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Passeuses d'hospitalités

~ des exilé.e.s à Calais

Passeuses d'hospitalités

Archives Mensuelles: février 2016

Destruction du bidonville : manifestations de soutien

29 lundi Fév 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité, violence

Alors que la destruction de la moitié sud du bidonville de Calais a commencé dans la violence (voir ici, ici, ici, ici et là), des manifestations de soutien s’organisent.

La première a eu lieu à Londres aujourd’hui, à 18h heure anglaise, à l’initiative de Stand Up To Racism, devant les bureaux du premier ministre, 10 Downing street, pour rappeler la responsabilité britannique dans la situation de ce côté-ci de la Manche.

https://www.facebook.com/events/557341284391111/

Un rassemblement et une manifestation sont également prévues à Paris :

Rassemblement ce mardi 1er mars à 18H00 Place de la République.
Manifestation ce vendredi 4 mars à 18H00 à partir de la Gare du Nord.

Rally this tuesday 1st march in place de la République at 18.00.
Demonstrate on friday 4 march from Gare du Nord at 18.00.

Voici l’appel en français and in English :

https://paris-luttes.info/calais-brule-liberte-pour-les-4963

 

« Calais brûle : Liberté pour les migrants !

 

Appel à rassemblement mardi 1er mars et manifestation vendredi 4 mars suite à l’expulsion d’une partie de la Jungle de Calais.

Calais brûle : Liberté pour les migrants !

Ce lundi la police a commencé à détruire le camp de Calais. Nous, réfugiés à Paris, disons qu’il faut laisser les réfugiés décider par eux-mêmes et leur apporter des solutions.

Nous voulons que le gouvernement laisse les réfugiés à Calais, s’ils le veulent, aller en Angleterre. Si les réfugiés veulent rester à Paris pour obtenir l’asile ils devraient avoir leurs droits, ces choses qu’on nous a promises, un logement, des papiers et l’éducation.

Nous, réfugiés, sommes tous ensemble. Les réfugiés qui veulent aller en Angleterre et ceux ici.

Nous sommes désolés, nous n’aimons pas dire cela mais nous dormons dans les rues. Nous ne reculerons jamais sur nos droits.

Nous voulons être traités comme des êtres humains. Nous nous sentons mal parce que nous vivons dans les rues et les parcs. Nous sommes des êtres humains. Est-ce que quelqu’un peut le dire au gouvernement ?

Nous allons faire des manifestations pacifiques sur la situation des réfugiés à Calais.
Nous appelons tout le monde à venir avec nous pour soutenir les réfugiés à Calais et à Paris.

Rassemblement ce mardi 1er mars à 18H00 Place de la République.
Manifestation ce vendredi 4 mars à 18H00 à partir de la Gare du Nord.

Paris, 29 février 2016

ENGLISH VERSION

Calais is burning : Freedom for migrants !

This monday, the police began to destroy the camp of Calais. We, refugees in Paris, say that you should let the refugees to decide by themselves and give them some solutions.

We want the government to let the refugees in Calais, if they want, to go to UK. If they want to stay in Paris to make asylum, they should have their rights, the things that were promised to us, houses, papers and education.

We, refugees, are all together. The refugees that want to go to Britain and the ones, here. We are sorry, we don’t like to tell it but we are sleeping in the streets. We will never move back from our rights.

We want to be treated like human beings. We are feeling badly because we are living in the sreets and parks. We are human beings. Can someone say it to the government ?

We are going to do peaceful protests about the situation of refugees in Calais.

We call everybody to come with us and support the migrants, in Calais and Paris :

Rally this tuesday 1st march in place de la République at 18.00.
Demonstrate on friday 4 march from Gare du Nord at 18.00.

Paris, 29 february 2016 »

 

Je suis Calais

Destruction du bidonville : autres témoignages

29 lundi Fév 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité, violence

Les témoignages s’égrainent au fil de l’après-midi, témoignant de la violence qui monte et de la brutalité mise en œuvre par les autorités. Gazage, usage de flashball, canon à eau, matraquage.

« Un ami réfugié sur place me disait il y a 30mn qu’ils commençaient à se faire attaquer par les crs (coups, flashball, gaz lacrymogène). Il semble maintenant établi que les choses se fassent avec usage de la force, de façon violente. L’État s’assoit donc sur le jugement de référé et les recommandations de la juge ( démantèlement progressif, non recours aux forces de l’ordre). Ceci n’était qu’une façade dans le but de désamorcer les réactions des migrants. Il est fort possible qu’ils «travaillent» au finish pour terminer avant le résultat de l’appel devant le conseil d’État. »

« Gaz lacrymo à proximité de l’école et interdiction des CRS de mettre les enfants à l’abri dans l’école. »

« Ça gaze de partout
C’est horrible »

« De retour et encore choquée de la violence de cet après-midi!
On ne m’a pas laissée rentrer, une seule association avait droit de cité!
Pas de classe possible non plus… Zone à risques!
Une jeune garçon de 14 ans dont les parents étaient à l’hôpital ce matin s’est pris une grenade lacrymo sur la jambe, dommage collatéral certes mais quand même! Il y a des enfants!
Je ne possède apparemment pas le même vocabulaire que la préfète, de la « ferme douceur », je n’ai vu que la violence des jets de grenades lacrymo et du canon à eau.
Outrée et dégoûtée!. »

Une chronique de l’après-midi, sur le journal facebook de l’association Polyvalence :

https://www.facebook.com/assopolyvalence

« En direct de la Jungle < mises à jour régulières – quand on peut >

13 h :

Problème avec les portables : pas de batterie. On était à l’école du chemin des Dunes pour les charger mais l’électricité à été coupée.

L’accès de certaines parties de la Jungle est empêchée par les CRS. On a réussi à passer : il y a des CRS partout, ils sont armés et ils sont violents.
Ils poussent les migrants et les journalistes, jusqu’à les faire tomber.

Il y a des équipes de démantèlement qui défoncent les cabanes à coup de massue et de pieds de biche. Tout tombe par terre, complètement détruit.
(On leur a demandé si on pouvait les interviewer, certaines personnes sont venues nous voir pour nous dire qu’elles n’avaient pas le droit de nous parler.)
Pour protéger leurs abris, les migrants montent sur les toits.

Pourquoi d’un coup tout s’est accéléré alors que le gouvernement avait promis de ne pas utiliser la violence ?
Parce que les No Border ont empêché les maraudes qui allaient chercher les migrants « pacifiquement » pour les sortir de leurs abris. Mais il s’agit d’un prétexte, il y aurait eu une autre raison de toute façon et les CRS seraient venus.

Tout le monde est calme sauf les CRS, ils ont des lacrymos, la situation risque de se compliquer.
On filme avec la caméra donc on ne peut pas envoyer les images en direct.

Faites tourner, les images arrivent.

15h :

Plus de batterie dans les portables donc pas d’images pour le moment.
Les CRS envoient les lacrymos.
Il y a des enfants.
Les gens crient « peace peace peace », « we are family ».
Y a deux trois personnes qui lancent des pierres, mais les autres leur disent d’arrêter.
Les gens sont calmes.

15h45 :

Des rangées de CRS avec des boucliers, des camions de CRS aussi, toujours avec des boucliers. Derrière, les bulldozers sont en train de ramasser les débris des abris qui ont été cassés par les démanteleurs (en orange sur les photos). De l’autre côté de la Jungle, tout fonctionne, le coiffeur, les restos. Et dans la zone sud tout est en train d’être détruit progressivement. Les migrants attendent : ils ne savent pas où ils sont censés aller.

16h15 :

Charge de CRS.

16h20 :

Charge de CRS, lacrymos et tirs au flashball.

16h50 :

Grosse charge, 400 CRS, au moins deux fois plus de migrants.
On a pu se cacher dans une cabane et s’enduire le visage de savon anti-lacrymo.
Les migrants jettent les cabanes sur le chemin pour que les CRS ne puissent pas passer.
La situation est de plus en plus tendue.
Nouvelle charge.

17h00 :

Le camp est en feu : les migrants mettent le feu aux cabanes déjà détruites pour ralentir les CRS. Il y a des bouteilles de gaz dans les cabanes. Il y a de grosses explosions.
Les gens crient : « Human Rights, France de merde. »

17h40 :

Il y a des enfants, pas énormément. Les petits ont peur, ils restent avec les adultes. Les ados vont vers les CRS mais les adultes les canalisent.
Il y a eu les charges de CRS, les lacrymos tirées au fusil qui explosent sur les migrants, les cabanes en feu.
La tension baisse. La nuit va bientôt tomber, tout le monde reste sur ses gardes.

18h30 :

Le calme revient dans la zone sud. Le démantèlement a été fait à la main, les bulldozers sont restés derrières les CRS en prévention mais ce sont les équipes de démantèlement qui ont détruit les cabanes avec des massues, des pieds de biche, des disqueuses, etc, pas les bulldozers.
Les CRS ont chargé plusieurs fois dans l’après-midi. Il y a eu des tirs de lacrymos d’un côté et des jets de pierres de l’autre.
Les migrants ont mis le feu aux cabanes déjà détruites et/ou les ont poussées sur les chemins pour ralentir l’avancée des CRS.
Les personnes qui n’ont plus d’abris n’ont pas de solution d’hébergement.

19h00 :

Un groupe de migrants court vers l’autoroute.
Les CRS chargent.
Sur nous et des groupes qui ne font rien, ne bougent pas.
On est entre les jets de pierre et les tirs lacrymos.

La destruction des cabanes représente 100 personnes sans abris.
45 ont été envoyées dans les CAO.
On ne sait pas si les autres vont dans les containers et/ou les tentes bleues (les tentes de l’État).
La première cabane a été brûlée par les tirs des CRS.
Les migrants ont brûlé les autres. Mais après.
Un enfant de 13 ans a été embarqué ce matin par les CRS parce qu’il a jeté une pierre.

Des nouvelles quand on peut.

19h20 :

On s’est pris des pistolets lacrymo.
Les CRS tirent à bout portant.
Impossible de filmer.
On est sortis les mains en l’air en se faisant passer pour la presse.
Un bénévole de MSF a parlé avec les CRS ce matin et nous a dit qu’ils lui ont dit qu’ils ne savent pas vraiment ce qu’ils doivent faire.
Du coup ce soir ils tirent des lacrymos là où il y a des gens, sachant que là où il y a des gens, il y a des bouteilles de gaz et qu’il y a des risques d’explosion.
On se fait contrôler par les CRS là. »

 

Destruction bidonville 2016-02-29 3« Parents et enfant fuyant les gaz des CRS. Calais – France le 29/02/2016 »

Destruction bidonville 2016-02-29 4« Des abris prennent feu, les bénévoles sont la.avec les extincteur, certain contiennent des bouteilles de gaz. »

Bidonville : témoignages de l’expulsion

29 lundi Fév 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité, violence

Au fil des heures, les témoignages s’accumulent d’une expulsion (voir ici, ici et là) violente, de personnes chassées de leurs abris sous la menace des flashballs, des témoins tenus à distance.

Un message parmi d’autres, diffusé il y a une heure :

« En direct de la Jungle :

Problème avec les portables : pas de batterie. On était à l’école du chemin des Dunes pour les charger mais l’électricité à été coupée.

L’accès de certaines parties de la Jungle est empêchée par les CRS. On a réussi à passer : il y a des CRS partout, ils sont armés et ils sont violents.
Ils poussent les migrants et les journalistes, jusqu’à les faire tomber.

Il y a des équipes de démantèlement qui défoncent les cabanes à coup de massue et de pieds de biche. Tout tombe par terre, complètement détruit.
(On leur a demandé si on pouvait les interviewer, certaines personnes sont venues nous voir pour nous dire qu’elles n’avaient pas le droit de nous parler.)
Pour protéger leurs abris, les migrants montent sur les toits.

Pourquoi d’un coup tout s’est accéléré alors que le gouvernement avait promis de ne pas utiliser la violence ?
Parce que les No Border ont empêché les maraudes qui allaient chercher les migrants « pacifiquement » pour les sortir de leurs abris. Mais il s’agit d’un prétexte, il y aurait eu une autre raison de toute façon et les CRS seraient venus.

Tout le monde est calme sauf les CRS, ils ont des lacrymos, la situation risque de se compliquer.
On filme avec la caméra donc on ne peut pas envoyer les images en direct.

Faites tourner, les images arrivent. »

 

Bidonville : désamorçage, puis destruction

29 lundi Fév 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, justice, solidarité, violence

Mardi 23 février, l’État donne au tribunal administratif de Lille un certain nombre de garanties lui permettant d’obtenir la validation de son ordonnance d’expulsion, moyennant un certain nombre de réserves et de restrictions, comme l’engagement de procéder de manière progressive (attendu 12, page 15).

Vendredi 26 février, les ministres de l’intérieur et du logement reçoivent quelques associations. S’il est officiellement question des « centres de répit », les ministres assurent que l’évacuation du bidonville sera bien progressive et sans violence. Il s’agit de recréer le consentement qui a permis deux des trois destructions partielles du bidonville, pour construire le camp de container, et pour créer un no-mans-land (pour reprendre le terme des autorités) au sud et à l’ouest.

Lundi 29 février, la police et les bulldozers sont là pour commencer la destruction. La communication officielle annonce que seules les tentes et cabanes vides seront détruites. Dans les faits, la police et les bulldozers font déguerpir les habitant-e-s, et les cabanes ainsi vidées sont détruites. L’accès est interdit aux bénévoles et aux associations. Des arrestations de bénévoles présents dans le bidonville, parce qu’ils ou elles y vivent ou y étaient venu-e-s avant l’arrivée de la police, sont signalées. C’est grâce aux téléphones qu’ils est possible de savoir ce qui se passe et d’avoir des images (voir ici, ici et là).

 

Destruction bidonville 2016-02-29 2

Destruction bidonville 2016-02-29Photos prises par un bénévole présent sur les lieux.

Bidonville : une bulle qui enfle autour d’une expulsion minorée

28 dimanche Fév 2016

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Belgique, bidonville, Calais, Exilés, expulsion, hébergement, Union européenne

Mardi 23 février, la Belgique (voir ici et là) rétablit pour un mois le contrôle de sa frontière avec la France près du littoral de la Mer du Nord, en raison de l’expulsion annoncée de la moitié sud du bidonville de Calais. Les contrôles sont mis en place dès le lendemain. Les autorités belges ne croient visiblement pas les autorités françaises ni quant au nombre d’habitant-e-s sur lequel elles communiquent pour la partie à évacuer du bidonville, ni quant aux mesures de relogement mises en avant.

Jeudi 25 février, la Commission européenne fait savoir à la Belgique qu’elle n’a pas respecté la procédure pour rétablir les contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen, et que leur rétablissement n’est pas fondé. Le ministre belge de l’intérieur doit rencontrer lundi 29 le commissaire européen en charge des migrations.

http://www.lalibre.be/actu/international/l-europe-accuse-la-belgique-de-violer-schengen-56d09edc3570e6ca6ade73c3

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2016/02/26/migrants-les-autorites-belges-veulent-eviter-une-nouvelle-jungle-pres-de-la-frontiere-francaise_4871973_1654200.html

Jeudi 25 février, sans attendre que quiconque ait eu le temps de lire et encore moins d’analyser le jugement rendu par le tribunal administratif de Lille sur l’expulsion et la destruction de la moitié sud du bidonville, l’État communique sur sa victoire et l’expulsion ainsi autorisée, semant le trouble dans les médias. Il faudra un communiqué de l’avocate des habitant-e-s et des associations pour montrer que les choses sont beaucoup plus nuancées.

Vendredi 26 février au petit matin, la police est présente en nombre autour du bidonville et bloque certains accès. Des représentants de la préfecture parcourent la partie sud en disant aux habitant-e-s qu’ils et elles ont deux jours pour quitter les lieux sous peine d’expulsion, au mépris du jugement rendu la veille. Mais leur tentative de semer la panique ne marche pas.

Vendredi 26 février : les ministres de l’intérieur et du logement invitent quelques associations pour le lancement d’un comité de pilotage national du dispositif des « centres de répit », ou centres d’accueil et d’orientation (CAO), ouverts un peu partout en France. Celui-ci est présenté comme la solution de relogement pour les habitant-e-s du bidonville, au mépris de la réalité qui est que les exilé-e-s viennent à Calais pour rejoindre le Royaume-uni. L’ouverture de nouvelles places est annoncée, ainsi que la pérennisation du dispositif, mais rien n’est dit sur le fait que la majorité des CAO ont été ouverts dans des centres de vacances qui vont reprendre leurs activités habituelles au printemps (au départ, le dispositif n’était prévu que pour la durée de l’hiver). Le ministre de l’intérieur réaffirme qu’il n’y aura plus à Calais que 2000 exilé-e-s, dans le camp de container et dans le camp Jules Ferry (voir ici et là), niant le nombre de personnes actuellement présentes, et les prévisions quant à l’augmentation du nombre d’exilé-e-s entrant en Europe en 2016. Il invite les associations à relayer sa politique et menace les « activistes », qu’il rend responsable de l’échec de sa politique, de poursuites pénales.

Vendredi 26 février : les habitant-e-s du bidonville font appel du jugement du tribunal administratif de Lille et saisissent le Conseil d’État.

En résumé, si le gouvernement n’a pas semé la panique dans le bidonville, il a réussi à aggraver la crise de l’espace Schengen due au manque de solidarité entre États européens pour l’accueil des exilé-e-s venu-e-s en plus grand nombre en Europe. Vous avez dit irresponsabilité ?

 

dppdmLe logo du réseau Des Ponts pas des Murs. Vous avez dit alternatives ?

 

Boulogne/Mer : double peine pour les exilés

27 samedi Fév 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, délit de solidarité, Exilés, expulsions, Liberté de circulation, rétention, solidarité

Après la manifestation du 23 janvier à Calais, des exilé-e-s suivis par d’autres participant-e-s à la manifestation étaient entré-e-s dans le port de Calais, et un groupe était monté sur un ferry en cours de déchargement. Vingt-six personnes avaient été arrêtées, et huit d’entre elles, quatre Afghans, deux Français, un Soudanais et un Syrien, comparaissaient lundi 22 février devant le tribunal de grande instance de Boulogne/Mer, les uns pour « [s’être introduits] frauduleusement sur un navire avec l’intention de faire une traversée de long cours ou de cabotage international », les autres (les deux Français) pour avoir « favorisé » la commission de ce délit.

Alors qu’aucun des huit accusés n’avait de domicile fixe, les Français ont été libérés sous contrôle judiciaire en attendant le procès, alors que les exilés ont été maintenus en détention. Pendant le procès, le juge a demandé aux exilés de s’asseoir dans selon l’ordre de leurs noms dans l’acte d’accusation, alors que ça n’a pas été demandé aux Français, comme si les uns étaient moins reconnaissables que les autres. La catégorie « migrants » a été très présente pendant le procès, notamment s’agissant de savoir quel était le critère d’identification des personnes qui ont été arrêtées, par rapport aux autres se trouvant encore sur le bateau, notamment les passagers qui n’étaient pas encore descendus, et la réponse a été qu’il était « évident » qu’il s’agissait du groupe de « migrants » – plutôt que de décrire de manière objective que les personnes entrées dans le port et montées sur le ferry s’étaient regroupées à tel endroit de celui-ci, témoignages à l’appui sur les mouvements du groupes. Or rien n’est moins évident que de définir des « migrants » en droit français.

La peine à laquelle ont été condamnés les Français a été individualisée de manière fine, après que le délit de facilitation ait été requalifié en contravention pour le fait d’être monté à bord sans ticket ni autorisation. L’un a eu une amende de 300 € avec sursit, l’autre de 300 € dont 150 € avec sursit, en raison d’un antécédent de conduite en état d’ivresse. Les six exilés ont par contre eu une peine uniforme, 1 mois de prison. Les questions portant sur leurs parcours et leur personnalité, qui auraient dû conduire à une individualisation des peines, ont été posées par les avocats, pas par le juge.

Mais le plus cynique était à venir. Ayant fait en détention préventive le mois de prison auquel ils venaient d’être condamnés, les six exilés ont été libérés. Et la police aux frontières les attendait à la sortie pour les arrêter. Le Syrien a été relâché sans rien, le Soudanais a été relâché avec une obligation de quitter le territoire français, les quatre Afghans ont été placés en rétention pour être expulsés dans divers pays européens. Deux d’entre eux ont déjà été expulsés en Italie, les deux autres sont encore en rétention.

 

Basilique léger

 

Bidonville : un jugement tout en nuances et ambiguïté

26 vendredi Fév 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité

Le tribunal administratif de Lille a rendu hier son jugement concernant l’expulsion et la destruction de la moitié sud du bidonville de Calais. Un jugement plus complexe que les premiers échos ne le laissent entendre, comme le montre le communiqué diffusé hier par Julie Bonnier, l’avocate des habitant-e-s et des associations.

Vous pouvez télécharger le communiqué de presse ici.

 

« COMMUNIQUE DE PRESSE

suite à l’ordonnance rendue par le juge des référés du Tribunal administratif de Lille en date du 25 février 2016.

La décision est longue et complexe. Il faut prendre le temps de l’analyser avant de se précipiter dans un container pour faire une conférence de presse sur une interprétation inexacte de la décision !

NOUS AVONS REMPORTÉ UNE PREMIÈRE VICTOIRE : l’exécution de l’arrêté est suspendue “en tant qu’elle porte sur les lieux de vie mentionnés dans les motifs de l’ordonnance jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur sa légalité” (article 4 du dispositif).

➜ Au point 12, le Tribunal administratif considère que l’arrêté qui prévoit l’évacuation des “tentes et abris” n’est pas de nature à causer une atteinte disproportionnée qui en justifierait sa suspension, le Juge retient cependant à cet égard -et c’est capital- que l’Etat s’est engagé à procéder à une évacuation progressive et qu’il y aura un regroupement des hébergements dans la zone Nord.

Il n’est donc plus question des termes de l’arrêté : “libérer la zone dite Sud de tous biens et toutes personnes (..) au besoin avec le concours de la force publique”.

➜ Au point 13, qui est le point essentiel des motifs de la décision de suspension, le Juge constate l’existence d’aménagements “de manière pérenne des lieux destinés à offrir aux habitants de la zone [Sud] des services à caractère social ou culturel” et retient -pour cette raison- que l’exécution de la mesure doit être suspendue car le fait qu’elle porte “également sur ces installations est de nature à faire naître un doute sérieux sur la légalité de la mesure”.

Cette notion de “lieux de vie”, nous dit l’ordonnance, est de nature à faire naître un doute sur la légalité de l’arrêté. Ce doute justifie pour le Juge que cet arrêté soit suspendu.

Or, ces lieux de vie sont définis dans la décision comme étant “notamment les lieux de culte, une école, une bibliothèque, un abri réservé à l’accueil des femmes et enfants, des théâtres, espace d’accès au droit…”. Une telle définition n’est ni précise (aucun critère n’est indiqué) ni exhaustive (“notamment”), il est donc impossible en l’état de l’exécuter d’une quelconque manière que ce soit.

Nous ferons ce qu’il faut pour qu’au regard des avancées actées dans cette décision, l’ensemble des droits fondamentaux des exilés de Calais soit préservé.

Julie BONNIER »

 

 Louise-junglebooks légerJunglebooks, une bibliothèque au sein du bidonville. À proximité, des salles de classe et une radio. Dessin Loup Blaster http://loupblaster.tumblr.com

« Calais, déchéance de notre société »

25 jeudi Fév 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, Frontière, solidarité

Rivesaltes. 1939, les Républicain-e-s espagnol-e-s y sont parqué-e-s dans un des camps qui sont ouverts par les autorités françaises dans le sud de la France. 2007, un centre de rétention est ouverte à deux pas, près de l’aéroport de Perpignan – Rivesaltes. 2016, les enfants et petits enfants de réfugié-e-s espagnol-e-s, qui célèbrent comme chaque année l’exil de 500 000 espagnol-e-s fuyant les armées franquistes, se rassemblent devant le centre de rétention, faisant le lien entre le passé et le présent de l’exil.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/pyrenees-orientales/rivesaltes/pyrenees-orientales-les-descendants-de-republicains-espagnols-rendent-hommage-aux-migrants-933147.html

Au moment où le tribunal administratif de Lille vient de valider la décision de détruire la moitié sud du bidonville de Calais et d’expulser ses 3500 habitant-e-s, nous reprenons ici, toujours pour alimenter la réflexion, après la lettre ouverte de huit associations de solidarité, la contribution de Camille Louis et Étienne Tassin, celle de Michel Agier, l’appel signé par 260 associations et personnalités, « La lettre que la Maire de Calais n’a pas écrite« , par Antoine Hennion et Sébastien Thiéry, du PEROU, un texte de Pierre Stamboul, de l’Union Juive Française pour la Paix, empli de résonances historiques.

 

http://www.ujfp.org/spip.php?article4744

« Calais, déchéance de notre société

jeudi 25 février 2016 par Pierre Stambul

Article écrit pour  » Émancipation »

Le temps des camps est revenu. Celui des déplacements obligés et des déplacements empêchés.

Dans la novlangue d’aujourd’hui, on ne dit plus « camps », ça évoquerait de mauvais souvenirs. Alors on appelle ça la « jungle » comme si celles et ceux qui arrivent à Calais étaient des bêtes sauvages qu’il faut enfermer, contrôler, ballotter, criminaliser. Dans la vraie jungle, il arrive qu’on tue les animaux. On meurt aussi à Calais qui n’est même pas la fin d’un voyage sans issue.

6 juillet 1938 : ouverture de la conférence d’Évian. Les pays occidentaux débattent d’un problème grave : « que faire des centaines de milliers de Juifs chassés d’Allemagne et d’Autriche par les Nazis » ? La réponse sera unanime : rien. Ni accueil, ni visa, ni aide ! Mais déjà à l’époque les camps, la clandestinité, la fuite sans fin.

26 janvier 1939 : prise de Barcelone par les troupes franquistes. La « Retirada » s’amplifie. Par dizaines de milliers, les réfugiés espagnols et les combattants des Brigades Internationales arrivent en France. Où les mettre ? Dans des camps qu’on n’appelle pas encore « de concentration » dont les plus célèbres seront Gurs, Argelès, Rivesaltes ou Saint-Cyprien. C’est là que les Nazis viendront les cueillir.
Aujourd’hui, on célèbre des personnages splendides comme Varian Fry qui sont venus en aide à des proscritEs ne sachant pas où aller et abandonnéEs. Les Varian Fry d’aujourd’hui aident les réfugiéEs de Calais. Et ils/elles sont jugéEs. Rob Lawrie a été traîné en justice pour avoir essayé d’aider une fillette afghane voulant rejoindre sa famille.

La logique des camps, c’est d’enfermer les victimes qui sont considérées comme des coupables. Ou de les disperser pour qu’on ne les voit plus.

Qui a mis à feu et à sang le Moyen-Orient et le monde arabe avec les invasions de l’Afghanistan, de l’Irak ou de la Libye ? Qui arme les pays qui ont financé et fabriqué Daesh ? Qui soutient un modèle économique qui condamne de nombreux pays au sous-développement ? Qui a fabriqué le système de la Françafrique ? Les gens qui arrivent à Calais avec l’espoir fou que la Grande-Bretagne sera leur eldorado sont avant tout les victimes du capitalisme mondialisé.

Le gouvernement français se dit solidaire du peuple syrien face à sa dictature. Il traite les réfugiéEs syrienNEs comme des bêtes : expulsions, enfermement, refus d’accorder le droit d’asile. C’est la politique du bulldozer et de la bonne conscience. Dans sa grande « humanité », le gouvernement français a installé à Calais des containers pour emballer la marchandise, pardon pour loger les migrants.
À l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement « socialiste » s’apprête à « évacuer » une partie de la « jungle » de Calais. Il faut comprendre qu’on va « mettre ailleurs » les habitants mais surtout qu’on va détruire ce que la population a pu construire pour rendre la vie un peu moins invivable : l’école du chemin des Dunes, une épicerie, des sanitaires. On va « disperser » les réfugiéEs dans la peur et la précarité. Cazeneuve, Valls et Hollande sont dans la droite ligne de Sarkozy qui avait fermé Sangatte.

Notre police n’a même pas besoin de l’état d’urgence pour agir. Elle possède déjà une solide expérience acquise contre les Rroms. Plusieurs « camps » ont été récemment démantelés : trois à Lyon (12 janvier) et celui des Poissonniers à Paris (3 février). Démantèlements pour le « bien » des résidentEs, ça va de soi. C’est-à-dire sans relogement dans la plupart des cas. En fait ces évacuations ont un seul but : rendre la vie invivable et cacher cette « lie de l’humanité » de notre vue.

Face à cette Europe forteresse qui imite les pires périodes de son histoire, nous réaffirmons la liberté absolue de circuler et de s’installer. Nous faisons nôtre l’appel de Calais qui se termine par :

« parce que nous serons plus forts demain pour nous battre ensemble contre les autres formes d’injustices et de misère,
nous demandons solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve. »

Pierre Stambul (22 février) »

 

Pour les droits des mineurs

25 jeudi Fév 2016

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bidonville, Calais, droits, Exilés, expulsion, Frontière, mineurs, Royaume-uni

Saisi par des habitant-e-s du bidonville, Médecins du Monde et le Secours catholique, le tribunal avait condamné en novembre l’État entre autres à recenser les mineur-e-s isolé-e-s présent-e-s dans le bidonville de Calais et à saisir l’Aide Sociale à l’Enfance pour qu’ils et elles obtiennent une protection (voir ici et là). L’État avait fait appel, le Conseil d’État avait confirmé le jugement de Lille. Et l’État n’avait pas appliqué la décision de justice.

Cinq mineurs, Médecins du Monde et le Secours catholique ont donc à nouveau saisi le tribunal administratif, entraînant la mise en place de mesures hâtives de l’État avant le jugement, pour éviter une condamnation.

http://www.la-croix.com/France/Immigration/La-justice-secours-mineurs-isoles-Calais-2016-02-12-1200739708

Alors que l’État veut détruire le bidonville, Amnesty International et la Défenseure des enfants, qui est depuis 2011 rattachée au Défenseur des Droits, sont venues à Calais se rendre compte de la situation. La Défenseure des Enfants aborde la situation des mineur-e-s sur place et les mesures à prendre pour leur accueil et leur protection. Amnesty International s’est concentré sur la regroupement familial des mineur-e-s et des personnes vulnérables, à Calais et à Grande-Synthe, ayant de la famille au Royaume-uni.

 

Voici le communiqué de presse de la Défenseure des Enfants :

http://www.defenseurdesdroits.fr/fr/presse/communiques-de-presse/la-defenseure-des-enfants-dresse-un-bilan-de-sa-visite-du-bidonville-de

« La Défenseure des enfants dresse un bilan de sa visite du bidonville de Calais

23 Février 2016
Communiqués de presse
Mots clés : Calais

La Défenseure des enfants, Geneviève Avenard s’est rendue lundi 22 février à Calais, à la demande du Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour établir un bilan sur la présence et la situation des enfants sur le bidonville, et le respect de leurs droits fondamentaux, à la veille d’une éventuelle évacuation.

Geneviève Avenard a rencontré le directeur du centre Jules Ferry géré par l’association La vie active, des responsables associatifs, des représentants de la préfecture et du Conseil départemental. A l’issue de cette visite, la Défenseure des enfants continue à être préoccupée par la situation actuelle des enfants et par les perspectives de leur future prise en charge.

Geneviève Avenard observe que les familles peuvent être mises à l’abri, soit au centre Jules Ferry d’hébergement femmes avec enfants, soit au centre d’accueil provisoire, Georges Brassens. Elle constate les efforts effectués pour organiser un espace d’accueil de jour pour les enfants. Elle déplore à ce stade que le droit à l’éducation de ces enfants soit loin d’être assuré, même s’il est fait état de projets impliquant l’Education nationale. Aujourd’hui, le seul accès à l’école repose sur la remarquable initiative associative de « l’école laïque du chemin des Dunes ».

S’agissant des enfants non accompagnés, selon le recensement effectué par France Terre d’Asile, communiqué par la Préfecture et le Conseil Départemental, sur les 326 mineurs isolés étrangers présents à Calais, un quart aurait moins de quinze ans, et le plus jeune, livré à lui-même, aurait 7 ans. Selon le représentant de la Vie active, opérateur du département au centre Jules Ferry, une quarantaine d’enfants non accompagnés seraient hébergés au centre d’accueil provisoire. Cependant la Défenseure des enfants observe qu’à ce jour ils ne bénéficieraient pas d’une prise en charge spécifique et sécurisée. Geneviève Avenard note également que selon les indications de la préfecture une quarantaine d’enfants auraient été dirigés dans différents centres d’accueil et d’orientation sans qu’aucune précision ait pu être apportée sur leur devenir.

D’après les informations recueillies sur place, environ 90 mineurs présents dans le camp de lande pourraient bénéficier du dispositif de regroupement familial en Grande-Bretagne où se trouverait un de leurs parents proches. Conformément au droit européen, les services de l’Etat doivent mettre en œuvre ce projet dans le respect des droits fondamentaux des enfants

Les associations ont à nouveau alerté la Défenseure des enfants sur les violences qui auraient été subies par les exilés, parmi lesquels plusieurs enfants non accompagnés.

La Défenseure des enfants prend note de la diversification des maraudes visant à entrer en contact avec les mineurs non accompagnés, mais observe qu’elles ne permettent pas de créer les conditions de confiance favorables à un accompagnement adapté de ces derniers.

A ce stade, le Défenseur des droits renouvelle avec insistance la recommandation formulée dans le rapport du 6 octobre 2015 par laquelle il demande l’ouverture immédiate d’un dispositif de mise à l’abri inconditionnelle sur le site à destination des enfants non accompagnés dont le seul projet de vie est actuellement de rejoindre la Grande-Bretagne. La résolution de cette situation est conditionnée par une indispensable coopération des acteurs, État, département et associations. »

 

Vous pouvez télécharger la déclaration d’Amnesty International suite à sa visite ici.

Participer à l’action sur twitter :

http://www.amnesty.fr/Calais

Et lire le communiqué de presse :

http://www.amnesty.be/je-veux-m-informer/actualites/article/calais-le-droit-au-regroupement-familial

« Calais—Le droit au regroupement familial

La France et le Royaume-Uni doivent de toute urgence identifier les personnes vivant dans les conditions déplorables des camps du Nord de la France dont des membres de leur famille se trouvent outre-Manche afin de permettre le regroupement familial, annonce Amnesty International après une mission récente à Calais et à Dunkerque.

Environ 6500 réfugiés et migrants vivent dans des camps de fortune misérables et chaotiques. Suite à une mission de trois jours, Amnesty International a pu déterminer qu’au au moins une partie de ces personnes, dont des mineurs accompagnés et non-accompagnés, des femmes seules exposées à la violence, à l’exploitation et à la traite, et des victimes de traumatismes, peuvent faire valoir de solides arguments juridiques, que ce soit du point de vue du droit européen ou de la réglementation britannique relative à l’immigration, et ce, en vue de rejoindre leurs familles au Royaume-Uni

« Les autorités françaises et britanniques ne cessent de marteler que personne ne doit passer la Manche. Cependant, notre recherche montre que de nombreux réfugiés et migrants ont le droit d’être réunis avec leur famille au Royaume-Uni, sans devoir essayer de monter sur des trains en mouvement » a déclaré Jean-François Dubost, responsable du programme Personnes déracinées à Amnesty International France.

Un Afghan de 15 ans qui vit dans le camp de Calais en attendant de se réunir avec sa grand-mère et son oncle au Royaume Uni explique : « je ne sais pas si [faire une demande d’asile en France] est possible pour moi. Mais, même si c’est possible de rester en France, je ne veux pas, je veux être avec ma famille. »

Les services d’information et d’aide juridique sont quasiment inexistants à Grande-Synthe, tandis qu’à Calais ils sont insuffisants. Par conséquent, la grande majorité des personnes vivant dans les camps ne sont pas au fait des droits dont elles pourraient bénéficier en France et des choix qui s’offrent à elles.

D’autres personnes ne peuvent profiter des voies d’accès légales car la charge de la preuve de leurs liens familiaux requise par les autorités britanniques et françaises est bien trop lourde, en particulier si les personnes ont dû fuir leur pays et n’ont pas accès à ces documents. Les personnes n’ont donc pas d’autre choix que de payer des trafiquants et de risquer leur vie en traversant la Manche de manière irrégulière, soit en montant dans des camions, soit en tentant la traversée à pieds à travers le tunnel soit en montant à bord de bateaux de fortune.

Une femme irakienne enceinte, vivant dans le camp de Grande-Synthe avec ses frères et sœurs, son mari et sa mère, indique : « Nous n’avons pas vu notre père depuis 7 ans. Nous lui parlons tous les jours. Il essaie de nous faire venir au Royaume-Uni. Un avocat a affirmé à notre père qu’il pouvait faire venir sa femme et ses enfants mineurs, mais personne d’autre. Mais, même cela, va apparemment prendre très longtemps. » Bien que la responsabilité principale d’assurer des conditions de vie correctes, un accès à des informations et à une aide juridiques, incombe aux autorités françaises, le gouvernement britannique ne peut s’affranchir de toute responsabilité.

Steve Symonds, Directeur du Programme Asile à Amnesty International Royaume-Uni a déclaré : «  Les règles en matière de rapprochement familial sont actuellement restreintes à la famille nucléaire, c’est-à-dire les compagnons et les enfants à charge, sauf pour les enfants non-accompagnés qui souhaitent rejoindre leur famille au Royaume Uni. Ces règles doivent être élargies pour inclure la famille au sens plus large. En procédant ainsi, le Royaume Uni partagerait la responsabilité avec la France et les autres pays européens, de la prise en charge de la crise des réfugiés. »

Amnesty International exhorte les deux États à garantir que les réfugiés et les migrants vivant dans les camps ont accès à un accompagnement juridique approprié pour que ceux qui ont des membres de leur famille au Royaume Uni puissent les rejoindre. »

 

« La lettre que la Maire de Calais n’a pas écrite »

23 mardi Fév 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, Frontière, solidarité

Cet après-midi, le tribunal administratif de Lille a décidé de reporter sa décision concernant le recours formulé par des habitant-e-s du bidonville de Calais et des associations contre l’arrêté d’expulsion de la moitié sud du bidonville pris vendredi dernier par la préfète du Pas-de-Calais (voir ici et là). Arrêté, soit dit en passant, pris encore une fois dans le cadre de l’état d’urgence (voir ici, ici et là), et qui ne parle pas d’expulsion de personnes et de destruction d’habitations, mais de « maintenir le bon ordre quand il se fait occasionnellement de grands rassemblements d’hommes ».

Vous pouvez télécharger l’arrêté préfectoral ici.

Répit que nous pouvons mettre à profit pour penser à ce que nous voulons. Nous continuons donc à reprendre des textes pouvant alimenter notre réflexion. Après la lettre ouverte de huit associations de solidarité, la contribution de Camille Louis et Étienne Tassin, celle de Michel Agier, l’appel signé par 260 associations et personnalités, voici « La lettre que la Maire de Calais n’a pas écrite », par Antoine Hennion et Sébastien Thiéry, du PEROU, comme un écho de « L’authentique allocution de Manuel Valls, celle que nous voudrions entendre » publiée sur ce blog à l’occasion de la venue du premier ministre à Calais le 31 août 2015.

Vous pouvez aussi écouter « La lettre que la Maire de Calais n’a pas écrite » lue par Juliette Binoche ici :

https://blogs.mediapart.fr/sebastien-thiery/blog/230216/la-lettre-que-la-maire-de-calais-na-pas-ecrite

« La lettre que la Maire de Calais n’a pas écrite

 

Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

Vous entendrez, je le sais, toute la gravité de la lettre que je vous adresse aujourd’hui. Élue de la République, je ne pouvais rester sourde un jour de plus à sa nécessité, retenir les mots difficiles que ladite « crise des migrants » me commandait de vous écrire enfin. La Préfète du Pas-de-Calais nous l’annonce : des machines s’apprêtent à détruire la « Jungle » de Calais. Je vous l’annonce : il s’agit là, pour nous tous, d’une erreur colossale.

Avouons qu’avant d’envisager de « nettoyer » la Jungle, nous l’avons créée avec la ferme ambition de « nettoyer » la ville. Nous voulions détacher les migrants de Calais, couper le lien visible, charnel tout autant, parfois conflictuel mais bien réel, existant entre « eux » et « nous ». Nous commettions une première immense erreur : nombre d’entre vous voient le temps des squats en centre ville comme un moment beaucoup plus paisible qu’aujourd’hui. Images, fantasmes et peur de l’inconnu ont en effet remplacé ces rapports, difficiles mais humains, qui s’étaient constitués dans la ville. Pire : cette politique, cette casse à vrai dire, a nourri des forces haineuses, minoritaires je le sais, mais ô combien bruyantes et spectaculaires. Il y a un an donc, nous avons dépossédé Calais de ses migrants et détaché ces derniers de notre ville, de celles et ceux qui, parmi vous, discrètement souvent, en œuvrant à un accueil digne, donnaient en actes une image formidable de notre commune.

Dans la Jungle, les bénévoles du monde entier ont pris le relais des associations locales prises à contrepied par cet éloignement forcé. Les mois ont passé, la mobilisation n’a cessé de s’amplifier, vigoureuse, magnifique à vrai dire, reconnaissons-le enfin. Nous y voici : la Jungle n’est plus un problème local, elle est devenue l’un des centres du monde. Les Chinois envoient du matériel, on croirait voir venir tous les Anglais et tous les Belges apporter leur aide, des volontaires de la France entière, d’Espagne, d’Italie donnent un coup de main, un weekend, quelques jours, parfois des semaines. Calais est devenue, par le geste même qui voulait rendre les migrants invisibles, le symbole éclatant du ralliement des bonnes volontés, le nom majuscule que porte l’hospitalité faite aux exilés. Ce n’est pas contre nous que ce mouvement a pu naître, c’est à la fois malgré nous et grâce à nous.

Si nous rasons la Jungle, c’est bien cette extraordinaire ville mondialisée, généreuse et active, qui serait rasée. Imaginez tous ces reportages, sur toutes les chaînes télé : « Calais chassant la solidarité » va faire le tour du monde. Il était déjà aveuglant qu’en striant les alentours de barbelés, en arrachant des forêts, en inondant des landes, en sécurisant tous les accès, c’est Calais que nous défigurions. Au delà de l’image, il est urgent de saisir collectivement la nature exacte de ce que nous détruirions : non tant les pauvres abris de misérables, mais le travail collectif de tous ceux qui se sont solidarisés avec les exilés, ces rescapés des bouleversements les plus profonds de notre monde. De quel droit jeter aux bennes à ordures ces tonnes de vêtements, de chaussures, de nourriture apportés par des bénévoles ? De quel droit détruire des baraques, des écoles, des églises, des théâtres, des restaurants que des mains de tous pays et de toutes couleurs ont construits ensemble ? De quel droit détruire une cité fragile, mais d’autant plus vivante qu’elle ne tient que par le soutien continu que sa survie requiert – et qu’elle obtient.

Cette ville, vue d’Écosse et de Lampedusa, de Paris, du Moyen-Orient ou d’Australie, ne se nomme pas « Jungle », mais « Calais ». Calais n’est plus seulement à nous, elle n’est pas davantage aux seuls exilés. Ce n’est pas 5 000 abris que nous détruirions, c’est une œuvre collective, tentaculaire, dressée malgré les barbelés et la boue. Ce n’est pas une marge « contenue », immonde, que les machines nettoieraient, c’est une ville-monde, l’identité même de ce qu’est devenue notre ville. Les bulldozers écrasant la Jungle ne détruiraient pas que quelques planches et quelques toiles : c’est Calais même qu’ils enfonceraient dans la boue, contredisant jusqu’à nos obsessions les plus hygiénistes.

Ne faisons pas cette deuxième erreur, plus terrible encore que la première. Je vous demande d’entendre mon message, de comprendre qu’il dessine pour nous tous la seule voie possible : suivre le chemin qui conduit Calais vers son rendez-vous du XXIe siècle, jusqu’à devenir l’une des capitales le plus resplendissantes du monde. J’en suis convaincue : cette situation de crise, qui l’est en effet, s’avère aussi une formidable chance pour notre ville qui en sortira magnifiquement grandie. À la Préfète du Pas-de-Calais, j’ai demandé ce matin même de surseoir à la destruction de la Jungle. J’ai en outre renoncé au projet de création du parc d’attraction Heroïc Land, et demandé que les 275 millions d’euro affectés à celui-ci par le Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire soient mobilisés pour ce chantier bien plus crucial pour la ville : construire l’hospitalité. Je vous demande avec moi de lancer un appel aux créateurs, architectes, urbanistes, afin que notre ville prenne l’envergure d’une utopie du XXIe siècle, et s’avance au devant du monde, comme son avant-garde. Nous sommes sur le seuil d’un immense renouveau. Je vous demande de vous engager pleinement dans celui-ci avec moi : nous ferons alors un miracle.

 

Antoine Hennion, sociologue, et Sébastien Thiéry, politologue, membres actifs du PEROU – Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines (www.perou-paris.org) »

 

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