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Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives Mensuelles: mai 2017

Mobilisation autour des CAO – Dublin – suite (2)

16 mardi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Asile, Calais, centres de répit, Dublin, Dunkerque, Exilés, expulsions, Paris, solidarité

Les exilé-e-s et leurs soutiens continuent de se mobiliser contre les placements en procédure Dublin et les expulsions vers le pays responsable de la demande d’asile selon le règlement européen Dublin III, et concernant les personnes hébergées en Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là).

Au Vigan et à Nîmes (Gard), une manifestation est prévue le jour où un demandeur d’asile est convoqué en préfecture : vendredi 19 mai, à 10h à la sous-préfecture du Vigan, à 14h à la préfecture de Nîmes. Et une pétition de soutien continue à circuler.

https://www.change.org/p/préfet-non-au-transfert-en-italie-de-nour-eddin

D’autres mobilisations sont prévues le 15 mai à Mende, le 20 à Saint-Jean–du-Gard, Alès et Nîmes, le 21 à Nîmes, le 27 à Alès.

À Auxerre (Yonne) une manifestation est également prévue le 19 mai à 17h devant la préfecture. Les exilés avaient publié en janvier une Lettre à l’intention des autorités françaises.

À Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), le Collectif de Solidarité avec les Réfugiés diffuse une lettre publique au préfet.

On nous signale par ailleurs que des exilés qui avaient été envoyés en CAO dans le département du Nord suite à l’incendie du camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe commencent à recevoir des arrêtés de transfert, prélude à leur expulsion vers d’autres pays européens dans le cadre du règlement Dublin III.

 


 

Le Vigan et Nîmes :

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-non-au-transfert-en-italie-de-nour-eddin/u/20282327

« GRANDE JOURNEE DE MOBILISATION
VENDREDI 19 MAI 2017

Nour Eddin ne peut pas repartir en Italie
Alors qu’il en vient et souhaite rester ici.

10 H Sous-Préfecture du Vigan
Rassemblement de soutien
Remise des pétitions signées

12 H 15 départ groupé du Vigan
depuis l’ancienne gare (com.com.)

14 H Préfecture de Nîmes
accompagnement de NourEddin

C’est la première tentative d’application
de la procédure Dublin au CAO du Vigan

Notre mobilisation peut faire en sorte
qu’il n’y en ait plus jamais d’autre

signez la pétition :

https://www.change.org/p/préfet-non-au-transfert-en-italie-de-nour-eddin »

 


 

« Mobilisations Gard / Cévennes : amplifions la lutte contre les expulsions !

https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2017/05/10/journees-de-soutien-en-cevennes/

Alors que sur l’ensemble du territoire les procédures d’expulsion des personnes en Centres d’accueil et d’orientation (CAO) se multiplient, de nombreuses actions sont organisées pour s’y opposer : courriers à destination des préfectures, rassemblements, manifestations, ou grèves de la faim (1)…

C’est le cas dans le Gard et les Cévennes où différents collectifs agissent et se mettent en lien afin de renforcer le mouvement de soutien contre les expulsions.

Plusieurs initiatives sont prévues dans les prochains jours, d’autres sont à venir :

Mercredi 17 mai : Rassemblement à Mende pour protester contre l’expulsion d’Hafizullah Safi, rendez-vous devant la Cathédrale à 17h30

Vendredi 19 mai : Rassemblement à 10h devant la Sous-préfecture du Vigan en soutien à Nour Eddin, menacé d’être expulsé depuis le Cao du Vigan

Samedi 20 mai :
– à Saint Jean du Gard de 8h30 à 12h30 : Petit déjeuner de soutien aux familles accueillies, échanges et table d’infos sur la place du marché
– à Alès : Foire aux livres en soutien à Resf : de 10h à 18h à la bourse du Travail, quartier Rochebelle
– à Nîmes : Marche de soutien à tous les réfugiés, de la place Séverine jusqu’à la préfecture, départ 14h

Dimanche 21 mai : Fête afghane à Nîmes dès 12h (fraternité protestante – 7 rue Antoine Delon)

Samedi 27 mai : Cantine sans frontières à Alès dès 12h à la Rétive

(1) : 21 jeunes demandeurs d’asile du CAO d’Embrun (Hautes Alpes) se sont mis en grève de la faim pour protester contre l’ expulsion prochaine de deux de leurs camarades (voir ici : https://blogs.mediapart.fr/serge-betton/blog/120517/menace-dexpulsion-de-migrants-dans-les-hautes-alpes) »

 


 

Auxerre :

L’appel à manifester le 19 mai :

http://demandeursdasileen89.over-blog.com/2017/05/manifestation-le-19-mai-a-auxerre-contre-les-oqtf-et-dublin-dans-l-yonne.html

La lettre des demandeurs d’asile soudanais :

http://demandeursdasileen89.over-blog.com/2017/03/un-appel-des-demandeurs-d-asile-soudanais-d-auxerre.html

« Lettre à l’intention des autorités françaises,

Des demandeurs d’asile soudanais d’Auxerre, janvier 2017

Avant la guerre civile, nous vivions tranquillement dans notre pays. Puis les guerres se sont déclenchées partout dans notre province du Darfour et nous sommes devenus les victimes à la fois du gouvernement et des milices armées, et jusqu’à ce jour nous n’avons pas trouvé la paix car, malgré tous les appels au secours que nous avons lancés, nous avons perdu nos familles, nos proches.

Nous avons dû quitter la terre de nos aïeux en laissant derrière nous tous nos biens, tout ce qui nous est cher pour trouver un endroit pour continuer à vivre comme des êtres humains et nous sommes parvenus en Libye avec l’espoir d’y trouver refuge, de pouvoir y vivre et y travailler.

Mais là-bas aussi, la vie s’est révélée impossible du fait de la guerre entre les milices qui n’ont aucun sens de l’humanité. La vie y était tellement terrible que même dire les souffrances que nous avons endurées nous est impossible.

Alors, nous avons tenté de venir en Europe où nous avions l’espoir de trouver protection, la possibilité de vivre, et le respect des droits de l’Homme dont nous avions toujours entendu parler.

Mais venir en Europe est très dangereux, il faut prendre des risques, parcourir plus d’un millier de kilomètres en barque. Nous n’avions donc qu’une alternative : soit rester en Libye dans ces terribles conditions, soit prendre le risque de traverser la Méditerranée avec des chances infimes de survie.

Nous avons décidé d’aller en Italie. Après une dizaine d’heures de navigation, où nous avons frôlé la mort, nous avons été récupérés par les équipes de sauvetage et emmenés dans des camps. Mais là, nous avons été battus et privés de nourriture parce que nous refusions de donner nos empreintes!

Du fait de cette attitude de l’Italie envers nous, nous ne pouvions imaginer quel avenir nous aurions dans ce pays et pouvoir y trouver la protection et la vie que nous recherchions, c’est pourquoi nous avons décidé de nouveau de partir vers un autre pays qui serait certainement mieux pour nous, et ce pays était pour nous la France.

Après plusieurs tentatives, nous sommes parvenus sur le sol français, espérant y trouver la protection et la possibilité de vivre. La France nous a bien acceptés et beaucoup aidés et nous avons retrouvé ici des gens de tous les pays d’Afrique.

Nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour bénéficier de l’asile et pendant ces sept mois d’attente, nous avons fait tout notre possible pour apprendre le français, dans des conditions difficiles, sans activité et sans accompagnement.

Alors, nous avons été désespérés par la décision de nous renvoyer en Italie alors même que nos empreintes y avaient été prises de force.

Nous demandons la protection de la France. Nous espérons que l’Etat réexaminera nos dossiers et nous viendra en aide. »

 


 

Sisteron :

https://refugiescollectifsdromesud.wordpress.com/2017/05/14/lettre-publique-au-prefet-des-alpes-de-haute-provence-04/

« Lettre publique au préfet des Alpes de Haute Provence.

Sisteron le 14 mai 2017.

Monsieur le préfet,

Nous souhaitons par la présente vous alerter sur la situation des demandeurs d’asile de notre département, placés en procédure «Dublin», et pour une large majorité d’entre eux sous le coup d’un arrêté de transfert vers un autre État membre pris à leur encontre par la préfecture de Digne Les Bains.

Tout d’abord nous vous demandons, comme vous y autorise le règlement 604/2013 en son article 17, de bien vouloir suspendre cette procédure et accéder à la demande d’asile qu’ont adressée ces personnes à la France. Cette mesure dérogatoire a déjà été mise en oeuvre dans un passé récent pour les réfugiés venant de Calais par exemple. Nous soulignons ici une rupture d’égalité de traitement entre tel ou tel autre demandeur d’asile selon qu’il vivait à la rue à Calais, Paris ou Marseille.

Ces demandeurs d’asile sont arrivés dans les CAO du département confiants en les promesses de la France de ne pas y mettre en oeuvre de mesures coercitives, or ces arrêtés de transfert le sont clairement. Présents en France depuis de longs mois et souhaitant y rester, ces demandeurs d’asile sont pleinement intégrés à la vie locale et nous témoignons de leur profond désir de l’être plus encore.

Enfin, comme vous le savez, dans un rapport du 3 novembre 2016 Amnesty International dénonçait les conditions d’accueil et d’examen des demandes d’asile dans plusieurs États membres de l’UE, l’Italie notamment, qui n’hésite pas à expulser des demandeurs d’asile vers le Soudan — dont nous ne rappelons pas ici la situation catastrophique — au nom d’un accord inique entre ces deux pays.

Comptant sur votre célérité à réparer l’injustice qui pèse sur les demandeurs d’asile «dublinés» de notre département, et nous tenant à votre disposition pour vous rencontrer, nous vous adressons Monsieur le préfet nos respectueuses salutations.

Collectif de Solidarité avec les Réfugiés de Sisteron.

 

Témoignages des réfugiés «dublinés» de Sisteron.

Nous sommes arrivés du Soudan ou d’Afghanistan après un terrible parcours. Dans nos pays les problèmes sont grands et nos vies menacées. Pendant le voyage nous avions peur de mourir, en Libye ou ailleurs où nous avons été maltraités et emprisonnés, en mer où les traversées duraient parfois une semaine. Arrivés en Italie certains étaient malades ou blessés, laissés sans soins, battus parfois à coup de pied. Dans les camps italiens on a pris nos empreintes de force ; si on ne les donnait pas on ne pouvait pas sortir. Nous avions peu à manger, pas de vêtements chauds, beaucoup d’entre nous vivaient dans la rue. C’est pour cela que nous sommes venus en France, à Calais ou Paris, puis à Sisteron. Ici nous avons été bien accueillis, nous remercions la France pour cela. Nous avons commencé à apprendre le français, nous avons des amis, nous avons rencontré des lycéens à qui nous avons raconté nos histoires ; nous voulons rester ici. Avec la procédure Dublin nous sommes en grande insécurité, nous avons peur de retourner en Italie, en Allemagne ou en Norvège, nous avons peur qu’ils nous renvoient dans nos pays. Nous dormons mal.

S.M.R : Quand je suis arrivé en Italie la police italienne m’a arrêté et m’a emmené au camp de réfugiés le plus proche ; elle m’a demandé de déposer mes empreintes digitales. Je leur ai dit que je ne voulais pas rester en Italie, que je souhaitais aller en France, et ils m’ont précisé que cette prise d’empreintes était une mesure de sécurité, pas une démarche de demande d’asile. J’ai donc donné mes empreintes aux autorités italiennes. Ils m’ont gardé plusieurs jours dans le camp, j’étais malade, j’ai demandé à être soigné mais on ne m’a même pas donné un cachet. Le problème en Italie c’est l’énorme quantité de réfugiés qui y résident, dormant dans les rues, sur les routes ; et donc ils ne peuvent pas s’occuper de chacun de nous. Je suis heureux en France et je ne veux pas retourner en Italie.

H.S : Je suis arrivé d’Allemagne en 2015 ; là-bas j’étais resté 18 mois sans que l’on m’accorde l’asile et les autorités voulaient me renvoyer en Afghanistan. En Afghanistan la situation est très mauvaise sur le plan de la sécurité et dangereuse pour moi qui étais menacé de mort par les Talibans. C’est pourquoi j’ai fui l’Allemagne et suis arrivé en France pour y demander l’asile. Je suis heureux ici, en France et je ne veux pas retourner en Allemagne où l’on veut me déporter en Afghanistan.

O.U : Quand j’ai traversé la frontière italo-française la police italienne m’a arrêté et reconduit dans un camp italien. Quand je suis arrivé au camp ils ont pris mes empreintes de force en me disant que c’était pour des raisons de sécurité, pas pour l’asile. J’y suis resté une semaine, les conditions d’hébergement étaient très mauvaises, il faisait tellement froid, ils nous ont juste donné une couverture, la nourriture était très mauvaise. Après une semaine ils nous ont expulsés ; j’ai dormi dans la rue pendant sept jours et je suis entré en France. Je suis heureux en France et ne veux pas retourner en Italie.

G : Je suis arrivé d’Afghanistan en 2015 ; j’arrivais de Norvège où j’ai passé deux ans sans que l’on m’accorde l’asile. La Norvège voulait me renvoyer en Afghanistan, c’est pour cela que je suis venu en France.

et lien vers le film «lettre à Mr le préfet» tourné à Briançon :

https://vimeo.com/213479324 »

 

Chaïm Soutine : Jour de vent à Auxerre.

À la rencontre

15 lundi Mai 2017

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Calais, Exilés, solidarité

Vendredi 7 mai, cinéma l’Alhambra, au centre de Calais. Un court-métrage d’animation de l’artiste calaisienne Loup Blaster, Al-Hurriya – Freedom – Liberté, sur la situation des exilés, et un documentaire, Beats of the Antonov de Hajooj Kuka, sur la résistance dans les monts de Nuba, au Soudan, suivis d’un débat. Puis un concert improvisé franco-soudanais.

Si Calaisien-ne-s et exilé-e-s se côtoient depuis quelques trente ans, la méconnaissance est souvent importante et les occasions de rencontre sont somme toute rares, d’autant que les autorités font tout pour les empêcher.

Cette soirée a donc été une occasion de rencontre et de meilleure connaissance.

Dans cette interview Loup Blaster nous en explique la démarche :

http://audioblog.arteradio.com/post/3078568/louise___rencontres_soudanaises/


Vendredi 12 mai, rue des Verrotières, à l’écart de la ville, dans la zone industrielle des Dunes. Le quatuor Zaïde joue ce week-end là à Calais. Les musiciennes voulaient aller à la rencontre des exilé-e-s, avec leur langage, la musique. Elles viennent donc à la distribution de repas. Elles cherchent un peu leur place entre le bruit du générateur qui recharge les téléphones portables et la file d’attente pour les repas, puis vont deux par deux jouer devant les différents groupes assis à terre pour prendre leur repas. Dans un des groupes, un musicien afghan chante en s’accompagnant d’un Tamboura à deux cordes. Écoute, échange.

Lorsqu’elles repartent, les musiciennes subissent un contrôle d’identité de la part des policiers déjà nombreux.

S’ensuit le contrôle de tou-te-s les Européen-ne-s présent-e-s, puis (« là c’était vous, maintenant c’est eux » dit le commandant) des exilé-e-s, manière surtout de les faire dégager et de terminer la distribution (voir ici, ici et là).

Deux arrestations, un jeune peut-être mineur qui était trop près de la police lorsqu’elle a commencé à intervenir, et un adulte afghan qui a décidé ce jour-là de terminer de manger, vaille que vaille, plutôt que de fuir.

 

Dessin Loup Blaster – 2014.

 

De la chasse à l’Afghan à l’enfermement des bébés

14 dimanche Mai 2017

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Calais, Exilés, expulsion, harcèlement policier, politiques migratoires, rétention

Fin octobre – début novembre 2016 : destruction du bidonville de Calais. Plusieurs centaines d’exilé-e-s, principalement afghan-e-s, sans abri à Calais, rejoignent le camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe. Ces personnes nouvellement arrivées s’y trouvent cantonnées à la marge, dans un lieu ou le passage et certains aspects de la vie du camp sont principalement tenus par des passeurs kurdes. Les tensions s’accumulent et les quatre cinquièmes du camp de Grande-Synthe sont détruits le 10 avril 2017 par un incendie suite à une violente bagarre. Le gouvernement décide que le camp ne sera pas reconstruit et ne rouvrira pas. Une partie des personnes principalement afghanes qui étaient à Grande-Synthe viennent alors à Calais.

Les autorités répondent par une chasse policière ciblant plus particulièrement les Afghan-e-s. C’est ainsi qu’un père de famille est arrêté à la gare de Calais et transféré au centre de rétention du Mesnil-Amelot, près de Paris, pour être expulsé vers l’Afghanistan. Sa compagne, Iranienne, lui rend visite avec leur fille de 8 mois, née à Calais. La visite tourne mal, le bébé se retrouve illégalement enfermé en rétention avec son père avant d’être placé auprès de l’aide sociale à l’enfance, tandis que la mère est placée en garde-à-vue.

Un signe de l’acharnement contre les exilé-e-s, qui marque la prise de fonction du nouveau président de la république.

 

Communiqué de la Cimade :

http://www.lacimade.org/un-bebe-victime-de-lacharnement-de-la-prefecture-du-pas-de-calais/

« Un bébé victime de l’acharnement de la préfecture du Pas-de-Calais

12 mai 2017

Après une privation de liberté illégale, un bébé de 8 mois est placé en famille d’accueil, une famille éparpillée, un père enfermé et menacé d’expulsion en Afghanistan, une mère fragile loin des siens… c’est le résultat de la politique migratoire menée par la France.

Arrivés en France en 2016, Monsieur I et sa compagne Mme V vivent depuis de longs mois dans la jungle de Calais, dans l’espoir de se rendre au Royaume-Uni pour y déposer une demande d’asile. Lui est Afghan et elle iranienne. Leur fille Yasmina est née à l’hôpital de Calais il y a tout juste 8 mois.

Le 10 mai 2017, alors qu’il accompagne son frère à la gare, Monsieur I est interpellé. Au commissariat, il fait part à la police de sa situation familiale. La préfecture du Pas-de-Calais n’en tient pas compte et décide de tenter de le renvoyer en Afghanistan, n’hésitant pas à séparer la famille. Il est emmené seul au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot. De cette séparation va naître une série d’événements humains dramatiques.

Le lendemain, sa compagne lui rend visite au CRA, accompagnée de leur bébé. La situation s’envenime rapidement : Mme V refuse catégoriquement de quitter le centre sans son mari. Désespérée par cette situation, elle entre dans une crise telle qu’elle est extraite du CRA sans son enfant, l’administration craignant pour la sécurité de ce dernier au regard de l’état de nervosité extrême de sa mère. Le bébé demeure donc auprès de son père, enfermé dans le CRA.

L’heure tourne et la situation devient de plus en plus violente. D’un côté, l’enfant est auprès de son père, privé de liberté derrière les barbelés d’un CRA, en dehors de toute procédure légale. De l’autre, la mère fait le pied de grue à l’entrée du CRA, hurlant sa colère et son désespoir de retrouver les siens.

Informée par l’administration du CRA de la tournure dramatique des événements, la préfecture du Pas-de-Calais campe sur ses positions : il est hors de question de remettre en liberté Monsieur I. En définitive, le parquet de Meaux ordonne le placement à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du bébé, tandis que la mère est placée en garde à vue pour trouble à l’ordre public.

24 heures après ces faits, cette famille se retrouve donc complètement éparpillée. Un enfant de 8 mois placé temporairement en famille d’accueil. Un père enfermé en rétention et menacé d’expulsion vers un pays différent de celui de sa compagne. Et une mère – manifestement fragile psychologiquement et peut être pas en état de s’occuper seule de son bébé – dont on ignore la localisation.

En définitive, cet épisode montre combien le droit de mener une vie privée et familiale normale se heurte régulièrement à la machine à expulser mise en œuvre par les autorités françaises, en particulier dans le département du Pas-de-Calais.

Au regard de cette situation dramatique, La Cimade demande la libération immédiate de Monsieur I afin que celui-ci puisse s’occuper de son enfant. »

 

Kamaleddin Behzad (Herat, Afghanistan) : Les funérailles du poète Attar de Nichapour.

Mobilisation autour des CAO – Dublin – suite

13 samedi Mai 2017

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Asile, Calais, centres de répit, Dublin, Dunkerque, Exilés, expulsion, Paris

Les procédure d’expulsion des personnes en Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là) se multiplient dans le cadre du règlement européen Dublin III, qui définit le pays responsable de l’examen d’une demande d’asile, le plus souvent le pays d’entrée dans l’Union européenne (voir ici, ici et là).

Au CAO d’Embrun (Hautes-Alpes), vingt-et-un demandeurs d’asile sont en grève de la faim face au risque d’expulsion prochaine de deux d’entre eux.

À Brest (Finistère), un rassemblement était organisé aujourd’hui en soutien à un demandeur d’asile soudanais qui risque d’être expulsé mardi prochain, et de deux autres assignés à résidence dans l’attente de leur expulsion. Une pétition a aussi été mise en ligne.

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-du-finist%C3%A8re-brest-non-%C3%A0-l-expulsion-au-soudan-via-l-italie-droit-d-asile-en-france

Au CAO du Vigan (Gard), un demandeur d’asile soudanais est convoqué le 19 mai à la préfecture pour que lui soit notifiée la décision de réadmission en Italie. Une pétition de soutien est en ligne.

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-non-au-transfert-en-italie-de-nour-eddin

 


 

Embrun :

https://blogs.mediapart.fr/serge-betton/blog/120517/menace-dexpulsion-de-migrants-dans-les-hautes-alpes

« Communiqué de presse commun

Les collectifs d’aide aux migrants des Hautes-Alpes et de Barcelonnette sont profondément préoccupés par l’expulsion prochaine de Aymen Mustafa et Hussain Maroof, deux jeunes soudanais accueillis au CAO d’Embrun depuis 5 mois et souhaitant demander l’asile en France.

Ces deux jeunes ont suivi des cours de français quotidiens, se sont présentés à tous les rendez-vous administratifs, se sont intégrés et ont tissé des liens d’amitié dans l’Embrunais. Ils vont être transférés vers la Norvège, pays dans lequel leur identité a été contrôlée pour la première fois dans l’espace où s’applique le règlement « Dublin III » (Union Européenne plus 4 pays associés).

La préfecture leur a remis leur convocation à l’aéroport pour le 23 mai.

La Norvège applique des conditions de demande d’asile très strictes et les renvois dans le dernier pays traversé avant la Norvège (ici la Russie) ou dans le pays d’origine sont fréquents, avec les mises en danger que cela suppose.

Au Soudan les risques de représailles, d’incarcération, de violences graves et d’exécution sont avérés en cas de retour des exilés.

Dans les semaines à venir, d’autres personnes exilées actuellement accueillies dans les Hautes-Alpes courent ce même risque de renvoi vers différents pays dont l’Italie, déjà à saturation à cause des traversées de la Méditerranée.

21 jeunes demandeurs d’asile accueillis au CAO d’Embrun ont entamé une grève de la faim pour protester contre ces décisions et demander la levée de la procédure.

En effet, le règlement Dublin III n’est pas obligatoire : certaines préfectures en France ont décidé de ne pas l’appliquer et de permettre aux demandeurs d’asile de déposer leur demande en France. L’Allemagne vient également de suspendre le renvoi vers la Hongrie des réfugiés passés sur son territoire.

Nous appelons à une grande manifestation citoyenne à Gap,

devant la préfecture, samedi 13 mai de 14h à 17h.

Le respect des droits humains fondamentaux implique le droit pour toutes les personnes contraintes à l’exil d’effectuer leur demande d’asile dans le pays de leur choix. En l’occurrence, ce choix est la France. Nous en sommes fiers ! Soyons-en dignes !

La Cimade – Réseau Hospitalité – Réseau Welcome – Réseau Un toit, un droit – Réseau Éducation Sans Frontières – Tous Migrants – Icare 05 – Solidaritat Ubaye – Collectif Aspres sur Buech – Collectif Guillestre – Maison Cézanne – Association Bonvenon »

 


 

« Rassemblement samedi 13 mai, 12h, place de la Liberté à Brest.

Expulsion Dublin vers Italie : Un soudanais a reçu aujourd’hui son billet d’avion de Brest à Rome, pour mardi prochain.
Si vous êtes dans le coin, venez le soutenir !
Il y a également 2 autres assignés à résidence, qui risquent de recevoir bientôt leurs billets vers l’Italie.
STOP DUBLIN !!
(C’est le second renvoi en 2 semaines, à partir de Brest.) »

Pétition de soutien :

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-du-finist%C3%A8re-brest-non-%C3%A0-l-expulsion-au-soudan-via-l-italie-droit-d-asile-en-france

 


 

Le Vigan :

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-non-au-transfert-en-italie-de-nour-eddin

« Pétition de soutien à Nour Eddin

Parcours de Nour Eddin :
Parti du Soudan (de la région du Darfour) en 2016, au péril de sa vie il arrive en Italie. Après quinze jours en centre de rétention, il rejoint des réfugiés comme lui à Paris au Métro la Chapelle où il vit dans des conditions précaires. Lors du démantèlement de ce campement, il est dirigé en Cévennes en Février 2017 et est accompagné au sein du CAO (centre d’accueil et d’orientation) du Vigan.
Se sentant pour la première fois en six ans en sécurité, il participe activement aux cours de Français (six heures hebdomadaires) donnés par des bénévoles et à la vie sociale et culturel de la ville.

La Préfecture de Nîmes lui applique la procédure Dublin III : il est convoqué le 19 mai en Préfecture pour se voir notifier sa réadmission en Italie.
Nour Eddin n’est pas attendu en Italie et l’idée de ce transfert le terrorise tant les conditions y sont mauvaises et ses chances de voir sa demande examinée en respect de ses droits fondamentaux sont minces.
Un renvoi au Soudan de par son appartenance ethnique le mettrait en grand danger.
Il veut pouvoir faire sa demande d’asile en France et ne plus être dans cette procédure de Dublin, comme cela a été fait pour d’autres réfugiés dans la même situation au Vigan.

C’est pourquoi, avec les personnes qui l’ont accompagné au Vigan, j’appuie cette demande et invite Monsieur le Préfet à faire usage de son pouvoir discrétionnaire, faculté qui lui est ouverte par l’article 17 du règlement de Dublin III en autorisant Nour Eddin à déposer sa demande d’asile en France. »

 

Jules-Achille Noël : Le Port de Brest.

De la fin de Sangatte à celle du bidonville

12 vendredi Mai 2017

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Calais, Exilés, politiques migratoires

On a pu souligner les analogies entre le Centre de Sangatte et le bidonville de Calais, ainsi que les limites de ces analogies. Le Centre de Sangatte, de 1999 à 2002, camp de réfugié sous un hangar, hors du droit commun, où ont été regroupé-e-s les exilé-e-s à l’écart de la ville. En 2015, une plate-forme de services de jour (douches, repas, soins infirmiers, informations sur l’asile et l’aide au retour) et un lieu de mise à l’abri de femmes et d’enfants à côté d’un terrain où sont contraints de se regrouper les exilé-e-s, à l’écart de la ville, et un gigantesque bidonville qui se construit là. Un camp de containers, de capacité insuffisante, s’implante là tardivement. Certains ont pu parler d’un « Sangatte du pingre ».

En 1999, l’État ouvre le Centre de Sangatte après plusieurs lieux d’hébergements éphémères, reconnaissant ainsi la durabilité de la présence des exilé-e-s dans le Calaisis. En 2015, l’État n’assume pas totalement la reconnaissance de l’état de fait, d’où le bidonville. Dès janvier 2016 il annonce sa destruction.

En 2002, la fermeture du Centre de Sangatte suivie de la destruction du hangar qui l’abritait ouvre une alternance politique et marque l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, étape de son ascension vers la présidence de la république. En 2016, la destruction du bidonville et la fermeture des structures qui le jouxtaient (centre Jules Ferry et camp de containers), qui avaient été mis en place par le même gouvernement l’année précédente, marque la fin du quinquennat Hollande, dont la non-candidature à sa propre succession marque l’échec.

Dans les deux cas, le démantèlement et la destruction ouvrent sur une politique reposant sur le déni de la présence des exilé-e-s et la violence exercée face à leur présence bien réelle.

 

Alerte : nouvelles expulsions vers la Norvège = risque d’expulsion vers l’Afghanistan

10 mercredi Mai 2017

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Asile, Dublin, Exilés, expulsions

Être expulsé-e-s vers un pays européen ne garanti pas le respect des droits. D’une part parce que certains pays européens ne respectent pas les droits des exilé-e-s, parce que les possibilités d’accéder à une protection ou à un titre de séjour sont très disparates d’un pays à l’autre. Mais aussi parce que certains expulsent plus que d’autres vers tel ou tel pays en guerre ou bien où les risques de violation des droits sont particulièrement importants.

Ainsi l’Italie a conclu un accord de réadmission avec le Soudan pour faciliter les expulsions vers ce pays. Ainsi la Norvège a un taux de reconnaissance particulièrement bas pour les demandeur-se-s d’asile afghan-e-s, et a une mécanique tout-à-fait rodée pour expulser vers l’Afghanistan (voir ici, ici et là).

Ainsi, de janvier à avril 2017, sur 3945 demandes d’asile qui leur ont été adressées, les autorités norvégiennes ont accordé une protection dans 56% des cas, un permis de séjour limité dans l’attente de la détermination de l’identité d’un-e mineur-e isolé-e- étranger-ère présumé-e dans 7% des cas, et a rejeté 37% des demandes (soit un taux d’acceptation pratiquement double de celui de la France).

https://www.udi.no/en/statistics-and-analysis/statistics/asylum-decisions-by-citizenship-and-outcome-2017/

Par contre, pour les Afghans, au cours de la même période, sur 1179 demandes 22% ont reçu une réponse positive, 23% un permis de séjour limité pour des mineur-e-s présumé-e-s dans l’attente de la détermination de leur identité, et 55% une réponse négative. En France, on est par contre à un taux de reconnaissance par l’OFPRA de 80% en 2016.

D’où le schéma demande d’asile en Norvège – rejet dans la majorité des cas – les personnes déboutées continuent leur route en Europe, et demandent l’asile dans un pays plus favorable comme la France. Les autorités françaises les renvoient en Norvège, pays responsable de leur demande d’asile selon le règlement européen Dublin III (parce que premier pays où ces personnes ont déposé une demande), et la Norvège les expulse en quelques jours vers l’Afghanistan sans que les personnes aient accès à un conseil juridique indépendant et donc la possibilité de déposer un recours.

Deux nouvelles situation d’expulsion imminente, avec appel à soutien :

 


 

Une pétition : https://www.change.org/p/emmanuel-macron-contre-l-expulsion-imminente-de-qanbar-en-afghanistan-annulez-son-transfert-en-norv%C3%A8ge

« Le cauchemar de Qanbar, afghan de l’ethnie hazara qui est persécutée en Afghanistan, commence après s’être opposé à la lapidation à mort de sa sœur. Cela lui vaut des menaces de mort.

Il fuit son pays, débarque en Norvège où il se voit refuser le droit d’asile (comme la grande majorité des Afghans : 25,2% d’accord contre 80,6% en France). Menacé d’être expulsé, Qanbar rallie la France, mais le règlement Dublin s’applique : il est incarcéré et doit retourner en Norvège.

Il est actuellement en Centre de Rétention Administrative et sans intervention, il sera expulsé en Afghanistan incessamment.

Il faut agir vite et annuler l’application de la procédure Dublin qui décide de l’expulsion en Norvège et l’autoriser à demander l’asile en France. »

Pour plus d’information :

https://blogs.mediapart.fr/francais-langue-daccueil/blog/060517/la-france-merite-mieux-que-ca

 


 

Et une mobilisation par e-mail :

HAFIZULLAH, 22 ANS, RENVOYE EN AFGHANISTAN VIA LA NORVEGE

Pour demander la libération d’Hafizullah qui va être expulsé en Afghanistan via la Norvège, merci de faxer, mailer à la préfecture de la Lozère. Vous pouvez utiliser le texte ci-dessous :

Hafizullah, jeune Afghan de 22 ans, menacé d’expulsion vers l’Afghanistan

Hafizullah, assigné à résidence à Marvejols, Lozère, a été arrêté déloyalement lors d’un pointage obligatoire à la gendarmerie, et emmené au centre de rétention de Lyon.
La France va l’expulser vers la Norvège car il y avait fait une demande d’asile.
Elle avait été rejetée.
Terrorisé à l’idée d’être expulsé vers son pays d’origine, par la Norvège qui a déjà expulsé 577 Afghans depuis février 2016, Hafizullah est venu demander la protection de la France qui ne considère pas l’Afghanistan comme un pays sûr.
En 2015, Hafizullah avait fui l’Afghanistan après l’assassinat de son père par les talibans. Sa vie est en danger dans ce pays toujours en guerre.
Je refuse qu’Hafizullah SAFI soit expulsé vers la Norvège, puis l’Afghanistan.
Je demande qu’il soit libéré et puisse déposer une demande d’asile en France.

Cabinet du préfet
Fax 04 66 49 17 23
Préfet – Hervé Malherbe
herve.malherbe@lozere.pref.gouv.fr

Secrétaire général – Thierry Olivier
thierry.olivier@lozere.pref.gouv.fr

Fax 04 66 49 03 17
Directrice des services du cabinet – Nadine Monteil nadine.monteil@lozere.pref.gouv.fr

Service des étrangers
Fax 04 66 49 67 22
courrier@lozere.pref.gouv.fr

Chef du bureau des titres et de la circulation – Évelyne Boukera
evelyne.boukera@lozere.pref.gouv.fr

Fax 04 66 49 67 22
Et, pour faire savoir ce qu’on pense là où se prennent les décisions :
jean-pierre.jouyet@elysee.fr Secrétaire général Elysée
premier-ministre@pm.gouv.fr Matignon
patrick.strzoda@pm.gouv.fr Dircab Matignon Ex-Dircab Matignon
julie.burguburu@pm.gouv.fr Dircab adjointe Matignon, ex-Dircab adjointe Intérieur
magali.charbonneau@pm.gouv.fr Conseillère Matignon ex-conseillère immigration Intérieur
jean-luc.nevache@interieur.gouv.fr Dircab Intérieur
emmanuel.cayron@interieur.gouv.fr Conseiller immigration
sec.immigration@interieur.gouv.fr      sec.dircabadj@interieur.gouv.fr »

 

Claude Monet : Sandvika, Norvège.

Expulsion des campements de la Chapelle : quand l’insuffisance appelle la violence

09 mardi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, expulsion, hébergement, Paris

On ne le répétera jamais assez, une expulsion est toujours une violence. Même quand elle débouche sur un relogement. On est encerclé-e par la police, forcé-e à quitter forcé de quitter son abri et le lieu où bon an mal an on a établit des repères et une certaine impression de sécurité, on est trié-e, contraint-e de monter dans des bus, et on ne sait jamais vraiment où ces bus vont nous mener. Et ça c’est la version soft, sans violences physiques, sans destruction des effets personnels, sans arrestation. On peut imaginer d’autres manières d’accéder à un logement.

La ville de Paris et l’État ont mis en place porte de la Chapelle un dispositif « spécial migrant-e-s » d’accès à l’hébergement, hors des circuits de droit commun permettant l’accès à l’hébergement d’urgence pour les sans-abri, à une protection pour les mineur-e-s en danger, à la demande d’asile et au dispositif d’hébergement correspondant.

Mais ce lieu, 400 places sur place plus une structure d’accueil pour les personnes vulnérables à Ivry, est ridiculement sous-dimensionné, et engorgé par le manque de solutions d’hébergement en aval. C’est aussi un lieu de tri des personnes, donnant lieu à des pratiques dont la légalité est questionnée.

Alors des gens dorment dehors aux alentours, des bivouacs et des campements se forment.

Et puis un jour on les expulse. Tout-à-coup on a trouvé les places d’hébergement qui manquaient cruellement auparavant, et dont la disponibilité aurait permis – dans la mesure où elles sont adaptées aux besoins – d’héberger sans violence.

Expulsion donc ce 9 mai au matin, porte de la Chapelle. La précédente avait eu lieu le 9 mars, sans parler des plus petites opérations de déguerpissement. Entre les deux des conditions de vie indignes aux marges de la ville. Lesquelles réapparaîtront demain – ce soir même – un peu plus loin au besoin, en attendant la prochaine expulsion.

Bien sûr il serait possible dans le court terme d’augmenter la capacité d’accueil des camps de la porte de la Chapelle et d’Ivry et d’augmenter le nombre de place d’hébergement en aval de ce dispositif, tout en redonnant à l’ensemble une mission d’accueil inconditionnel. Ça éviterait que des gens se retrouvent à la rue, dès ce soir, et que des campements se reforment.

Et puis il faudrait que la marie de Paris et l’État se dotent des moyens de respecter la loi, en terme d’accueil inconditionnel des sans-abri, de protection des mineur-e-s et d’accueil des demandeur-se-s d’asile.

Il semble qu’on n’en prenne pas le chemin.

 

(Photos : Faty Tiah)

 

 

L’élection présidentielle, pour ce qui concerne la situation des exilé-e-s

08 lundi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, frontières, politiques migratoires

Calais ne faisant plus la une des médias, la situation des exilé-e-s à la frontière britannique a pu être maintenue à l’écart de la campagne électorale. Une situation qui dure pourtant depuis trente ans, et qui s’est amplifiée de la frontière italienne à celle du Royaume-uni en passant par Paris.

On peut néanmoins trouver dans la profession de foi du candidat qui a remporté l’élection, Emmanuel Macron, des orientations dont on peut penser qu’elles se déclineront par rapport à la situation à la frontière. Sachant qu’il reste l’inconnue de la politique qui sera effectivement menée par le gouvernement qui sera issu de la future majorité parlementaire encore inconnue.

Vous pouvez télécharger la profession de foi ici.

En page 3 de la profession de foi, « Nos six chantiers pour la France », le premier de ces chantiers est ce lui de « la sécurité de la Nation », avec l’éducation et la culture, le travail, l’économie, la démocratie, l’Europe et l’international.

« Le premier chantier que je vous propose consiste à renforcer la sécurité de la Nation.

Notre sécurité à l’international s’inscrira dans une stratégie de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme islamiste. La sécurité intérieure passera par un investissement conséquent dans nos forces de l’ordre, leur réorganisation, mais aussi dans la vigilance que toute notre Nation doit retrouver. Assurer la sécurité, faire respecter sans concession notre laïcité, restaurer partout l’autorité de l’État. »

On peut s’interroger sur l’articulation entre « nos forces de l’ordre » et « la vigilance » de « toute notre Nation ». On peut penser à des dispositifs de surveillance comme les voisins vigilants, mais aussi aux quasi-milices qu’ont pu constituer des groupes d’extrême-droite comme à Calais pour être présents aux côtés de la police près du bidonville et de l’autoroute (voir ici, ici et là), ou les supporters du projet de barrage du Testet pour intimider les opposants au projet et prolonger l’action de la gendarmerie par d’autres moyens.

La page 4, « Voter pour Emmanuel Macron, c’est… » énumère une série de mesures concrètes, classées par rubriques.

Ainsi la rubrique « Renforcer un État qui protège :

  • 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires
  • Une nouvelle Police de sécurité quotidienne qui aura le droit d’éloigner les délinquants des zones où ils commettent des délits »

Le deuxième point est particulièrement intéressant, parce qu’il pose la question de savoir comment dans une « zone » donnée la police reconnaîtra les « délinquants » qu’elle aura le pouvoir « d’éloigner » (ou ? comment ?)

Ou le point 2 de la rubrique « Relancer une Europe protectrice :

  • 5 000 garde-frontières supplémentaires »

Une Europe protectrice, mais protège qui, quand des personnes meurent à ses frontières ou les franchissent au péril de leur vie pour demander sa protection ?

 

Albrecht Dürer : Tête de cerf percée d’une flèche.

Pendant ce temps-là, à la frontière franco-italienne

07 dimanche Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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état de droit, Calais, délit de solidarité, droits de l'enfant, Droits de l'homme, Exilés, Italie, solidarité

La situation à Vintimille, côté italien, rappelle celle de Calais, côté français de la frontière franco-britannique. La mairie de Vintimille, comme celle de Calais, avait pris un arrêté interdisant les distributions de nourriture aux exilé-e-s. Ce n’est pas sur décision du tribunal, mais face à la mobilisation citoyenne que la mairie de Vintimille a retiré son arrêté :

http://citoyenssolidaires06.com/?p=3442

Délit de solidarité aussi, poursuites pénales contre les personnes solidaires. Félix Croft, Français poursuivi en Italie pour avoir transporté une famille soudanaise vers la France, a été relaxé le 27 avril :

http://www.la-croix.com/France/Immigration/Juge-pour-avoir-aide-migrants-Felix-Croft-relaxe-2017-04-27-1200842910

Amnesty International a publié en février 2017 un rapport sur les violations des droits du côté français de la frontière : refoulements illégaux, impossibilité d’accès à la procédure d’asile, mineur-e-s laissé-e-s à l’abandon et refoulé-e-s à la frontière, poursuites et pressions contre les personnes solidaires.

Vous pouvez télécharger le rapport « Des contrôles aux confins du droits : violations des droits humains à la frontière française avec l’Italie » ici.

Le préfet des Alpes maritimes a d’ailleurs été condamné pour ces refoulements illégaux et le refus d’enregistrer les demandes d’asile :

http://citoyenssolidaires06.com/?p=3347

En raison de ce contexte, Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et le Secours catholique – Caritas France ont décidé de développer et de coordonner leurs actions. Vous pouvez lire leur communiqué ici :

http://citoyenssolidaires06.com/?p=3457

C’est aussi pour affirmer leur volonté d’accueil que des collectifs citoyens ont lancé le 16 avril l’action « Tous aux cols« , à certains points de la frontière franco-italienne. Le Mouvement Citoyen Tous Migrants de Briançon en fait le bilan :

Vous pouvez télécharger le communiqué du mouvement Tous Migrants ici.

Mais, la frontière une fois passée, une autre frontière s’oppose aux personnes qui font le choix de demander l’asile en France, le règlement Dublin III, avec le risque du renvoi en Italie lorsqu’il s’agit selon les critères de ce règlement européen du pays responsable de leur demande d’asile.

Sur ce sujet, le mouvement Tous Migrants donne la parole à des personnes en demande d’asile et à des personnes solidaires dans cette vidéo :

 

Turner : Château Saint-Michel à Bonneville.

Paris, bulle et résistances

05 vendredi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Paris, solidarité

La médiatisation autour des exactions policières (destruction d’abris et d’effets personnels, vol de couvertures, violences physiques et psychologiques, intimidation des personnes solidaires) autour du « camp humanitaire » de la porte de la Chapelle, à Paris, ont fait reculer celles-ci (voir ici et là). Des tentes ont pu s’installer, moins visibles sous les ponts et les bretelles du périphérique et de l’autoroute du Nord. Mais les seules discussions avec les pouvoirs publics portent sur des aménagements de l’indignité, mettre des toilettes chimiques ou aménager un lieu de distribution alimentaire, caché des yeux du public lui aussi. De politique d’accueil il n’est pas question.

Alors les résistances fleurissent, avec des initiatives permettant une présence quotidienne aux côtés des exilé-e-s sont multiples, qu’il s’agisse de distribuer de la nourriture, d’apporter une information et un soutien juridique, de témoigner de la situation ou de dénoncer l’indignité :

 

Lorsque la mairie installe des blocs de pierre pour empêcher les exilé-e-s de dormir à proximité du « camp humanitaire » ridiculement sous-dimensionné, des tailleur-se-s de pierre se mobilisent pour transformer les obstacles en messages :

http://www.lacimade.org/a-paris-les-tailleurs-de-pierre-aux-cotes-des-exiles/

À l’intérieur même du « camp humanitaire », insuffisant pour mettre à l’abri, mais qui a un rôle réel de centre de tri, des travailleur-se-s sociaux-ales questionnent leur rôle et le sens de leur travail, tout comme le positionnement de leur employeur gestionnaire du camp, comme en témoigne cette lettre ouverte de la section syndicale SUD :

 

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