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Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives de Tag: Frontière

Encore un mort – Nos frontières tuent.

24 samedi Mar 2018

Posted by casoar2 in Non classé

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Frontière, morts

M., un jeune homme de 22 ans est mort, coincé entre deux containers, dans la nuit du 21 au 22 mars 2018, au port de Zeebruges, en Belgique, alors qu’il essayait de rejoindre l’Angleterre.

C’est la 4ème personne morte à la frontière britannique en 2018.

Comme l’impression de répéter cette phrase, encore et encore, « Ce n’est pas un compte, c’est à chaque fois une personne qui est morte. ».

 

Sont morts également cette année à la frontière avec l’Angleterre:

Le 17 mars 2018 : Un jeune homme afghan de 25 ans, poignardé à Calais.

Le 30 janvier 2018 : A., venu d’Oromia, percuté sur la E40 près de Jabbeke en Belgique alors que la police le pourchassait.

Le 8 janvier 2018 : S., un jeune érythréen, percuté sur la voie rapide à côté de Marck, dans le Pas-de-Calais.

Photos d’une frontière

14 mercredi Fév 2018

Posted by passeusesdhospitalites in Non classé

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Bruxelles, Calais, campements, Dunkerque, Exilés, expulsions, Frontière, harcèlement policier, Paris, politiques migratoires, solidarité

La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.

Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».

ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.

A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche…  »

Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…

Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…

Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.

En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

 

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photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto

Un mort jeudi soir

05 samedi Août 2017

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Calais, exilé, Frontière, mort, Royaume-uni

 

La violence frontalière ne prend pas de vacances.

Fisha, 22 ans, venu d’Érythrée, est mort jeudi dernier 3 août vers 23h40, écrasé sur l’autoroute par plusieurs véhicules après avoir sauté de la camionnette dans laquelle il était. C’est le septième mort connu à la frontière britannique en 2017.
« Ce n’est pas un compte, c’est à chaque fois une personne qui est morte. »

http://www.lavoixdunord.fr/200432/article/2017-08-04/un-migrant-meurt-percute-sur-l-a16

Un rassemblement de solidarité a eu lieu aujourd’hui à 18h30 à Calais, comme après chaque décès.

A cause de la politique frontalière sont morts également cette année :
Omar, un mineur soudanais de 17 ans, a été écrasé le 22 juillet par le bus auquel il s’était accroché à Bruxelles.

Un conducteur polonais, est mort après avoir percuté un barrage sur l’autoroute, le 20 juin.

Kim Le, exilé venu du Vietnam, s’est suicidé à l’hôpital, le mercredi 31 mai

Le mardi 2 mai, un exilé est mort gare du Nord à Paris, brûlé par l’arc électrique formé par les caténaires sur le toit de l’Eurostar où il avait réussi à monter.

Un exilé afghan est mort suite à une tentative de passage le 11 mars.

Johnsina, 20 ans, venu d’Éthiopie, est mort samedi  21 janvier vers 8h du matin, écrasé sur l’autoroute par plusieurs camions.

 

Grande-Synthe : la politique du zéro abri

17 samedi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Dunkerque, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Il était devenu classique d’opposer Grande-Synthe à Calais. D’un côté une solution d’accueil d’urgence, un camp de réfugié-e-s aux normes internationales voulu par la municipalité, même si la reprise en main par l’État avait entraîné une dégradation des conditions d’accueil (voir ici, ici et là). De l’autre la violence d’une politique de non-accueil. Avec la destruction du bidonville de Calais et la fermeture des structures que l’État y avait mises en place (centre Jules Ferry et camp de containers), et l’incendie du camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe, les conditions ont été nivelées par le bas : la politique du zéro abri s’applique tant dans le Calaisis que dans le Dunkerquois (voir ici, ici et là).

 

Témoignage de la Cimade (cliquez sur le lien pour voir aussi le diaporama qui accompagne l’article) :

http://www.lacimade.org/exiles-grande-synthe-sans-abris-puythouk/

« Les exilés de Grande-Synthe sans abris au Puythouk

14 juin 2017

Depuis l’incendie du camp de la Linière le 10 avril 2017, il n’existe plus de structure d’accueil inconditionnel pour les personnes exilées en transit à Grande-Synthe et sur le littoral. Reportage dans le bois du Puythouck où vivent près de 300 Kurdes irakiens.

Au Puythouk, zone naturelle protégée et bucolique, quelques joggers et promeneurs circulent encore dans les allées, mais ce sont surtout près de 300 personnes exilées qui vivent dans des conditions précaires proches de l’insalubrité. Beaucoup d’enfants, des femmes enceintes et quelques mineurs isolés dorment à même le sol dans le bois et les pelouses alentours. Le seul « équipement » disponible est une benne à ordure installée par la mairie. Pas d’accès à l’eau, pas de toilette ni de douche et surtout pas d’abris. Une situation qui rappelle celle du camp du Basroch. 3 000 personnes exilées y campaient dans la boue en janvier 2016 avant la construction en mars du camp de la Linière.

NETTOYAGE PAR LA POLICE

« La police fait un ‘nettoyage’ comme ils disent, deux fois par semaine » explique Claire Millot de l’association Salam qui distribue des repas quatre jours par semaine. « Mardi ils ont fait une grosse opération, ils empêchent toute tentative d’installation, tentes ou abris précaires sont détruits, les sacs de couchage et les couvertures sont gazés. Mais le harcèlement policier ici c’est rien par rapport à Calais ! » Si les policiers semblent plus corrects que dans le Pas-de-Calais, la différence de traitement est probablement liée à la personnalité du maire, et du préfet du Nord. Magali De Lambert, coordinatrice d’accès au droit pour La Cimade à Grande-Synthe, tempère cette analyse : « On ne peut pas se féliciter, parce qu’ailleurs sur le littoral, la situation est plus violente. » Sans compter les témoignages recueillis parfois terrifiants comme cet homme qui raconte que jeudi 8 juin, à l’occasion d’une tentative de passage, la police est intervenue dans un camion : « Ils ont gazé à l’intérieur du camion, puis refermé la porte un temps avant de faire sortir les personnes et les disperser. » Un garçon d’une dizaine d’années a les yeux très irrités 24 heures après les faits.

UN PROJET DE VIE QUI RESTE LE MÊME

Les personnes exilées ici sont presque toutes originaires du Kurdistan irakien, mais ces jours-ci, une vingtaine d’Iraniens et de Pakistanais partagent leur sort au Puythouk. À Pâques, Salam avait distribué 40 repas, désormais c’est plutôt 250, mais difficile pour les associations de faire des évaluations. « L’incendie du camp, le harcèlement policier, les conditions de vie déplorables dans le bois ne vont pas faire changer de projet de vie les personnes », explique Magali De Lambert, « elles veulent se rendre au Royaume-Uni et très peu renoncent à leur souhait ».

Les familles acceptent parfois des places en centre d’accueil et d’orientation (CAO) pour se reposer un temps. Mais plusieurs sont revenues au Puythouk pour tenter une nouvelle fois le passage. C’est le cas d’une mère avec ses deux filles adolescentes jumelles et un couple avec un enfant de quatre ans revenus pour la troisième fois de CAO. D’autres préfèrent rester près des points de passage et des passeurs, comme Silan, 35 ans, accompagnée de son bébé de six mois : « Mon mari est passé la semaine dernière avec nos deux autres enfants, il a commencé ses démarches pour demander l’asile. » La procédure de réunification familiale est longue, « ça peut durer plus de quatre mois », lui explique Magali De Lambert, « et il faut que vous puissiez fournir des documents d’état civil attestant de votre mariage ainsi que les démarches entreprises par votre mari au Royaume-Uni ». Silan ne peut pas attendre si longtemps « c’est trop long pour les enfants », le lendemain, elle tente une nouvelle fois le passage, mais sera de retour pendant la distribution du repas.

ACTIONS JURIDIQUES

Les possibilités d’actions juridiques concernent aussi les mineurs isolés ou les rares personnes qui souhaitent demander l’asile en France, plutôt que poursuivre leur route vers Londres. Elles sont souvent découragées, car pour faire la démarche, elles sont contraintes de se rendre à Lille, sans moyen de transport. Et attendre, sans hébergement, des semaines, l’enregistrement de leur demande d’asile en préfecture. Beaucoup préfèrent donc rester au Puythouk quand elles apprennent qu’aucune place d’hébergement n’est disponible et qu’elles devront continuer de vivre à la rue.

Redir a 40 ans, il était chercheur à l’université de Duhok, grande ville du Kurdistan au nord de l’Irak. Il connaissait un peu la situation avant de venir, mais ne s’attendait pas à dormir dans la forêt enroulé dans une couverture. « Quand on est menacé de mort, l’urgence c’est la fuite, le reste importe peu. » Avec sa femme et leurs enfants de cinq et huit ans, ils espèrent rejoindre le Royaume-Uni où réside un neveu qui est de nationalité britannique.

UNE MISSION À LA RENCONTRE DES ACTEURS

L’action de La Cimade menée dans sa permanence d’accès aux droits à Grande-Synthe depuis juillet 2016 était liée à l’ouverture du camp de la Linière. Deux mois après l’incendie, même s’il n’y a pas de baisse de fréquentation de sa permanence, La Cimade a entrepris du 6 au 9 juin une mission de terrain à la rencontre des associations et des personnes exilées pour mieux répondre aux besoins des personnes exilées. « On présente nos actions aux partenaires, on évoque les questions de formation et on étudie la possibilité d’une présence au Puythouk pour identifier des personnes qui souhaitent un soutien juridique dans leurs démarches » détaille Magali De Lambert. Emmaüs, Médecins du Monde, Gynécologie sans frontière, Salam, Care4Calais, Refugee Community Kitchen, Dunkirk Legal Support Team, Plateforme citoyenne Bruxelles et autres militants font partie des acteurs de terrain rencontrés dans le cadre de cette mission.

OUVERTURE D’UN NOUVEAU CAMP ?

Mais la question d’une redéfinition de l’action de La Cimade sera peut-être tranchée plus vite que prévu. En effet, Damien Carême, le maire (EELV) de Grande-Synthe a annoncé qu’avec ou sans l’État, il y aurait un nouveau camp. Pour que l’accueil inconditionnel des personnes en exil dans le Nord et le Pas-de-Calais soit réel, quelle que soit leur nationalité et leur situation administrative, ce n’est pas un camp que l’État doit mettre en place, mais plusieurs camps. Une demande soutenue par les associations qui ont écrit le 2 juin au président de la communauté urbaine de Dunkerque.

 

Matthew Pratt : Elizabeth Gay avec les jumelles Sarah et Ann.

 

 

 

Calais – Défenseur des Droits : « Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité »

14 mercredi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, droits, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Lundi 12 juin, une équipe du Défenseur des Droits s’est rendue à Calais pour constater la situation actuelle. Le Défenseur des Droits est une institution mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy, regroupant quatre autorités indépendantes (Défenseur des Enfants, Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, Médiateur de la République). En juin 2011 sa première saisine concerne la situation des exilé-e-s à Calais, sur la base d’un rapport établi par des membres du mouvement No Border, soutenu par une trentaine d’associations. Après enquête, la décision du Défenseur des Droits condamne sans équivoque les violations des droits commises par l’État. Depuis l’institution suit la situation à Calais et a pris position de multiple fois (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

Aujourd’hui, le Défenseur des Droits constate une situation pire que jamais.

 

https://defenseurdesdroits.fr/node/23868

Vous pouvez télécharger le communiqué du Défenseur des Droits ici.

 

« Visite des services du Défenseur des droits le lundi 12 juin à Calais

Mercredi 14 Juin 2017

Le Défenseur des droits dénonce une nouvelle fois les conditions de vie inhumaines que subissent les exilés à Calais

 

Très préoccupé par les faits portés à sa connaissance, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a demandé à ses services de se rendre sur place lundi 12 juin 2017. A cette occasion, ses agents se sont longuement entretenus avec de nombreux exilés et les associations leur venant en aide.

Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs, et qui demeurent à ce jour sans précédent.

 

Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité

La volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré : les personnes – entre 500 et 600 selon plusieurs informations croisées – dont des mineurs, dorment à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations. Ils disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville. Les migrants ne peuvent dès lors plus dormir, ni même se poser ou se reposer et restent constamment sur le qui-vive. Ils sont visiblement dans un état d’épuisement physique et mental.

Tous les points d’eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire. Se laver et boire de l’eau est leur principale demande.

Alors que Tribunal administratif de Lille a considéré le 22 mars 2017 que l’interdiction de distribution de repas par les associations était constitutive d’un traitement inhumain ou dégradant, une seule distribution associative est tolérée le soir, pendant une heure, ce qui ne permet pas de nourrir tous ceux qui le souhaiteraient. Les autres sont empêchées par les forces de l’ordre, au motif de« consignes préfectorales » quel que soit le public concerné (familles, jeunes enfants).  Une association procède à des distributions itinérantes, cherchant ainsi à accéder aux exilés qui n’osent plus se rendre sur les lieux de distribution, de peur de se faire interpeller. Depuis une semaine, parce qu’un prêtre s’est ouvertement opposé à la présence policière sur le parvis de son église, une distribution peut y avoir lieu tous les midis.

 

Un impact particulier sur les femmes et les enfants

Les femmes, qui ne bénéficient plus d’aucune structure dédiée depuis le démantèlement du Centre Jules Ferry, sont susceptibles de faire l’objet de viol et d’exploitation sexuelle. Certaines femmes ont des nourrissons et plusieurs bébés sont à naître dans les prochaines semaines. Aucun dispositif d’accueil ou d’hébergement ne leur semble accessible alors même que la protection maternelle et infantile impose une telle prise en charge.

Parmi les enfants non accompagnés présents, certains sont primo arrivants, d’autres reviennent de CAOMI avec l’idée persistante de se rendre en Grande-Bretagne. Ils indiquent subir le même traitement. La prise en charge par l’aide sociale à l’enfance implique, le soir et la nuit, un passage par le commissariat, ce qui rend particulièrement dissuasive la démarche.

 

Des associations sous pression

Lorsqu’elles tentent de mettre en œuvre des dispositifs qui devraient l’être par les pouvoirs publics (douches, distribution de repas et d’eau), les associations sont entravées et menacées : verbalisation des véhicules garés devant les locaux associatifs, injonction de mettre aux normes la cuisine d’une association présente de très longue date à Calais, menaces de poursuites pour aide au séjour irrégulier. Le Défenseur des droits mène d’ailleurs des investigations s’agissant des entraves qu’auraient subies les associations et les mineurs dans l’accès au dispositif de douches mis en place jusqu’au mois de mai par le Secours Catholique.

Il est par ailleurs difficile à ces associations de conseiller les migrants sur des démarches d’accès au droit. A cet égard, le Défenseur des droits regrette que les départs vers les CAO depuis Calais ne soient plus organisés, de même qu’il ne soit plus possible de déposer une demande d’asile dans la ville, la préfecture située à Lille dissuadant d’entreprendre de telles démarches.

Tout en réitérant ses recommandations générales, notamment à l’égard des mineurs (décision du 20 avril 2016), le Défenseur des droits demande dès à présent la fin de cette sorte de traque, l’autorisation des distributions de repas, la mise à l’abri des mineurs sur place, la mise en place d’un lieu où les personnes peuvent se reposer, se ressourcer et envisager la suite de leur parcours migratoire.

Dans son rapport d’octobre 2015, le Défenseur des droits écrivait : « Depuis les années 2000, c’est la crainte du risque « d’appel d’air » que pourrait provoquer un traitement digne et respectueux des droits des migrants qui est à l’œuvre dans la gestion de la situation du Calaisis. Pour ne pas prendre ce risque, les pouvoirs publics ont d’abord cherché à rendre le moins visible possible le regroupement de migrants et à ne pas créer de « points de fixation » ».

Plus récemment, à l’occasion d’observations présentées devant le Tribunal administratif de Lille dans le cadre du démantèlement de la Lande, il précisait : « le défaut d’anticipation de ces opérations d’expulsion est contreproductif puisqu’il ne fait que déplacer le problème vers un autre site, imposant aux exilés un « nomadisme » forcé ».

 

Le Défenseur des droits regrette que les faits constatés aujourd’hui lui aient à ce point donné raison. Il exhorte les pouvoirs publics à ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés qui, présents sur notre territoire, doivent être traités dignement, conformément au droit et aux engagements internationaux qui lient la France. »

 

Exilé et aidant solidaire – jusqu’au drame

09 vendredi Juin 2017

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Angres, Calais, Exilés, Frontière, mort, solidarité

Nous avions parlé de la mort de Kim Le, exilé venu du Vietnam, qui s’est suicidé à l’hôpital. On en sait un peu plus sur lui, qu’il s’était fixé en France, qu’il y avait sa vie, qu’il aidait ses compatriotes du campement d’Angres, comme d’autres bénévoles locaux.

Mais la réalité est lue à travers une grille profondément racialisée. Il y a les « passeurs », nécessairement « sans scrupules », « aux activités très lucratives » – et étrangers. Et il y a les aidants, désintéressés et européens. Ces deux postulats sont faux. Toute contrebande, fut-elle de personnes, est aussi ou d’abord l’affaire des locaux-les, des frontalier-ère-s. Et la solidarité, l’entraide, est quotidienne entre exilé-e-s.

Kim Le est happé par cette lecture racialisée. Il ne peut qu’être passeur. Arrêté, il est emprisonné trois mois dans l’attente de son procès, durée reconduite trois mois, alors qu’il a ce qu’on appelle des garanties de représentation, c’est-à-dire une vie stable et un domicile qui conduisent normalement à penser qu’il va se présenter à son procès sans qu’il y ait besoin de l’emprisonner en attendant. Alors il va mal, et il est enfermé dans l’unité psychiatrique pour détenus de Séclin.

http://www.liberation.fr/societe/2013/11/07/passes-du-circuit-psy-au-circuit-prison_945454

Et là, pris entre machine à broyer et délaissement, il se tue;

 

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme que vous pouvez télécharger ici :

« Ligue des Droits de l’Homme
Section de Lille

Communiqué :

Un jeune Vietnamien de 24 ans, Kim Le, s’est suicidé dans l’Unité hospitalière de Seclin donnant des soins psychiatriques aux détenus malades. Kim Le était incarcéré pour une aide supposée à des compatriotes en errance sur une aire d’autoroute à proximité de Lens.

Bien inséré, vivant avec une Française, il avait été mis en détention préventive après une opération de police à l’encontre des migrants asiatiques d’Angres. Il avait très mal vécu et ressenti cette incarcération de trois mois et plus encore l’annonce de la reconduction de cette mesure pour un nouveau trimestre alors qu’il s’attendait à une décision de non lieu.

Ce mal vivre l’avait conduit à une hospitalisation dans les services de l’hôpital de Seclin.

Désespéré par l’annonce de la poursuite de l’emprisonnement, fragilisé par son isolement et son impossibilité de communiquer, il a mis fin à ses jours.

Rien ne pourra jamais redonner vie à Kim Le.

Victime de son acte de compassion et de solidarité envers ses compatriotes. Victime de discrimination raciale lors de sa mise en prison. Victime de conditions morales et psychologiques de détention. Kim Le représente un concentré de la bêtise et de l’inhumanité d’une politique de répression aveugle des migrants et de ceux qui leur portent aide et conseil.

La Ligue des Droits de l’Homme de Lille pleure en Kim Le une jeune vie injustement détruite au cœur de notre région des Hauts de France, au cœur de notre métropole européenne de Lille.
Pour que cette mort ne soit pas totalement inutile, la LDH entend informer les lillois et les gens du Nord de ces faits insupportables. Elle entend aussi interpeller toutes les autorités incriminées directement ou indirectement dans cette mort afin que de tels faits ne puissent se reproduire à l’avenir.

Pour que plus personne ne puisse être emprisonné et mourir pour avoir été compatissant et solidaire.

Lille, le 7 juin 2017

Gérard Minet, secrétaire. »

 

Lebadang : série « Espace » – sans titre.

 

De l’enfermement illégal des personnes étrangères

09 vendredi Juin 2017

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Calais, droits, Exilés, Frontière, Italie

Comme dans un mauvais polard, la police des étrangers rencontre une difficulté : que faire des corps ? Des corps qui n’ont pas à être là. Les corps qu’il faut bien mettre quelque part pour pouvoir les expulser.

L’histoire n’est pas jeune, puisque dans les années 60 et 70 se développe l’enfermement illégal des personnes en attente d’expulsion. On se souvient peut-être de l’entrepôt d’Arenc, dans le port de Marseille, acheté par l’État à cet effet. L’enfermement des personnes étrangères par décision administrative sera légalisée par la loi du 29 octobre 1981. Un pas vers l’enfermement de personnes par simple décision de l’administration, l’état d’urgence en étant un autre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_de_r%C3%A9tention_administrative_en_France

http://www.afriques21.org/spip.php?article17

Il existe donc des lieux où enfermer les personnes étrangères dans l’attente de leur expulsion, ou pour les enfermer à certains points frontières – aéroports et ports notamment – le temps de déterminer si elles peuvent accéder au territoire français ou si elles vont être expulsées. Il s’agit des centres et locaux de rétention administrative et des zones d’attente.

Mais le fonctionnement de ces lieux est encadré par la loi et soumis à un contrôle, à l’efficacité variable, mais contrôle tout de même. Alors quand les autorités pratiquent à grande échelle le refoulement à la frontière de personnes étrangères de manière illégale, comme à la frontière franco-italienne, ce contrôle devient gênant. Il faut alors en revenir à des lieux d’enfermement illégaux comme avant 1981.

 

Communiqué inter-associatif :

http://www.gisti.org/spip.php?article5691

« Menton : des personnes exilées détenues en toute illégalité à la frontière

À la frontière franco-italienne, les locaux de la police aux frontières (PAF) des Alpes-Maritimes, situés à Menton pont Saint-Louis, sont utilisés par le préfet du département pour enfermer illégalement les personnes migrantes avant de les refouler en Italie. Le tribunal administratif de Nice a été saisi d’une requête en référé-liberté déposée par l’Anafé, l’ADDE, La Cimade, le Gisti et le SAF le 6 juin dans l’après-midi, afin de « faire cesser toutes les atteintes graves et manifestement illégales aux libertés fondamentales résultant de la privation de liberté de personnes exilées, consécutives de la décision informelle du préfet des Alpes-Maritimes de créer une ‘zone de rétention provisoire pour les personnes non-admises’ ».

La frontière franco-italienne a régulièrement été fermée depuis 2011 en violation des droits des personnes exilées. Depuis près de deux ans, la situation à cette frontière caractérisée par la violation quotidienne du droit national et international est devenue catastrophique : contrôles discriminatoires opérés au faciès, blocages, refoulements systématiques, refoulement de mineurs vers l’Italie en dehors de toute procédure, etc. Depuis le 13 novembre 2015, date à laquelle les contrôles aux frontières ont été officiellement rétablis dans la région, ils sont systématiques aux sept points de passage autorisés localisés sur les routes et dans trois gares dont Menton Garavan.

Lors d’une mission exploratoire menée à la frontière franco-italienne du 15 au 20 mai 2017, l’Anafé et La Cimade se sont vu refuser l’entrée dans « cette zone de rétention provisoire » constituée d’Algécos et de sanitaires amovibles. Les représentants des associations ont pu constater sur place le 16 mai, puis le 6 juin lors d’une seconde visite, que des personnes y étaient bien privées de liberté. La PAF a dans un premier temps affirmé qu’il s’agissait d’une zone d’attente, lieu où sont retenues les personnes à qui l’entrée sur le territoire est refusée et distinct d’un centre de rétention où sont enfermées les personnes déjà présentes sur le territoire. Elle s’est ensuite rétractée pour refuser l’accès à ces représentants d’associations habilitées à visiter toutes les zones d’attente françaises. Selon les déclarations du commandant de la PAF, il s’agirait « d’une zone de rétention provisoire pour les personnes non admises, un lieu privatif de liberté pour les personnes qui vont être réadmises en Italie ». Les témoignages d’observateurs locaux et de personnes migrantes indiquent que le 1er étage de la gare de Menton Garavan est également utilisé comme lieu d’enfermement.

L’existence de ce lieu de privation de liberté illégal s’ajoute donc, dans cette région de non droit pour les étrangers, aux contrôles discriminatoires, aux poursuites judiciaires menées contre les citoyens solidaires, aux refoulements illégaux, à la violation du droit d’asile, à la non-prise en charge des mineurs étrangers isolés, etc.

Les associations signataires demandent au tribunal de faire la lumière sur ce lieu de privation de liberté illégal en effectuant une visite sur place, de suspendre la décision informelle de sa création prise par le préfet des Alpes-Maritimes, de mettre immédiatement fin à la situation de privation de liberté des personnes qui y sont détenues et de garantir l’accès effectif aux droits des personnes interpellées à la frontière.

L’État est responsable de la mise à l’abri des personnes en quête de protection. Il est temps qu’il prenne ses responsabilités au lieu de les renvoyer en Italie en toute illégalité.

Le 7 juin 2017

Signataires :

  • ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers)
  • Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers)
  • Cimade
  • Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s)
  • SAF (Syndicat des avocats de France) »

 

 

Suicide d’un exilé

05 lundi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Angres, Calais, Exilés, Frontière, mort, Royaume-uni

Un exilé vietnamien qui était au campement de Angres, près de Lens, s’est suicidé à l’hôpital mercredi 31 mai. Il s’appelait Kim. Une collecte est organisée jusqu’au mardi 6 juin pour ses obsèques.

https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/20247925/64e57d6d

Un campement d’exilé-e-s vietnamien-ne-s existe à Angres https://goo.gl/maps/JA5ntygfVS52 au moins depuis la seconde moitié des années 2000, à proximité d’une aire d’autoroute où les exilé-e-s tentent de monter dans les camions qui vont au Royaume-uni.

 

Voici le message que fait circuler le Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62 :

« Mercredi dernier un migrant vietnamien du camp d’Angres a mis fin à ses jours à l’hôpital…

Cela a bouleversé les exilés du camp et les bénévoles qui le connaissaient bien.

Au-delà du défaut de surveillance, nous nous interrogeons sur la solitude vécue par les migrants en détresse, que ce soit à l’Hôpital ou en prison…

d’autant plus quand ils n’ont pas la possibilité de communiquer dans leur langue et ne connaissent ni le Français ni l’anglais.

Un appel à solidarité est lancé pour les frais des obsèques (ou rapatriement du corps ?).

Les contributions doivent arriver avant mardi prochain 6 juin.

Pour verser votre contribution vous pouvez le faire via Leetchi

En cliquant sur ce lien :

https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/20247925/64e57d6d

Si vous souhaitez un reçu, merci de nous le faire savoir

Le Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62

N’hésitez pas à relayer cet appel »

 

Il s’agit du quatrième décès connu à la frontière depuis le début de l’année. Le 21 janvier, Johnsina est mort écrasé sur l’autoroute à proximité de Calais. Le 11 mars, un exilé est mort près de Dunkerque suite à une tentative de passage. Le 2 mai un exilé est mort en montant sur l’Eurostar en gare du Nord à Paris.

 

Paris ville – frontière

03 mercredi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, exclusion, Exilés, Frontière, Paris, politiques migratoires, solidarité

Il y a le « in » et le « off ». Le dispositif qui est disposé là pour être vu et qui dispose des personnes, et le hors-dispositif.

Le dispositif pour être vu commence par une grille munie d’une porte et de personnel pour garder l’accès. Des barrières mobiles pour canaliser la file d’attente. La police est à proximité. Depuis récemment, d’autres moyens d’accès que la file d’attente ont été mis en place, maraudes et référencement.

Après la barrière, la bulle, vaste pièce où se décide l’admission ou non pour les personnes admises à franchir la grille.

Et derrière, il y a un entrepôt sur deux niveaux qui est le lieu d’hébergement. Quatre cents places pour dix jours de séjour, soit quarante admissions par jour, quand le dispositif en aval n’est pas engorger et que les personnes admises peuvent être orientées vers d’autres lieux d’hébergement dans les délais. Sur le côté, une entrée – sortie pour les personnes admises, le personnel, les bénévoles, deux tourniquets, un pour l’entrée et l’autre pour la sortie, un bungalow pour les vigiles et des bornes pour la reconnaissance palmaire, comme au camp de containers de Calais.

En toile fond il y a la loi française, reprise de la législation européenne, qui dit qu’une demande d’asile doit être enregistrée par les autorités dans un délais de trois jours maximum (dix en cas de circonstances particulières), et qu’à partir de ce moment la personne peut bénéficier des conditions matérielles d’accueil prévues par la loi, dont l’hébergement.

Donc si la loi est respectée il ne doit pas y avoir là de personnes en demande d’asile ou souhaitant demander l’asile, il y a pour elles un autre circuit, rapide et efficace, par la PADA (Plate-forme d’Accueil des Demandeurs d’Asile) et la préfecture. En trois jours c’est réglé, la personne est reçue, enregistrée et orientée vers son lieu d’hébergement.

Donc cette bulle et ce « camp humanitaire » concerne d’autres personnes, des personnes sans abri. Mais pourquoi un dispositif distinct du dispositif de droit commun ? Pourquoi certaines personnes sans abri passent-elles par la bulle plutôt que par le 115 et le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) ? Et pourquoi est-il question d’asile partout dans ce camp, à commencer par la bulle ? Pourquoi cette prise d’empreintes digitales obligatoire avec consultation du fichier EURODAC et l’orientation si les empreintes sont retrouvées dans ce fichier vers une expulsion vers le pays qui serait responsable de la demande d’asile selon le règlement européen Dublin III s’il y avait eu une demande d’asile en France, ce qui n’est pas le cas, ce qui rend cette prise d’empreinte et la procédure d’expulsion qui s’ensuit d’une légalité douteuse ?

Donc d’asile il est bien question. Mais que se passe-t-il ?

Loin de nous, dans une Europe sauvage qui n’a rien à voir avec chez nous. La Hongrie a construit une barrière coiffée de barbelés à sa frontière avec la Serbie. Aux points d’entrée en Hongrie, quelques dizaines d’exilé-e-s sont autorisé-e-s chaque jour à passer la frontière pour demander l’asile.

Rien à voir avec chez nous. Quelques dizaines de personnes chaque jour sont autorisées à passer la bulle pour entrer dans le « camp humanitaire », ce qui leur permettra d’accéder à un hébergement et de demander l’asile.

Rien à voir avec chez nous parce que chez nous on peut faire la queue devant la PADA pour obtenir un rendez-vous à la préfecture, c’est la voie normale prévue par la loi. Juste ça prend des mois et la police fait des rafles devant la PADA, des personnes venues demander l’asile sont placées en rétention pour être renvoyées dans leur pays.

Rien à voir avec chez nous, la bulle n’a rien à voir avec un système de contingentement de l’accès à la demande d’asile.

Quatre cents places donc dans le « camp humanitaire », derrière la bulle. Dérisoire par rapport aux quelques huit cents personnes qui campent aux alentours dans l’espoir ou le désespoir de pouvoir passer la bulle. Et au nombre indéterminé de personnes concernées à Paris et aux alentours.

Dans ces deux étages d’entrepôts, il y aurait la place d’accueillir plus de personnes. Et puis il y a les mille cinq cents places des containers du camp de Calais, qui sont inutilisés. Ils auraient pu servir à la réouverture du camp de Grande-Synthe après l’incendie, mais non. Alors pourquoi pas Paris. Quitte à ce qu’il y ait plusieurs sites, c’est peut-être mieux que de concentrer une population dans le même lieu. Et il y a aussi des bâtiments vides dans Paris, après tout si on peut créer des milliers de places d’hébergements en CAO (Centres d’Accueil et d’Orientation – voir ici, ici, ici et là) hors de Paris, on doit aussi pouvoir à Paris – dans des maisons, pas dans des camps.

Mais ça ne semble pas la voie choisie. Après que la médiatisation ait entraîné l’interruption des destructions de tentes et d’effets personnels, il semble qu’on aille vers l’installation de toilettes chimiques près des tentes installées entre les bretelles de l’autoroute, et l’aménagement d’un lieu pour les distributions de nourriture, sécurisé bien sûr parce que la sécurité c’est important, et surtout étrangement beaucoup moins visible que les distributions actuelles.

Il semble donc qu’on aille vers une pérennisation de l’indignité, plutôt que vers une augmentation des capacités d’accueil. Pérennisation – dans l’attente d’une destruction, comme à Calais ?

 

 

Mort à Paris, sur l’Eurostar

03 mercredi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, Frontière, mort, Paris, Royaume-uni

Passer la frontière, en essayant plus en amont de monter sur un véhicule qui va au Royaume-uni. Sur les parkings des autoroutes qui conduisent au littoral, où s’arrêtent des camions qui vont au Royaume-uni. Ou en montant sur l’Eurostar. Mais là, aucune chance de survie, entre l’arc électrique à proximité des caténaires et le souffle lié à la vitesse, si on ne parvient pas à rentrer dans le train.

Ce mardi 2 mai, un exilé est mort gare du Nord à Paris, brûlé par l’arc électrique formé par les caténaires sur le toit de l’Eurostar où il avait réussi à monter.

http://www.leparisien.fr/paris-75010/paris-gare-du-nord-un-migrant-meurt-electrocute-sur-le-toit-d-un-eurostar-02-05-2017-6908805.php

 

Il s’agit du troisième décès à la frontière depuis le début de l’année. Le 21 janvier, Johnsina est mort écrasé sur l’autoroute à proximité de Calais. Le 11 mars, un exilé est mort près de Dunkerque suite à une tentative de passage.

 

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