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Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives de Tag: solidarité

De Calais à la ZAD, et vice versa

15 jeudi Fév 2018

Posted by passeusesdhospitalites in Non classé

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Calais, solidarité

Il y a une histoire de solidarité entre ces deux lieux, bien que n’ayant que peu en commun à première vue. Des gens qui bougent et qui se mélangent, de luttes différentes mais liées.
Voici le communiqué de Nantes Révoltées sur la manif de dimanche dernier:

« 10 février : feu de joie contre l’aéroport et son monde

10 février 2018 : la Déclaration d’Utilité Publique du projet d’aéroport, décidée 10 ans plus tôt par le préfet de Nantes, est officiellement périmée. Il n’y aura jamais d’avions à Notre-Dames-des-Landes. Il est midi. Au Gourbi et à Saint-Jean du Tertre, deux lieux de la ZAD, deux points de départ pour converger vers la ferme de Bellevue, et fêter comme il se doit la victoire de ce combat de longue haleine, la foule grossit.

La foule est dense, le froid mordant. On patauge dans la boue. Une déclaration commune du mouvement est lue. Puis un tracteur bardé de fortifications en bois fend la multitude, suivi d’un gigantesque triton mobile, de 20 mètres de long. Un cortège s’étire derrière eux, piétinant sur les routes trop étroites pour une telle affluence. Il y a 40 000 personnes sur la ZAD. La foule des grands jours. On peut y croiser des gens de tous horizons, arborant souvent de larges sourires, ou les costumes les plus audacieux.

Arrivés à destination, les cortèges fusionnent, puis se dispersent sur trois champs adjacents. Un dragon aux narines fumantes fait son apparition. Un crocodile géant à la mâchoire acérée, vient également tenir compagnie au triton. Les trois géants se baladent dans la foule, se querellent dans un ballet surréaliste pendant qu’un speaker commente les événements. Au milieu du champ, un monticule de constructions représentant les grands projets destructeurs : l’extraction de sable, la poubelle nucléaire de Bure, le Center Parc de Roybon … et un avion en bois, massif. Les monstres virevoltent autour des symboles, avant d’y mettre le feu sous les acclamations. Une effigie de paille au visage de Gérard Colomb se consume. Mieux que Royal de Luxe, sans les subventions. L’immense brasier réchauffe quelques instants les premiers rangs, avant de diminuer. Des fanfares continuent à jouer, et les dizaines de milliers de personnes se répartissent autour des concerts, discussions, et autres stands. Malgré la pluie, des milliers de personnes resteront bien après la nuit tombée, autour d’un fest-noz et d’autres réjouissances.

Il y a toujours quelque chose de prodigieux, dans une période où il est si difficile de se mobiliser, de voir des dizaines de milliers de personnes, parfois venues de l’autre bout de la France, voire de l’Europe, venir se perdre au milieu d’un bocage, dans une lande trempée, par un temps glacial, après avoir tâtonné le long de routes sinueuses pour partager quelques heures ensemble. Quoiqu’on en dise, la ZAD porte en elle cette magie. Et beaucoup semblent y tenir. Aujourd’hui, c’est certain, cette magie ne s’éteindra pas. « 

 

Ici un appel à soutien pour l’ambulance venue aussi à Calais lors du démantèlement du bidonville, en 2016 avec des street medics solidaires de la ZAD.

 

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Brochure ambu def

Photos d’une frontière

14 mercredi Fév 2018

Posted by passeusesdhospitalites in Non classé

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Bruxelles, Calais, campements, Dunkerque, Exilés, expulsions, Frontière, harcèlement policier, Paris, politiques migratoires, solidarité

La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.

Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».

ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.

A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche…  »

Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…

Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…

Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.

En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

 

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photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto

La Quinzaine des Passeurs d’hospitalités – La destruction du bidonville de Calais

20 mardi Juin 2017

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état d'urgence, bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité, violence

LA QUINZAINE DES PASSEURS D’HOSPITALITÉS

La destruction du bidonville de Calais

 

Vous pouvez télécharger La Quinzaine des Passeurs d’hospitalités – La destruction du bidonville de Calais ici.

 

La destruction de l’équivalent d’une ville de dix mille habitant-e-s, l’expulsion de ses habitant-e-s, leur dispersion sur l’ensemble du territoire, la médiatisation de cette opération comme une action humanitaire. La mise en place logistique, policière et médiatique. « Nous » sommes en capacité de faire « ça » aujourd’hui en France. À l’heure de l’état d’urgence permanent. Le fait appelle la réflexion.

Cette newsletter du blog Passeurs d’hospitalités reprend les billets publiés alors, qui témoignent du tournant qui a conduit à la décision détruire (page 2), de la mise en place de l’opération (page 3), de son déroulement (page 10), et brièvement de la situation qu’elle laisse (page 13).

Le tournant.

Rien ne semblait joué à la rentrée 2016, l’État semblait vouloir continuer les destructions partielles du bidonville, à commencer par les commerces et restaurants, un lieu d’accueil pour les mineur-e-s devait ouvrir à l’automne, l’embryon de scolarisation des enfants reprendre en septembre. Il semble bien que c’est l’emballement médiatique de la rentrée, lancé par Le Figaro, et la montée des pressions pour obtenir la destruction totale du bidonville qui aient emporté la décision.

La préparation.

C’est à nouveau Le Figaro qui lance la nouvelle du plan gouvernemental de création de centres d’hébergement pour les expulsé-e-s de Calais. Pour construire son image médiatique, le gouvernement s’assure le consentement d’une partie des acteurs associatifs, puis au fur et à mesure que celui-ci s’érode joue la division, jusque dans les conditions d’accès au site de l’opération. L’état d’urgence est utilisé pour empêcher les manifestations de protestation. Il réussit ainsi à rendre les voix critiques mal audibles. Au fil du temps du temps le dispositif policier se précise, pèse dès avant le début de l’opération sur le Calaisis et les approches du littoral depuis Paris, et les violations des droits qu’elle entraînera deviennent certaines.

La destruction du bidonville et la dispersion des exilé-e-s.

Tandis que quelques sept cents journalistes suivent pour la plupart les parcours guidés mis en place par les autorités, montrent quelques images d’incendie sans chercher à en comprendre le sens, et partent docilement lorsqu’on leur signifie que la messe est dite, l’envers du décor témoigne d’une violence sourde, de l’utilisation de l’état d’urgence à des fins répressives, d’un mépris profond des personnes et de multiples violations de leurs droits.

Au lendemain de la destruction

La situation que nous connaissons aujourd’hui à Calais était prévisible, si ce n’est annoncée, dès avant sa destruction. Elle a commencé à se mettre en place avant et pendant celle-ci, elle est constituée lorsqu’elle s’achève.

Calais : les associations saisissent à nouveau le tribunal administratif

16 vendredi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, droits, Exilés, ppolitiques migratoires, solidarité

À l’automne 2015, le tribunal administratif de Lille avait déjà été saisi des conditions de vie dans le bidonville de Calais. L’affaire était remontée jusqu’au Conseil d’État, et avait débouché sur l’installation de points d’eau en plus grand nombre, de toilettes chimiques, la mise en place d’un ramassage des déchets, l’aménagement de voies d’accès pour les secours. Et un recensement des mineur-e-s qui n’avait débouché sur aucune mesure concrète (voir ici, ici, ici et là).

La situation est pire aujourd’hui, comme en témoigne le récent communiqué du Défenseur des Droits, aggravée encore par le harcèlement policier à l’encontre des activités humanitaires.

Hier 15 juin, des exilé-e-s et des associations ont donc à nouveau saisi le tribunal administratif.

 

Communiqué :

http://www.ldh-france.org/deni-dhumanite-deni-realite-latteinte-aux-libertes-fondamentales-constitue-pas-politique/

Vous pouvez télécharger le communiqué des associations ici.

« DENI D’HUMANITE, DENI DE REALITE
L’atteinte aux libertés fondamentales ne constitue pas une politique !

Les associations saisissent à nouveau le juge des référés du tribunal administratif de Lille

Des exilés et des associations saisissent dans l’urgence le juge du tribunal administratif de Lille pour lui demander d’enjoindre aux autorités de respecter les libertés et les droits fondamentaux des exilés présents sur le Calaisis.

Aujourd’hui plus de 600 exilés, dont de nombreux mineurs isolés, survivent sur le Calaisis dans des conditions effroyables. A l’absence totale de prise en charge sanitaire et sociale s’ajoutent une pression et un harcèlement policier constants destinés, prétendent les autorités, à « éviter tout point de fixation ». Les exilés fuyant la guerre et la persécution sont ainsi contraints de subir des conditions de survie intolérables. A l’occasion de l’expulsion des habitants du bidonville de Calais en octobre 2016 les préconisations du rapport de Messieurs Vignon et Aribaud (lesquels avaient reçu pour mission, du ministre de l’Intérieur de l’époque, d’envisager les suites à donner au démantèlement du bidonville de la Lande) étaient claires. Les promesses ministérielles annoncées avant le démantèlement l’étaient également. Pourtant, plus aucun dispositif d’accueil n’existe à ce jour pour les réfugiés arrivant sur Calais. Les autorités veulent faire croire que la question de la présence des exilés est résolue et que ces derniers n’arrivent plus à Calais. Or, cela fait plus de vingt ans que les exilés viennent sur Calais pour tenter le passage vers la Grande Bretagne, qu’ils y séjournent aussi longtemps que nécessaire. Cela perdure et continuera aussi longtemps que Calais sera proche des côtes anglaises…

Ce n’est pas en privant les exilés de leurs droits fondamentaux et en leur refusant le minimum de dignité que l’on répondra de façon constructive et pérenne à la question de l’accueil des réfugiés. La solution ne naîtra pas non plus des entraves à l’action des associations et des citoyens qui leur apportent aide et soutien.

La politique menée depuis octobre 2016 est une impasse pour les exilés comme pour l’ensemble des calaisiens concernés. Ce n’est d’ailleurs pas une politique, c’est un déni de réalité – initié dans un contexte de campagne électorale – indigne de notre devise républicaine.

Une fois les élections législatives passées, le nouveau gouvernement va-t-il persévérer dans la politique de l’autruche et du tout sécuritaire ou va-t-il oser regarder la réalité en face, proposer de construire dans la durée une réelle politique d’accueil comprenant des réponses locales, nationales et européennes adaptées à cette question complexe ?

Face à la situation sanitaire et sociale déplorable que subissent les exilés, et alors qu’il y a urgence à y répondre, nous sommes donc contraintes de saisir – une fois encore – le juge des référés du tribunal administratif de Lille, afin de lui demander de reconnaître les atteintes graves et répétées aux droits et libertés et d’enjoindre aux autorités de mettre en place un dispositif garantissant le respect des droits fondamentaux de base, tels que l’accès à l’eau, à des toilettes, à une distribution alimentaire, à une information réelle sur les droits…

A Calais, le 15 juin 2017

 

Associations signataires :

L’Auberge des migrants ; La Cabane juridique / Legal Shelter ; Care4Calais ; La Cimade ; Gynécologie sans frontières ; Help Refugees ; Ligue des droits de l’Homme ; Le Réveil Voyageur ; Salam Nord Pas-de-Calais ; Secours catholique ; Caritas France ; Utopia 56 »

 

Otto Dix : Assaut sous les gaz.

 

Le passage du relais

15 jeudi Juin 2017

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Calais, Exilés, solidarité

Huit ans passés à Calais, et huit années d’engagement avec les exilé-e-s. Le blog Passeurs d’hospitalités a succédé à Vibrations Migratoires, celui de l’association La Marmite aux Idées, dont je me suis occupé pendant plus d’un an. Passeurs d’hospitalités est né le 1er février 2014, il y a donc un peu plus de trois ans. Une aventure singulière, mais pas seulement. Une camarade qui reprend la rédaction du blog pendant des vacances bien méritées, une autre qui envoie ses dessins, des textes d’origines diverses repris tels quels, des voix à travers l’audioblog http://audioblog.arteradio.com/blog/Passeursdhospitalites/ , une version anglaise aussi, parfois interrompue https://passeursdhospitalitesenglish.wordpress.com/. Passeurs d’hospitalités bruit en fait d’autres voix.

Et puis huit ans engagé à Calais, plus de trois ans à faire vivre ce blog, vient le temps d’une pause. Avant de repartir vers d’autres engagements avec les exilé-e-s.

Et puis une petite équipe veut continuer le blog, et nous sommes au moment du passage de relais.

Un court audio sur ce moment :

http://audioblog.arteradio.com/post/3079614/un_passage_de_relais/

J’écrirai encore quelques billets avant de m’enfouir dans une campagne profonde, sans internet.

Comme souvenir, pour vous faire sourire – c’est mon deuxième essai de montage sonore, il n’est pas très bon techniquement, je vous demande d’être indulgent-e-s. Au centre du bidonville de Calais, il y avait un étang. D’aucuns y pêchaient. Une rencontre imaginaire, vue du côté calaisien :

http://audioblog.arteradio.com/post/3079642/la_peche/

PW

 

 

Étudiant-e-s exilé-e-s, entre intégration et désintégration

13 mardi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Dunkerque, politiques migratoires, ségrégation, solidarité

La partie sud du bidonville de Calais a été détruite. La population de la partie nord augmente rapidement, elle atteindra dix mille habitants en septembre 2016. C’est dans ce contexte que naît le projet d’une formation au français dans le cadre de l’université de Lille s’adressant à des exilé-e-s du bidonville et les préparant à intégrer un cursus universitaire.

Passons sur les difficultés administratives et sur la question à résoudre des personnes en demande d’asile placées en procédure Dublin et risquant d’être expulsées vers le pays européen responsable de leur demande d’asile selon le règlement européen Dublin III. Mais au moment de la destruction finale du bidonville de Calais en octobre 2016 le ministre de l’intérieur trouve de bonne propagande de revendiquer ce programme comme une marque de l’humanité du gouvernement, juste avant de raser l’équivalent d’une ville de dix mille habitant-e-s et d’en disperser la population. Il vient alors à l’université, bien sûr entouré de médias.

En avril cette année, c’est l’Université du Littoral de la Côte d’Opale qui met en place un programme analogue de mise à niveau en France à Dunkerque s’adressant à des exilé-e-s du camp de Grande Synthe.

http://www.lavoixdunord.fr/164073/article/2017-05-17/du-camp-de-migrants-aux-bancs-de-l-universite-du-littoral

La question des demandeur-se-s d’asile en procédure Dublin se pose à nouveau. Mais aussi l’hébergement des étudiant-e-s est remis en cause, alors que le camp de réfugié-e-s a brûlé et que les exilé-e-s subsistent dans des conditions d’une extrême précarité, comme à Calais. Une pétition est lancée pour qu’ils et elles ne soient pas mis-es à la rue et puissent poursuivre leur apprentissage du français.

 

https://www.change.org/p/monsieur-le-pr%C3%A9fet-non-%C3%A0-l-exclusion-des-%C3%A9tudiants-r%C3%A9fugi%C3%A9s-de-l-ulco-par-le-pr%C3%A9fet

« Non! à l’exclusion des « étudiants réfugiés » de l’université par le préfet.

Les étudiants réfugies de Dunkerque exclus du dispositif universitaire de l’ULCO par le préfet  

Comment peut-on imaginer un instant renvoyer dans la « jungle », les étudiants réfugiés pour y passer la nuit après une journée de travail à l’université ?

C’est pourtant le sort qui leur est dorénavant réservé !

Pour répondre à l’appel du ministère de l’enseignement et de la recherche, l’université du littoral côte d’opale (ULCO) a mis en place un programme destiné aux demandeurs d’asile. Un cours de français (FLE) est démarré au début du mois de mai.

Suite à des tests de sélection, une vingtaine de personnes du camp de la linière à Grande-Synthe commence l’apprentissage pour une durée programmée de une année. A l’issue de ce cours les étudiants pourront poursuivre leurs études ou exercer leur métier.

Nous, bénévoles sur Dunkerque auprès des migrants, avions salué l’initiative courageuse de l’université du littoral à Dunkerque dans l’ouverture de cette formation FLE. Nous nous sommes alors fortement impliqués dans l’installation des étudiants dans les logements libres de la résidence universitaire, dans nos associations respectives.

Sur le camp Grande-Synthe, nous avions déjà fait connaissance avec Aram, Leith, Hani, Majid, Vahid, Alireza et Canaan et les autres. Tous ces étudiants ont été sélectionnés pour ce programme universitaire ambitieux. Comme beaucoup d’autres réfugiés de la région nous les avions côtoyés régulièrement sur le camp de la linière depuis plusieurs mois. Distribution des repas, apprentissage du français, accompagnement dans les méandres de l’administration pour les demandes d’asile, nous n’avons pas ménagé notre peine pour les accompagner dans ce projet.

Tout allait pour le mieux !

C’était sans compter sur la décision d’expulsions envers les étudiants réfugiés décrétée par le préfet. Cette décision autoritaire nous révolte et met aujourd’hui gravement en péril le noble projet de départ.

Depuis une bonne semaine, il ne se passe pas un jour sans que les étudiants, en réelle panique, ne s’adressent à nous sans exprimer leur désarroi et leur incompréhension devant l’ultimatum préfectoral qui leur est imposé, par l’intermédiaire des autorités universitaires.

Nous partageons avec eux ces incompréhensions et cette injustice.

Même si des dispositions légales justifieraient vos choix, Monsieur le préfet,  il subsiste une injustice insupportable dans leur interprétation avec le traitement qui a été appliqué à d’autres programmes similaires notamment sur la faculté de Lille fin 2016. Les étudiants réfugiés de Lille sous procédure « Dublin » (*) ou non, intégrés dans ce programme, sont tous soumis aux mêmes traitements tant pour de logement que pour l’aide aux demandeurs d’asile (ADA).

Monsieur le sous-préfet de Dunkerque, pourquoi faites-vous cette différence entre les réfugiés de Lille et ceux de Dunkerque ?

Monsieur le sous-préfet, vous savez bien que l’accueil et l’hébergement chez les bénévoles, qu’on nous suggère, sont certes généreux, mais ce n’est pas une solution politiquement acceptable.

On ne peut plus aujourd’hui revenir sur la promesse donnée.

Il ne s’agit pas, vous le savez bien que de quelques cours de français, mais bien d’un projet de vie qui a eu le temps de mûrir dans leur esprit depuis leur arrivée à Dunkerque.

Nous ne pouvons pas laisser l’opinion publique croire à la seule vérité tronquée de l’article de presse dans le journal la Voix du Nord de mercredi 17 mai dernier. Nous n’osons pas nommer les sentiments que les étudiants pourraient avoir à notre égard si l’expulsion était effective, mais nous imaginons assez bien la honte qui nous habiterait alors.

Au-delà de ces sentiments, c’est juste l’avenir d’une vingtaine d’êtres humains que nous démolissons une nouvelle fois, comme s’ils n’en avaient pas suffisamment subit.

Un programme humanitaire remarquable a été initié aujourd’hui à Dunkerque auprès de jeunes réfugiés d’Irak, d’Iran et d’Afghanistan et nous avons contribué largement, avec enthousiasme, à son accomplissement. Nous refusons aujourd’hui que vôtre seule volonté le mette en péril, au mépris des valeurs humaines que la France proclame.

Nous vous demandons de renoncer à cette expulsion afin qu’avec concertation et sans précipitation nous puissions accueillir comme promis ces étudiants. »

 

Pierre-Auguste Renoir : La liseuse.

 

Quand les mobilisations l’élargissent (6)

11 dimanche Juin 2017

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Calais, centres de répit, Dublin, Exilés, expulsions, Paris, solidarité

Les expulsions des personnes hébergées dans les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là) vers le pays responsable de leur demande d’asile selon le règlement européen Dublin III se multiplient. Les résistances aussi (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

À Bordeaux, face aux expulsions et à de nouveaux placements en rétention ou en assignation à résidence, une cyberaction est diffusée et une action prévue le 14 juin à 17h30 place de la Bourse.

https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutienauxmigrants-1495.html

Dans le Calvados, une pétition est diffusée en soutien aux demandeurs d’asile hébergés au CAO de Bretteville-sur-Laize en instance d’expulsion vers l’Italie.

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-du-calvados-soutenir-le-cao-de-bretteville-sur-laize

Dans le Gard, en plus des demandeurs d’asile du CAO du Vigan, ceux de Saint-Hippolyte-du-Fort sont menacés d’expulsion. Une pétition circule.

https://www.change.org/p/soutien-aux-r%C3%A9fugi%C3%A9s-soudanais-de-st-hippolyte-du-fort-et-le-vigan-30

 


 

À Bordeaux :

Une cyberaction : https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutienauxmigrants-1495.html

« Soutien aux migrants

Le site « Passeurs d’hospitalités » collecte les informations sur les mobilisations en cours en soutien aux demandeurs d’asile . Enfermés dans les CRA avant d’être mis dans des avions à destination d’une Italie où rien n’est prévu pour eux, condamnés de nouveau à l’errance, ils sont traumatisés.
De tous les coins de France montent – jusqu’au Président de la République nos protestations et nos appels.
Le silence des responsables est assourdissant. Sont-ils sourds ?
Faisons résonner nos voix encore plus fort.

Collectif de Défense du Droit d’Asile Bordeaux vendredi 2 juin 2017 des migrants du CAO de Mérignac.

Monsieur le Président de la République Français,

Nous sommes un collectif de citoyens, soutenus par de nombreuses organisations, apportant notre soutien aux migrants qui ont vécu six mois au Centre d’Accueil et d’Orientation de Mérignac. Tous sont en grande détresse psychologique depuis qu’il leur a été signifié pour la plupart d’entre eux que, n’étant passés par Calais, il leur est appliqué la Procédure « Dublin » comme le stipule « le règlement Dublin III ».

Nous sommes habitants de deux communes de la Métropole bordelaise : Talence et Mérignac. Fin 2016, le Préfet de la Gironde est venu personnellement nous demander de réserver le meilleur accueil à des migrants qui seraient incessamment hébergés dans nos communes jusqu’au printemps 2017, via deux CAO, celui de Talence géré par ADOMA et celui de Mérignac géré par le Diaconat.

Un grand nombre de bénévoles se sont organisés rapidement, ont mis à disposition leurs compétences, se sont fait un devoir et un plaisir de les accueillir, de les entourer, de les accompagner, de leur enseigner le français, en étant attentifs à tous et à chacun. A Talence il a même fallu une mobilisation citoyenne vigoureuse et massive pour contrer une offensive du Front National particulièrement haineuse. Les jeunes gens de ces deux CAO ont pu se reposer, créer des liens, faire des démarches administratives, progresser dans l’apprentissage de la langue française et s’intégrer sans le moindre heurt.

En mars 2017, Monsieur le Préfet de la Gironde Pierre DARTOUT est venu dire combien il était satisfait de la qualité de l’accueil que nous avions mis en place et a annoncé la fermeture des CAO de nos deux communes, dont celui de Mérignac le 10 mai.

Les jeunes du CAO de Talence ont été « dédublinés » et ont pu demander l’asile en France et y accomplir toutes leurs démarches. Le CAO de Mérignac accueillait lui 48 migrants qui n’étaient pas, pour la plupart, dans leur périple ô combien problématique (ce que vous n’ignorez pas), passés par Calais. Ils sont à ce jour, encore sous la Procédure « Dublin », hébergés pour quelques semaines dans un foyer, situé à Bordeaux et géré par ADOMA et Le Diaconat pour leur suivi administratif.

Depuis mars 2017, une grande majorité d’entre eux a reçu une lettre d’Information de la Préfecture, les informant de leur prochaine mise en Centre de Rétention Administrative et de leur prochain transfert en Italie. Depuis leur arrivée, tous se rendent à chacune de leur convocation à la Préfecture de Bordeaux, afin d’aller y signer leur récépissé attestant ainsi leur non-délit de fuite et leur adresse administrative. Ils doivent s’y présenter de façon régulière, néanmoins pour 11 d’entre eux, leur dernière convocation à la Préfecture leur a été fatale dans la mesure où ils ont été interpellés et placés au Centre de Rétention Administrative de Bordeaux. A ce jour, ils ont été notifiés d’’un arrêté préfectoral « Transfert Dublin » et sont menacés d’être expulsés vers l’Italie dans les tous prochains jours. Tous souhaitent déposer une demande d’asile en France.

Les accords de « Dublin » sont invoqués par les Préfets de nos départements, malgré la marge de manœuvre dont ils disposent légalement (art 17 Règlement « Dublin III »). Nous ne comprenons pas cette inégalité de traitements entre les demandeurs d’asile. Ils sont tous démunis, tous désireux de s’intégrer, tous effrayés à l’idée d’être renvoyés à l’errance et au danger dans des pays tels que l’Italie, porte d’entrée de l’UE, débordés par les demandes d’asile.

Certains Préfets, dont le notre, refusent de tirer les conséquences de l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 17 mars dernier, en faisant un usage accru et injustifié de placement en rétention de demandeurs d’asile qui n’ont jamais tenté de fuir, se sont toujours rendus aux convocations et ont une adresse réelle.

L’Italie, actuellement principal pays d’entrée européen, a adopté un décret le 28 mars 2017 qui remet profondément en cause les possibilités d’obtenir l’asile. Il prévoit entre autre pour les personnes ayant transité ou venant de pays considérés comme sûrs (par exemple la Turquie) de voir leur demande simplement rejetée ou traitée en procédure accélérée, des contrôles accrus pour les personnes ayant obtenu le statut de réfugié, et des limitations dans les possibilités de défense et de recours.

Nous nous associons à l’appel de l’Inter Collectifs Migrants Alpins auquel nous souscrivons intégralement : Vous avez annoncé, lors de votre élection, qu’il est de votre « responsabilité d’entendre la colère, l’anxiété et les doutes… exprimés ». Vous semblez aussi avoir pris la mesure du drame qui se joue aujourd’hui en Méditerranée et dans les pays d’Afrique dont sont issus ces rescapés qui viennent chercher chez nous la paix. Nous vous demandons que « la France fraternelle » accueille sur nos territoires les migrants « dublinés » tel que l’Allemagne a su le faire. Cela permettrait aux migrants qui le souhaitent de déposer leur demande d’asile en France là où ils sont accompagnés dans leurs démarches administratives et là où ils ont déjà montré leur capacité à s’intégrer. Leurs témoignages racontent mieux que nos mots combien leurs vies sont en mises en danger par ces retours en arrière…

L’effort de l’Italie est déjà considérable. Il représente le double de celui de la France si nous tenons compte des PIB par habitant et du nombre de demandeurs d’asile !

Monsieur le Président, nous vous invitons à prendre une mesure forte et exemplaire dès le début de votre mandat en annulant et en faisant cesser les demandes de transferts de « dublinés » que la France a formulées auprès d’un état voisin (11657 en 2015, puis 25963 en 2016… ). Nous serons à vos côtés pour montrer que la France a la capacité d’accueillir dignement ceux qui sont venus chercher la protection et la sûreté chez nous.

Le règlement européen du 26 juin 2013, dit « Dublin III », prévoit qu’un pays peut « dédubliner » les demandeurs d’asile en les autorisant à faire leur demande dans un pays européen autre que celui de leur entrée dans l’Union Européenne. L’Allemagne vient de suspendre le renvoi vers la Hongrie des réfugiés passés sur son territoire. La France peut également suspendre le « dublinage », d’autant que notre pays est très loin d’avoir rempli les engagements pris à l’égard de l’Union Européenne, puisque nous avons relocalisé environ 3000 demandeurs d’asile, au lieu des 30000 annoncés.

L’Etat doit agir pour donner, à toute personne contrainte de fuir son pays, le droit de trouver asile dans le pays de son choix.

Monsieur le Président nous voulons croire que vous aurez à cœur de faire ce geste d’humanité que nous attendons tous, citoyens de Talence et Mérignac, mais aussi d’Embrun dans les Hautes- Alpes, de Marseille, de Paris… et de bien d’autres. Mettez votre quinquennat sous le signe de la foi en l’Humanité. Les Migrants en ont le plus grand besoin. Et nous en tant que Citoyens en avons également terriblement besoin.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Collectif de Défense du Droit d’Asile des migrants du CAO de Mérignac et ses soutiens
RESF33, Association ARTS (Accueil Réfugiés Talence Solidarité), Mouvement des bénévoles du CAO de Mérignac, EELV Aquitaine, LDH33, AC !Gironde, Association AREVE (Accueil des Réfugiés en Val de l’Eyre), FSU 33, ASTI, Réseau universitaire bordelais AIME(Accueil et Insertion des Migrant-e-s et Exilé-e-s), Rénovation, Collectif pour l’égalité des droits, Tremplin (alphabétisation et soutien scolaire pour les mineurs isolés étrangers 33), La Cimade Bordeaux…
Collectif de Défense du Droit d’Asile des migrants du CAO de Mérignac
Bourse du travail, 44 cours Aristide Briand Resf 33 33075 Bordeaux Cedex

Possibilité de trouver le message à mettre directement sur le site de la Présidence :
http://mcinformactions.net/Lettre-ouverte-au-President-de-la-Republique-du-collectif-de-soutien-aux   »

 

Une action le 14 juin :

 


 

Dans le Calvados :

https://www.change.org/p/pr%C3%A9fet-du-calvados-soutenir-le-cao-de-bretteville-sur-laize

« soutenir le CAO de Bretteville sur Laize

Le collectif ACDA (Accueil Cingalais Demandeurs d’Asile) a besoin de votre aide. Les erythréens, accueillis au CAO de Bretteville sur Laize, risquent d’être reconduits en Italie selon la procédure de Dublin. Nous souhaitons qu’ils puissent rester en France aussi longtemps qu’ils seront en danger de mort dans leur pays. Ils se sont particulièrement bien intégrés, participant à toutes les actions menées par le collectif (cours de français, équipe de foot, sorties culturelles,…) et leur départ compromettrait gravement l’intégration de tous les demandeurs d’asile. »

 


 

Dans le Gard :

« Soutien aux réfugiés Soudanais de St Hippolyte du Fort et Le Vigan (30)

Lettre ouverte au Président de la République et aux élus,

Depuis le 21 décembre 2016 Mohamed, Oussam, Abdou ,Omar, Muqahsim, Abdallah, Hussain, Abdselkasin, Soulayman, Osman, Muhanad et Nour Eddine sont accueillis sur notre territoire cévenol. Durant ces cinq mois ils ont suivi des cours de français dispensés par des bénévoles, ont été invités à des repas, des promenades, des fêtes… Ils ont participé à la vie locale.

Il y a deux ans, ils avaient quitté leur pays en guerre. Des parents, des frères, des sœurs, des cousins, étaient morts. Eux voulaient VIVRE. Ils ont traversé plusieurs pays, se sont embarqués dans des bateaux de fortune. Entassés, ils ont survécu à la traversée. D’autres n’ont pas eu cette chance et font pleurer dans les chaumières au journal de 20h00. Ils ont débarqué en Italie et pénétrant dans l’espace européen ont reçu un coup de tampon. Ils ont traversé l’Italie, la France, et sont arrivés dans un squat à Stalingrad, Paris. La jungle a été démantelée, le squat de Stalingrad évacué . On leur a dit de monter dans des cars. Des centaines de cars…Avec une promesse : leur demande d’asile ne serait pas étudiée par l’Italie (rappelez-vous : le coup de tampon) mais par la France. Eux hésitaient : et si on leur mentait ? Mais ils ont cru aux promesses… Ils sont montés dans le car sans savoir où ils allaient. Ils ont vu défiler bien des paysages… Plus de 750 kilomètres… Ils se sont endormis… On leur avait promis…

Finalement, leur accueil dans nos petites villes cévenoles s’est fait tranquillement, entre l’indifférence de certains et la solidarité de dizaines d’autres. Ils ont appris le français, noué des liens d’amitié. Liberté, égalité, fraternité ;

Ils ont cru que ce n’était pas que des mots… Jusqu’au vendredi 2 juin 2017…

Ils ont reçu une décision de la préfecture les renvoyant en Italie. Liberté, égalité, fraternité, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. L’Italie, là où des dizaines de milliers de réfugiés débarquent… Une chance sur 10000 d’obtenir l’asile ; 9999 risques sur 10000 d’être renvoyés vers le Soudan, vers la guerre, vers la mort.

Ils ont fait appel de cette décision.

Pour que continuent à vivre les valeurs qui ont fait de la France le pays des Droits de l’Homme.

Liberté, égalité, fraternité, redonnons du sens à ces mots, redonnons du sens à la fraternité. Pour que la demande d’asile de Mohamed, Oussam, Abdou ,Omar, Muqahsim, Abdallah, Hussain, Abdselkasin, Soulayman, Osman, Muhanad et Nour Eddine soit étudiée par la France, pour que la promesse de la France soit respectée, soutenez notre démarche.

Les collectifs de soutien aux réfugiés de St Hippolyte du Fort et Le Vigan. »

 

Seurat : Port-en-Bessin, avant-port (marée haute).

 

Exilé et aidant solidaire – jusqu’au drame

09 vendredi Juin 2017

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Angres, Calais, Exilés, Frontière, mort, solidarité

Nous avions parlé de la mort de Kim Le, exilé venu du Vietnam, qui s’est suicidé à l’hôpital. On en sait un peu plus sur lui, qu’il s’était fixé en France, qu’il y avait sa vie, qu’il aidait ses compatriotes du campement d’Angres, comme d’autres bénévoles locaux.

Mais la réalité est lue à travers une grille profondément racialisée. Il y a les « passeurs », nécessairement « sans scrupules », « aux activités très lucratives » – et étrangers. Et il y a les aidants, désintéressés et européens. Ces deux postulats sont faux. Toute contrebande, fut-elle de personnes, est aussi ou d’abord l’affaire des locaux-les, des frontalier-ère-s. Et la solidarité, l’entraide, est quotidienne entre exilé-e-s.

Kim Le est happé par cette lecture racialisée. Il ne peut qu’être passeur. Arrêté, il est emprisonné trois mois dans l’attente de son procès, durée reconduite trois mois, alors qu’il a ce qu’on appelle des garanties de représentation, c’est-à-dire une vie stable et un domicile qui conduisent normalement à penser qu’il va se présenter à son procès sans qu’il y ait besoin de l’emprisonner en attendant. Alors il va mal, et il est enfermé dans l’unité psychiatrique pour détenus de Séclin.

http://www.liberation.fr/societe/2013/11/07/passes-du-circuit-psy-au-circuit-prison_945454

Et là, pris entre machine à broyer et délaissement, il se tue;

 

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme que vous pouvez télécharger ici :

« Ligue des Droits de l’Homme
Section de Lille

Communiqué :

Un jeune Vietnamien de 24 ans, Kim Le, s’est suicidé dans l’Unité hospitalière de Seclin donnant des soins psychiatriques aux détenus malades. Kim Le était incarcéré pour une aide supposée à des compatriotes en errance sur une aire d’autoroute à proximité de Lens.

Bien inséré, vivant avec une Française, il avait été mis en détention préventive après une opération de police à l’encontre des migrants asiatiques d’Angres. Il avait très mal vécu et ressenti cette incarcération de trois mois et plus encore l’annonce de la reconduction de cette mesure pour un nouveau trimestre alors qu’il s’attendait à une décision de non lieu.

Ce mal vivre l’avait conduit à une hospitalisation dans les services de l’hôpital de Seclin.

Désespéré par l’annonce de la poursuite de l’emprisonnement, fragilisé par son isolement et son impossibilité de communiquer, il a mis fin à ses jours.

Rien ne pourra jamais redonner vie à Kim Le.

Victime de son acte de compassion et de solidarité envers ses compatriotes. Victime de discrimination raciale lors de sa mise en prison. Victime de conditions morales et psychologiques de détention. Kim Le représente un concentré de la bêtise et de l’inhumanité d’une politique de répression aveugle des migrants et de ceux qui leur portent aide et conseil.

La Ligue des Droits de l’Homme de Lille pleure en Kim Le une jeune vie injustement détruite au cœur de notre région des Hauts de France, au cœur de notre métropole européenne de Lille.
Pour que cette mort ne soit pas totalement inutile, la LDH entend informer les lillois et les gens du Nord de ces faits insupportables. Elle entend aussi interpeller toutes les autorités incriminées directement ou indirectement dans cette mort afin que de tels faits ne puissent se reproduire à l’avenir.

Pour que plus personne ne puisse être emprisonné et mourir pour avoir été compatissant et solidaire.

Lille, le 7 juin 2017

Gérard Minet, secrétaire. »

 

Lebadang : série « Espace » – sans titre.

 

Quand les mobilisations s’élargissent (5)

08 jeudi Juin 2017

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Calais, centres de répit, Dublin, Exilés, expulsions, Paris, solidarité

Alors que les violences policières s’aggravent à Calais, les mobilisations continuent (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là) contre l’expulsion des demandeur-se-s d’asile hébergées en Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là) et placé-e-s en procédure Dublin (le règlement européen Dublin III sert à déterminer le pays européen responsable du traitement d’une demande d’asile, et prévoit le plus souvent le renvoi de la personne vers le pays d’entrée dans l’Union européenne).

À Bordeaux : vous pouvez lire ici le compte-rendu des mobilisations des 5 et 6 juin :

http://mcinformactions.net/Devant-le-Centre-de-Retention-de-Bordeaux-episode-du-5-juin-solidarite-avec-les

http://mcinformactions.net/Devant-le-Centre-de-Retention-de-Bordeaux-episode-du-5-juin-solidarite-avec-les

À Brest : suite à l’arrestation en préfecture et au placement en rétention de deux demandeurs d’asile en procédure Dublin, un rassemblement est organisé samedi 10 juin place de la Liberté.

https://zeropersonnealaruebrest.noblogs.org/post/2017/06/07/samedi-10-juin-rassemblement-stop-dublin/

À Briançon : les demandeurs d’asile en procédure Dublin se donnent plus de visibilité en s’installant mardi dernier devant la MJC. Un appel à un rassemblement de solidarité hier mercredi a été lancé.

http://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2017/06/07/le-ras-le-bol-des-demandeurs-d-asile

À Tours : trois demandeurs d’asile hébergés en CAO ont entamé une grève de la faim face à la menace de l’association gestionnaire de mettre à la rue les personnes en procédure Dublin ou déboutées de leur demande d’asile.

http://larotative.info/greves-de-la-faim-et-menaces-d-2280.html

 


 

À Brest :

https://www.facebook.com/ZeropersonnealarueBrest/

https://zeropersonnealaruebrest.noblogs.org/post/2017/06/07/samedi-10-juin-rassemblement-stop-dublin/

« GUET-APENS!!

A Rennes, Suite à des notifications de décisions administratives des amis Irakiens se présentent en préfecture , sont arrêtés , placés au CRA (centre de détention administrative) à 17h .Ils seront dans l’avion à 10h demain , direction la Finlande .
pas de possibilité de défendre leurs droits : pas le temps de saisir le tribunal pour convocation déloyale

6 juin 2017
Ami O. raflé a Rennes Où es-tu?
Au CRA? Dans l’avion?
Où t’emmènent-ils?
En Italie? Certainement …!
Comme prévoient les accords de Khartoum : retour au Soudan?(la mort)

On dénonce .
On imprime .
On affiche partout .
Inondons ici, en France, en Europe
les empreintes du genre humain…dans un monde étranger d’humanité .

Rendez-vous ce samedi 10 juin à 11h
place de la « Liberté » Ici, Brest. »

 

 


 

À Briançon :

« Depuis hier matin, 6 juin 2017, quinze migrants ont entamé une grève de la faim à Briançon (Hautes-Alpes). Désertant les foyers des Centre d’Accueil et d’Orientation qui les hébergeaient depuis six mois, ils se sont installés avec toutes leurs affaires devant les portes de la MJC.
Menacés depuis plusieurs semaines de renvoi en Italie par la préfecture, ils veulent pouvoir déposer leur demande d’asile en France. Si cette demande n’est pas entendue, ils ont fait savoir qu’ils récupéreraient leur dossier et repartiraient à Paris, d’où le gouvernement était venu les chercher six mois plus tôt.
 
Leur histoire illustre la gestion absurde des migrants par l’Europe, et notamment les aberrations des accords de Dublin qui créent des situations d’attentes insoutenables, des parcours d’errance infinie et fabriquent des clandestins.

Ils sont arrivés à Briançon le 5 novembre. De Paris, en car, la nuit.
24 jeunes hommes apeurés sont descendus devant nous, qui avions préparé à manger pour les accueillir. Ils n’ont rien mangé, ils étaient fatigués, ils étaient inquiets.
Sur la carte ils avaient vu que Briançon est aux portes de l’Italie. Mais avant qu’ils ne montent dans le car, à Paris, on les avait tranquillisés :
« Nous ne vous renverrons pas en Italie. Vous allez être accueillis dans des petites villes des Hautes-Alpes où les maires et leurs habitants vont vous soutenir, vous aider. N’ayez pas peur. Et si vous acceptez de partir là-bas, vous pourrez déposer votre demande d’asile en France, les accords de Dublin ne pèseront plus sur vous. »
Ils sont montés dans le bus, avec de l’espoir.
Pour la première fois depuis de longs mois, ils auraient un toit, de quoi manger chaque jour, et surtout la possibilité d’une protection réelle, l’asile, qui semblait enfin tangible.
Nous, habitants des Hautes-Alpes qui nous sommes impliqués auprès d’eux, nous étions pleins d’espoir aussi. Heureux et fiers d’accueillir ces rescapés dans nos montagnes paisibles. Il fallait mettre de la gaieté, de la chaleur, de la légèreté dans ces vies naufragées. Nous avons fait tout notre possible, le cœur plein d’assurance, réjouis des liens d’amitié que nous approfondissions ensemble. Hassan, Abdallah, Ahmed, Ossoul, Adam, Hussein. Soudan, Erythrée, Tchad.
Tout était possible. Ils arriveraient à se remettre debout tout doucement, à regagner confiance en eux et en les autres.

Aujourd’hui, six mois plus tard, ils reçoivent les uns après les autres des avis d’expulsion vers l’Italie, au nom des Accords de Dublin.
Ils se sentent trahis, comme nous, perdus dans l’absurdité d’un système qui leur confère le statut d’errants perpétuels. Ils ont fui la mort, ont tout sacrifié et nous disent leur peur panique d’être renvoyés en Italie puis dans leur pays en guerre.

Ils se reconstruisaient, on les remet à terre.
Eux comme nous sont sans réponse :
Pourquoi les avoir accueillis pendant six mois dans des Centres d’Accueil et d’Orientation pour finalement les renvoyer à la rue en Italie ?
Hassan est l’un des premiers qui sera expulsé, début juin.
Il dit :
« Ici, on me propose un lit, mais aussi tous les cauchemars d’expulsion et de violence. Je ne peux pas dormir dans ce lit, je n’y trouve aucun repos. »
Il continue :
« Je ne suis pas venu chercher un toit et un peu de nourriture. La seule chose que j’attends est la protection de la France, le répit dans la guerre de ma vie. »

Pour mieux les écouter, je vous propose de lire le blog que nous avons créé pour eux et qui recueille leurs sentiments jour après jour. 

Paroles de Migrants

 

En automne 2016, le gouvernement français décide de démanteler deux camps de migrants devenus trop importants : Calais et Stalingrad. On propose à tous ces migrants d’être redirigés à travers la France en échange de quoi on leur promet de les dédubliner. (les accords de Dublin stipulent que c’est uniquement dans le premier pays européen traversé par le migrant que celui-ci a le droit de faire sa demande d’asile. Italie, Bulgarie et Grèce sont ainsi débordés par l’hypocrisie des autres pays européens qui refusent d’accueillir réellement les réfugiés.)
Les migrants venant de Calais ont tous été dédublinés et ont pu faire leur demande d’asile en France, ceux venant de Stalingrad ont attendu près de six mois, pleins d’espoir, avant de recevoir des notifications de renvoi en Italie. »

 


 

À Tours :

http://larotative.info/greves-de-la-faim-et-menaces-d-2280.html

Grèves de la faim et menaces d’expulsion au CAO Grandmont de Tours

Depuis le samedi 3 juin, trois résidents du CAO de Grandmont, géré par ADOMA, sont en grève de la faim. ADOMA a annoncé à quinze résidents dublinés ou déboutés qu’ils doivent quitter le CAO sous peine d’être évacués par la police, sans pour autant leur proposer de solution d’hébergement, alors que le 115 est saturé de demandes et laisse tous les jours des personnes à la rue.

C’est Sylvain Olivier, directeur local d’ADOMA, qui a réuni la semaine dernière les résidents lors d’une réunion extraordinaire. Selon ses mots, la quinzaine de résidents déboutés du droit d’asile ou sous le régime dit « de Dublin » devront quitter les lieux dans les semaines à venir, ou c’est la police qui viendra les expulser. Ces menaces arrivent en plein Ramadan et ne sont pas sans rappeler la fermeture du foyer Albert Thomas qui était survenue en pleines fêtes de fin d’année…

Refusant cette injonction, trois ressortissants du Soudan actuellement sous le régime de Dublin ont entamé une grève de la faim [1]. 60 personnes environ sont actuellement hébergées au CAO Grandmont de Tours, dont certains ont été orientés depuis Calais ou le quartier de la Chapelle, à Paris.

Tout comme à Saint-Pierre-des-Corps, c’est l’entreprise ADOMA qui gère le CAO mais pour autant, les règles n’y sont pas les mêmes : interdiction de se réunir pour prier, interdiction de faire des réunions, pas de salle télé, aucune convention avec une association pour les loisirs ou les cours de français contrairement à Saint-Pierre, des agents de sécurité qui tournent jour et nuit dans les couloirs… les résidents se sentent laissés pour compte et tenus à l’écart. Il leur a même été interdit d’installer un congélateur alors que les réfrigérateurs mis à disposition ne permettent pas de stocker la viande nécessaire, d’autant plus lors du Ramadan.

Il avait été annoncé que le CAO fermerait le 30 juin et aucune précision n’a été apportée depuis aux résidents, laissés dans un flou quotidien supplémentaire. Depuis les menaces d’expulsions par la police, les résidents ne dorment plus sereinement et la tension monte.

Les collectifs Albert Thomas ou de Saint Pierre se mobilisent pour soutenir les résidents et annoncent des manifestations courant juin.

contact : collectifalbertthomas@gmail.com

P.-S.
Deux anciens résidents du foyer Albert Thomas, relogés au CAO Grandmont, ont récemment été sortis de la procédure Dublin, pouvant ainsi déposer leur demande d’asile en France. Pour les autres résidents, cela prouve qu’il est possible de sortir de cette procédure.

Notes
[1] Pour la plupart des résidents concernés, le motif de cette menace d’expulsion est qu’ils ne se sont pas présentés à leur second rendez-vous en préfecture. Si ils se rendent à ce rendez-vous (comme précisé sur la convocation), cela signifie qu’ils acceptent d’être renvoyés dans le premier pays par lequel ils sont entrés en Europe. Les réfugiés ne se rendent donc pas à ce second rendez-vous car ils refusent simplement d’être expulsés.
Menacés d’expulsion dans tous les cas, les trois ressortissants Soudanais refusent cet étau qu’ils dénoncent en entamant une grève de la faim. »

 

 

Lettre ouverte : « Calais – Quand «expulsion du camp» finit par signifier «élimination» »

05 lundi Juin 2017

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Calais, Exilés, harcèlement policier, politiques migratoires, solidarité

Signataires de l’Appel de Calais ou Appel des 800, Camille Louis et Étienne Tassin avaient interpellé la préfète du Pas-de-Calais en amont de la destruction de la partie sud du bidonville, puis répondu à une réponse du ministre de l’intérieur. Leur travail sur Calais s’est poursuivi depuis, et vous pouvez lire leurs réflexions sur leur édition du Club de Médiapart, La « jungle » et la « ville ».

https://blogs.mediapart.fr/edition/la-jungle-et-la-ville

De retour d’une nouvelle visite à Calais, Camille Louis et Étienne Tassin interpellent les nouveaux préfet et ministre de l’intérieur sur la situation actuelle :

 

https://blogs.mediapart.fr/edition/la-jungle-et-la-ville/article/030617/calais-quand-expulsion-du-camp-finit-par-signifier-elimination

« Calais – Quand «expulsion du camp» finit par signifier «élimination»

Il y a presque huit mois, l’Etat ordonnait le démantèlement de la «jungle» de Calais ou pour le dire dans les bons termes, l’expulsion des milliers d’exilés qui y résidaient. L’argument était alors celui d’un remplacement des conditions de vie « ignobles » par l’accueil dans un ensemble de C.A.O aménagés et autres mesures «mélioratives». Aujourd’hui voilà ce qu’il en est pour ceux qui sont encore là.

 

Calais, 03 juin 2017

Monsieur le Préfet, Fabien Suidre

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb,

 

Les erreurs se répètent et l’infamie s’accroît. Il est cependant possible d’éviter les premières et d’enrayer la seconde.

Le bidonville de Calais fut détruit en deux vagues, au printemps puis à l’automne 2016. L’expulsion de la « jungle » était supposée « régler le problème des migrants » dans la région. Nous savions bien à l’époque que cela ne règlerait rien et que bientôt les exilés reviendraient hanter les bois et les dunes entourant Calais. Ils sont là, au nombre, estime-t-on, de six-cents à ce jour. Et parmi eux, de nouveau, de nombreux mineurs non accompagnés pour lesquels des obligations spécifiques sont faites à l’Etat — qui s’y soustrait au mépris du droit.

Que fait la police ? Nous constatons qu’elle s’adonne à une chasse à l’homme digne des pires périodes du fascisme : maraudes et expulsions, poursuite des migrants jusque dans les bois où ils trouvent refuge, blocage des distributions de nourriture et des points d’eau. On n’accorde aucun répit, on n’accorde aucun repos : le soir, on gaze les gamelles du repas après une journée de jeune en période de Ramadan, le matin on gaze les sacs de couchage, les affaires personnelles et l’on va jusqu’à gazer les bidons d’eau ! On détruit les abris précaires, les bâches et couvertures qui servent de toiture et de sol et l’on ne se contente pas de rendre l’installation impossible, il faut aussi faire fuir, pourchasser, terroriser, violenter en alternant les moyens : du simple passage à tabac (mineurs isolés de Lille, dans la nuit du 1er juin) jusqu’à l’utilisation de flash ball ou de bombes lacrymogènes (lancés à Calais, dans les derniers jours du mois de mai, sur les exilés et bénévoles n’ayant pas suivi le nouvel arrêté – publié nulle part – n’autorisant la distribution de repas qu’en soirée rue des Verrotières). Ceci, vous le savez, n’est qu’un aperçu de ce qui se passe aujourd’hui dans la région de Calais.

Ces exactions sont sues, documentées, la police elle-même les reconnaît.

Nous vous posons simplement trois questions :

  • À quoi cela sert-il ?
  • Pourquoi la République française transforme-t-elle sa police en milice fasciste, au mépris des fonctionnaires qui entendent la servir honorablement ?
  • Qu’attend l’Etat de ces traitements inhumains et méprisables infligés à des exilés qui seraient disposés à grandir le pays de leurs richesses culturelles et de leurs compétences professionnelles ?

Il nous est impossible de comprendre ce que l’Etat se promet d’une répression systématique, aveugle, destructrice et pour tout dire imbécile, alors qu’une politique organisée d’accueil, d’intégration et de renforcement des formidables ressources que représentent les exilés serait si bénéfique à la France, comme à n’importe quel pays. Il suffit de discuter avec quelques-uns d’entre eux, la plupart jeunes, motivés et compétents, plein d’enthousiasme et d’espoirs, pour se rendre compte de la chance qu’ils représentent pour notre pays. Par quelle aberration idéologique ou quelle soumission aux fantasmes les moins honorables, le gouvernement renonce-t-il à cette opportunité pour ternir son image, se conduire comme n’importe quel groupuscule terroriste – alors qu’il justifie bon nombre de ses mesures policières au nom de la lutte contre ces derniers – et se discréditer sans aucun résultat ? Non seulement cette « politique » ne sert à rien mais elle dessert assez évidemment et la France et la République ; et son gouvernement et les droits dont celui-ci ne cesse de se réclamer.

Il nous est aussi impossible de comprendre ce que l’Etat gagne à inviter ses Compagnies Républicaines de Sécurité à se conduire dans l’ignorance de l’humanité que requiert la compagnie des autres, dans le déni de ce qu’exigent les valeurs républicaines sans cesse convoquées, dans la diffusion systématique de l’insécurité comme règle du vivre-ensemble. Il suffit de discuter quelques instants avec les forces de l’ordre commises à ces exactions pour entendre le dégoût qu’elles ont de ce qu’on leur demande de faire (quel gardien de la paix pourrait sans gêne gazer des bidons d’eau pour assoiffer des êtres humains pourchassés comme des bêtes sauvages ?) Comment un Etat dit de droit, une république dite démocratique, peuvent-ils sans scrupules adopter des pratiques répressives et inhumaines dignes des pires régimes fascistes ? Il se trouve que nous sommes incapables de trouver la moindre raison à ces actes, fût-ce une raison d’Etat. Aussi devons-nous vous alerter : sous couvert de sécurité — mais les exilés commandent-ils que nous sécurisions l’Etat ou que nous humanisions la république ? —, vous êtes en train de fasciser la démocratie et d’installer un Etat autoritaire qui prépare les pires privations de liberté, les pires dénis d’égalité, les pires violations de la fraternité. Nous ne pouvons rester silencieux devant ce qui se met ainsi « en marche ».

Il nous est enfin impossible de comprendre ce que l’Etat attend des traitements inhumains infligés aux migrants qui composent une ressource de compétences, d’intelligence, de motivations et une promesse d’avenir pour nos pays. Par leurs expériences et leurs récits, les exilés contribuent à une connaissance collective et concrète des relations internationales et des situations mondiales (Syrie, Ethiopie, Soudan….) qui restent opaques à l’ensemble des citoyens auxquels, pourtant, le nouveau gouvernement dit vouloir redonner confiance et intérêt politique. A cette chance humaine et politique s’ajoute la chance économique de multiples compétences professionnelles. Pourquoi fait-on mine d’ignorer que les personnes arrivant à Calais, mais aussi partout en Europe, sont artisans et gens de métier ou, pour beaucoup, de jeunes hommes et de jeunes femmes ayant fait ou interrompu des études en ingénierie, en médecine, en arts…  Avez-vous, Monsieur le Préfet, pris quelques heures de votre temps personnel pour aller discuter avec ces exilés à Calais, partager leur existence à Norrent-Fontes, essayer de comprendre leurs motivations et leurs projets dans le bois de Puythouck ? Avez-vous, Monsieur le Ministre, considéré ne fut-ce que qu’un instant la menace qu’ils sont supposés représenter pour notre pays au regard des richesses qu’ils lui apportent ? Et avez-vous songé au coût exorbitant de cette répression inefficace et vaine en comparaison des incroyables bénéfices que la même somme rapporterait si elle était investie dans des structures d’accueil, des centres de formation, des bourses du travail ou des maisons de la culture assurant l’intégration des exilés en France ?

Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, nous vous suggérons une chose simple, de bon sens, peu onéreuse, en vous démarquant des clichés xénophobes qui servent d’argument électoral, au demeurant assez inefficace : ayez l’intelligence de soustraire la question de la migration à la seule compétence du Ministère de l’Intérieur et de doter ce nouveau gouvernement d’une mission interministérielle, travaillant en liens étroits avec les associations locales et les personnes formées à l’accueil des exilés, pour mettre en œuvre des structures adaptées en terme d’habitat, d’éducation, de santé… Ayez l’audace de confier aux régions le soin de structures d’accueil et d’intégration des migrants désireux de mener leur existence en France. Et, dans les Hauts de France, ayez le courage de donner l’exemple d’une politique d’accueil qui dispense les policiers de commettre des actes qui les déshonorent et les exilés de subir des exactions qui les humilient. Vous aurez redonné à la France la fierté dont elle est aujourd’hui privée, la grandeur à laquelle elle a renoncé, l’honneur qu’elle a perdu mais dont elle ne cesse de se réclamer. Et vous aurez du même coup donné à l’Europe l’exemple d’une France enfin libre, égale, fraternelle.

N’est-ce pas là une visée plus heureuse et moins coûteuse, plus glorieuse et moins frileuse, qu’une France en marche pourrait fièrement revendiquer quand une politique xénophobe et une police terroriste n’offrent à la république d’autre destin qu’une France en panne si ce n’est déjà morte ?

 

Croyez, Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, en notre dévouement civique. Mais faites cesser l’ignominie.

Camille Louis et Etienne Tassin »

 

 

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