. Officiellement et systématiquement repoussés et rendus « invisibles », les migrants en transit, et parfois en errance, dans cette région se sont régulièrement regroupés dans des campements informels de petites tailles, ou dans des squats, au sein ou autour des principales villes et notamment de Calais. Le campement des migrants afghans de cette ville, ouvert en 2002, fut détruit en octobre 2009. Au cours de ses sept années d’existence, cette « jungle » aux abords de Calais a pu parfois atteindre jusqu’à 600 occupants, ce qui représente un nombre très important pour ce genre d’occupation : un refuge comme il en existe des milliers dans le monde, créé par les migrants eux-mêmes de la même manière qu’on « ouvre » un squat. Ce sont des campements urbains où l’on se regroupe faute d’asile, en occupant les interstices de la ville – quais, parcs, squares, terrains vagues, immeubles vacants ou abandonnés. Ces lieux de refuge ont pu trouver à Calais comme dans les petites villes proches, des soutiens solidaires de la part des voisins. Près d’une dizaine de campements ont existé entre Calais et Dunkerque, les uns restant précaires alors que d’autres ont pu faire l’objet d’un soin donné par les habitants, et parfois par les mairies. En témoignent les associations formées en solidarité avec les migrants, comme Terre d’errance dans le village de Norrent-Fontes, un village dont on entend le nom très loin sur les routes des migrants − comme un repère fiable sur les trajets dangereux de l’exil. À Calais, les campements et squats de la ville ont été des lieux de grande précarité, mais ils faisaient aussi l’objet d’une solidarité de la part des habitants : distributions de repas, d’habits, de chaussures, soins médicaux, informations et aides concrètes sur les procédures administratives, apprentissages linguistiques, etc. Se sont ainsi constituées une vingtaine d’associations (ou de sections locales d’associations nationales) regroupées ensuite dans la « Plateforme de Services aux Migrants ».

 

Le nouvel emplacement créé en avril dernier semble être la troisième occurrence du même camp après Sangatte et la « jungle » de Calais. Mais il n’en est rien. Si le hangar de Sangatte (1999-2002) était un camp de transit géré par la Croix rouge, si la « jungle » (2002-2009) était un campement-refuge créé et géré par les migrants, c’est un camp de regroupement sous contrôle de l’État qui est en train de se mettre en place. En agrégeant certaines des associations locales au projet de « translation » (terme officiel), en les incitant à aider la sous-préfecture à organiser l’évacuation des migrants des campements et squats et leur transfert, sous le chantage qu’à défaut de cette collaboration, les autorités seraient « contraintes » d’employer la force, l’État a fait d’une pierre deux coups. D’une part, il a réalisé sans heurts apparents l’évacuation des squats et campements de Calais et le regroupement des migrants dans un espace situé à l’écart, à sept kilomètres de la ville. D’autre part, il a jeté le trouble dans le milieu associatif, qui s’est trouvé piégé par l’opération, et s’interroge sur l’avenir de son action. Parce qu’elles ne voulaient pas se couper de la réalité, ne pas perdre la main et rester solidaires des migrants, parce que Calais est une ville-frontière qui a depuis toujours l’habitude du passage des migrants et de leur accompagnement, elles ont voulu que le « déménagement » se fasse dans les meilleures conditions, sans conflit. L’opération d’euphémisation dans laquelle elles se sont trouvées embarquées ne leur laissait guère le choix. Mais ce fut bien, au fond, une opération gouvernementale de « pacification » par le déguerpissement urbain et l’encampement des migrants. Les conditions sanitaires étaient au départ celles du pire bidonville, d’où le nom, pleinement justifié, de « bidonville d’État » qui a été donné par les associations, maintenant davantage critiques contre l’opération et ses conséquences. La mise en place de deux points d’eau et de huit toilettes chimiques sur un espace de 18 hectares et pour plus de 3 000 personnes, ne change pas fondamentalement la logistique précaire du lieu.  

 

En attendant, 3 000 personnes sont bloquées là, bientôt 5 000 d’après ce qu’annoncent certains responsables associatifs. C’est bien, j’y reviens, un camp de regroupement si on le replace dans la logique globale des camps. Les camps de regroupement consistent, dans le dispositif des camps en général et notamment en Afrique, à réunir des populations plus ou moins nombreuses de déplacées internes ou réfugiées initialement établies près des villages ou dispersées dans les villes, pour les conduire, parfois par camions entiers, et pas toujours avec leur accord, vers des camps où opèrent des administrations nationales ou internationales, ainsi que des organisations non gouvernementales ou des entreprises privées. Des raisons d’ordre logistique sont généralement mises en avant (travailler à plus grande échelle, plus efficacement, plus professionnellement), mais le camp de regroupement existe aussi pour faciliter les opérations de triage et de contrôle des personnes selon leur statut juridique, leur nationalité, leur âge, sexe, situation familiale, etc. L’opération est simultanément sécuritaire et humanitaire. Cet éclairage peut aider à comprendre ce qu’il se passe en ce moment dans le camp de regroupement de Calais.

 

« Circulez, y’a rien à voir » : séparer les migrants de la ville

Les associations de citoyens bénévoles sont en train de se faire déloger du dispositif qui se met en place. On est maintenant dans une logique de type humanitaire-sécuritaire où ces associations ne trouvent plus leur place, ni ne savent comment donner sens à ce qu’elles font ou voudraient continuer à faire. Elles ne réussissent plus à distribuer du pain, de la nourriture, amener des vêtements, parler avec ceux des migrants que les bénévoles connaissent déjà, parce qu’il y a beaucoup trop de monde, parce que la foule même des migrants devient effrayante pour les personnes âgées ou les jeunes mères de famille qui viennent là avec leurs enfants pour faire et enseigner les actes de solidarité, et se trouvent désemparées. Leur propre marginalisation est le signe du passage d’une solidarité de citoyens quelconques à un dispositif technique dont le langage politique est « Circulez, on s’en occupe, y a rien à voir ». L’entreprise « Vie active » qui gère pour la préfecture le centre de service Jules Ferry (4 douches pour 3000 personnes à raison de 4 minutes par personne, distribution de repas une fois par jour, etc.) recrute maintenant du personnel de service en CDD (un contingent de trente places offertes mi-juin). Nous avons pu voir un jeune homme se présenter à l’embauche, muni de son diplôme d’auxiliaire de vie, quelque peu perplexe face au portail fermé où s’agglutinaient une cinquantaine de migrants ou plus, attendant l’heure de la douche. Il finit par se faire reconnaître d’un employé qui le fit entrer. Contrôlée par des agents de service munis de leur gilet orange et de leur talkie-walkie, l’entrée sécurisée n’est guère accueillante pour les bénévoles des associations. Ceux-ci voient leur manière de travailler contestée par  les responsables de l’entreprise gestionnaire, parce qu’ils ne sont pas ponctuels, pas rapides, pas assez professionnels en général. Les bénévoles des associations eux-mêmes sont excédés, se sentent rejetés, certains renonçant à achever l’intervention pour laquelle ils étaient venus, puis renonçant à revenir là.

 

Ajoutons que sur les trois voies qui longent l’espace du camp dans son ensemble, des voitures de police circulent en permanence. L’un des bords est l’autoroute qui conduit vers le port, sur lequel un haut grillage est en construction (une barrière existe déjà de l’autre côté de l’autoroute). C’est là que la police interpelle tous ceux qui sortent du camp et s’approchent de la route, pour les mener en centre de rétention.

 

Des ONG professionnelles humanitaires sont tentées d’intervenir dans un dispositif qu’elles « reconnaissent » pour avoir vu des choses similaires ailleurs, dans les pays du Sud et où elles se sentent les plus compétentes. Et l’on peut penser qu’en effet la scène sécuritaire qui se met en place à travers le regroupement et l’encampement de tous les migrants qui passent par là, se verrait bien augmentée d’un volet humanitaire. Ce dernier rendrait la mise à l’écart plus « acceptable » aux yeux des citoyens d’un pays démocratique selon le principe de la politique de l’indifférence.

 

La violence est ce qui domine la situation. Il y a quelques semaines, la leader du Front National, Marine Le Pen, avait répondu à une question d’un journaliste à propos de la « crise migratoire » et des morts en Méditerranée avec ces mots : « D’abord il faut arrêter de leur dire ‘Welcome’ ». La forme-camp qui se met en œuvre en ce moment à Calais correspond à cette injonction xénophobe, elle est compatible avec la fermeture des frontières. Il y a de ce point de vue un rapprochement à faire avec l’espace d’entre les frontières italo-françaises, à Vintimille, où sont confinés depuis plusieurs jours des migrants arrêtés sur leur parcours et regroupés là, dans ce qu’on appelait autrefois le « no man’s land » et qui s’avère être une frontière dense, un « full of men’s land ». De même, le camp de Calais fait fonction de frontière dans le même contexte. De plus en plus, la difficulté et bientôt l’impossibilité d’en sortir sont manifestes. D’abord par l’éloignement de la ville, puis par la séparation d’avec les citadins citoyens solidaires, puis avec la présence active de la police dans son pourtour, et maintenant par les expéditions violentes de certains groupes d’extrême droite contre les migrants pouvant apparaître en ville. L’étau se resserre. 

 

Questions

Qu’est-il possible de faire ? Déjà, le fait étant accompli, la suppression pure et simple du camp, c’est-à-dire sa destruction, poserait de nouveaux problèmes et enclencheraient de nouvelles violences. Deux pistes me semblent cependant mériter l’attention.

 

D’une part, la moitié des encampés de Calais pourraient en sortir tout de suite si l’on procédait aux régularisations rapides du genre de celle que l’OFPRA (Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides) a faite pour les demandeurs d’asile érythréens au début du mois de juin. Beaucoup d’Érythréens non enregistrés à ce moment-là, des Soudanais du Sud ou du Darfour qui auraient autant de légitimité qu’eux à recevoir l’asile, d’autres Africains en errance depuis tant d’années qu’ils n’ont plus où « retourner » dans des conditions vivables, une partie au moins des Syriens, des Kurdes, une partie peut-être des « vieux » exilés afghans : l’OFPRA pourrait arriver sans mal à 50% de la population du camp régularisable de suite.  Ainsi légalisées, ces personnes pourraient circuler librement, et auraient droit à des aides et cadres d’accueil plus humaines et dignes.

D’autre part, il est vital pour combattre l’enfermement du lieu qu’il soit de plus en plus ouvert et transformé par la venue des journalistes, des associations de Calais et d’ailleurs, des étudiants, des élus. Ces visites peuvent rétablir la relation avec les migrants confinés là. « Ouvrir » le camp − et ainsi le faire disparaître comme lieu d’enfermement − c’est d’abord permettre à ses occupants d’en sortir en toute sécurité,  c’est y aller et faire connaître ce qui s’y passe, y organiser des événements qui impliquent les habitants de la ville autant que les migrants, et ainsi créer un lien entre le camp et la ville. Mais cela, c’est déjà l’histoire des lieux de mise à l’écart en général. Bienvenue dans le monde des camps !

 
 

Le 12 juin, Philippe Wannesson que j’ai interviewé pour m’aider à comprendre la situation du camp de Calais, a voulu m’interviewer à son tour, à chaud. Voir ici.

 

 (1) Michel Agier est anthropologue (IRD et EHESS). Il étudie depuis de nombreuses années les déplacements et la formation des lieux de l’exil. Sur les thèmes concernés par le camp de Calais, il a notamment publié Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008), Je me suis réfugié là. Bords de routes en exil (avec S. Prestianni, éditions Donner Lieu, 2011), Paris refuge. Habiter les interstices (avec F. Bouillon, C. Girola, S. Kassa et A.-C. Vallet, éditions du croquant, 2011), Campement urbain. Du refuge naît le ghetto (Payot & Rivages, 2013) et Un monde de camps (sous sa direction, avec la collaboration de Clara Lecadet, La Découverte, 2014).

cette frontière tue et détruit

26 vendredi Juin 2015

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Calais, Exilés, Frontière, migrants, morts, souffrance

Un Ethiopien est décédé ce vendredi 26 juin 2015 à Calais, en tentant de grimper sur une des navettes qui passe par le tunnel sous la Manche. Le porte parole du groupe Eurotunnel ne trouve rien d’autre à dire que d’accuser la police de laxisme…

Si cette personne n’est pas identifiée dans les jours qui viennent,elle sera enterrée sous X. Si les associations humanitaires ne se démènent pas pour retrouver ses proches, lever des fonds pour une inhumation digne ou un rapatriement, ce jeune homme restera un mort de l’ombre, un anonyme, comme tant d’autres, en fosse commune ou dans la zone spéciale du cimetière de Coquelles.

Comme cet Ethiopien de 23 ans écrasé sur la rocade portuaire le 1er juin.

Comme ces deux corps de syriens retrouvés cet hiver, l’un sur une plage des Pays Bas, et l’autre sur une plage de Norvège avec des combinaisons de plongée achetées à Calais en octobre.

Comme tant d’autres ces derniers mois et dernières années.

19F2VRIER 006

D’autres ne meurent pas mais se retrouvent anéantis, élan vers une nouvelle vie détruit, si près du but, écrasés, renversés sur l’autoroute par accident ou malveillance : mi avril, un jeune afghan « serré » contre la rambarde par un camion a du être amputé d’une jambe, le 17 juin un autre exilé a été renversé au  niveau de Gravelines, blessé aux deux jambes.

Et puis il y a tous ceux dont la santé se dégrade à grande vitesse, des diabétiques, des asthmatiques, des cardiaques, qui ne peuvent avoir accès aux médicaments nécessaires, et qui meurent chez nous en dehors des vagues médiatiques des drames de la Méditerranée. Des personnes qui ont affronté mille périls pour arriver jusqu’ici, et qui crèvent là de l’égoïsme de nos nations dites civilisées….

Et aussi ceux qui deviennent un peu des zombis, à force de stagner sans droits, ni toit, ni avenir, et qu’on peut croiser dans les rues de Calais sans savoir quoi faire pour eux.

Illegal immigrants from Iran, Iraq, Afghanistan and Somalia

l’autre guerre du port de Calais

23 mardi Juin 2015

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blocage, Calais, frontières, my ferry link, port, tunnel

A rebondissements, l’histoire de la liaison transmanche par ferry est difficile à suivre. Sea France, abandonnée en 2012 par la SNCF et l’état, a vu naître une SCOP, « My Ferry Link », créée par des salariés avec leurs indemnités de licenciement, qui louent les navires rachetés par Eurotunnel.  Après des menaces britanniques concernant un soit disant monopole d’Eurotunnel sur la traversée de la Manche, des procès, des appels, une victoire, Eurotunnel a décidé contre toute attente de revendre les bateaux loués à la SCOP, à DFDS, compagnie Danoise, avec pertes d’emplois à la clef.

Ce 23 juin 2015, les marins ont bloqué le port et le tunnel. Ils réclament de pouvoir racheter eux même les navires dont eurotunnel ne veut plus.

23 juin

La traversée de la Manche à Calais est lucrativement hautement stratégique.

La circulation des marchandises dans notre monde occidental d’hyper-consommation est sacro-sainte. Elle doit se faire à moindre coûts pour plus de profits, donc en rognant sur le nombre d’employés leur droits et leurs salaires. Ce projet de SCOP où des employés se sont emparés de leur entreprise n’est pas du goût des grands groupes financiers.

La circulation des êtres humains, elle, s’est peu à peu bardée d’obstacles qui dénient des droits fondamentaux. Le port de Calais est un lieu symbolique des dysfonctionnements de la société capitaliste et égoïste.

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20 juin journée mondiale des réfugiés

21 dimanche Juin 2015

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journée mondiale, manifestations, Réfugiés

Ici on empêche de sortir, là bas on empêche d’entrer.

Ce 20 juin 2015, à Menton et Vintimille, de part et d’autre de la frontière franco-italienne, des collectifs d’habitants ont manifesté leur solidarité avec les réfugiés avec des slogans tels que « une seule terre, tous solidaires, libérons les frontières« . Les refoulements massifs effectués ces derniers jours par la police française à la frontière italienne commencent à poser des problèmes diplomatiques et des boycottes de produits français par les consommateurs italiens. Inutile et violente, cette décision du gouvernement français est interprétée dans une analyse de Médiapart comme une des théâtralisations de la puissance d’un pouvoir impuissant. vintimille

 

Ce 20 juin 2015, à Calais, Paris, Berlin, Rome, des mobilisations ont réuni des êtres humains réclamant dignité et égalité des droits pour tous, une autre politique migratoire européenne. En Suisse, plusieurs mobilisations aussi dont celle du collectif « No bunker » qui dénonce l’hébergement des demandeurs d’asile dans des abris sous-terrains de la protection civile totalement inadaptés

Ce 20 juin 2015, Antonio Guterres, Haut Commissaire des nations Unis pour les réfugiés, lance une déclaration pleine de bonnes intentions, et Angélina Jolie, envoyée spéciale du HCR débarquant dans un camp de réfugiés en Turquie donne l’image médiatique d’une ONU préoccupée du sort des exilés.

Au niveau français, c’est Sarkozy qui reprend la main médiatique avec ses déclarations comparant les migrations de réfugiés à un problème de plomberie, dignes des « bons mots » de Lepen.

Et au niveau calaisien, il y aura eu le 20 juin la particularité de la tenue d’un rassemblement dune quarantaine de nazillons, pourtant interdit, sur la place de la mairie.

 

manoeuvres médiatiques de la maire Bouchart

19 vendredi Juin 2015

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droit au logement, Exilés, squat

Lors des débats parlementaires du 11juin qui ont abouti sur un vote de la proposition de loi émanant de la sénatrice maire de Calais, Arnaud Richard député UDI a souligné « la portée hautement médiatique de cette loi ».

Natacha Bouchart crie victoire sur sa page face book où on peut lire : « la loi Bouchart anti-squat définitivement adoptée par le parlement » !!

A quoi voulait servir cette loi ? A rendre encore plus difficile l’occupation de lieux inoccupés pour servir d’abri, de lieux de vie, à des personnes qui en sont dépourvues. Le résultat est loin d’atteindre cet objectif, même si certaines expulsions seront facilitées. Le sénat a largement modifié le texte de départ. L’intitulé « infraction de violation de domicile » remplace celui de « expulsion des squatteurs » et il semble que la loi servira surtout à refuser la trêve hivernale aux locataires ayant des problèmes de loyer. Bref, un angle d’attaque contre des « sans papiers » pour s’en prendre aussi aux autochtones socialement fragilisés.

Les « pauvres-gens-qui-ne-peuvent-réintégrer-leur-logement-après-un-séjour-à-l’hôpital-ou-des-vacances » sont l’étendard  du groupe Républicains ex-UMP qui essaie de faire perdurer le mensonge de la maison Victor Hugo de Calais et s’accrochent à l’histoire de Maryvonne à Rennes tout aussi médiatiquement mensongère.

Si JM Leguen, secrétaire d’Etat souligne qu' »on ne squatte pas par plaisir » et que Jacques Krabal du groupe radical républicain démocrate et progressiste rappelle que son groupe est « favorable à ce que les immeubles vacants soient réaffectés au logement des personnes en situation de grande précarité », Marion Lepen a pu rajouter des mensonges en déclarant qu’à Calais chaque semaine il y a deux camps évacués qui se réorganisent 100 mètres plus loin… Elle devrait changer d’informateurs pour éviter le ridicule…

Le sénat a également éliminé l’idée de donner pouvoir au maire de se substituer aux propriétaires pour réclamer une expulsion.

Ce n’est pas vraiment un problème pour Bouchart puisqu’elle sait utiliser les armes municipales de commissions d’hygiène et sécurité pour se passer de l’accord d’un propriétaire, agissant aux limites voir en dehors de la loi. Comme en septembre 2013 pour l’évacuation du squat rue Mouron dont les propriétaires en Angleterre étaient injoignables. Et en octobre 2013, l’expulsion rue neuve, qui a laissé à la rue la communauté érythréenne.. Elle a même utilisé ses armes administratives contre un lieu loué, pour contrer un projet dont elle ne voulait pas, l’espace Zetkin en 2012 . ou le Hangar Kronstatd en 2010.

Quant aux propriétaires,  la municipalité fait pression sur eux comme elle peut pour qu’ils aillent en justice, comme celui de la « maison des égyptiens » avenue Blériot et la vieille dame propriétaire de la maison boulevard Victor Hugo  emmenée par des agents de la PAF, au commissariat de Coquelles, pour déposer sa plainte alors qu’elle hésitait à accepter un loyer de la part de « ses squatteurs » (qui avaient déjà un compte pour payer l’électricité du lieu). Le locataire d’un terrain au Petit Courgain a été convoqué en mairie comme un délinquant parce qu’il tolérait quelques tentes d’exilés, (mais, communiste d’un certain âge, il ne s’est pas laissé intimider.).

Le 11 juin à l’Assemblée nationale, l’unanimité des votes semble avoir été provoquée par un sentiment d’urgence de nos députés de protéger encore mieux la propriété privée. Un consensus qui rappelle celui UMP-PS-FN évoqué par Montebourg au sujet de l’immigration.

Comme certains trouvent cette loi insuffisante, un autre projet de loi visant à inclure les bâtiments n’étant pas utilisés par leur propriétaire, vient d’être déposé par le groupe « républicain ».

Quand donc nos députés vont-ils se pencher sur le droit fondamental d’un toit pour tous?

un_toit_un_droit

Alerta !

18 jeudi Juin 2015

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Calais, Exilés, fascistes, racisme, violence

Parquer des personnes sur une ancienne décharge, les isoler de la ville, les stigmatiser, laisser entendre que « ces gens là » ne sont pas tout à fait comme nous, pas très propres, vivant dehors, peut-être malades ou dangereux…

Laissez ceux qui se disent « sauveurs de Calais » propager leur haine raciale sur une page face book, où nombres de messages d’appel à la violence voir au meurtre peuvent se lire sans que les autorités ne réagissent, une page soutenue par tous les pires groupes d’extrème droite et néo-nazi de France.

Voilà la recette pour que puissent se produire à Calais des attaques physiques racistes aussi violentes que lâches, sur des exilés isolés.

Des agressions éclairs se multiplient depuis fin mai. voir le nord littoral ici et la voix du nord là.

Les néo-nazis de « sauvons Calais » avaient appelé à créer des milices « pour faire payer aux clandestins ». On est encore loin, heureusement des faits qui se produisent en Grèce, en Bulgarie, en Russie, mais il y a la similitude d’une certaine complaisance du pouvoir et de la police, une certaine stratégie des politiques qui disent préférer ne pas parler de ces néo-nazi de peur de leur donner plus d’importance.

Le groupe « sauvons Calais » affiche un soutien inconditionnel aux policiers et aux camionneurs qui seraient les victimes des exilés. Mais qui donc ici est victime de notre système inhospitalier déniant les droits les plus élémentaires? pouvoir quitter un pays, vivre en paix et sécurité, avec accès à l’eau, à un toit…

Les fachos s’amusent à créer une psychose autour des réfugiés bloqués à Calais en diffusant de fausses informations, en faisant mousser le moindre fait divers en diffusant des messages de haine et de violence. Ils entrainent dans leur sillage des jeunes irréfléchis. Mais il semble qu’ils aient aussi des sympathisants parmi les forces de l’ordre.

En juin 2014, un homme tire à la carabine avec silencieux sur un exilé, dans le dos. En septembre 2014, des agressions se multiplient après la manifestation des fascistes ( les dépôts de plainte de la ligue des Droits de l’Homme et signalements individuels au procureur et à Christiane Taubira n’ont toujours pas de suite). En janvier 2015, d’autres violences.

On sait déjà que des policiers se laissent aller à une répression très agressive, surs de l’impunité malgré les différentes saisines faites au Défenseur des Droits par des associations et des militants avec témoignages et documents visuels à l’appui.

Voici maintenant des agressions de civils:

D’abord une BMW noire, puis une grise, une fenêtre qui s’ouvre et un bras assénant un coup à l’arrière d’un crâne avec un objet tranchant. Une fois, puis une autre. Une autre fois, on renverse un cycliste, on bouscule un piéton. Et les agresseurs s’enhardissant, ils sortent du véhicule pour tabasser à coups de barres de fer celui qui ne fait que passer là.

On recense une agression le 29 mai, une le 9 juin, une le 13 juin et 3 le 14 juin.Une arme a été récupérée, une enquête de police serait en cours.

arme

Appel à tous ceux qui en ont la possibilité de faire des tournées de surveillance vers les routes menant au bidonville du centre Jules Ferry. Ne laissons pas la haine prendre le dessus.

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