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Le gouvernement français annonce l’accueil de 24 000 réfugié-e-s syrien-ne-s sur deux ans. Est-ce un tournant des politiques migratoires ou leur aggravation ?

Il demande aux maires de se mobiliser pour mettre en œuvre sa décision . Les maires se tournent vers les associations, et vers le courant de mobilisation citoyenne qui s’esquisse en ce moment.

Dans le même temps, les demandeur-se-s d’asile en France continuent à passer de longs mois à la rue avant de pouvoir entrer dans la procédure, puis au début de celle-ci. Si la création de nouvelles places d’hébergement et l’accélération de la procédure, annoncées par la gouvernement, pourraient améliorer la situation, rien ne semble prévu pour raccourcir les délais d’accès aux préfectures et donc faciliter l’entrée dans la procédure et l’accès aux conditions d’accueil des demandeur-se-s d’asile, dont l’hébergement. La politique de dissuasion par le non-accueil à l’encontre des personnes souhaitant demander l’asile en France va donc perdurer. La réforme de l’asile qui vient d’être adoptée précarise la situation des demandeur-se-s et des débouté-e-s tout en les éloignant des solidarités sur lesquelles ils et elles peuvent s’appuyer.

La France fait donc venir des Syrien-ne-s et seulement des Syrien-ne-s des pays voisins de la Syrie et des pays d’entrée dans l’Union européenne, mais rend plus difficile la situation des personnes qui demandent l’asile sur le territoire français, Syrien-ne-s ou non, et plus facile leur expulsion. Le gouvernement mobilise les solidarités vers les Syrien-ne-s qu’il fait venir et détourne les regards des personnes déjà présentes sur le territoire.

Dans les pays d’entrée dans l’Union européenne sont créés des « hotspots », où sera fait le tri entre les « vrais réfugié-e-s » et les personnes qui « n’ont pas vocation » à rester sur ou à accéder au territoire européen (il semble que la procédure prévue doive durer 72h).

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150907.OBS5387/hotspots-centres-d-enregistrement-des-migrants-de-quoi-parle-t-on.html

À l’extérieur de l’Union européenne, la politique de fermeture des frontières, qu’il s’agisse de la construction de nouveaux murs ou de l’engagement de moyens militaires sous couvert de destruction des « bateaux de passeurs », et de coopération avec les États voisins pour qu’ils empêchent les départs (lutte contre les « faux demandeurs d’asile » dans les Balkans occidentaux, processus de Khartoum et de Rabat au sud de la Méditerranée) s’amplifie.

L’accueil de 24 000 réfugié-e-s syrien-ne-s sur deux ans n’est rien, au regard de la population française, 66 millions de personnes, au nombre total de réfugié-e-s syrien-ne-s, plus de 4 millions, ou de la proportion de réfugié–es accueilli-e-s par un p pour 3 habitant-e-s de pays comme le Liban, 1 réfugié-e pour 3 habitant-e-s.

Cet accueil n’a pour but que de canaliser les solidarités et détourner le regard de la réalité des politiques migratoires : remplacer l’accueil des demandeur-se-s d’asile arrivé-e-s sur le territoire et leur droit à y accéder par l’installation de quotas dérisoires de personnes choisies parmi toutes celles bloquées à l’extérieur.

Il n’a pour but que de nous faire accepter les conséquences intolérables de cette politique, de nous faire accepter l’intolérable.

À nous de rester solidaires de tou-te-s les exilé-e-s, qu’ils et elles soient ici ou ailleurs, et d’être à leurs côtés pour l’accès à leurs droits.