• Accueil
  • À propos
  • Documents
  • Liens
  • Le point sur
  • Les cahiers
  • Newsletter

Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives de Tag: campements

Photos d’une frontière

14 mercredi Fév 2018

Posted by passeusesdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Bruxelles, Calais, campements, Dunkerque, Exilés, expulsions, Frontière, harcèlement policier, Paris, politiques migratoires, solidarité

La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.

Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».

ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.

A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche…  »

Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…

Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…

Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.

En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

 

27629346_10215560547465984_2534729600439311178_o.jpg

photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto

Trêve hivernale pour les bidonvilles : leurre ou réalité ?

19 dimanche Fév 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Calais, campements, Dieppe, droits, Exilés, expulsions, Steenvoorde

La loi du 27 janvier 2017 étend à l’ensemble des habitats les garanties de la trêve hivernale, comme s’en réjouit Amnesty International, soulignant toutefois la précarité de cette solution face au développement de la pauvreté et de la précarité de l’habitat.

https://www.amnesty.fr/actualites/la-treve-hivernale-enfin-pour-les-bidonvilles

La loi est donc améliorée. Mais sur le terrain, qu’on soit à Calais, Dieppe (voir ici, ici, ici, ici et là) ou Steenvoorde (voir ici et là), on assiste aux mêmes destructions de tentes et d’effets personnels, accompagné de rafles, parfois après un jugement, mais souvent aussi en l’absence de toute décision légale. Le changement de la loi risque fort de ne pas suffire, là où l’État viole ses propres lois.

Vous pouvez télécharger le communiqué de Romeurop avec les articles de loi concernés ici.

 

Pentax Digital CameraCalais, le campement derrière le supermarché Leaderprice après un premier passage des bulldozers, avril 2015.

 

Pendant ce temps-là dans le Dunkerquois

21 lundi Nov 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Calais, camp, campements, Dunkerque, Exilés

Dans l’ombre de la destruction du bidonville de Calais ont aussi eu lieu des changements à une quarantaine de kilomètres de là, dans le Dunkerquois. Ils sont dans la droite ligne de ceux imposés par l’État lorsqu’à la fin du mois de mai il a décidé de financer le fonctionnement du camp de réfugiés de Grande-Synthe et d’en fixer les règles (voir ici et là).

Le camp avec alors été officiellement fermé aux nouveaux et nouvelles arrivant-e-s, à l’exception plus ou moins des personnes considérées comme vulnérables. Dans les faits, les nouvelles personnes arrivaient à entrer dans le camp et à s’y installer, et la population a même augmenté. Un système pervers s’est mis en place dans lequel l’association missionnée par l’État ne gérant pas les nouvelles arrivées ce sont les passeurs qui le faisaient.

Ce système a fonctionné pendant plusieurs mois, avec le démontage d’abris lorsque les occupant-e-s enregistré-e-s auprès de l’association gestionnaire étaient parti-e-s, et des conditions de plus en plus précaires comme de nouvelles personnes s’installaient en fait.

Au début du mois d’octobre, le camp a été fermé y compris aux personnes vulnérables, la présence policière augmentée, la clôture par des grilles décidée. L’objectif est de faire baisser la population à 300 personnes d’ici la fin de l’année, et probablement de fermer rapidement le camp. N’ayant pas pu empêcher la création de ce camp de réfugiés par Médecins Sans Frontières et la commune de Grande-Synthe, le gouvernement aura choisi de l’étouffer. Et de favoriser la réapparition de campements précaires dans le Dunkerquois.

 

Vous pouvez lire le communiqué de Médecins Sans Frontières ici :

http://www.msf.fr/presse/communiques/msf-denonce-disparition-annoncee-camp-grande-synthe

et le communiqué inter-associatif :

« GRANDE-SYNTHE : LE DEMANTELEMENT QUI NE DIT PAS SON NOM

Le 7 mars 2016 ouvrait à Grande-Synthe le premier camp en France dédié à l’accueil digne des exilé.e.s. L’ouverture de ce camp semblait constituer un pas significatif vers l’élaboration d’une politique d’accueil humaine pour ces personnes victimes de multiples violences et traumatismes dans leur pays d’origine et au cours de leur parcours migratoire.

Au cours de ces derniers mois, les associations actives sur ce camp constatent cependant que les principes d’accueil inconditionnel et de libre circulation posés lors de l’ouverture ne sont plus respectés et que les conditions d’accueil n’ont fait que se dégrader. Depuis trois mois, les hommes seuls arrivant à Grande-Synthe ne sont plus accueillis sur le camp, sans qu’il ne leur soit proposé de solution alternative. Depuis une semaine, nous sommes témoins d’un refus d’accueillir toute personne, y compris les femmes et les enfants, qui recherchent un abri à Grande-Synthe où il reste de la capacité d’accueil, toujours sans qu’il ne leur soit proposé aucune autre solution d’hébergement. Ce refus de nouvelles arrivées est reconnu par la mairie de Grande-Synthe. Les dispositifs évoqués par les autorités comme des solutions possibles sont saturés : qu’il s’agisse du dispositif du 115 ou des Centres d’Accueil et d’Orientation, aucune prise en charge n’est possible dans l’urgence.

Laisser ces familles sans aucune solution d’hébergement constitue une mise en danger de personnes objectivement vulnérables : femmes, enfants, nourrissons. Cette situation apporte une nouvelle fois la preuve de l’incapacité de l’Etat français à prendre ses responsabilités vis-à-vis des personnes exilées, y compris de celles en situation d’extrême vulnérabilité.

La situation à Grande-Synthe est une situation d’urgence humanitaire qui doit être prise en charge comme telle par l’Etat français. Nous dénonçons la politique actuelle mise en place par l’Etat sur l’ensemble du littoral Nord et dont l’objectif est de démanteler des camps sans qu’il ne soit proposé de solution alternative adaptée à leur projet migratoire. Nous refusons que les exilé.e.s paient le prix du calendrier électoral français.

SIGNATAIRES : Médecins du Monde Hauts-de-France, UNICEF France, Utopia 56, Auberge des Migrants, Terre d’Errance, ECNou, ADRA Dunkerque, ACCMV, SWK – Verein für eine Schonere Willkommenskultur, MRAP – Littoral Dunkerquois, Association Apprentissage des Adultes (Dunkirk Adult Learning), Elise Care, Cabane Juridique, Réveil Voyageur, Life For Gaza, Charity Refugees, UFAL Lille CCFD Terre Solidaire – Diocèse de Lille, Fraternité Migrants Bassin Minier 62 »

 

gilbert-garcin-les-bienfaits-de-l-ignoGilbert Garcin : Les Bienfaits de l’ignorance.

Paris, Calais – dispersion, dissimulation

23 vendredi Sep 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 3 Commentaires

Étiquettes

bidonville, Calais, campements, camps, Exilés, expulsion, logement, Paris, politiques migratoires

« Cet appel à la solidarité rejoint aussi les demandes des associations, qui jugent intenable la pression exercée sur la capitale alors même que les flux migratoires s’intensifient en provenance d’Italie avec les beaux jours. » (Le Point, 1er juillet 2016)

http://www.lepoint.fr/societe/accueil-des-migrants-a-paris-l-etat-va-s-engager-aux-cotes-de-la-ville-cosse-a-l-afp-01-07-2016-2051231_23.php#xtmc=cosse-cazeneuve-paris-refugies&xtnp=1&xtcr=7

Paris, début de l’été, l’État annonce qu’il s’engage dans le projet annoncé par la mairie de Paris de création d’un ou plusieurs camps de réfugiés dans la ville.  La règle du jeu est annoncée : un accueil de quelques jours, 5 à 10, puis la dispersion dans des centres d’accueil à créer dans toute la France, parce qu’à Paris, la « pression » est « intenable ».

Paris, 2 millions d’habitants, au cœur d’une région qui en compte 10 millions, un sixième de la population française. Où se trouvent des ressources en terme d’interprétariat, d’accompagnement juridique spécialisé, des associations spécialisées dans l’accompagnement des victimes de la torture, qui ne sont pas forcément présentes partout sur le reste du territoire et qui peuvent faciliter l’accueil et l’intégration des exilé-e-s.

Comme illustration de la situation sur le reste du territoire, nous reprenons ci-dessous le texte d’une pétition qui circule actuellement à Nantes. Parce qu’elle présente la situation de manière très claire et aussi par hasard parce qu’elle circule en ce moment, le même constat pourrait être fait à Metz, Montpellier ou Rennes.

Ce qui est appelé ici « solidarité », c’est disperser sur tout le territoire, entre autres à Nantes ou à proximité, les personnes jugées indésirables à Paris parce que leur « pression » est « intenable », en laissant intacte la politique d’inhospitalité : les personnes qui sont à la rue à Nantes le resteront, il n’est pas question d’ouvrir des centres d’hébergement pour elles. De même, les exilé-e-s se trouvant à Paris vont être dispersé-e-s dans des centres, mais les autres personnes habitant Paris et se trouvant à la rue resteront à la rue avec un accès improbable à un dispositif d’hébergement d’urgence saturé. Au passage, les autorités vident un peu plus de son contenu le principe du droit universel à l’hébergement d’urgence, puisqu’une certaine population, parce qu’étrangère, relève maintenant d’autres dispositifs, hors du droit commun et discrétionnaire.

Dispositifs qui sont aussi des dispositifs de tri, puisque leur seul débouché est la demande d’asile, et suppose l’élimination (l’expulsion du territoire) des autres, dans un pays peu accueillant, où le taux de réponses positives aux demandes d’asile est inférieur de moitié à la moyenne européenne. Dans un contexte où les politiques menées au niveau européen généralisent les accords de réadmission avec des pays en guerre et des dictatures, et où la mise en place des laissez-passer européens viendra rendre plus rapide et facile les expulsions. L’Italie vient de prouver qu’elle pouvait maintenant expulser vers le Soudan en moins de temps qu’il n’en faut pour saisir un juge et vérifier la légalité de l’expulsion.

Ce qui est intéressant, c’est que ce sont des associations qui vendent la nécessité et le caractère solidaire de cette politique. Les déclarations faites début juillet à propos de Paris annoncent celles de mardi dernier concernant Calais. Signe peut-être d’une évolution du centre de gravité du monde associatif, du regroupement de citoyen-ne-s bénévoles à des opérateurs répondant aux appels d’offre des pouvoirs publics, d’une forme de démocratie à un ordre néo-libéral. Puisque les associations qui font la promotion de cette politique en sont aussi les opératrices – ou dans le cas plus confus de Calais, celles qui aspirent à le devenir et essayent d’en être au moins co-gestionnaires.

 

Voici l’appel qui circule actuellement à Nantes sous forme de pétition :

 

« APPEL à Madame la Présidente de Nantes Métropole

A Nantes, plusieurs centaines de migrants vivent dans la rue ou des squats, dans des conditions d’habitat précaire, indignes et inacceptables pour des êtres humains.

Certains sont demandeurs d’asile, d’autres ont obtenu le titre de réfugié et d’autres encore ont été déboutés. Il y a aussi des migrants économiques et des mineurs non accompagnés, non pris en charge et non scolarisés. Ce sont des hommes ou des femmes, dont la plupart sont jeunes et isolés, mais parfois des familles complètes.

Mais tous sont des êtres humains contraints de quitter leur pays. Nous ne pouvons accepter qu’ils ne bénéficient pas d’un lieu d’accueil pour vivre dignement au seul motif qu’ils ne soient pas nés en France. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut augmenter l’offre globale d’hébergement actuel pour toutes les personnes sans abri.

Les associations, collectifs et citoyens mobilisés, signataires de cet appel apportent aujourd’hui aux personnes migrantes, une aide d’urgence incomplète et insuffisante. Ils refusent que ces personnes vivent dans la rue sans solution d’HEBERGEMENT ou dans des squats dont la seule issue est l’expulsion. Ils demandent que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités. En Europe, des maires se mobilisent à l’échelle de leur ville pour mettre en place des hébergements adaptés aux situations des migrants, sans distinction de statut, qui leur permettent d’attendre des solutions durables tout en intégrant leurs besoins spécifiques d’accès à leurs droits.

En ce qui concerne notre agglomération, les signataires s’engagent à accompagner la démarche, initiée par les migrants des squats de Doulon et Chantenay qui ont établi une liste des besoins nécessaires, dans l’objectif de la création d’un ou plusieurs centres d’hébergement et d’accueil. Les signataires s’adressent à la Présidente de l’agglomération nantaise pour créer les conditions d’un véritable accueil à la fois humain et digne reflétant les valeurs portées par la ville. Cette démarche implique la mise à disposition de locaux, leurs moyens de fonctionnement et la recherche de financement.

Les signataires souhaitent qu’une large concertation soit engagée d’urgence pour offrir rapidement une solution d’hébergement, d’accueil et d’accompagnement digne pour tous ces migrants. Ils forment un groupe de travail multi-partenarial qui unira ses forces et ses compétences à celles des institutions pour la réalisation de ce projet et ils sollicitent de votre part une rencontre. »

Communiqué : « Contre les expulsions destructrices – Pour la construction d’une politique d’hospitalité »

08 jeudi Sep 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 4 Commentaires

Étiquettes

Calais, campements, Exilés, expulsions, Frontière, hébergement, Norrent-Fontes, solidarité

Ce communiqué est parti de Norrent-Fontes, petite commune du Pas-de-Calais dont le campement d’exilé-e-s est menacé d’expulsion. Il témoigne bien sûr d’une mobilisation locale :

Champs de résistance, samedi 10 septembre de 11h30 à 19h, à Norrent-Fontes.

https://www.facebook.com/events/317796841905442/

Soutien au tribunal de Béthunes, mercredi 14 septembre à 14h à l’occasion du procès concernant l’expulsion.

Mais les expulsions, avec tout ce qu’elles contiennent de violence à travers l’arrachement et l’insécurisation, le plus souvent sans relogement, se sont multipliées cette année, de Paris à la frontière britannique.

Un communiqué largement partagé (vous pouvez le télécharger ici) :

 

« Contre les expulsions destructrices

Pour la construction d’une politique d’hospitalité

8 septembre 2016

 

Entre janvier et septembre 2016, à Paris, Calais, Cherbourg, Chocques, Dieppe et Steenvoorde, de nombreux campements ont été détruits, où survivaient plusieurs centaines d’hommes, femmes et enfants.

 

A Norrent-Fontes, un campement où survivent 250 exilé.e.s est menacé à son tour. Cet endroit précis est  pourtant habité depuis 2008, suite à un accord passé entre les collectivités locales, les associations et les exilés, après une décennie d’expulsions délétères. Ce campement, financé par le Réseau des Élus Hospitaliers a, comme de nombreux autres, été toléré et reconnu par les autorités préfectorales qui veulent maintenant le détruire au mépris des personnes qui s’y abritent. L’audience au tribunal de Béthune aura lieu le mercredi 14 septembre prochain.

 

A Calais, les autorités préparent la destruction des cabanes où survivent 9000 personnes. C’est pourtant précisément à cet endroit que les mêmes autorités ont décidé de parquer ces gens en 2015, le plus loin possible de la vie de la cité, tolérant explicitement la construction de ces abris. Malgré les conditions de vie extrêmement difficiles, les exilé.e.s se sont organisé.e.s individuellement et collectivement. Une vie sociale s’est développée, aujourd’hui menacée, sans autre solution que l’errance.

 

Depuis la fermeture du camp de Sangatte en 2002, plusieurs dizaines d’expulsions de squats et de campements ont eu lieu. Force est de constater que la même histoire se répète sans cesse: les pouvoirs publics ouvrent eux-mêmes ou laissent s’ouvrir des « lieux de tolérance » pour les fermer ensuite à plus ou moins longue échéance, en annonçant au pire la fin d’un problème et, au mieux, des solutions qui, étant trop souvent indignes et toujours inadaptées, montrent très rapidement leurs limites.

 

La recrudescence de ces expulsions/destructions ces derniers mois est le signe de l’échec patent des politiques d’inhospitalité mises en place par l’État et certains élus locaux à l’encontre des exilé.e.s en transit.

 

Plutôt que de réfléchir et d’expérimenter des dispositifs d’accueil adaptés, les responsables préfèrent déplacer régulièrement les bidonvilles, quitte à empirer la situation.

Nous le savons par expérience: les expulsions des lieux de vie n’ont jamais eu d’autres conséquences que d’aggraver la précarisation des personnes expulsées qui perdent leurs effets personnels, sont dispersées et condamnées, plus fragilisées encore, à errer à la recherche d’un nouvel abri.

 

Sans concertation ni solutions adaptées, la destruction des abris détruit aussi un réseau social.

Devant les carences de l’État, nombreuses sont les associations et les personnes qui viennent en aide aux exilés. Aide humanitaire, information sur les droits, accès aux soins de santé, conseil et accompagnement administratif, etc. Les destructions de lieux de vie effacent les espaces où se retrouvent des personnes de confiance et renforcent la méfiance des exilé.e.s vis à vis d’un État qui les pourchasse jusque dans les fossés, les stocke dans des containers ou les contraint à un déplacement forcé en CAO, dans la direction opposée à leur trajet migratoire.

 

La destruction des abris intensifie également la pression et la violence autour des points de passage. L’augmentation des rixes entre groupes de personnes migrantes autour de Angres, Chocques, Norrent-Fontes et à Calais même depuis la destruction de la partie sud du bidonville en mars dernier en est la preuve criante.

 

Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, les discours qui accompagnent ces destructions cristallisent et encouragent les réactions xénophobes. Ces destructions sont irrespectueuses des personnes qui passent mais aussi de celles qui restent, en transformant la question de l’accueil en problème et en faisant croire qu’il suffit de détruire des abris pour régler ce problème.

 

Il est urgent de remettre en cause cette politique systématique d’expulsion qui n’a aucun sens.

Les organisations signataires demandent instamment aux autorités:

– un moratoire sur les expulsions et destructions d’abri, tant que des solutions adaptées ne seront pas réfléchies,

– de construire l’hospitalité. D’une part, en mettant en place des Maisons des Migrants pour les exilé.e.s en transit, proches des différents lieux de passage, comme l’actuel premier ministre le suggérait il y a trois ans, et, d’autre part, en instaurant de véritables programmes d’accueil dans les communes pour les exilé.e.s qui restent,

– de renégocier avec la Grande-Bretagne les accords du Touquet qui rendent la frontière meurtrière,

– de renégocier le règlement Dublin III qui empêche les demandeurs d’asile de déposer leur dossier dans le pays de leur choix, rallonge coûteusement et inutilement les délais d’examen de la demande et est la cause de nombreux départs de CAO, les exilé.e.s craignant de se faire expulser dans des pays qu’ils ont traversés.

 

 

Pour dénoncer la politique actuelle, inefficace et destructrice et pour défendre l’hospitalité, les organisations signataires appellent à

– participer samedi 10 septembre à la journée festive «champs de résistance» au campement de Norrent-Fontes,

– assister à l’audience au tribunal de Béthune le mercredi 14 septembre à 14h

 

 

Signataires:

Organisations régionales:

Hauts de France:

ACC Minorités Visibles

Arras Solidarité Réfugiés

L’Auberge des Migrants

La Brique

La Cabane Juridique / Legal Shelter

Care4Calais

La Cimade – Nord/Picardie

ECnou

Emmaüs Dunkerque

Fraternité Migrants Bassin Minier 62

Gynécologie Sans Frontière – délégation Hauts de France

Ligue des Droits de l’Homme – Dunkerque

Médecins du Monde – Hauts de France

Réveil Voyageur

Secours Catholique – délégation du Pas-de-Calais

Secours Populaire – Vendin/Oblinghem

Terre d’Errance

Terre d’Errance Steenvoorde

Utopia 56

Normandie :

Itinérance Dieppe

Paris :

La Chapelle Debout

Kâlî

Organisations nationales:

Association pour la Défense des Droits des Étrangers (ADDE)

CCFD Terre Solidaire

Emmaüs France

Fondation Abbé Pierre

Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées (GENEPI)

Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE)
Revue Pratiques, les Cahiers de la médecine utopique

Syndicat de la Médecine Générale

Syndicat de la Magistrature

Dont organisations membres de la CFDA:

Elena France

Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés (Gisti)

Jesuit Refugee Services (JRS) – France

Ligue des Droits de l’Homme (LDH)

Mouvement Contre le Racisme et Pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP)

Organisations Internationales :

Emmaüs International »

 
Pentax Digital Camera

 

Paris : des campements qui se succèdent

15 vendredi Juil 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 8 Commentaires

Étiquettes

Asile, Calais, campements, Exilés, expulsions, hébergement, Paris, solidarité

Saison après saison les campements continuent de se succéder à Paris, selon le même processus : un campement insalubre se forme, des solidarités se mobilisent, l’expulsion arrive et les habitant-e-s sont dispersé-e-s dans des lieux de relogement (voir ici, ici, ici, ici et là), maintenant appelés comme pour Calais et Grande-Synthe Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO).

Le projet de la mairie de Paris de créer un ou plusieurs camps de réfugié-e-s a été reporté à septembre. Il s’agit de lieux d’attente d’une orientation vers les CAO. Il ne s’agit pas d’accueillir, mais de disperser ceux et celle dont la mairie de Paris décidément ne veut pas.

Sans résoudre les problèmes qui expliquent l’apparition de ces campements, mais en les masquant. Que l’État ne respecte pas la loi qui veut que le demandes d’asile soient enregistrées sous trois jours et les personnes ensuite orientées vers le dispositif d’accueil des demandeur-se-s d’asile. Que l’État ne mette pas en œuvre les moyens nécessaires pour faire face à la situation des sans-abris à Paris, qui nombreux, et il n’y a pas que les exilé-e-s.

Donc on masque, on disperse, et on ne résout pas. Et on éloigne des solidarités qui se créent autour des campements.

Un témoignage, sur un campement sous le métro aérien, près de la station de métro Jaurès, qui est près de la station Stalingrad, qui est près de la station La Chapelle, lieux où les campements se succèdent. Et des liens si vous souhaitez soutenir ou vous impliquer.

 

https://www.facebook.com/salamquandmeme/

« Ce soir 14 juillet 2016 ils sont arrivés au son des feux d’artifice. Deux familles et sept enfants se présentent à Jaurès, sous le métro, entre le 19ème et le 10ème arrondissements de Paris. Il est minuit. Un campement est né. Encore oui. Au beau milieu des déjà 500 autres réfugiés à même le sol, rangés comme des sardines dans leur sacs de couchage quand ce n’est pas juste un carton, on se débrouille, on accepte, on se chamaille, on se dispute, on se bat. On a faim. Soif. On attend devant France Terre d’Asile. Quel beau symbole de notre politique d’accueil des migrants en France. Certains ont peur de la suite. Et du son des feux d’artifice. Dans plusieurs villes en Allemagne les réfugiés ont obtenu l’annulation des feux d’artifice. Là-bas c’est une toute autre politique, avec ses bons côtés comme les cours d’Allemand et l’école immédiate, pas de camp de rue, ou encore le travail et un salaire au bout de 6 mois. C’est pour cela que le petit afghan de 6 ans parle déjà la langue.

Et puis dans la journée, 26 nouveaux jeunes mineurs avaient déjà débarqué. Au grand dame d’Agathe, chargée pendant cette période des accompagnements de mineurs par la bande. Et par Emmaüs aussi, officieusement, parce que non content d’être en sous-effectif ils sont aussi en vacances. Deux personnes en maraude chez Emmaüs pour tout gérer c’est impossible et tout le monde le sait. Comment suivre le rythme, que faire pour tous ces nouveaux malheureux combattants de la vie venus échouer sur nos bitumes crasseux? On dirait du Zola cette

histoire.On dirait pas en fait. C’est la vérité. Tout le monde se démmerde avec du rien, la force de résister, de vivre, d’aider aussi pour les soutiens que j’admire sincèrement. Bravo. Et nous, les gentils Français bisounours, nous sommes leurs malveillants malgré nous. Car on les refuses déjà en refusant de les voir. On ne va pas les voir. Il y a trop peu de soutiens. Comme le souligne une dame qui passe par là, avec sa fille en poussette, nous avons perdu nos valeurs civiques et nous préférons ne pas regarder parce que ça nous serait trop « violent ».

Et pour moi aussi. Quand ce jeune afghan vient vers moi en grelottant de froid, après deux jours passés dans un camion entre Vintimille et Paris, moi non plus, je ne réagit pas, et le laisse insulter la terre et le ciel en jetant son carton au sol. C’est comme ça ici, c’est ça la France mon gars, faut la mériter. Mais vraiment, hein.

Pour agir, vous pouvez venir sur le camp. Et/ou financer, amener des vêtements, de la nourriture, en passant par les collectifs qui sont facilement joignables. Par exemple :

– Cagnottes :
https://www.leetchi.com/c/solidarite-de-refugie-e-s-de-paris
https://www.lepotcommun.fr/pot/grvg84ip
– Nourriture :
https://www.facebook.com/groups/organisationravitaillement/?fref=ts
et l’association au cœur de la précarité
– Vêtements :
Eglise St Bernard 12 rue St Bruno Paris 18, demandez Pedrohttps://www.facebook.com/pedro.p.naranjo?fref=ts
– Couvertures, tentes:
page fb de Maria Renon : https://www.facebook.com/profile.php…
– Sanitaires/santé :
Collectif parisien de soutien aux exilé.e.s: https://www.facebook.com/Collectif-parisien-de-soutien-au…/…
Collectif « Les médecins migrateurs » : https://www.facebook.com/Les-M%C3%A9decins-Migrateurs-284…/…
– Juridique:
Aide matérielle et le soutien aux mineurs (TIMMY) et aux familles : www.exiles.org,
Permanences juridiques du BAAM les mardi, mercredi et vendredi 17h-20h Mairie du 4e
Permanences a l’Atmf, 10 rue Affre, les lundi et mercredi de 14h à 17h, pour information sur demande d’asile, documentation, conseils juridiques, avocat si besoin
… et aussi les cours de français, les sorties artistiques, les groupes d’expression théatrale : BAAM – Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants : https://www.facebook.com/baam.asso/?fref=ts »

 

 

Expulsion du campement de Steenvoorde

11 lundi Juil 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 11 Commentaires

Étiquettes

Calais, campements, Exilés, expulsions, politiques migratoires, Steenvoorde

Après Chocques, Dieppe (plusieurs expulsions et destructions à la suite), Cherbourg (plusieurs expulsions et destructions à la suite), et alors qu’une procédure d’expulsion est engagée contre les habitant-e-s du campement de Norrent-Fontes, celui de Steenvoorde (voir ici et là) a été évacué ce matin.

Tandis que l’attention porte sur la Loi travail et l’Euro de foot, que Calais semble calme et n’attire plus l’attention depuis la destruction de la partie sud du bidonville, qu’est agitée l’idée de camps de réfugié-e-s en France, les expulsions et destructions de campements se multiplient.

Concrètement, la police débarque à 6h30 d matin et vous met dans des bus, vos abris et les effets personnels que vous n’avez pas pu prendre avec vous vont être détruits. Mais « dans le calme » écrivent des journalistes avec un cynisme qui fait froid dans le dos, comme pour enterrer ce qu’il y a de commune humanité entre « eux » et « nous », qui nous permettrait de ressentir ce qui est arrivé ce matin-ci.

http://www.lavoixdunord.fr/region/demantelement-du-camp-de-migrants-de-steenvoorde-dans-le-calme-ia18b47675n3625880

 

Parc Bercy léger

Expulsions de campements à Dieppe et Cherbourg

09 samedi Juil 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 11 Commentaires

Étiquettes

Calais, campements, Cherbourg, Dieppe, Exilés, expulsions

Dans les lieux plus discrets que Calais et Grande-Synthe, les campements qui existent dans les ports et à proximité des parkings autoroutiers en amont du littoral, prévaut toujours la politique de déguerpissement mise en place avec la fermeture en 2002 du camp de Sangatte.

Ainsi Dieppe a connu le 29 juin une nouvelle expulsion, concernant cent vingt personnes, dont la plupart s’étaient dispersées dans les jours précédant cette évacuation annoncée.

https://www.facebook.com/refugiestransmanchedieppe/

http://france3-regions.francetvinfo.fr/haute-normandie/seine-maritime/dieppe/dieppe-76-les-migrants-albanais-s-eparpillent-dans-la-nature-1033461.html

La situation à Dieppe (voir ici, ici et là) fait de plus en plus penser à Calais. L’expulsion a été suivie d’une chasse dans la ville pour empêcher les personnes de se poser. Des grilles sont installées autour du site évacué pour empêcher une éventuelle réinstallation sur le site. Les expulsions sont accompagnées d’une rhétorique xénophobe de la part des autorités, notamment du maire communiste, portraiturant les exilé-e-s comme une « mafia albanaise ». L’extrême-droite entre dans le jeu, avec une manifestation de PEGIDA France, branche française d’un mouvement islamophobe né en Allemagne.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/haute-normandie/seine-maritime/dieppe/dieppe-le-rassemblement-anti-migrants-de-pegida-sans-debordements-1039597.html

La situation des exilé-e-s albanais-e-s est particulière, ce qui explique sans doute la rhétorique xénophobe utilisée à leur encontre. Les ressortissant-e-s albanais-e-s sont dispensé-e-s de visa pour un court séjour (moins de trois) dans l’espace Schengen à condition de posséder un passeport biométrique, et sont donc en situation régulière sur le sol français (sous réserve d’assurance, moyens de subsistance, questions administratives sur lesquelles les autorités peuvent jouer pour les expulser). L’Albanie a entamé les démarches d’adhésion à l’Union européenne. Les Albanais-e-s représentent près de 10 % des personnes expulsées depuis la métropole, devenant une nationalité permettant de faire du chiffre comme ont pu l’être les Roumain-e-s avant l’adhésion de leur pays à l’Union européenne (ceci dit les Roumain-e-s représentent encore en 2015 6 % des expulsions depuis la métropole).

À Cherbourg, les exilés avaient pu être mis à l’abri pendant l’hiver dans un local désaffecté mis à disposition par le diocèse. Ce local a été mis en vente, et on en est revenu à la précarité des campements, et aux expulsions en série. Le 7 juillet, les exilés ont connu leur troisième expulsion depuis trois mois.

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-camp-de-migrants-installe-tourlaville-evacue-ce-jeudi-matin-1467886869

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, après l’expulsion du campement de Choques le 1er juin (voir ici et là), ceux de Norrent-Fontes et de Steenvoorde sont à leur tour menacés.

 

Dieppe grillagesDieppe, grillages autour d’un lieu où s’étaient abrité des exilés après leur expulsion. C’est comme à Calais. Photo Itinérance Dieppe.

Des camps de réfugié-e-s en France : pourquoi faire ?

03 vendredi Juin 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Asile, bidonvilles, Calais, campements, camps, droits, Dunkerque, Exilés, hébergement, Paris

Lundi, visite ambiguë des ministres de l’intérieur et du logement à Grande-Synthe, à côté de Dunkerque (voir ici et là). D’un côté l’État accepte de financer le camp de réfugié-e-s créé par Médecins Sans Frontières après avoir tenté d’en empêcher la création, de l’autre il affiche une volonté de contrôler et d’aboutir à la fermeture du camp.

Mardi, la mairie de Paris annonce la création d’un ou plusieurs camps de réfugié-e-s dans Paris pour répondre à l’apparition récurrente de campements d’exilé-e-s, dans des conditions d’insalubrité et d’une grande précarité (voir ici, ici, ici, ici et là). À Grande-Synthe aussi, il s’agissait de remplacer un campement insalubre par un camp aux normes internationales.

Mercredi, le petit campement de Chocques, près de Béthune, est détruit (voir ici et là). Il n’est pas question là de créer un lieu d’accueil plus digne, ce qui existe est détruit, les habitant-e-s peuvent éventuellement partir à l’autre bout de la France dans un « centre de répit », mais sur place rien ne leur est proposé. Un autre campement devrait se construire un peu plus loin, destiné à être à son tour détruit, comme ça se passe depuis quinze ans. Pareil à Dieppe (voir ici, ici et là), Cherbourg (voir ici ou là) ou Caen, là où les choses n’ont pas trop de visibilité.

Des situations à plusieurs vitesses, selon la visibilité et les rapports de force entre les acteurs en présence.

Sachant qu’il n’y a pas en France de guerre ou de catastrophe naturelle laissant de manière soudaine des milliers de personnes sans abris et nécessitant une réponse d’urgence. Il y a des exilé-e-s qui arrivent en France depuis des années, avec une grande stabilité géographique des lieux de leurs étapes, leur nombre étant en augmentation sensible depuis 2013, c’est-à-dire de manière progressive, et surtout prévisible.

S’il y a des situations d’urgence c’est parce que les mesures adaptées pour faire face à la situation n’ont pas été prises. On fait donc du rattrapage.

Sachant qu’il y a en France un dispositif d’hébergement d’urgence, par principe inconditionnel, c’est-à-dire qu’on doit accueillir toute personne quelle que soit sa situation administrative – avec ou sans papiers. Sauf que ce dispositif est devenu au fil des années de plus en plus insuffisant pour accueillir toutes les personnes sans abri, parce que les moyens budgétaires n’ont pas été alloués pour que le dispositif puisse répondre à l’augmentation du nombre de sans-abris.

Alors on sort du droit commun les dernier-ère-s arrivé-e-s et on leur fait – au mieux, quand l’attention médiatique et le rapport de force le permettent – des camps de réfugié-e-s, à partir desquels on va les disperser sur l’ensemble du territoire dans des « centres d’accueil et d’orientation », pour répartir le « fardeau » dû à leur présence.

Or la question de fond est sommes-nous une société qui accepte que des hommes, des femmes et des enfants vivent à la rue, quels que soient leur origine et leur parcours, ou sommes-nous une société qui consacre les moyens budgétaires nécessaires à ce que ça n’arrive pas ? Et c’est bien un choix qui se pose à un pays qui, crise ou pas, est et reste un pays riche. Riche suffisamment pour offrir à chacun-ne-e un toit, en choisissant de consacrer de l’argent à ça – plutôt qu’à autre chose.

Et cette histoire de camps de réfugié-e-s détourne le regard de cette question. Bien sûr c’est mieux un camp de réfugié-e-s qu’un campement insalubre. Mais est-ce que ça veut dire que nous acceptons de vivre dans une société où des gens vivent à la rue ? Est-ce que nous acceptons que cette décision soit prise en notre nom ? Ou est-ce que nous exigeons que les moyens budgétaires soient mis pour que personne ne vive à la rue ?

Sachant qu’il existe aussi une obligation d’accueil pour les personnes qui demandent l’asile. Que la loi prévoit que leur demande soit enregistrée sous trois jours – dix jours en situation d’urgence, mais quand l’urgence dure des mois elle devient la situation normale à laquelle il faut répondre – donc trois jours. Et à partir du moment où la demande est enregistrée, l’État doit fournir des conditions matérielles d’accueil adéquates.

Il y a une dizaine d’année c’était possible, puis il y a eu une baisse du nombre de demandeur-euse-s d’asile, puis une remontée, et pourquoi ce qui était possible il y a dix ans ne le serait plus maintenant. Mais encore une fois la question est moins celle des exilé-e-s que celle du monde dans lequel nous voulons vivre. Voulons-nous vivre dans un État de droit, où l’État respecte ses propres lois ? Ou voulons-nous vivre dans une société ou tout-e un-e chacun-e peut être soumis-e à l’arbitraire de l’État ?

Et si l’irruption sur la scène publique des exilé-e-s dans le courant de l’année 2015 a mis en tension les contradictions politiques de l’Europe, c’est peut-être – sans doute – en nous renvoyant ces questions sur le présent et l’avenir que nous voulons.

Alors « refugees welcome », non seulement pour ce que vous êtes et que vous nous apportez en partage, mais aussi pour ce que votre venue nous renvoie de nous-mêmes et que nous devons – enfin – nous attacher à résoudre.

 

Dessin Calais droits de l'hommeParce qu’aujourd’hui, c’est comme ça…

Expulsion de Chocques : communiqué des associations

02 jeudi Juin 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

≈ 8 Commentaires

Étiquettes

Calais, campements, Chocques, Exilés, expulsion, solidarité

Suite à la destruction du campement de Chocques le 1er juin, les associations de soutien aux exilé-e-s rappellent quelques vérités.

 

« Communiqué de presse

A Chocques, une expulsion sans illusion

Jeudi 2 juin 2016.

Mercredi 1er juin 2016, les forces de l’ordre, les services préfectoraux et une entreprise privée sont intervenus en présence du sous-préfet de Béthune pour expulser et détruire le campement de Chocques où survivaient une vingtaine de migrants en transit, originaires d’Érythrée, du Soudan et d’Éthiopie.

La ville de Chocques est située non loin de l’aire de repos de la Grande Bucaille sur l’A26, l’une des autoroutes qui mène au port de Calais. Ce campement est occupé par des exilés candidats au passage vers la Grande Bretagne depuis 2014. A l’automne 2015, une vingtaine d’exilés hommes et femmes se sont installés sur un terrain appartenant à Réseau Ferré De France qui a demandé l’expulsion du lieu devant le TGI de Béthune et l’a obtenu en avril 2016.

La DDCS a proposé une solution de relogement aux exilés : les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO).

Aucun exilé présent n’a voulu monter dans le bus qui les y aurait emmenés.

En effet, si le départ en CAO peut convenir à certains, les exilés les plus proches de la traversée de la frontière n’envisagent pas cet éloignement des points de passage et regardent avec méfiance le dispositif proposé en raison des grandes inégalités de traitement selon les CAO.

L’expulsion a été menée rapidement et dans les règles: le terrain, dont Réseau Ferré de France ne s’est jamais servi, est désormais rasé. Plus rien ne reste du campement qui s’y dressait hier.

Mais les exilés sont là.

Désormais sans aucun abri. Avec, en tête, cette expulsion supplémentaire, inutile et délétère. Comme d’habitude. Ils craignent d’aller à Calais retrouver les tensions qui ont marqué le week-end dernier, conséquences de la promiscuité suite à la destruction d’une grande partie du bidonville le mois dernier. Pour l’instant accueillis par la communauté Emmaüs de Bruay, ils ne savent où aller.

Les points de passage n’étant pas nombreux, l’aire de la Grande Bucaille sera sans doute prochainement à nouveau fréquentée par des exilés sans refuge qui tenteront de monter dans des camions.

Que se passera-t-il alors ? Une nouvelle expulsion ?

Est-ce que les autorités peuvent enfin admettre la présence de personnes en transit ? Est-ce que le droit à l’hébergement peut enfin être respecté ? Est-ce que l’hospitalité peut enfin être mise en œuvre ?

Cette expulsion intervient le lendemain de la signature en grande pompe d’une convention concernant le camp de Grande-Synthe dans laquelle l’État s’engage à soutenir financièrement le fonctionnement du camp tout en annonçant sa volonté de l’effacer de la carte.

Il est illusoire de croire que les gens et les campements vont disparaître parce que des abris d’infortune ont été détruits ou parce qu’un ministre l’a décidé. Cela fait des années que les autorités successives s’entêtent à en faire la preuve. Ce qui s’est passé à Chocques hier n’en sera qu’un exemple de plus.

Il est illusoire de croire qu’il est possible de déplacer les exilés au gré des volontés gouvernementales. Ces personnes ne sont pas là dans l’espoir d’être parquées dans des conteneurs ou dans des ghettos. Elles sont là pour aller retrouver des proches ou continuer des études en Grande-Bretagne ou ailleurs. Certaines autres demandent l’asile ou pourraient entamer cette démarche en France mais l’hostilité administrative qu’elles subissent et l’incertitude quant à leur prise en charge ne le permettent pas.

Les associations et personnes qui viennent en aide aux exilés présents à Chocques et ailleurs continueront à les soutenir et à leur fournir de quoi s’abriter de la pluie et du vent, où qu’ils soient, et ceci tant que l’État ne se montrera pas responsable et respectueux de leurs droits fondamentaux.

Pour éviter des destructions inutiles et coûteuses comme celles de Chocques, les organisations signataires demandent instamment aux autorités:

– de construire l’hospitalité en mettant en place des Maisons des Migrants proches des différents lieux de passage, comme l’actuel premier ministre le suggérait il y a trois ans,

– de renégocier avec la Grande-Bretagne les accords du Touquet qui rendent la frontière meurtrière

– de renégocier le règlement Dublin III qui empêche les demandeurs d’asile de présenter leur demande dans le pays de leur choix et rallonge coûteusement et inutilement les délais d’examen de la demande.

Signataires :

Aide Migrants Solidarité (AMiS)

Arras Solidarité Réfugiés

Comité humaniste et résistant

Comité local du Secours Populaire Français de Vendin-Oblinghem

Délégation du Secours Catholique du Pas-de-Calais

ECNou

Emmaüs France

Entraide de l’Eglise Protestante Unie de France à Dunkerque

Fraternité Migrants Bassin Minier 62

Itinérance Cherbourg

La cabane juridique / Legal center

Médecins du Monde Haut de France

Terre d’Errance

Terre d’Errance Flandres Littoral

Terre d’Errance Steenvoorde »

 

← Articles Précédents

Passeurs d’hospitalités

Passeurs : font circuler la parole, et relient les êtres et les rives.

Hospitalités : les mille formes de l'accueil et de la rencontre entre les êtres.

Le bloguistan des Passeurs d’hospitalités

  • Passeurs d’hospitalités – English
  • Exilés dans les Balkans (fr)
  • Exiles in the Balkans (en)
  • Lampedusa – une île

Contact :

passeurs.dhospitalites (at) laposte.net

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Abonnement flux RSS

  • RSS - Articles

Articles récents

  • DECEMBRE 2022 A CALAIS
  • NOVEMBRE 2022 A CALAIS
  • Une cinquantaine de soutiens entravent de nouveau l’expulsion du campement rue du Beau Marais à Calais
  • Blocage d’une opération d’expulsion quotidienne sur un lieu de vie à Calais
  • La marionette Amal arrivera bien à Calais Dimanche 17 octobre
  • A Calais, trois personnes entament une grève de la faim pour demander l’arrêt de la politique de harcèlement envers les personnes exilées.
  • « Ayez pitié des passants » Lettre d’un exilé de passage, sur la route de l’Angleterre
  • A Calais, suite au décès de Yasser, les personnes exilées appellent à une manifestation pour la paix.
  • Pour la collecte des déchets sur les lieux de vie des personnes exilées du Calaisis.
  • Hommage aux personnes exilées qui sont décédées en tentant d’atteindre l’Angleterre

Archives

  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Articles récents

  • DECEMBRE 2022 A CALAIS
  • NOVEMBRE 2022 A CALAIS
  • Une cinquantaine de soutiens entravent de nouveau l’expulsion du campement rue du Beau Marais à Calais
  • Blocage d’une opération d’expulsion quotidienne sur un lieu de vie à Calais
  • La marionette Amal arrivera bien à Calais Dimanche 17 octobre
  • A Calais, trois personnes entament une grève de la faim pour demander l’arrêt de la politique de harcèlement envers les personnes exilées.
  • « Ayez pitié des passants » Lettre d’un exilé de passage, sur la route de l’Angleterre
  • A Calais, suite au décès de Yasser, les personnes exilées appellent à une manifestation pour la paix.
  • Pour la collecte des déchets sur les lieux de vie des personnes exilées du Calaisis.
  • Hommage aux personnes exilées qui sont décédées en tentant d’atteindre l’Angleterre

Archives

  • janvier 2023
  • décembre 2022
  • novembre 2021
  • octobre 2021
  • septembre 2021
  • août 2021
  • mai 2021
  • avril 2021
  • mars 2021
  • février 2021
  • janvier 2021
  • décembre 2020
  • novembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • août 2020
  • juillet 2020
  • mars 2020
  • mai 2018
  • mars 2018
  • février 2018
  • janvier 2018
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mai 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com

Propulsé par WordPress.com.

Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies
  • Suivre Abonné∙e
    • Passeurs d'hospitalités
    • Rejoignez 956 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Passeurs d'hospitalités
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…