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Passeuses d'hospitalités

~ des exilé.e.s à Calais

Passeuses d'hospitalités

Archives de Tag: politiques migratoires

Expulsions vers le Soudan: quand le préfet y repense

23 vendredi Fév 2018

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Calais, Exilés, expulsions, politiques migratoires

Libres.
I. , enfermé au centre de rétention de Coquelles, à coté de Calais, depuis le 9 janvier dernier, et M., déjà déporté depuis les Pays Bas pour être enfermé à Metz, ne risquent plus une déportation imminente vers le Soudan.

Tous les deux sont passé face a l’ambassade  pour qu’ils délivrent le laissez passer nécessaire à leur expulsion; M. le 14 fevrier et I. juste avant hier, peu avant la fin de sa rétention, la durée maximale étant de 45 jours.

Normalement dernière étape avant l’avion, cette fois ci la préfecture (tous les deux, du Pas de Calais et de la Moselle) y a repensé. Les préfets sont les personne a l’origine (ou mieux, les signataires) des OQTF destination Soudan qui avaient entraîné les mesures pratique pour leur déportation.
I. et M.  ont été libéré aujourd’hui, suite a un « re-examen de la situation administrative », une décision préfectorale.

Merci à tous ce-lles-ux qui ont répondu à l’appel des derniers articles en écrivant aux préfets.

Un peu d’espoir, et un encouragement à continuer à se mobiliser et soutenir les personnes même dans les impasses les plus profondes de cette république.
Un souhait, que plus que revenir sur des décisions, en laissant les personnes en rétention courant un risque constant entre temps, les mesure d’éloignement des étrangers ne soient pas données sans réfléchir, de façon quasi-systématique.

 

Projet de réforme de l’asile et de l’immigration: non, merci.

16 vendredi Fév 2018

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droits, Droits de l'homme, Exilés, expulsions, politiques migratoires, rétention

Ici, ici, et ici, quelques alarmantes circulaires du gouvernement qu’on a pu voir passer le mois dernier, visant clairement à augmenter et faciliter encore plus la chasse aux exile.s et leur enfermement et expulsion.

« Ce qui vaut pour Calais vaut également pour la montagne, la mer, ou encore au cœur des villes et des villages où les forces de l’ordre sont encouragées à interpeller, garder à vue les citoyens décidés à pallier les insuffisances des services de l’Etat. Le déni et le mensonge des pouvoirs publics le disputent aujourd’hui à la violence de la police et de la gendarmerie. »
Mais c’est pas fini: se concrétise de plus en plus la proposition d’une future loi réformant le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda).

De nombreux et différents collectifs se mobilisent contre ce projet, avec des grèves en Ile-De-France (par plusieurs travailleur.se.s sans papier, à la CNDA, depuis aujourd’hui le 15 février aussi à l’OFPRA) , une manifestation à Caen ce week end  , et de nombreux communiqués à ce sujet.

Déjà dénoncée par des associations telle que MSF, la Cimade et le Gisti expriment leur refus du nouveau projet de loi que doit être présentée en Conseil des ministres le 21 fevrier prochaine.
Voici aussi l’ analyse par la CFDA,  » D’une réforme à l’autre : l’asile en danger  »

Dans ce projet, entre autres, « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues » et l’augmentation de la durée maximale d’enfermement.
Aujourd’hui, voici les données sur l’enfermement en rétention administrative.
Aujourd’hui, que l’on sache, il y a 3 mineurs privés de liberté à Roissy. Ceci étant tant tout à fait illégal.
Aujourd’hui, que l’on sache, il y a deux personnes enfermées avec risque de déportation vers le Soudan, aux CRA de Coquelles et de Metz.

Projet de réforme de l’asile et de l’immigration: non, merci. Pas comme ça.

 

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Don’t send Afghans back

15 jeudi Fév 2018

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Exilés, expulsions, politiques migratoires

Ce week-end, les 17 et 18 Février, des manifestations auront lieu dans plusieurs grandes villes européennes contre les déportations des demandeurs d’asile depuis l’Europe vers l’Afghanistan.

« La proportion des demandes d’asiles accordées aux Afghans dans l’Union Européenne diffère grandement selon les différents États membres. Certains pays ne protégeront quasiment personne (la Hongrie n’accepte qu’un scandaleux 7.4% des demandes d’asile des Afghans), d’autres font un peu mieux. Mais les pays européens se montrent réticents à protéger les Afghans, l’Union Européenne faisant pression sur l’Afghanistan pour qu’il reprennent ses ressortissants, sous la menace de couper les aides financières.

Les histoires des Afghans déportés n’atteindront probablement jamais nos médias nationaux, mais de nombreuses associations de défense des droits humains ont reporté de nombreux assassinats de personnes expulsées une fois rentrées ‘à la maison’. Même aujourd’hui, alors qu’il est établi que ces personnes sont en danger, nos gouvernements continuent de renvoyer de force des personnes à la recherche de protection en Europe. 3260 personnes ont été renvoyées en 2015. En 2016 le chiffre a presque triplé : 9460 personnes ayant été déportées. »

Malgré la situation extrêmement instable, les gouvernements européens rejettent de plus en plus les demandes d’asile des réfugiés afghans et continuent de déporter ces personnes vers l’Afghanistan.

L’accord de réadmission conclu le 5 octobre 2016 entre l’Afghanistan et l’union européenne (voir ici et là) avait pour but de systématiser et faciliter les déportations vers l’Afghanistan.

La France ne déportait plus les personnes directement vers l’Afghanistan depuis 2009 – bien qu’elle effectuait des expulsions vers des pays secondaires notamment là où les empreintes ont été enregistrées, s’en est suivi des déportations vers l’Afghanistan depuis ces pays, comme vous pouvez le lire ici.

La France a repris les déportations vers l’Afghanistan en 2017.

Ici la liste des manifs prévues pour les 17-18 Février dans différentes villes européennes.

Ici l’événement Facebook pour Bruxelles.

 

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Photos d’une frontière

14 mercredi Fév 2018

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Bruxelles, Calais, campements, Dunkerque, Exilés, expulsions, Frontière, harcèlement policier, Paris, politiques migratoires, solidarité

La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.

Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».

ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.

A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche…  »

Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…

Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…

Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.

En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

 

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photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto

MISE A JOUR: expulsions vers le Soudan

14 mercredi Fév 2018

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Asile, Droits de l'homme, Exilés, expulsions, politiques migratoires, rétention, Soudan

I. , enfermé au centre de rétention de Coquelles, à coté de Calais, est passé face à son dernier juge samedi dernier. Celle-ci a décidé de prolonger sa détention, qui va donc atteindre la durée maximale (soit 45 jours).
Mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter : la juge nous informe qu’il n’y a pas de déportation vers le Soudan. Et puis, finalement elle admet qu’il y en a, mais bon, de toute façon, très rarement…

M., déjà déporté depuis les Pays Bas pour être enfermé à Metz, est toujours en détention. Il a été emmené pour voir l’Ambassade à Paris mercredi dernier, mais finalement la voiture n’a pas pu partir à cause de la neige (sic).
Il est malade, dubliné et débouté de l’asile, et un recours à la Cour Européenne a été lancé la semaine dernière.
Pendant ce temps, il reste à la merci d’une déportation imminente, ne manquant pour se faire que le laisser-passer.

On a reçu et on publie ici le communiqué écrit par les personnes chez qui il vivait jusqu’à son arrestation:

« Mohamed BALLAH Amhed abdelhamid, né le 17.12.1985 va être transféré demain (aujourd’hui, le 14 fevrier) à Paris en vue de son expulsion vers le Soudan!
Écrivez au Ministre de l’Intérieur français, Monsieur Gérard Collomb… S’il vous plaît!
Il n’est pas encore dans l’avion!
Copiez, collez!
Aidez-le…
sec.immigration@i
nterieur.gouv.fr

« Monsieur le ministre,
Je voudrais que vous puissiez connaître cet homme…..
Il s’appelle Mohamed BALLAH Amhed abdelhamid… il est né le 17.12.1985 et ne veut pas mourir.
Il est incarcéré au centre de rétention de Metz et a presque épuisé tous ses recours… il risque de se faire expulser au Soudan… Son état de santé et les raisons qui l’ont poussé à fuir son pays le renverraient vers la mort!
Ce mercredi 14.02.2018 il doit se rendre à l’ambassade à Paris… son envol est imminent…
Mais tant qu’il y aura de l’espoir, nous nous battrons à ses côtés… Nous ne l’abandonnerons pas…
Par ce mail, je vous demande de toutes mes forces de faire ce qui est en votre pouvoir pour interdire l’expulsion vers le Soudan de Mohamed BALLAH Amhed abdelhamid, né le 17.12.1985.
J’en appelle à votre humanité…

G. D., née en Belgique et citoyenne du monde.  »

 

Alerte

« Le Soudan, c’est pas bien » – risque deportation CRA Coquelles

05 lundi Fév 2018

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Calais, Exilés, expulsions, politiques migratoires, rétention

Nouvelles du 10 fevrier: I est prolongé en rétention pour 15 jours. On reste vigilant-e-s!

Ceci c’est une histoire imaginaire. Toute référence éventuelle à des choses, faits, lieux ou personnes ayant réellement existé ou réellement existantes est purement fortuite.

Barbelés, barbelés, grilles et voitures des forces de l’ordre.
Pas loin, le contrôle des passeports de l’Euro-tunnel. Un peu plus loin, l’Angleterre.

A l’accueil du CRA de Coquelles, quelques questions.
Officier de police, dorénavant appelée  P: « C’est pour quoi? »
personne X, dorénavant appelée X:  « une visite, pour I. »
P: « on vient vous ouvrir, préparez votre carte d’identité »

La conversation se poursuit à l’intérieur, avant la fouille.
P: « C’est votre compagnon? »
X: « pardon?! »
P: »… »
X: « … »
P: « Il est bien de la Cote d’Ivoire, non? »
X: »non, il est soudanais. »
P: à mi voix « bref, il est noir je veut dire »
X: « pardon?!?! »
P: à voix haute « bref ouais bah ça fait longtemps? »
X: « baah oui vous devriez l’avoir vu en fait, depuis le 9 janvier »
P: « Ah oui?! bah c’est bizarre, si il est soudanais, car normalement ça sort au bout de quelque jours maxi… ils le gardent pour quoi, je ne comprend pas, ils peuvent pas le renvoyer au Soudan quand même..! »
X: « …. »
P: « vous avez dit quoi? »
X: « bah ouais en fait il craint une déportation vers le Soudan »
P: « mais non! mais vous êtes sure? mais franchement, non, vers d’autres pays oui c’est bon mais il n’y a pas de déportation vers le soudan, non? Le Soudan, c’est pas bien … »
X: « ……………… »
I., lui, reste toujours enfermé au centre de rétention de Coquelles.
Il ne comprend pas, tout comme l’officier de police de la petite histoire, comment c’est même possible de risquer d’être expulsé vers le Soudan.

Nous non plus.

« Le Soudan, c’est pas bien », dans un rapport d’Amnesty International du 2017.
M.,  risque toujours une déportation depuis le CRA de Metz vers le Soudan.
D’autres déportations essayées, parfois réussies, parfois pas, France-Soudan, voir ici, ici, ici, ici, ici, ici , là et là.

 

Ce que vous pouvez faire :

Interpeller le ministre de l’intérieur pour demander de stopper l’expulsion de I.:

sec.immigration@interieur.gouv.fr

Interpeller la préfète du Pas-de-Calais pour lui demander d’annuler toutes les OQTF pour le Soudan :

http://pas-de-calais.gouv.fr/Contactez-nous

fabien.sudry@pas-de-calais.pref.gouv.fr

 

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Calais : aspects du délit de solidarité

21 mercredi Juin 2017

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Calais, délit de solidarité, Exilés, politiques migratoires

Avec des périodes plus ou moins tendues, des priorités qui peuvent varier, la répression de la solidarité s’est installée de manière permanente dans le paysage calaisien.

En 1999, avant l’ouverture du Centre de Sangatte, face à l’augmentation du nombre d’exilé-e-s et au durcissement de la politique britannique, les autorités françaises hésitent sur la conduite à tenir. Des lieux de mise à l’abri provisoires son ouverts puis fermés, dans l’intervalle la police chasse les exilé-e-s et la préfecture met la pression sur les associations. Ainsi au mois de juillet le sous-préfet menace les associations de poursuites pénales si elles continuent de distribuer de la nourriture et d’apporter une aide aux exilé-e-s qui campent dans le parc Saint-Pierre, en centre-ville. Mais c’est à partir de la fermeture du Centre de Sangatte fin 2002 que les poursuites pénales sont utilisées comme moyen de répression et d’intimidation.

Ces poursuites répondent à plusieurs objectifs.

Elles participent à un déplacement du regard et de la problématique. La situation ne serait pas due à des questions de frontière et de liberté de circulation. Les exilé-e-s viendraient à Calais parce qu’il aurait à côté un centre d’hébergement, à Sangatte. C’est ainsi qu’est justifiée la fermeture du centre et la destruction du hangar qui l’abritait. Dans la même logique, l’action solidaire est désignée comme la cause de la présence des exilé-e-s. Cette rhétorique revient en force depuis la destruction du bidonville avec les « points de fixation » qu’il faut faire disparaître pour faire disparaître les exilé-e-s, cet élément de langage désignant l’action des associations, douches, distributions de repas. La pénalisation de l’action des bénévoles et militant-e-s, coupables désigné-e-s de la situation qu’il faut faire cesser, participe de cette logique.

Il s’agit aussi de réduire l’action associative lorsqu’elle fait obstacle à l’action des pouvoirs publics. Notamment lorsqu’il s’agit de témoigner, filmer, documenter, mais aussi ouvrir des squats, s’opposer à des expulsions, construire des abri. Entre le camp No Border de juin 2009 et les débuts du bidonville de Calais en avril 2015, ce sont essentiellement de militant-e-s de ce mouvement qui sont la cible des poursuites, des intimidations et souvent des violences physiques, sans que cela suscite de réaction du reste du tissu associatif. Les poursuites utilisent principalement le registre de l’outrage à agent, rébellion, violence sur agents, ou dégradation s’agissant de l’ouverture de squat. L’état d’urgence apporte de nouveaux outils, permettant jusqu’à l’interdiction des manifestations et rassemblements sur la voie publique.

Les poursuites pénales participent aussi d’une stratégie visant à contraindre et contrôler l’action associative, notamment autour du bidonville de Calais. Elles complètent d’autres actions s’appuyant sur une présence policière de plus en plus importante aux accès, comme la verbalisation des véhicules, l’obligation de laissez-passer pour accéder au bidonville par le chemin des Dunes, l’interdiction d’amener des matériaux servant à la construction de cabanes après l’incendie du 25 août 2016 sauf autorisation de la sous-préfecture. En parallèle s’ajoute au comité de pilotage du centre Jules Ferry, auquel participent des associations choisies par l’état, la mise en place d’une coordination de l’action des associations dans le bidonville gérée par l’ONG ACTED, missionnée par l’État pour ce faire.

Notons au passage que les dix-huit mois d’existence du bidonville de Calais ont été une période répressive particulièrement dense, avec trente cas recensés de poursuites pénales ou d’enfermement en rétention en vue d’expulsion du territoire. À l’exception du cas très médiatisé du britannique Rob Lawrie, cela n’a pas suscité de réaction particulière des principales associations, impliquées dans une relation complexe avec l’État faite de cogestion de la situation, de négociation contrainte et de conflictualité.

Une compréhension plus complète de la situation se heurte à un défaut de vision, lié à une représentation racialisée de la situation. Dans les représentations usuelles, le passeur est étranger, masculin, on lui accole généralement les épithètes « sans scrupules » et « au business très lucratif » – alors qu’en réalité le passage comme la contrebande sont aussi enracinés dans la société frontalière. Et de même l’aidant-e solidaire est européen-ne, ce qui est une vison tout aussi partiale, et nous donne une vision imparfaite de l’action solidaire des exilé-e-s et de sa répression.

Ainsi, il y a quelques années, le campement de Norrent-Fontes, près d’un parking d’autoroute en amont de Calais, fonctionnait sans passeurs, et les exilé-e-s s’organisaient collectivement pour le passage. Mais lorsqu’un groupe monte dans un camion il faut que quelqu’un reste pour fermer la porte du camion derrière le groupe, et cette personne devient aux yeux de la police le passer ou la passeuse, la personne qui a facilité le passage des autres. On n’a de même qu’une vision très incomplète des situations où joue la solidarité de groupe ou d’amitié, rémunérée ou non, et où cette solidarité peut tomber sous le coup de la loi. On peut aussi noter que parmi les trente personnes poursuivies ou enfermées en rétention pendant la période du bidonville, six sont des exilé-e-s.

On notera enfin que l’aggravation de la répression ces derniers mois élargit celle-ci à d’autres catégories, dans une sorte de politique de la terre brûlée visant à isoler et priver de ressources les exilé-e-s. Les journaliste en tant que témoins qui peuvent être indésirables (voir ici et là), ou certains acteurs économiques comme un chauffeur de taxi ou des gérants d’hôtels.

 

Ion Andreescu : Sous-bois.

 

Calais : délit de solidarité, trente personnes poursuivies en un an et demi

18 dimanche Juin 2017

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Calais, délit de solidarité, Exilés, politiques migratoires

Les poursuites à l’encontre des aidants solidaires à la frontière franco-italienne ont acquis une forte visibilité. Ceci s’explique notamment par une dynamique collective forte, une action publiquement assumée et une coordination du soutien. Ces éléments ont manqué à la frontière franco-britannique. Pourtant au moins trente personnes ont été soit poursuivies, soit enfermées en rétention et expulsées du territoire, pour leur engagement solidaire, pendant la seule durée du bidonville de Calais, soit en avril 2015 et novembre 2016. Ceci sans compter les « simples » placement en garde-à-vue, les multiples contraventions visant les véhicules des bénévoles et d’autres formes d’entrave et d’intimidation.

Le cas de Rob Lawrie fait figure d’exception, puis les poursuites à l’entre de ce bénévole britannique qui avait tenté de faire passer une petite fille afghane pour qu’elle échappe au bidonville et rejoigne sa famille au Royaume-uni avait connu une forte médiatisation (voir ici, ici, ici et là).

Le 8 novembre 2015, PEGIDA France organise une manifestation anti-migrants à l’invitation du groupe d’extrême-droite Sauvons Calais. Une contre-manifestation accompagne le cortège. Deux contre-manifestants sont arrêtés et relâchés sans poursuites. Ce n’est que bien plus tard qu’une contre-manifestante a été poursuivie parce qu’un policier l’accusé de l’avoir attaqué. Elle a été relaxée en première instance.

Début novembre 2015, la situation est tendue entre police et exilé-e-s aux alentours du bidonville et de la rocade autoroutière menant au port. Dans un contexte de manifestations d’extrême-droite, il faut un coupable, et le ministre de l’intérieur désigne « l’ultragauche ». Après des bénévoles britanniques arrêtés dans le bidonville et libérés sans charge, un bénévole français est arrêté devant un local associatif en centre-ville et poursuivi comme l’instigateur des « émeutes ». Il est condamné en première instance à un mois avec sursis pour refus du prélèvement ADN (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

Le 23 janvier 2016 a lieu la plus importante manifestation de soutien aux exilé-e-s que Calais ait jamais connu. À l’issue de la manifestation, un groupe d’exilé-e-s court vers le port, y pénètre, et certains réussissent à monter à bord d’un ferry à quai. Six personnes, quatre exilés et deux soutiens sont arrêtés et poursuivis. Trois autres, de nationalité italienne, sont enfermées en rétention pour être expulsées vers l’Italie (voir ici, ici, ici, ici et là).

Le 29 février 2016 commence la destruction de la partie sud du bidonville de Calais. Un couple d’exilé-e qui refusaient de descendre du toit de leur cabane est poursuivi pour rébellion, deux bénévoles d’avoir mis le feu à des cabanes alors qu’ils aidaient les personnes à déménager leurs affaires (voir ici, ici et là).

Le 27 mars 2016 un squat est ouvert au centre de Calais dans les locaux abandonnés d’un ancien Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale. La police intervient et huit personnes sont arrêtées et poursuivies. La procédure est déclarée nulle en première instance (voir ici, ici, ici, ici, ici et là).

Le 27 juillet 2016 un rassemblement est organisé en hommage aux exilé-e-s mort-e-s à la frontière, suite au décès d’un exilé éthiopien. Le rassemblement est interdit par la préfecture au nom de l’état d’urgence. Alors que les personnes qui étaient venues participer à l’hommage se dispersent suite aux sommations de la police, l’une d’elle est arrêtée. Elle est poursuivie pour rébellion, participation à un attroupement interdit sous l’état d’urgence et port d’armes (elle avait un opinel au fond de son sac. Le tribunal a rejeté les deux premiers chefs d’inculpation et l’a condamnée à 400 € d’amende avec sursis pour le troisième (voir ici, ici et là).

Le 1er octobre 2016, une manifestation organisée par la Coordination Internationale des Sans-Papiers et Migrants est interdite au nom de l’état d’urgence. Les cars venant de Paris sont bloqués sur un parking près de Saint-Omer, un rassemblement qui s’était formé à la sortie du bidonville est dispersé par les lacrymogènes, le canon à eau et les charges de CRS. Un membre d’une samba militante est arrêté et poursuivi (voir ici, ici et là).

Deux personnes sont poursuivies pour avoir aider certains des exilés iraniens qui avaient fait une grève de la faim pendant la destruction de la partie sud du bidonville, lors d’un long périple qu’ils effectueront ensuite pour gagner le Royaume-uni, l’un à Boulogne/Mer, l’autre près de Calais (voir http://www.la-croix.com/France/France-Beatrice-Huret-devenue-passeuse-presumee-amour-migrant-2017-06-10-1300853916).

Deux personnes sont poursuivies dans le cadre d’une enquête sur la gestion du Kids Café, un lieu qui accueillait les mineur-e-s dans le bidonville de Calais (voir ici, ici et là).

Cette liste n’est pas forcément exhaustive. Elle devra être complétée par un état des lieux depuis novembre 2016 et la destruction du bidonville de Calais.

 

Gheorghe Tattarescu : Paysage à l’arbre cassé.

 

Grande-Synthe : la politique du zéro abri

17 samedi Juin 2017

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Calais, Dunkerque, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Il était devenu classique d’opposer Grande-Synthe à Calais. D’un côté une solution d’accueil d’urgence, un camp de réfugié-e-s aux normes internationales voulu par la municipalité, même si la reprise en main par l’État avait entraîné une dégradation des conditions d’accueil (voir ici, ici et là). De l’autre la violence d’une politique de non-accueil. Avec la destruction du bidonville de Calais et la fermeture des structures que l’État y avait mises en place (centre Jules Ferry et camp de containers), et l’incendie du camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe, les conditions ont été nivelées par le bas : la politique du zéro abri s’applique tant dans le Calaisis que dans le Dunkerquois (voir ici, ici et là).

 

Témoignage de la Cimade (cliquez sur le lien pour voir aussi le diaporama qui accompagne l’article) :

http://www.lacimade.org/exiles-grande-synthe-sans-abris-puythouk/

« Les exilés de Grande-Synthe sans abris au Puythouk

14 juin 2017

Depuis l’incendie du camp de la Linière le 10 avril 2017, il n’existe plus de structure d’accueil inconditionnel pour les personnes exilées en transit à Grande-Synthe et sur le littoral. Reportage dans le bois du Puythouck où vivent près de 300 Kurdes irakiens.

Au Puythouk, zone naturelle protégée et bucolique, quelques joggers et promeneurs circulent encore dans les allées, mais ce sont surtout près de 300 personnes exilées qui vivent dans des conditions précaires proches de l’insalubrité. Beaucoup d’enfants, des femmes enceintes et quelques mineurs isolés dorment à même le sol dans le bois et les pelouses alentours. Le seul « équipement » disponible est une benne à ordure installée par la mairie. Pas d’accès à l’eau, pas de toilette ni de douche et surtout pas d’abris. Une situation qui rappelle celle du camp du Basroch. 3 000 personnes exilées y campaient dans la boue en janvier 2016 avant la construction en mars du camp de la Linière.

NETTOYAGE PAR LA POLICE

« La police fait un ‘nettoyage’ comme ils disent, deux fois par semaine » explique Claire Millot de l’association Salam qui distribue des repas quatre jours par semaine. « Mardi ils ont fait une grosse opération, ils empêchent toute tentative d’installation, tentes ou abris précaires sont détruits, les sacs de couchage et les couvertures sont gazés. Mais le harcèlement policier ici c’est rien par rapport à Calais ! » Si les policiers semblent plus corrects que dans le Pas-de-Calais, la différence de traitement est probablement liée à la personnalité du maire, et du préfet du Nord. Magali De Lambert, coordinatrice d’accès au droit pour La Cimade à Grande-Synthe, tempère cette analyse : « On ne peut pas se féliciter, parce qu’ailleurs sur le littoral, la situation est plus violente. » Sans compter les témoignages recueillis parfois terrifiants comme cet homme qui raconte que jeudi 8 juin, à l’occasion d’une tentative de passage, la police est intervenue dans un camion : « Ils ont gazé à l’intérieur du camion, puis refermé la porte un temps avant de faire sortir les personnes et les disperser. » Un garçon d’une dizaine d’années a les yeux très irrités 24 heures après les faits.

UN PROJET DE VIE QUI RESTE LE MÊME

Les personnes exilées ici sont presque toutes originaires du Kurdistan irakien, mais ces jours-ci, une vingtaine d’Iraniens et de Pakistanais partagent leur sort au Puythouk. À Pâques, Salam avait distribué 40 repas, désormais c’est plutôt 250, mais difficile pour les associations de faire des évaluations. « L’incendie du camp, le harcèlement policier, les conditions de vie déplorables dans le bois ne vont pas faire changer de projet de vie les personnes », explique Magali De Lambert, « elles veulent se rendre au Royaume-Uni et très peu renoncent à leur souhait ».

Les familles acceptent parfois des places en centre d’accueil et d’orientation (CAO) pour se reposer un temps. Mais plusieurs sont revenues au Puythouk pour tenter une nouvelle fois le passage. C’est le cas d’une mère avec ses deux filles adolescentes jumelles et un couple avec un enfant de quatre ans revenus pour la troisième fois de CAO. D’autres préfèrent rester près des points de passage et des passeurs, comme Silan, 35 ans, accompagnée de son bébé de six mois : « Mon mari est passé la semaine dernière avec nos deux autres enfants, il a commencé ses démarches pour demander l’asile. » La procédure de réunification familiale est longue, « ça peut durer plus de quatre mois », lui explique Magali De Lambert, « et il faut que vous puissiez fournir des documents d’état civil attestant de votre mariage ainsi que les démarches entreprises par votre mari au Royaume-Uni ». Silan ne peut pas attendre si longtemps « c’est trop long pour les enfants », le lendemain, elle tente une nouvelle fois le passage, mais sera de retour pendant la distribution du repas.

ACTIONS JURIDIQUES

Les possibilités d’actions juridiques concernent aussi les mineurs isolés ou les rares personnes qui souhaitent demander l’asile en France, plutôt que poursuivre leur route vers Londres. Elles sont souvent découragées, car pour faire la démarche, elles sont contraintes de se rendre à Lille, sans moyen de transport. Et attendre, sans hébergement, des semaines, l’enregistrement de leur demande d’asile en préfecture. Beaucoup préfèrent donc rester au Puythouk quand elles apprennent qu’aucune place d’hébergement n’est disponible et qu’elles devront continuer de vivre à la rue.

Redir a 40 ans, il était chercheur à l’université de Duhok, grande ville du Kurdistan au nord de l’Irak. Il connaissait un peu la situation avant de venir, mais ne s’attendait pas à dormir dans la forêt enroulé dans une couverture. « Quand on est menacé de mort, l’urgence c’est la fuite, le reste importe peu. » Avec sa femme et leurs enfants de cinq et huit ans, ils espèrent rejoindre le Royaume-Uni où réside un neveu qui est de nationalité britannique.

UNE MISSION À LA RENCONTRE DES ACTEURS

L’action de La Cimade menée dans sa permanence d’accès aux droits à Grande-Synthe depuis juillet 2016 était liée à l’ouverture du camp de la Linière. Deux mois après l’incendie, même s’il n’y a pas de baisse de fréquentation de sa permanence, La Cimade a entrepris du 6 au 9 juin une mission de terrain à la rencontre des associations et des personnes exilées pour mieux répondre aux besoins des personnes exilées. « On présente nos actions aux partenaires, on évoque les questions de formation et on étudie la possibilité d’une présence au Puythouk pour identifier des personnes qui souhaitent un soutien juridique dans leurs démarches » détaille Magali De Lambert. Emmaüs, Médecins du Monde, Gynécologie sans frontière, Salam, Care4Calais, Refugee Community Kitchen, Dunkirk Legal Support Team, Plateforme citoyenne Bruxelles et autres militants font partie des acteurs de terrain rencontrés dans le cadre de cette mission.

OUVERTURE D’UN NOUVEAU CAMP ?

Mais la question d’une redéfinition de l’action de La Cimade sera peut-être tranchée plus vite que prévu. En effet, Damien Carême, le maire (EELV) de Grande-Synthe a annoncé qu’avec ou sans l’État, il y aurait un nouveau camp. Pour que l’accueil inconditionnel des personnes en exil dans le Nord et le Pas-de-Calais soit réel, quelle que soit leur nationalité et leur situation administrative, ce n’est pas un camp que l’État doit mettre en place, mais plusieurs camps. Une demande soutenue par les associations qui ont écrit le 2 juin au président de la communauté urbaine de Dunkerque.

 

Matthew Pratt : Elizabeth Gay avec les jumelles Sarah et Ann.

 

 

 

Calais – Défenseur des Droits : « Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité »

14 mercredi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, droits, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Lundi 12 juin, une équipe du Défenseur des Droits s’est rendue à Calais pour constater la situation actuelle. Le Défenseur des Droits est une institution mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy, regroupant quatre autorités indépendantes (Défenseur des Enfants, Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, Médiateur de la République). En juin 2011 sa première saisine concerne la situation des exilé-e-s à Calais, sur la base d’un rapport établi par des membres du mouvement No Border, soutenu par une trentaine d’associations. Après enquête, la décision du Défenseur des Droits condamne sans équivoque les violations des droits commises par l’État. Depuis l’institution suit la situation à Calais et a pris position de multiple fois (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

Aujourd’hui, le Défenseur des Droits constate une situation pire que jamais.

 

https://defenseurdesdroits.fr/node/23868

Vous pouvez télécharger le communiqué du Défenseur des Droits ici.

 

« Visite des services du Défenseur des droits le lundi 12 juin à Calais

Mercredi 14 Juin 2017

Le Défenseur des droits dénonce une nouvelle fois les conditions de vie inhumaines que subissent les exilés à Calais

 

Très préoccupé par les faits portés à sa connaissance, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a demandé à ses services de se rendre sur place lundi 12 juin 2017. A cette occasion, ses agents se sont longuement entretenus avec de nombreux exilés et les associations leur venant en aide.

Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs, et qui demeurent à ce jour sans précédent.

 

Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité

La volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré : les personnes – entre 500 et 600 selon plusieurs informations croisées – dont des mineurs, dorment à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations. Ils disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville. Les migrants ne peuvent dès lors plus dormir, ni même se poser ou se reposer et restent constamment sur le qui-vive. Ils sont visiblement dans un état d’épuisement physique et mental.

Tous les points d’eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire. Se laver et boire de l’eau est leur principale demande.

Alors que Tribunal administratif de Lille a considéré le 22 mars 2017 que l’interdiction de distribution de repas par les associations était constitutive d’un traitement inhumain ou dégradant, une seule distribution associative est tolérée le soir, pendant une heure, ce qui ne permet pas de nourrir tous ceux qui le souhaiteraient. Les autres sont empêchées par les forces de l’ordre, au motif de« consignes préfectorales » quel que soit le public concerné (familles, jeunes enfants).  Une association procède à des distributions itinérantes, cherchant ainsi à accéder aux exilés qui n’osent plus se rendre sur les lieux de distribution, de peur de se faire interpeller. Depuis une semaine, parce qu’un prêtre s’est ouvertement opposé à la présence policière sur le parvis de son église, une distribution peut y avoir lieu tous les midis.

 

Un impact particulier sur les femmes et les enfants

Les femmes, qui ne bénéficient plus d’aucune structure dédiée depuis le démantèlement du Centre Jules Ferry, sont susceptibles de faire l’objet de viol et d’exploitation sexuelle. Certaines femmes ont des nourrissons et plusieurs bébés sont à naître dans les prochaines semaines. Aucun dispositif d’accueil ou d’hébergement ne leur semble accessible alors même que la protection maternelle et infantile impose une telle prise en charge.

Parmi les enfants non accompagnés présents, certains sont primo arrivants, d’autres reviennent de CAOMI avec l’idée persistante de se rendre en Grande-Bretagne. Ils indiquent subir le même traitement. La prise en charge par l’aide sociale à l’enfance implique, le soir et la nuit, un passage par le commissariat, ce qui rend particulièrement dissuasive la démarche.

 

Des associations sous pression

Lorsqu’elles tentent de mettre en œuvre des dispositifs qui devraient l’être par les pouvoirs publics (douches, distribution de repas et d’eau), les associations sont entravées et menacées : verbalisation des véhicules garés devant les locaux associatifs, injonction de mettre aux normes la cuisine d’une association présente de très longue date à Calais, menaces de poursuites pour aide au séjour irrégulier. Le Défenseur des droits mène d’ailleurs des investigations s’agissant des entraves qu’auraient subies les associations et les mineurs dans l’accès au dispositif de douches mis en place jusqu’au mois de mai par le Secours Catholique.

Il est par ailleurs difficile à ces associations de conseiller les migrants sur des démarches d’accès au droit. A cet égard, le Défenseur des droits regrette que les départs vers les CAO depuis Calais ne soient plus organisés, de même qu’il ne soit plus possible de déposer une demande d’asile dans la ville, la préfecture située à Lille dissuadant d’entreprendre de telles démarches.

Tout en réitérant ses recommandations générales, notamment à l’égard des mineurs (décision du 20 avril 2016), le Défenseur des droits demande dès à présent la fin de cette sorte de traque, l’autorisation des distributions de repas, la mise à l’abri des mineurs sur place, la mise en place d’un lieu où les personnes peuvent se reposer, se ressourcer et envisager la suite de leur parcours migratoire.

Dans son rapport d’octobre 2015, le Défenseur des droits écrivait : « Depuis les années 2000, c’est la crainte du risque « d’appel d’air » que pourrait provoquer un traitement digne et respectueux des droits des migrants qui est à l’œuvre dans la gestion de la situation du Calaisis. Pour ne pas prendre ce risque, les pouvoirs publics ont d’abord cherché à rendre le moins visible possible le regroupement de migrants et à ne pas créer de « points de fixation » ».

Plus récemment, à l’occasion d’observations présentées devant le Tribunal administratif de Lille dans le cadre du démantèlement de la Lande, il précisait : « le défaut d’anticipation de ces opérations d’expulsion est contreproductif puisqu’il ne fait que déplacer le problème vers un autre site, imposant aux exilés un « nomadisme » forcé ».

 

Le Défenseur des droits regrette que les faits constatés aujourd’hui lui aient à ce point donné raison. Il exhorte les pouvoirs publics à ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés qui, présents sur notre territoire, doivent être traités dignement, conformément au droit et aux engagements internationaux qui lient la France. »

 

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