M. A, retenu au CRA de Coquelles depuis un mois et demi raconte les entraves à ses droits fondamentaux et à l’accès aux soins dont il est victime malgré des risques non négligeables pour sa santé.
Originaire du Nigéria, M.A est en France depuis 16 ans. Sa femme est en situation régulière avec ses deux enfants âgés de 7 ans et 3 ans, nés sur le sol français. A 42 ans, il souffre de deux pathologies très lourdes dont les soins ne sont pas disponibles au Nigéria.
Malgré cela et en violation de l’article 511-4 10° du CESEDA, M.A a été placé au CRA de Coquelles dans l’attente de la mise en œuvre d’une mesure d’éloignement vers son pays d’origine. Pire encore, le 6 novembre le tribunal administratif de Lille annule le pays de destination fixé par l’obligation de quitter le territoire et donne un mois aux autorités françaises pour fixer un nouveau pays de destination. Pourtant, le 12 novembre un vol est prévu pour M.A à destination du Nigéria.
Avant de vouloir m’expulser vers le Nigéria, on a voulu m’obligé à faire un test Covid. J’ai refusé car j’ai des problèmes respiratoires. Du fait de mon refus, j’ai été placé pendant 24h en garde à vue. L’officier de police judiciaire qui a levé ma garde à vue m’a parlé dans des termes racistes et m’a obligé à signer un document qu’on ne m’avait pas expliqué avant.
Le document en question mentionne que M.A fait l’objet d’un rappel à la loi. « Mais quelle loi incrimine le fait de refuser un test Covid ? Chaque geste médical doit faire l’objet d’un consentement et cela n’a pas été le cas pour moi. J’estime que je suis entièrement dans mon droit. »
Lors de la seconde audience devant le tribunal administratif de Lille, un mois après l’ordonnance obligeant le préfet à fixer un pays de destination autre que le Nigéria, la situation de M. A n’a toujours pas été prise en compte. Le préfet n’a pas réexaminé la situation et s’est contenté de fixer de nouveau le Nigéria comme pays de destination. Plus incompréhensible encore, le juge identique à celui qui avait prononcé l’ordonnance un mois plus tôt, a, cette fois ci, statué en la faveur de la décision du préfet au risque d’être à l’origine de traitements inhumains et dégradants. L’accès aux soins au sein du centre de rétention est limité voire inexistant : « les médecins au centre de rétention m’ont vu 4 fois mais cela dure moins de 5 minutes à chaque fois juste pour faire des contrôles médicaux. Aujourd’hui je suis allé voir le cardiologue et il a augmenté mes médicaments car mon état de santé s’est détérioré depuis mon entrée au CRA. » Quand bien même, les médecins ont tenté de prendre en charge la situation médicale de M.A , ce dernier est confronté à des difficultés administratives.
« Depuis mon arrivée j’ai informé le médecin de ma situation, j’ai fait tous les tests nécessaires mais on a dans un premier temps refusé de me délivrer un certificat médical. J’ai insisté pour que le collège des médecins de l’OFII soit saisi. Au bout d’une vingtaine de jours, le médecin aurait finalement fait la demande d’un certificat médical auprès du médecin de l’OFII mais en réalité il a fallu que j’attende deux mois pour que le médecin de l’OFII soit saisi. Le problème c’est que cette démarche n’est pas suspensive et que dans l’attente des résultats je peux être renvoyé dans mon pays à tout moment alors que ma vie est en danger.
En dépit de sa situation, les autorités administratives et judiciaires maintiennent le placement en rétention de M.A sans aucune prise en compte de son état de santé, de sa situation familiale et de son intégration sociale et culturelle dans la société française. La situation de M.A n’est qu’un exemple parmi d’autres de personnes victimes de violations de leurs droits fondamentaux dans le cadre de leur rétention administrative. Cette situation témoigne de l’hypocrisie française qui tente coûte que coûte de mettre en œuvre sa politique d’éloignement malgré son ineffectivité démontrée quitte à mettre en danger la vie des personnes et au mépris du droit à la vie privée et familiale.
La prochaine fois qu’on me demandera de faire un test covid, je mettrai fin à mes jours puisque c’est la même chose. Si je suis expulsé vers le Nigeria, ça serait même pire, puisqu’il y a une forte discrimination contre les porteurs des pathologies dont je souffre ainsi qu’un manque de traitement médical effectif. En effet, le Nigeria est l’un des pays les plus corrompus au monde et le système médical est défaillant