La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.
Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».
ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.
A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche… »
Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…
Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…
Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.
En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto