Une étrange note, signée du sous-préfet de Dunkerque, a été affichée au camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe. Outre le mensonge éhonté que le camp a été créé « avec l’aide et l’accord de l’État », et la réaffirmation que « le campement n’a pas vocation à se pérenniser » (voir ici, ici, ici, ici et là), on peut y lire un changement fondamental des règles d’accueil. « Le campement de La Linière à Grande-Synthe est ouvert aux migrants souhaitant déposer une demande d’asile en France. » « Il n’est en aucun cas destiné à être un campement dans l’attente d’un passage en Grande-Bretagne ».
La question de l’accueil inconditionnel étant ainsi liquidée, arrive a menace : « Toute présence prolongée est proscrite et pourrait se solder par une interdiction de rester sur le campement. » Exclusion donc des personnes qui ne demanderont pas l’asile.
L’issue imposée est de partir en « centre de répit » (Centre d’Accueil et d’Orientation – CAO – voir ici, ici, ici, ici, ici, ici et là), dont la vocation change. Au départ, ils devaient accueillir toute personne acceptant de s’éloigner de Calais ou Grande-Synthe, sans que la demande d’asile soit un préalable. Aujourd’hui, il est dit « Les CAO sont proposés en vue d’une demande d’asile en France » (on ne voit donc pas trop la différence avec le « campement de La Linière », ni pourquoi les personnes n’ont pas alors accès aux CADA – Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile, qui est le dispositif de droit commun d’accueil et d’accompagnement).
La note termine comme elle a commencé, par un chapelet de mensonges éhontés. « Ces centres de répit vous permettent de réfléchir à votre projet migratoire dans de meilleures conditions, en étant accompagné individuellement au vu de votre situation personnelle. » Sauf que là où des citoyen-ne-s et des associations ne se mobilisent pas pour mettre en place cet accompagnement celui-ci est tellement étriqué que les gens reviennent à Calais même quand ils ont choisi de demander l’asile. « L’accès au droit d’asile, sous réserve de l’examen mené par l’OFPRA, est largement facilité. » Sauf que dans la réalité les expulsions vers d’autres pays européens en vertu du règlement Dublin III (qui établit que le pays responsable d’une demande d’asile est généralement le pays d’entrée dans l’Union européenne) se multiplient en lieu et place de « l’examen […] facilité ».
Au lendemain du vote pour le brexit (voir ici et là), le gouvernement français est plus que jamais le chien de garde de la frontière britannique, à croire que si cette frontière s’ouvrait il continuerait quand même sa politique de violence et de mensonge contre les exilé-e-s, par un pli raciste dont il ne parvient plus à se défaire.