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Nous étions dans l’urgence : un délais de 24h, puis de 48h pour quitter le lieu de distribution des repas, un émissaire du préfet promettant samedi matin le dialogue si les exilés partent du lieu d’eux-mêmes, une tentative de déménagement samedi soir. Le fait que la police ait empêché le déménagement des exilés et qu’ils se soient réinstallés au lieu de distribution a un peu changé la donne. Puis que l’émissaire du préfet ne vienne pas au rendez-vous qu’il avait fixé à aujourd’hui mardi et donne son accord officieux pour que les exilés restent sur les lieux : on est maintenant dans ce qui ressemble à une installation.

Mais cette installation n’est pas la création d’une énième « jungle ». Les exilés ont refusé d’aller « dans la jungle », dans les bois et les buissons à la périphérie de la ville, pour « vivre comme des animaux », comme les y poussaient les autorités. Et l’organisation des communauté qui a conduit à l’occupation de ce lieu et la rédaction de revendications s’applique maintenant à la vie quotidienne. Les lieux sont balayés et les déchets mis à la poubelle, malheur à qui jette une peau de banane par terre. Malheur aussi à quiconque urine contre le mur du fond et où que ce soit à l’intérieur du lieu, il est impitoyablement hué par tous ceux qui le voient – il n’y a pas de punition, il s’agit seulement de foutre la honte à ceux qui ne respectent pas un minimum de règles d’hygiène. La distribution de la nourriture apportée en dehors des repas chauds du soir est gérée de manière équitable par les exilés. Une cabine faite de bâche et palette permet de se laver dans l’intimité – seul le manque de matériaux empêche qu’il y en ait d’autres. La question, cruciale, des WC, demandera des soutiens pour trouver une solution, les trois toilettes chimiques à l’entrée ne suffisant pas pour plus de trois cents personnes.

Des personnes, membres ou non d’associations ou collectifs, sont présentes sur le lieu quasiment de manière continue, créant un échange et une solidarité. Et c’est un atout d’être près du centre-ville plutôt que perdus au fin fond d’une zone industrielle.

Les autorités ont faillit à donner aux exilés un lieu susceptible de les accueillir dignement – et si l’émissaire du préfet revient parler aux exilés il faudra en premier lieu qu’il recrée la confiance après le rendez-vous manqué d’aujourd’hui. Les exilés ont pris en charge eux-même leur dignité, avec les moyens du bord, et nous invitent à partager cette expérience avec eux.

Merci à eux.

 

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