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Passeuses d'hospitalités

~ des exilé.e.s à Calais

Passeuses d'hospitalités

Archives Mensuelles: août 2015

VALLS À CALAIS, OU L’INDIGENCE POLITIQUE

31 lundi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Frontière, médias, politiques migratoires

L’annonce du premier ministre pour sa visite à Calais : l’implantation de 120 tentes pour accueillir 1500 exilé-e-s, sur le site du bidonville créé en mars – avril dernier. Coût : 25 millions d’euros.

Les travaux de terrassement qui auraient dû être faits avant que la police ne rabatte les exilé-e-s vers ce terrain qui se transforme en marécage dès que la pluie se fait abondante seraient faits seulement cet hiver.

Des tentes seraient installées en plein hiver pour le tiers des exilé-e-s présent-e-s actuellement sur le site. Rien n’est dit à propos de ce que deviendront les autres.

À la frontière de deux États de 60 millions d’habitants parmi les plus riches de la planète naîtrait ainsi un infra-camp de réfugié-e-s, des tentes en nombre insuffisant, à côté d’une plate-forme de service elle-même insuffisante, le centre Jules Ferry.

Le tout pour un coût exorbitant.

On se souvient de la précédente venue de Manuel Valls en décembre 2013 (voir ici et là), au cours de laquelle il avait promis des diagnostics de la situation et des maisons des migrants, rien n’était venu, sauf des expulsions parmi les plus violentes que Calais ait connu six mois plus tard.

On songe à la venue de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, en mai dernier, dont le résultat avait été que la durée des douches au centre Jules Ferry était passée de 4 à 6 minutes.

On se souvient de la décision annoncée en juin dernier par deux ministres au sortir d’un conseil des ministres, d’installer deux points d’eau, trente toilettes chimiques et une ligne de réverbères dans le bidonville, pour plus de 3000 personnes qui y habitaient alors.

Image d’un État indigent et sans perspectives.

Mais pendant qu’on parle de ça, l’attention est détournée des violences policières, des nouveaux grillages, du démantèlement du droit d’asile, des tentatives parfois réussies d’expulsion vers le Soudan, l’Afghanistan, l’Érythrée, des morts à la frontière, des mineurs à la rue, de l’impasse dans laquelle le gouvernement tente d’enterrer les exilé-e-s à Calais.

 

VALLS À CALAIS : LE PINOCCHIO DE LA ROCHELLE

31 lundi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Frontière, médias, politiques migratoires

Hier dimanche, Manuel Valls a déclaré à l’université d’été du Parti socialiste que les migrants qui «fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis» et que les «migrants doivent être traités dignement, abrités, soignés».

http://www.nordlittoral.fr/faits-divers/valls-les-migrants-qui-fuient-la-guerre-les-ia0b0n238350

Lors de sa dernière visite à Calais, le 12 décembre 2013, alors qu’il était encore ministre de l’intérieur, et déjà dans le temps d’une campagne électorale (celle des municipales), Valls avait promis aux associations des diagnostics territoriaux autour des différents campements de la région et l’expérimentation de nouveaux lieux d’accueil (des « maisons des migrants »). Il n’y a ni diagnostic ni expérimentation (voir ici et là).

Même genre de déclaration maintenant, à la veille de sa venue à Calais.

Concrètement, va-t-il revenir sur la nouvelle loi sur l’asile qui vient d’être votée par le parlement, et qui précarise les demandeurs d’asile, réduit les garanties juridiques, les assigne à résidence pendant la durée de la procédure et facilite leur expulsion ?

http://www.acatfrance.fr/communique-de-presse/la-loi-de-reforme-de-lasile-promulguee-pour-le-meilleur-et-surtout-pour-le-pire

Va-t-il enterrer le rapport Arribaud – Vignon, publié le 2 juillet dernier, qui déconseille cyniquement de trop améliorer la condition des exilé-e-s pour éviter « l’appel d’air » ?

Va-t-il désavouer la déclaration du 20 août des ministres de l’intérieur français et britannique, qui prévoit comme réponse à la situation des exilé-e-s à Calais construction de nouvelles barrières, renforts policiers, renvoi vers le pays d’origine, et traite sous la rubrique « prise en charge des migrants » de mesures pour les personnes vulnérables et la systématisation des expulsions des demandeurs d’asile vers d’autres pays européens en vertu du règlement Dublin III ?

Va-t-il mobiliser en 48h les moyens qui le seraient en cas de catastrophe naturelle pour apporter le minimum d’hygiène et de dignité aux habitants du bidonville que l’État a créé sous pression policière sur une ancienne décharge publique en mars – avril dernier ?

Va-t-il prendre les mesures permettant de faire disparaître à brève échéance ce qui est devenu le plus grand bidonville de France en relogeant les habitants ?

Va-t-il mettre fin aux violences policières, maintes fois dénoncées et documentées (voir ici, ici, ici ou là) ?

Valls va raconter ce qui l’arrange. La réalité aura le dernier mot.

 

 

VALLS À CALAIS : DES MÉDIAS TRÈS CADRÉS

30 dimanche Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Frontière, médias, politiques migratoires

Le programme envoyé par les services du premier ministre aux médias montre une volonté de les cadrer de manière stricte.

http://www.gouvernement.fr/partage/5029-deplacement-a-calais

Certains temps sont réservés à un « pool presse » sélectionné à l’avance de manière limitative. Le « pool presse » est transporté en autocar de Paris. On peut s’interroger sur ce que signifie la liberté de la presse quand celle-ci est véhiculée ainsi par le gouvernement.

Les autres temps seront réservés aux médias qui auront retiré une accréditation à la sous-préfecture, ce qui permet un filtrage éventuel, en tout cas un contrôle de qui est là.

Le rôle des médias tel que le conçoit le gouvernement est d’accompagner le déplacement du premier ministre et de servir de relais à sa parole.

Au chapitre du culte de la personnalité, notons qu’il s’agit d’un « déplacement officiel de Manuel Valls, Premier ministre », « en présence de », les « présents », on oserait presque dire les figurants ou les faire-valoir vu la manière dont ils sont présentés, étant quand même le premier vice-président de la Commission européenne, un commissaire européen, et plus accessoirement deux membres du gouvernement.

Espérons que les journalistes qui viendront à Calais à l’occasion de ce déplacement primo-ministériel ne se laisseront pas enfermer dans ce carcan d’un autre régime, prendront des libertés par rapport au programme, et prendront le temps de voir la situation et d’entendre d’autres points de vue. Nous les y invitons chaleureusement.

 

31 AOÛT : VALLS À CALAIS

30 dimanche Août 2015

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Calais, Exilés, Frontière, médias, politiques migratoires

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

LA VISITE AUTHENTIQUE DE MANUEL VALLS À CALAIS

Lundi 31 août, le premier ministre Manuel Valls vient à Calais, accompagné du ministre de l’intérieur et deux commissaires européens. Une visite de ministre est un exercice de communication, montrer qu’on fait quelque chose alors qu’on ne répète que les mêmes recettes, et à défaut d’être cru au moins rendre d’autres discours moins audibles et la réalité moins visible.

Face à ce jeu de masques, un groupe de Calaisiennes, de Calaisiens et d’ami-e-s venu-e-s d’ailleurs propose l’authentique discours de Manuel Valls, celui qu’il devrait prononcer, ainsi que le programme qu’il devrait suivre.

Nous invitons les citoyennes et citoyens et l’ensemble de la presse à une lecture publique de « l’authentique allocution de Manuel Valls, celle que nous voudrions entendre » et à un moment festif

à partir de 12h30 place Foch, devant le parc Richelieu

https://goo.gl/maps/n8S0b

 

Vous pouvez télécharger :

Le communiqué ici

La note aux rédactions ici

L’authentique allocution de Manuel Valls celle que nous voudrions entendre ici

La mise en contexte ici

Déplacement du premier ministre Manuel Valls à Calais, lundi 31 août 2015.

Note aux rédactions du 29 août 2015 – celle que nous voulons.

Programme prévisionnel :

9h00 : le premier ministre fixe d’un regard satisfait les convois de CRS et de gendarmes mobiles quittant Calais.

10h00 : le premier ministre dépose une rose sur la tombe de Samir, mort une heure après sa naissance. Sa mère, enceinte de 22 mois, avait eu un accident lors d’une tentative de passage et avait accouché prématurément. Il rend hommage aux exilé-e-s mort-e-s à la frontière, et s’engage à ce que de pareils faits ne se reproduisent plus.

11h00 : le premier ministre boit le thé avec des exilé-e-s dans le bidonville. Il oublie l’heure et laisse passer le rendez-vous avec la maire de Calais.

12h30 : le premier ministre lit l’authentique allocution place Foch, devant le parc Richelieu, en présence d’exilé-e-s, de bénévoles, de militant-e-s, de citoyen-ne-s, de journalistes, de journalistes exilé-e-s, de bénévoles citoyen-ne-s, et d’une riveraine venue par curiosité.

14h00 : le premier ministre prend en stop un exilé qui s’est foulé les deux pieds lors d’une tentative de passage et qui va à pied à la permanence d’accès aux soins de santé, à une heure et demie de marche du bidonville pour une personne valide. Il s’engage à ce qu’une pareille situation ne se reproduise plus.

15h00 : le premier ministre boit un verre avec des Calaisiens solidaires. Il se dit que décidément cette ville a du potentiel. Il pense qu’améliorer la vie des Calaisiens et accueillir les touristes, voyageur-se-s de passage, exilé-e-s en quête d’Europe, créerait des emplois, donnerait une bonne image de la ville, et profiterait à tout le monde. Il décide que l’État apportera son soutien.

16h00 : le premier ministre rentre à Paris pour mettre en œuvre sa nouvelle politique.

L’AUTHENTIQUE ALLOCUTION DE MANUEL VALLS

CELLE QUE NOUS VOUDRIONS ENTENDRE

Mes chères concitoyennes,

Mes chers concitoyens,

Je suis venu à Calais aujourd’hui pour prendre acte de l’échec des politiques menées jusqu’ici. Elles mettent dans l’impasse non seulement les exilé-e-s présent-e-s sur ce territoire, mais aussi les habitant-e-s de ce territoire, ainsi que la France et le Royaume-uni. Il est temps de changer de cap. J’ai lu avec horreur la déclaration commune signée ici même le 20 août par Mme Theresa May et M. Bernard Cazeneuve. J’ai du reste envoyé celui-ci sans délais régler la circulation des pingouins en Terre Adélie*.

Ce nouveau cap, je le déclinerai selon trois axes : mettre en place en France une politique d’hospitalité, fonder la coopération franco-britannique sur d’autres bases, agir pour un changement des politiques européennes.

Pour ce qui est de la France :

– le pays assumera sa part de solidarité et offrira aux réfugié-e-s l’accueil qu’ils et elles sont en droit d’attendre. L’OFPRA sera dégagé de la tutelle du Ministère de l’intérieur et son indépendance sera restaurée de manière à ce qu’il examine les demandes d’asile avec la bienveillance nécessaire. Les demandeur-se-s d’asile ne seront plus considéré-e-s comme des suspects de fraude, mais comme des personnes ayant vocation à reconstruire leur vie en France. Nous mettrons en place des conditions d’accueil au moins égales aux exigences de la législation européenne.

– le gouvernement mettra en place avec les conseils généraux une politique permettant l’accueil et la protection de tous les mineurs isolés étrangers présents sur le territoire, quel que soit leur projet migratoire. Des solutions innovantes seront mises en place en direction des mineurs en transit.

– nous engagerons les moyens financiers nécessaires pour restaurer l’accueil inconditionnel de toutes les personnes à la rue, quelle que soit leur nationalité et leur situation administrative.

– concernant plus particulièrement le Calaisis, nous nous engagerons dans la rénovation écologique du bâti et du logement, pour mieux loger les Calaisien-ne-s et résorber le mal-logement, et pour créer des unités d’accueil à taille humaine pour les exilé-e-s en transit.

– j’ai confié aux préfets du Nord et du Pas-de-Calais la mission, en concertation avec les exilé-e-s et les associations, de résorber l’ensemble des squats et campements insalubres, et de mettre en place des solutions d’accueil dignes.

– j’ai donné instruction à l’ensemble des services de l’État de donner au Défenseur des droits tous les éléments dont il pourra avoir besoin pour établir les violations des droits qu’a pu occasionner la politique contre les exilé-e-s et en déterminer les responsabilités. Ceci inclut mes propres responsabilités en tant que ministre de l’intérieur puis premier ministre. À charge pour le Défenseur des droits de saisir la justice à chaque fois identifiera des violations de la loi.

– le nouveau ministre de l’intérieur, remplaçant M. Cazeneuve, a donné l’ordre que les effectifs policiers affectés au harcèlement contre les exilé-e-s et au blocage de leur sortie du pays, soient redéployés vers d’autres tâches et vers d’autres parties du territoire.

Pour ce qui est de la coopération franco-britannique, mon action sera guidée par la fermeté et par l’amitié.

Fermeté : la France cesse dès aujourd’hui d’être une république bananière, qui se fait payer pour accepter et perpétrer des violations des droits de l’homme. Nous dénonçons l’ensemble des dispositions des accords franco-britanniques de gestion de la frontière qui violent ces droits.

Nous convaincrons le gouvernement britannique de les remplacer par une politique de coopération entre deux États voisins et membres de l’Union européenne pour que les réfugié-e-s puissent accéder à une protection dans le pays où elles pensent avoir les meilleures chances d’intégration, où ils et elles souhaitent rejoindre des proches, où ils et elles veulent construire leur avenir.

Je plaiderai pour une politique d’ouverture à ces hommes et ces femmes qui partent en diaspora pour assurer leur avenir et celui de leurs proches, et qui sont une richesse tant pour leur pays d’accueil que pour leur pays d’origine.

Dans le cadre des institutions européennes, je travaillerai à une réorientation des politiques migratoires, dans le respect des principes suivants :

– l’Union européenne doit assumer sa part dans l’accueil des personnes cherchant refuge face aux crises du monde. Il est anormal et injuste que le Liban accueille un nombre de réfugiés équivalent à un tiers de sa population, et que la région la plus riche de la planète en accueille si peu. Pour cela, l’Union européenne doit permettre leur accès à son territoire, et ouvrir ses frontières. Les réfugiés doivent avoir le libre choix du pays où ils demandent l’asile.

– les migrations sont une respiration nécessaire tant aux pays de départ qu’aux pays d’accueil. L’Union européenne doit faciliter l’installation sur son sol des personnes qui le souhaitent et leur libre circulation.

– l’Union européenne doit contribuer à ce que les personnes souhaitant rester dans leur pays puissent le faire. Elle doit mener une politique basée sur la souveraineté alimentaire, la lutte contre le réchauffement climatique, la résolution des conflits armés, la fin des dictatures, l’accès des populations aux ressources de leur pays. Pour cela, elle doit réfréner les appétits des compagnies occidentales.

Parmi les exilé-e-s présent-e-s à Calais, il y a peut-être le père ou la mère d’une première ou d’un premier ministre de France ou du Royaume-uni. Par respect pour elles et pour eux, je me dois d’en finir avec cette politique de la honte qui a été menée jusqu’ici.

*On trouve là un de ces traits d’humour dont Manuel Valls nous a rendu familier : comme Bernard Cazeneuve a perdu le nord, il l’envoie au Pôle sud, où il n’y a que des manchots.

 

VALLS À CALAIS

OU PINOCCHIO À LA TÉLÉ

Une visite de ministre est un exercice de communication. S’agissant des « migrants de Calais », cette communication se base sur un discours compassionnel sur la situation des « migrants », qui ne conduit à changer leur situation, puisqu’il faut éviter « l’appel d’air » que provoqueraient des conditions dignes d’accueil, et un discours répressif qui se traduit par de nouvelles barrières et un renforcement des effectifs policiers. Ce discours vise officiellement les « passeurs criminels », mais dans les faits la répression s’exerce sur les exilé-e-s. La communication du ministre vise à faire croire qu’il fait quelque chose qui va résoudre le problème, alors qu’il ne répète que les mêmes phrases et les mêmes actions que ses prédécesseurs, et qu’il ne fait qu’aggraver le problème.

La visite de Manuel Valls se situe dans cette continuité. On peut la considérer dans une séquence qui débute avec le quinquennat de François Hollande et sa nomination au ministère de l’intérieur, et dans une séquence plus resserrée qui commence fin juillet cette année.

Mai 2012, élection de François Hollande : rien ne change

Élection présidentielle, nomination du gouvernement, élections législatives, l’été passe, rien de ne change. La même politique est appliquée avec la même violence. Novembre 2012, le Défenseur des droits publie une décision particulièrement ferme sur le harcèlement policier à Calais. Valls ministre de l’intérieur nie en bloc et en détail.

Décembre 2013 : Valls finit par venir à Calais

La venue du ministre de l’intérieur avait été annoncée dès juin 2013. Avaient suivi 6 mois d’atermoiements, d’annonces et de reports. Valls vient en amont des élections municipales, dont il est le chef de campagne officieux pour le PS. Il rencontre successivement différents interlocuteurs auxquels il dit ce qu’ils ont envie d’entendre : des commerçants auxquels il promet une amélioration économique ; les associations de soutien aux exilé-e-s auxquels il promet des diagnostics territoriaux pour résorber les bidonvilles et l’expérimentation de « maisons des migrants » ; les policiers, auxquels il promet des renforts. Dans la réalité, la situation des commerçants s’est aggravée, il n’y a eu ni diagnostics ni maisons des migrants, mais les renforts de police ont bien été envoyés. L’augmentation du nombre d’exilé-e-s à Calais avait déjà commencé, et il était prévisible que cela continuerait : il n’y a eu aucune anticipation.

Mai – juillet 2013 : retour des expulsions

Le 28 mai et le 2 juillet, les autorités répondent à l’augmentation du nombre d’exilé-e-s par des expulsions de squats et de campement. L’opération est négative en terme d’image, et les associations font bloc pour refuser cette politique. Le 12 juillet, une manifestation se termine par l’ouverture d’un grand squat sur un site industriel, le squat Galloo.

Pendant les mois qui vont suivre, les autorités vont mettre en scène la dangerosité des « migrants » et le rejet par la population calaisienne (surmédiatisation d’une bagarre en août, manifestation de Sauvons Calais devant l’hôtel de ville en septembre, manifestation anti-migrants organisée par un syndicat de policiers en octobre). En parallèle, elles essayent d’impliquer les associations dans une cogestion de leur politique.

Mars – avril 2015 : expulsions cachées et création du Sangatte du pingre

La police fait quotidiennement la tournée des squats et campements en menaçant les habitant-e-s d’une expulsion violente. Les premières personnes partent vers le lieu à la périphérie de Calais où les autorités ont dit qu’elles seraient tolérées, aidées par les associations. Le mouvement s’accélère rapidement. La plupart des exilé-e-s se retrouvent sur cette ancienne décharge, où se construit un vaste bidonville. À proximité, le centre Jules Ferry fournit quelques services et met à l’abri une partie des femmes et enfants. Comme le centre de Sangatte, il s’agit d’un regroupement à l’écart de la ville, mais sous forme de bidonville et avec des services insuffisant.

Mais l’expulsion de fait filtre dans les médias et les conditions dans le nouveau bidonville donnent à nouveau une mauvaise image de l’opération.

Fin juillet 2015 : mise en scène des « assauts de migrants » et décisions franco-britanniques

Le 28 juillet, la direction d’Eurotunnel lance aux médias des chiffres fantaisistes quant au nombre de « migrants » partant « à l’assaut » des navettes ferroviaires qui transportent les camions dans le Tunnel sous la Manche. Le même jour, Bernard Cazeneuve est à Londres pour rencontrer son homologue britannique Theresa May, qui annonce un chèque de 7 millions de livres (près de 10 millions d’euros) à Eurotunnel, pour compenser les pertes financières qui seraient dues aux tentatives de passage des exilé-e-s. La nouvelle déclenche un buzz médiatique sur plus de deux semaines. D’autres mesures sont annoncées dans la foulée par les autorités françaises et britanniques dans la foulée.

Mais les journalistes sur le terrain voient les conditions de vie dans le bidonville, les barrières hérissées de barbelés, les conditions réelles du passage, l’action de bénévoles, ils entendent parler des violences policières et des morts à la frontière.

La visite de Bernard Cazeneuve et Theresa May le 20 août à Calais vise à recadrer le champ de vision des médias, celle dans la foulée de Manuel Valls avec deux commissaires européens à saturer le champ médiatique.

Par ailleurs, la venue de Manuel Valls à Calais prend place dans un tour des régions qu’il effectue en amont des élections régionales, qui le place à nouveau comme chef de file de la campagne du PS. Et sa venue avec deux commissaires européens lui donne une stature internationale, utile pour la présidentielle. Ces enjeux d’image n’ont rien à voir avec Calais.

 

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HOSPITALITÉ EN ALLEMAGNE

29 samedi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Asile, Exilés, logement, solidarité

Le système d’accueil des demandeur-se-s d’asile en Allemagne était dans l’ensemble très rigide, reposant sur une obligation de résidence dans des foyers souvent situés à l’écart des villes ou dans des banlieues lointaines, tournant le dos à une politique d’intégration.

Sous l’effet des luttes des réfugié-e-s et demandeur-se-s d’asile, le système s’est assoupli, et l’obligation de résidence a disparu.

Des citoyens poussent l’hospitalité plus loin. « Refugees welcome » est une initiative grâce à laquelle des personnes qui ont une chambre disponible dans leur maison ou appartement accueillent un-e réfugié-e et partagent leur logement. Ce qui va bien entendu dans le sens d’une intégration meilleure et plus rapide, puisque la personne accueillie se trouve dans un réseau de liens, peut apprendre la langue, découvrir la vie quotidienne en Allemagne. Il s’agit ouvertement de créer une alternative aux hébergements en foyers, à l’écart de la société.

http://www.refugees-welcome.net/

La France suit le chemin inverse de l’Allemagne avec la réforme de l’asile. Elle établit l’obligation de résidence là où l’Allemagne vient de la supprimer, sous peine de perdre non seulement le droit à l’hébergement mais aussi l’allocation mensuelle. Les nouveaux hébergements pour demandeur-se-s d’asile sont de plus en plus souvent à l’écart des villes. Il s’agit ouvertement d’isoler pour mieux expulser en cas de réponse négative, et d’éviter que des solidarités ne se créent.

http://www.acatfrance.fr/communique-de-presse/la-loi-de-reforme-de-lasile-promulguee-pour-le-meilleur-et-surtout-pour-le-pire

 

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LES FEMMES ET LES ENFANTS, PREMIÈRES VICTIMES DE L’ARRANGEMENT FRANCO-BRITANNIQUE

28 vendredi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsions, hébergement, politiques migratoires

La rumeur courrait déjà depuis quelques jours, c’est maintenant confirmé. Les femmes et les enfants ne seront plus mis-e-s à l’abri que trois mois au maximum dans le dispositif géré par la Vie Active au centre Jules Ferry, avec effet rétro-actif pour les femmes et les enfants hébergé-e-s actuellement.

http://www.nordlittoral.fr/accueil/interdiction-pour-les-femmes-de-rester-plus-de-trois-mois-ia0b0n237415

Le dispositif était sous-dimensionné, à-peu-près le tiers des femmes et enfants exilé-e-s pouvaient y être hébergé-e-s, les autres vivant dans le bidonville voisin. Depuis des semaines, des discussions avaient lieu avec les associations pour un accroissement de la capacité d’accueil. La réponse des autorités est l’augmentation du turn-over par raccourcissement de la durée de séjour.

Que deviendront les femmes et les enfants après trois mois ? La réponse du directeur du centre Jules Ferry est : « Soit elles choisiront l’asile et sortiront du dispositif, soit elles seront aidées à rentrer chez elles ou certaines selon le pays seront en situation irrégulière ». Les deux premiers termes sont clairs, soit l’asile en France soit l’expulsion vers le pays d’origine. Le troisième terme est plus obscur, mais il faut sans doute comprendre la rue, quand l’expulsion n’est pas possible, après un éventuel passage en rétention.

Rappelons que les femmes et les enfants concerné-e-s viennent principalement d’Érythrée, du Soudan, d’Éthiopie, pour préciser vers quels pays les autorités projettent de les expulser.

Quand aux 10 millions d’euros sur deux ans auxquels le gouvernement britannique s’est engagé sur deux ans pour le volet « humanitaire »,  ce n’est vraisemblablement pas à la mise à l’abri des femmes qu’ils vont servir.

On l’avait pressenti avec l’expulsion vers l’Afghanistan de Mustafa Husseini, malgré les troubles psychologiques dont il souffrait, ce sont les plus vulnérables qui sont les premières victimes de la politique franco – britannique.

 

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LA DÉCLARATION FRANCO – BRITANNIQUE DU 20 AOÛT

27 jeudi Août 2015

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Calais, Exilés, Frontière, politiques migratoires, Royaume-uni

Le communiqué du ministère français de l’intérieur annonçait pour le 20 août la signature d’un accord franco – britannique. En fait c’est une déclaration qui a été publiée – s’il y a aussi un accord, il n’a pas été rendu public. Cette déclaration est d’abord une mise en récit des choses, une présentation des faits qu’on peut trouver abusivement déformante.

Elle présente également un certain nombre de mesures. Il est utile pour en comprendre la portée de relire l’arrangement franco-britannique de 2009 (l’année Besson et de la « fermeture de la Jungle de Calais ») : les mesures sont pour l’essentiel les mêmes.

La mise en récit repose sur trois éléments :

  • si l’arrangement de 2009 se présentait de manière technique et présentait un plan en deux phases, la déclaration du 20 août mime l’efficacité en remplaçant les phases par l’emphase : « travail exhausitif », « traiter tous les aspects du problème », « dispositif de sécurité hautement efficace », « l’objectif fondamental de s’attaquer aux problèmes des migrations illégales en amont et à la racine », « la mise en œuvre résolue des actions annoncées », etc, etc, etc. À force d’enfler le vocabulaire, on finira bien par boucher les fuites dans la frontière.
  • participant de cette emphase, une dramatisation par l’hyperbole de la situation : « une pression migratoire sans précédent », « ce phénomène prend une dimension préoccupante », « la gravité du contexte », « le symptôme aigu d’un problème », etc. Dans les faits il y a depuis l’été 2013 une augmentation graduelle du nombre de personnes se réfugiant dans l’Union européenne, se traduisant de manière très atténuée par une augmentation du nombre d’exilé-e-s à la frontière britannique, en particulier à Calais. Les chiffres globaux sont à rapprocher de la population de l’Union européenne, 500 millions d’habitants, ou du fait que le Liban accueille une nombre de réfugié-e-s équivalent au tiers de sa population. Et les quelques milliers d’exilé-e-s bloqué-e-s à la frontière britannique à la population de la France et du Royaume-uni, plus de 60 millions d’habitants chacun. Mais cette dramatisation par hyperbole vise à justifier l’aggravation des mesures répressives, ainsi que pour l’opinion britannique l’augmentation de l’implication financière de son gouvernement.
  • une déformation de la réalité qui ferait des passeurs l’origine du problème, faisant appel aussi à l’emphase (« l’emprise des réseaux criminels responsables de la traite des êtres humains » et autres) : « les passeurs criminels entraînant les migrants ». Ce seraient les passeur-se-s qui expliqueraient la présence des migrant-e-s, alors que c’est la fermeture des frontières qui entraîne le recours à des passeur-se-s. C’est pour cela que dans la réalité, quand on arrête des passeur-se-s, d’autres les remplacent, puis que c’est une activité lucrative. Et dans la réalité, plus une frontière est difficile à passer plus les tarifs augmentent et plus les exilé-e-s sont dépendant-e-s des passeur-se-s. C’est ce que l’on constate en ce moment à Calais, où les premières victimes des nouveaux dispositifs de contrôle sont les exilé-e-s qui s’organisaient pour passer sans passeur-se-s.

La présentation des mesures est organisée en un plan en quatre parties. Une grande partie d’entre elles avaient déjà été annoncées ces dernières semaines. Une grande partie d’entre elles reprennent le catalogue de l’arrangement de 2009.

  • « Garantir la sécurité effective du Tunnel sous la Manche et du port de Calais », ce qui laisse à entendre qu’auparavant la sécurité était ineffective, mais par la vertu des mots ça va changer. Il ne s’agit pas non plus de sécurité, mais d’obstacles, qui mettent fréquemment la sécurité des personnes en danger (voir ici et là). Il s’agit des nouvelles barrières édifiées ou en projet, des renforts de police et pour la fouille des camions, et d’inspections du dispositif.
  • « La collaboration entre les forces de sécurité publique françaises et britanniques » : il s’agit d’arrêter les passeurs, et d’expulser les exilé-e-s vers leur pays d’origine (majoritairement Soudan, Érythrée, Afghanistan, Syrie…). Il est précisé que « le gouvernement britannique apportera une contribution financière et un appui en matière de vols retour ». En 2009 étaient créés un « Comité de pilotage conjoint », un « centre de coordination conjoint » à Calais et un « Centre conjoint de renseignement opérationnel » à Folkestone. 2015 voit la création d’un « coordinateur national », aussi nommé « haut responsable », dans chaque pays, et d’un « Centre de commandement et de contrôle commun » basé à Calais, qui devra recevoir le soutien du centre de Folkestone.
  • « La prise en charge des migrants » : après une larme de crocodile sur les sort des « migrants », sont présentées les mesures sensément humanitaires. On trouve pêle-mêle le centre de jour Jules Ferry, la demande d’asile en France (rappelons que plusieurs centaines de demandeurs d’asile sont stockés dans le bidonville de Calais), la protection des personnes vulnérables, en particulier femmes et enfants (une centaine de femmes et enfants sont mis à l’abri dans l’enceinte du centre Jules Ferry), les retours volontaires (on bloque des gens dans des conditions de misère, on les soumet à un harcèlement policier, puis on leur propose de leur payer le retour au pays), les expulsions dans le cadre du règlement Dublin III (vers un autre pays européen responsable de leur demande d’asile, généralement le pays d’entrée dans l’Union européenne, Bulgarie, Hongrie, Italie…) Pour tout ça, le gouvernement britannique payera 5 millions d’euros par an pendant deux ans.
  • « Action européenne et internationale » : il s’agit de la politique européenne visant à bloquer les exilé-e-s dans les pays voisins de l’Union européenne, à les empêcher de franchir les frontières de l’UE, à les expulser vers leur pays d’origine ou vers d’autres pays comme le Niger ou la création d’un camp pour expulsés de différents pays africains est en projet. Les gouvernements français et britanniques ont en effet un rôle moteur dans le durcissement des politiques européennes.

On ne peut s’empêcher à la fin de cette analyse de texte d’en mentionner une perle sise à l’alinéa 16.(II) qui porte sur la mise « en commun de leurs connaissances en matière d’analyse et de traduction des langues parlées dans les pays d’origine des migrants ». On y lit : « La France fournit quant à elle des traducteurs et analystes maîtrisant l’albanais, l’ukrainien, le néerlandais, l’arabe et le kurde » (c’est nous qui soulignons). Voisins flamands et hollandais, vous n’avez qu’à bien vous tenir !

Vous pouvez télécharger la déclaration du 20 août 2015 ici.

 

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DES NOUVELLES DE L’HOMME QUI A TRAVERSÉ LE TUNNEL À PIED

26 mercredi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Frontière, justice, Royaume-uni

L’audience du 24 août, à laquelle participait par visioconférence Abdul Rahman Haroun depuis la prison où il est enfermé depuis qu’il a traversé à pied le Tunnel sous la Manche le 4 août en déjouant les contrôles, devait statuer sur son inculpation pour intrusion illégale selon une loi de 1861 sur les chemins de fer.

http://www.theguardian.com/uk-news/2015/aug/24/immigrant-alleged-walked-channel-tunnel-in-court

Contrairement aux trente demandeurs d’asile afghans dont l’expulsion a été suspendue par le juge ce même 24 août et qui étaient défendus par un cabinet d’avocats spécialisés, Abdul Rahman Haroun n’a eu droit qu’à un avocat commis d’office, et le traducteur le comprenais mal.

Le compte-rendu des membres du Kent Refugee Help présents au procès est édifiant :

« Abdul Rahman Haroun, qui est du Darfour, a été entendu au tribunal de Canterbury le lundi 24 août, mais n’était pas visible de la galerie publique où se trouvaient trois représentants de l’association Kent Refugee Help, dont une Soudanaise, Rana. Il n’y avait pas d’interprète qui parlait sa langue, donc Haroun et l’interprète officielle ont communiqué en arabe, alors que cette dernière a admis ne pas bien comprendre l’accent de Haroun. La militante soudanaise a critiqué la qualité de la traduction et l’interprète s’est même excusée auprès d’elle d’avoir été « incapable de faire un bon travail ».

Haroun a été inculpé d’ « intrusion illégale » selon une loi concernant les chemins de fer qui date de 1861. Lorsque le juge lui a demandé comment il plaidait, il a répondu apparemment d’abord « coupable » puis « non coupable », mais ce que le juge a finalement retenu n’est pas clair. Il a été maintenu en détention provisoire jusqu’au 4 janvier 2016.

L’avocat commis d’office a émis de brefs arguments et un article de loi, puis le juge a fixé les dates de remise des dossiers du ministère public et de la défense.

Rana, Kate et Sue, les membres de Kent Refugee Help ont confié une lettre pour Haroun à l’avocat. Il faut que soit Haroun qui leur demande de l’aide pour que l’association puisse intervenir, mais ils n’ont pas pu communiquer jusqu’ici par courrier. L’association ne sait pas s’il a pu demander l’asile. »

L’audience qui doit statuer sur le fond de l’affaire est prévue le 4 janvier 2016. D’ici-là, Abdul Rahman Haroun sera maintenu en détention. Qu’il soit finalement reconnu innocent, il n’en aura pas moins passé 5 mois en prison.

Enfermé pour avoir exercé son droit de quitter tout pays y compris le sien, garanti par l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Pour avoir réussi à traverser les grilles et les barbelés, déjoué la vigilance des policiers, des vigiles et des systèmes de sécurité qui empêchent les exilé-e-s de quitter une France qui ne veut pas d’eux.

 

avatar-article13

PENDANT CE TEMPS UNE COUR BRITANNIQUE ARRÊTE DES RENVOIS VERS L’AFGHANISTAN

25 mardi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, expulsions, justice, Royaume-uni

Le jour même où les autorités françaises expulsaient vers l’Afghanistan un homme qui avait quitté ce pays à l’âge de quatre, qui souffre d’importants troubles psychiques et qui avait déposé un recours devant le Cour Nationale du Droit d’Asile (voir ici et là), la Cour d’Appel britannique suspendait le renvoi par vol charter de trente Afghans en raison de l’instabilité qui règne dans le pays.

Plus d’information en anglais :

http://www.righttoremain.org.uk/legal/charter-flight-to-afghanistan-permission-to-appeal-granted/

http://www.duncanlewis.co.uk/news/Duncan_Lewis_Solicitors_obtain_unprecedented_generic_injunction_from_the_Court_of_Appeal_in_relation_to_removals_to_Afghanistan._%2824_August_2015%29.html#sthash.t78J1rFa.y3FN2Sye.dpbs

À noter que du côté français, aucune des juridictions saisies n’avait considérer que la situation du pays ni la vulnérabilité de la personne ne faisaient obstacle à l’expulsion de Mustafa Husseini. La Cour Européenne des Droits de l’Homme non plus.

Allez donc expliquer aux exilé-e-s qu’il vaut mieux rester en France.

 

VOIR KABOUL ET MOURIR

24 lundi Août 2015

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, expulsions, politiques migratoires

Mustafa Husseini a été expulsé aujourd’hui vers l’Afghanistan, sans attendre l’audience du tribunal administratif de Lille qui devait statuer mercredi sur son dernier recours.

Orphelin à l’âge de 4 ans, placé dans un orphelinat en Iran, à Téhéran, il ne connaît pas ce pays où on l’expulse, il n’y a pas de famille, il ne peut y compter sur aucune solidarité qui permet de survivre dans ce pays qui a connu plus de trente ans de guerre. Il va grossir les rangs de ces centaines d’expulsés qui vivent dans les rues de Kaboul faute de pouvoir trouver une place dans ce pays qui n’est plus le leur.

http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Refugies-et-migrants/Actualites/Afghanistan-des-deplaces-internes-confrontes-la-misere-4724

Mais Mustafa souffre aussi de troubles psychologiques importants, il est désorienté, confus, peut difficilement se faire comprendre. Il peinait à se débrouiller dans sa vie quotidienne en France, pays où il vit depuis plusieurs années, il n’a aucune des clés qui lui permettent de le faire dans une société inconnue. Il ne pourra survivre que si des gens le nourrissent, si ses troubles ne rebutent pas les personnes qui pourraient l’aider. Il risque de mourir de misère sur un trottoir de la capitale afghane.

Il est arrivé mineur en France, à l’âge de 15 ans. Il est laissé dans un hôtel jusqu’à sa majorité, sans suivi, sans soins, sans construction d’une démarche lui permettant d’obtenir un titre de séjour. Son état psychologique se dégrade, son errance le conduit deux fois en prison, puis à l’expulsion. Sa situation est un produit de la politique de non-accueil que les autorités mènent contre les réfugiés et les mineurs isolés étrangers. Les autorités françaises ne renvoient pas Mustafa dans son pays, elles exportent en Afghanistan le résultat de leurs turpitudes.

Soutenu, accompagné, soigné, comme tout mineur doit l’être lorsqu’il rencontre des difficultés, Mustafa aurait trouvé sa place dans la société française.

À l’heure où les décisions d’expulsion se multiplient, il est significatif de voir que ce sont les personnes les plus vulnérables socialement et psychologiquement qui en sont les premières victimes.

 

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