• Accueil
  • À propos
  • Documents
  • Liens
  • Le point sur
  • Les cahiers
  • Newsletter

Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives Mensuelles: juillet 2015

ENCORE UN MORT

20 lundi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, mort

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, quatre personnes avaient été brûlées par un arc électrique en montant sur une navette du Tunnel sous la Manche.

Mohamad Achrat était l’un d’eux. Il avait 23 ans, était originaire du Pakistan. Il est mort vendredi 17 juillet de ses blessures. Sa famille a demandé que son corps soit rapatrié au Pakistan.

C’est le sixième mort connu depuis début juin en raison de la politique de contrôle de la frontière.

 

Pentax Digital Camera

 

LES BÉBÉS MEURENT AUSSI

19 dimanche Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, mineurs, mort

Un accident de passage. Une femme enceinte de 22 semaines. Elle accouche prématurément. Le bébé, Samir, meurt le 4 juillet, peu après sa naissance. La mère est depuis « introuvable », c’est-à-dire qu’elle a quitté l’hôpital sans qu’on se soucie si elle allait bien ou mal.

http://www.nordlittoral.fr/faits-divers/tentative-de-passage-une-maman-erythreenne-perd-son-bebe-ia0b0n225904?xtor=EPR-5&utm_source=mailing&utm_medium=email&utm_content=article-1&utm_campaign=newsletter-vdn

Comme notre rôle est de compter les morts, c’est le cinquième décès connu causé par la politique de contrôle de la frontière à Calais depuis début juin.

Samedi 11 juillet, une femme enceinte se présente à l’entrée de l’hébergement sommaire des femmes dans l’enceinte de la plate-forme de service Jules Ferry, à deux pas du bidonville d’État. Elle vient d’arriver à Calais, elle ne connaît personne, elle a peur de dormir dans le bidonville. Refus d’accès, le centre est plein. Un bénévole tente de négocier, le centre a déjà accueilli des personnes surnuméraires, les femmes enceintes sont prioritaires. Une des femmes hébergées propose de lui laisser sa place. Refus, le règlement dit que son absence ne sera constatée qu’après 24h, aucune admission n’est possible avant.

Les conditions du passage sont les mêmes pour les hommes et les femmes, enceintes ou non, pour les enfants aussi, on pense à ces gosses de 3 ou 4 ans qu’on croise parfois le soir marchant vers un lieu où ils vont tenter leur chance avec un de leurs parents. Les risques sont les mêmes, et les accidents qui en découlent. Les violences sont les mêmes, gazages ou passages à tabac.

 

Pentax Digital Camera

 

RAMADAN

17 vendredi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 1 Commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière

Le jour baisse. Le repas est posé sur un carton étalé par terre, un plat de pâtes en sauce, un plat de pâtes sucrées, du pain, des fruits, des jus de fruit. Une casserole d’eau chauffe sur le feu. Les habitants sont assis sur des tapis à l’entrée de leur tente, autour du carton qui sert de table. Un téléphone diffuse de la musique soudanaise. Ils regardent régulièrement l’heure, attendant le moment de la rupture du jeûne.

L’heure venue, une date, un verre d’eau, les mains se tendent vers les plats. Un groupe passe, ils sont invités à se joindre au repas, ils y joignent leurs provisions.

Un thé, une cigarette, ils se préparent rapidement et partent par petits groupes tenter leur chance. Demain l’Angleterre, inch’ Allah.

Le ramadan a été difficile cette année, et sans doute moins suivi que d’habitude. Les nuits les plus courtes de l’année, de longs jours sans manger ni boire. Les nuits à essayer de passer, la fatigue du retour au matin, sans possibilité de se restaurer ni se désaltérer. L’assoupissement de la longue journée. La préparation du repas quand vient le soir. Certains vont le prendre à la mosquée.

Mais beaucoup ont préféré ne pas suivre le jeûne, ou l’ont abandonné, pour se concentrer sur leur objectif, partir de là, quitter cette vie de misère, passer la frontière, reconstruire sa vie.

Aujourd’hui, c’est l’aïd.

 

PRISE DE RISQUE

15 mercredi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, Frontière, mort, santé

La nuit dernière, quatre exilés ont été brûlés par un arc électrique au niveau des caténaires en se hissant sur une des navettes qui empruntent le Tunnel sous la Manche. Ils ont été hospitalisés, deux d’entre eux dans un état grave.

Ce nouvel accident illustre l’aggravation des risques que prennent les exilés lors des tentatives de passages, qui s’est aussi traduite par quatre décès en un peu plus d’un mois.

Malgré les aménagements tardifs réalisés par les autorités, les conditions de vie empirent dans le bidonville d’État, où le nombre d’abris est insuffisant pour les nouveaux arrivants. Deux des campements subsistant en centre-ville sont sous la menace d’une expulsion, tandis que les expulsions du 2 juin ont elles-mêmes laissé des traces dans le sentiment de précarité de leurs anciens habitants. Il y a une pression à partir, à quitter ces conditions à tout prix.

Les nouvelles grilles à l’est du port et le long de l’autoroute d’accès rendent le passage plus difficile de ce côté, de nouvelles mesures pour résorber les embouteillages du côté du Tunnel sous la Manche réduisent les possibilités de monter dans les camions et de s’y cacher à ces occasions. Les exilé-e-s entrent donc de plus en plus souvent dans le périmètre du Tunnel pour essayer de monter directement dans les navettes. Monter dessus, monter en marche, s’accrocher à l’extérieur alors les trains vont aller à 140 km/h dans le Tunnel, les risques sont importants, et l’appréciation des risques différente de ce qu’est se glisser dans ou sous un camion.

La réponse d’Eurotunnel est de dresser de nouvelles grilles autour des quais d’embarquement sur les navettes. Cela entraînera une évolution des méthodes de passage, avec probablement plus de prise de risque.

Et les affichettes qui sont distribuées ne figurent pas les facteurs de risque suffisamment précisément pour apprendre à les éviter. Dire que c’est dangereux, les gens le savent. Mais ces risques sont faibles par rapport à ce qu’ils ont connu dans leur pays et sur la route pour arriver jusqu’ici. Et c’est peut-être difficile à comprendre pour nous qu’une voix avertit qu’il faut faire attention à l’écart entre le marche-pied et le quai à chaque fois que nous descendons d’un train, dans un pays où on ferme les parcs publics au moindre vent de peur que nous ne recevions une branche sur la tête, à la moindre neige de peur que nous tombions. Ces hommes, ces femmes et parfois ces enfants sont prêt-e-s à risquer leur vie pour accéder à une vie digne, et l’ont déjà risquée pour arriver jusqu’à Calais.

Et les conditions qu’ils rencontrent à Calais sont faites pour les convaincre que ce n’est pas ici qu’ils et elles pourront construire leur vie et être reconnu-e-s dans leur dignité. Alors ils et elles continuent leur chemin, en prenant les risquent que ça suppose.

 

14 JUILLET

14 mardi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, rétention

Depuis les années 80 de manière officielle (la pratique existait illégalement avant) la France s’est dotée d’un système d’enfermement dédié aux étrangers, les centres de rétention administrative, auxquels s’ajoutent des locaux de rétention administrative pour de courts séjours avec de moindres garanties d’accès aux droits. La finalité de cet enfermement est selon la loi l’expulsion du territoire, mais il est aussi utilisé illégalement comme moyen de punition et d’intimidation. On le voit de manière aggravée à Calais depuis la rafle du 2 juillet 2014 (voir ici et là).

La France s’est également lancée dans une politique de violation des arrêts de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Ainsi, des décision d’expulsion vers le Soudan continuent à être prises malgré deux décisions de la CEDH. Ainsi au début de ce mois, une mère et ses deux enfants ont été maintenus en rétention et expulsés en violation d’une décision de la CEDH.

http://www.lacimade.org/communiques/5479-Enfermement-des-enfants—la-France-se-moque-des-d-cisions-de-la-Cour-europ-enne-des-droits-de-l-Homme

Comme le monarque de l’ancien régime, l’État s’affranchit des lois et se considère au-dessus des juges. Il enferme et expulse au mépris du droit.

Un jour, ces centres de rétention seront un motif de honte, et les avoir fermés un motif de fierté. C’est à quoi nous devons nous employer, parce que notre liberté passe par celle des autres.

 

cra octobre2012 005L’arrière du centre de rétention de Coquelles, près de Calais. Ces barbelés ont été mis en place pour empêcher les rassemblements de soutien visibles par les prisonniers.

 

SOUDANAIS ? CINQ JOUR D’ENFERMEMENT

13 lundi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

Calais, Exilés, rétention

« Nous les Soudanais, quand la police nous arrête, on est mis 5 jours en prison. Ils nous envoient en prison près de Paris ou près de l’Allemagne. Si tu es Soudanais, c’est ce qui t’arrive. »

Un témoignage parmi ceux qu’on peut recueillir de la pratique de ciblage des autorités par nationalité. Les Soudanais, depuis plusieurs mois, sont donc placés en rétention avec une décision d’expulsion vers le Soudan. Ils sont transférés vers des centres de rétention loin de Calais, notamment en région parisienne. Parfois la préfète du Pas-de-Calais ne prolonge pas la rétention au-delà de 5 jours, ce qui évite le contrôle du juge des libertés et de la détention, parfois les personnes sont libérées par le juge.

Les Érythréens, par contre, ont eu droit à une opération promotionnelle de l’OFPRA (Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides, qui statue sur les demandes d’asile en première instance, et qui est rattaché au ministère de l’intérieur), venu à Calais et dans d’autres campements pour leur accorder l’asile en deux jours, avec hébergement à la clé. Mais seulement pendant la période des soldes, parce que pour les Érythréens qui sont arrivés le lendemain de cette opération promotionnelle, c’était la procédure normale, plusieurs mois, dont les premiers à la rue faute d’hébergement.

Il semble que pour les Afghans ce soit plutôt le renvoi en Italie, mais il y a aussi des tentatives d’expulsion vers l’Afghanistan.

À la tête du client ou à sa nationalité.

Tout simplement inique.

 

statistiques-loterie-nationale

 

BIDONVILLE D’ÉTAT : CE QU’IL MONTRE ET CE QU’IL CACHE

12 dimanche Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 22 Commentaires

Étiquettes

bidonville, Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires, ségrégation

Le bidonville qui s’est mis en place à partir de la fin du mois de mars 2015 sous la pression des autorités a beau être à 7 km du centre de Calais, il est tout sauf invisible. Il s’étend au pied de l’autoroute d’accès au port, par laquelle passent quelques 10 millions de passagers chaque année. Le bidonville se donne donc à voir. Des grilles ayant été construites des deux côtés de l’autoroute, il se donne à voir à travers ces grillages surmontés de barbelés.

À travers cette image, les autorités donnent à voir deux choses. La misère du monde, à travers ce vaste bidonville, qui serait massée au cœur de l’Europe, à la frontière du Royaume-uni. Et l’action des États pour contenir cette misère et en protéger les populations, qui est représentée par les grilles.

Mais cette image montre pour cacher.

Elle cache que ce n’est pas la misère du monde qui habite ce bidonville. La misère du monde n’a pas les moyens d’arriver jusqu’à nous au cœur de l’Europe. On pense à ce Soudanais, ancien haut fonctionnaire, parlant des fermes dont il était propriétaire et où il aimait aller. Ils et elles sont professeur, médecin, ingénieur, commerçant, ou issus des classes moyennes. Ils et elles n’ont jamais vécu dans un bidonville avant d’avoir pris la route de l’exil.

Le bidonville est la condition dans laquelle nous les recevons en France, c’est une construction de nos politiques.

Elle cache que ce bidonville est grossi de demandeurs d’asile en attente d’hébergement, parfois de réfugiés, de mineurs, et qu’il est le reflet du fait que l’État ne remplit pas ses obligations.

Elle cache que 3000 personnes font un gros bidonville, mais que ce nombre est ridiculement petit à l’échelle des deux États à la frontière desquels il se situe, puisqu’ils ont chacun plus de 60 millions d’habitants. Et plus encore à l’échelle de l’Europe.

Elle cache en focalisant le regard sur Calais la diversité des lieux et des méthodes de passage. Les autres bidonvilles situés près d’autres lieux de passage. Mais aussi ceux et celles qui ont plus d’argent, et passent par des moyens moins risqués et moins inconfortables que d’essayer de se cacher dans ou sous un camion.

Elle cache que de toute façon ceux et celles qui persistent arriveront au Royaume-uni. Ce n’est pas une barrière de plus qui arrêtera ces personnes qui ont traversé le Sahara et la Méditerranée, ou qui ont passé à pied les montagnes du Kurdistan et des Balkans.

 

IMG_0533Au-dessus du bidonville, l’achèvement des grilles le long de l’autoroute d’accès au port.

LA QUINZAINE DES PASSEURS D’HOSPITALITÉS 19

11 samedi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, Exilés

LA QUINZAINE DES PASSEURS D’HOSPITALITÉS

Du 28 mai au 11 juillet 2015

La situation se tend encore à Calais. Le bidonville dans lequel les autorités ont voulu concentrer les exilés s’avère un désastre humanitaire, personne ne pouvant plus répondre à l’augmentation du nombre de ses habitants ni aux conflits qui y apparaissent. C’est au niveau interministériel que se décide sous la pression des associations et des médias l’installation de quelques latrines, lampadaires, bennes à ordures, robinets d’eau, trop tard et en nombre insuffisant, alors que la plate-forme de services créées à côté par les mêmes autorités est elle aussi dépassée.

L’État aggrave encore sa politique répressive, que ce soit à Calais, à Paris, à la frontière italienne ou dans le cadre européen. À peine les grilles le long de l’autoroute d’accès au port sont-elles achevées que d’autres sont annoncées aux accès au Tunnel sous la Manche. Les décisions d’expulsions vers le Soudan ou l’Afghanistan se multiplient. L’injonction « l’asile ou l’expulsion » est renouvelée, alors que le démembrement du système français d’asile se poursuit. Calais fait toujours plus figure d’impasse, et les exilés syriens qui manifestent sont dispersés et gazés par les CRS. Les morts à la frontière se multiplient.

Des nouvelles de Calais sur le blog Passeurs d’hospitalités (page 2). L’audioblog de Passeurs d’hospitalités s’en fait le reflet (page 10).

La quinzaine des Passeurs d’hospitalités 28/05 – 11/07/2015

COMMUNIQUÉ CONTRE LES EXPULSIONS

10 vendredi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, campements, Exilés, expulsions, solidarité

Ce 2 juillet a été une journée chargée, avec une rencontre entre les ministres de l’intérieur français et britannique, la publication d’un rapport sur Calais commandé par le ministre de l’intérieur français. C’est aussi l’anniversaire des expulsions et rafles de 2014.

Et un jugement d’expulsion a été affiché devant des deux trois bivouacs qui subsistent en centre-ville.

 

Plusieurs organisations réagissent par un communiqué commun :

« PAS DE NOUVELLES EXPULSIONS

MAIS DES SOLUTIONS DIGNES D’ACCUEIL

Jeudi deux juillet, un jugement d’expulsion a été affiché devant deux des derniers lieux de vie d’exilés du centre de Calais, le porche de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, où s’abritent des exilés syriens, et le auvent de l’ancien BCMO, où s’abritent des demandeurs d’asile sans hébergement. La politique de ségrégation et d’éloignement des exilé-e-s de la ville continue donc. Ce jugement est affiché alors que les Syriens viennent de manifester pour leur dignité et pour accéder légalement au territoire britannique et y demander l’asile.

Cette décision intervient alors que la situation est critique dans le bidonville d’État qui s’est créé sous la pression des autorités à 7 km du centre-ville. De nouvelles expulsions vers ce bidonville ne feront qu’aggraver les choses. En témoignent le communiqué commun des quatre ONG qui mènent actuellement une opération exceptionnelle dans le bidonville, ou l’avis de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme publié la semaine dernière.

Nous demandons qu’aucune expulsion n’ait lieu sans solution de relogement dans la ville. Nous demandons que les autorités prennent des mesures d’urgence pour rendre les conditions de vie dans le bidonville d’État les moins indignes possibles, et mettent en place dans les meilleurs délais des solutions d’accueil et d’hébergement dans la ville pour les exilé-e-s, de manière à résorber le nouveau bidonville.

Signataires :

ADRA, Auberge des Migrants, Calais Migrant Solidarity, Calais Ouverture et Humanité, Emmaüs Dunkerque, Le Réveil Voyageur, SUD Solidaires »

Le communiqué peut être téléchargé ici.

Carte postale recto-page001

L’EAU

09 jeudi Juil 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

bidonvilles, Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires

L’un des points d’eau nouvellement installés, avec retard et sous la pression des associations, dans le bidonville où les autorités ont regroupé la plupart des exilé-e-s à Calais. Une demie-douzaine de robinets branchés sur un tuyau à une cinquantaine de centimètres du sol. On vient là se laver ou prendre de l’eau dans les contenants les plus divers, bouteilles, bidons, jerricans. On les transporte à la main, dans des caddies, sur des vélos, dans des poussettes. Se croisent là des hommes et des femmes de nationalités diverses. Trois boutiques, dans des cabanes, se sont implantées là – le lieu est fréquenté – pour vendre des boissons, des cigarettes, des conserves. On échange quelques mots, dans la langue commune que l’on trouve. Le tout a des allures de bidonville du Tiers-Monde – milieu qui n’est pas familier aux exilé-e-s qui habitent là, généralement issu-e-s des classes moyennes de leur pays.

À Norrent-Fontes, petite bourgade de l’intérieur des terres, près d’une aire d’autoroute ou les exilé-e-s montent dans les camions en partance pour le Royaume-uni, la municipalité élue en 2014 rationne l’eau qu’elle apporte dans le bidonville, pour éviter l’appel d’air (plus d’eau, plus d’air, moins d’eau moins de migrant-e-s – sans doute).

Nan Suel, présidente de l’association Terre d’Errance, explique la situation :

« Ces jours-ci, la théorie de l’appel d’air est totalement démentie pas les faits sur le camp de Norrent-Fontes.

Il y a presque deux mois, le maire de Norrent-Fontes et du sous-préfet expliquaient leur refus d’acheminer suffisamment d’eau pour les exilés qui survivent à Norrent-Fontes par la crainte du désormais célèbre appel d’air.

Tous deux craignaient que si un litre supplémentaire était amené aux personnes migrantes, alors celles et ceux qui sont actuellement à Paris, Calais, en Italie ou ailleurs, se précipiteraient à Norrent-Fontes, irrésistiblement attirés par ce litre d’eau.

Depuis mercredi dernier (1er juillet), le maire, soucieux de ne pas être tenu pour responsable d’une mort par déshydratation en cette période de fortes chaleurs, fait acheminer plus d’eau au camp.

Or, depuis le lundi 29 juin dernier, le trafic des camions est très perturbé par les mouvements de grèves liés à l’actualité de la SCOP Sea France.

Traversant la mer du Nord plus difficilement, les camions sont beaucoup plus nombreux que d’habitude sur la côte.

Les migrants en transit sont-ils plus nombreux à Norrent-Fontes à cause du supplément d’eau qui y est amené ?

Non. Au contraire, les membres de l’association Terre d’Errance ont remarqué que, depuis le début de la semaine et plus encore ces deux derniers jours, les exilés sont beaucoup moins nombreux au camp de Norrent-Fontes.

De plus de 120 personnes la semaine dernière, le nombre est passé à moins de 50 personnes en quelques jours.

Il n’y a pas plus d’eau ou de confort à Calais qu’à Norrent-Fontes.

Les droits fondamentaux n’y sont toujours pas respectés, tout comme à Norrent-Fontes. Pire, les exilés qui y survivent sont en plus victimes de violences physiques.

Pourtant, les exilés eux-mêmes affirment quitter le camp de Norrent-Fontes pour tenter de passer la frontière en partant directement de Calais où le trafic routier est actuellement plus dense que d’habitude.

S’il fallait apporter la preuve que les exilés en transit ne sont pas « attirés » à Norrent-Fontes par une eau insuffisante ou d’une malheureuse douche collective par semaine, la voilà sur un plateau:

Alors qu’exceptionnellement les exilés pourraient bénéficier d’un peu plus de « confort » selon les autorités (en réalité, moins du minimum vital), la grande majorité de ces hommes et femmes préfère aller à Calais pour essayer de passer la frontière.

Certains exilés ont des raisons personnelles d’aller précisément en Grande Bretagne (famille, équivalence de diplômes,etc…), la plupart des autres qui essayent de passer veulent simplement partir à la recherche d’un asile qu’ils ne trouvent pas en France où leur droits fondamentaux ne sont pas respectés.

Pour rappel: actuellement et hors mis cette période de chaleur, les exilés ont accès à moins de trois litres d’eau par personne et par jour à Norrent-Fontes. La consommation moyenne d’eau en France est de 137 litres d’eau par personne et par jour (*). L’OMS et le ministère de la santé recommandent un minimum de 20litres d’eau par personne et par jour.

(*) voir Eau France, le service public d’information sur l’eau :
http://www.eaufrance.fr/groupes-de-chiffres-cles/consommation-d-eau-par-foyer-en »

 

Pentax Digital CameraOccupation Galou, mars 2015, un précieux bidon d’eau transfiguré par la lumière. Luxe inouï, ce squat bénéficiait de l’eau courante, et les habitants des autres bidonvilles venaient s’y laver, nettoyer leur linge et s’y ravitailler.

← Articles Précédents
Articles Plus Récents →

Passeurs d’hospitalités

Passeurs : font circuler la parole, et relient les êtres et les rives.

Hospitalités : les mille formes de l'accueil et de la rencontre entre les êtres.

Le bloguistan des Passeurs d’hospitalités

  • Passeurs d’hospitalités – English
  • Exilés dans les Balkans (fr)
  • Exiles in the Balkans (en)
  • Lampedusa – une île

Contact :

passeurs.dhospitalites (at) laposte.net

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Abonnement flux RSS

  • RSS - Articles

Articles récents

  • Énième expulsion à Calais : un harcèlement étatique à défaut d’une politique humanitaire
  • Mouvement de contestation réprimé au CRA de Coquelles !
  • Le Tribunal Administratif rejette la requête de la Commune de Calais concernant l’expulsion du site dit de ‘BMX’ à Calais
  • Racisme ordinaire et refus d’accès aux soins au CRA de Coquelles: « Pour la première fois, j’avais l’impression que je ne valais rien »
  • Eloignement forcé aux gaz lacrymogènes et plaquage ventral au sein du CRA de Coquelles
  • Au CRA de Plaisir, on n’est pas malade à cause du Covid mais à cause de l’enfermement !
  • À Calais, au beau milieu de l’hiver, deux initiatives mettent les plus vulnérables à l’abri
  • À Calais, une justice complice du harcèlement étatique des exilé.e.s
  • Coquelles : Justice des libertés et de la détention, justice fantôme ?
  • Expulsion vs mise à l’abri : jeu de maux à Calais

Archives

  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Articles récents

  • Énième expulsion à Calais : un harcèlement étatique à défaut d’une politique humanitaire
  • Mouvement de contestation réprimé au CRA de Coquelles !
  • Le Tribunal Administratif rejette la requête de la Commune de Calais concernant l’expulsion du site dit de ‘BMX’ à Calais
  • Racisme ordinaire et refus d’accès aux soins au CRA de Coquelles: « Pour la première fois, j’avais l’impression que je ne valais rien »
  • Eloignement forcé aux gaz lacrymogènes et plaquage ventral au sein du CRA de Coquelles
  • Au CRA de Plaisir, on n’est pas malade à cause du Covid mais à cause de l’enfermement !
  • À Calais, au beau milieu de l’hiver, deux initiatives mettent les plus vulnérables à l’abri
  • À Calais, une justice complice du harcèlement étatique des exilé.e.s
  • Coquelles : Justice des libertés et de la détention, justice fantôme ?
  • Expulsion vs mise à l’abri : jeu de maux à Calais

Archives

  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com

Propulsé par WordPress.com.

Annuler

 
Chargement des commentaires…
Commentaire
    ×
    Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
    Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies