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Alors que la manifestation organisée ce matin par le syndicats de policiers Unité SGP Police Force Ouvrière, soutenue par le groupe d’extrême-droite Sauvons Calais, a réussi à fédérer d’autres professionnels, comme des chauffeurs routiers, ainsi que des chasseurs, dans ce qui ressemble fort à un front anti-migrants, des associations de soutien aux exilés répondent par un communiqué :

Vous pouvez télécharger le communiqué ici.

 

A CALAIS, UN BOUC-EMISSAIRE IDEAL : LES MIGRANTS !

Aujourd’hui, lundi 13.10, le syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière de Calais appelle à
manifester.

Dans leur tract1, les syndicalistes expliquent que depuis « quelques mois, la pression migratoire a quadruplé sur le Calaisis ». Ces agents de police s’autoproclament analystes économiques et estiment que « le flux continuel de migrants entraine l’économie locale dans une crise sans précédent ». Les exilés sont ainsi rendus responsables de la « prévisible délocalisation d’entreprises », de la « baisse conséquente de l’activité commerçante » et de la « baisse drastique de l’activité portuaire ».

Mieux, interrogé par l’AFP 2, le leader du SGP Police Force Ouvrière, Gilles Debove, se mue en expert ès criminologie et considère « qu’il y a une augmentation exponentielle de la criminalité: ces trois derniers mois, il y a eu 80 crimes et délits, contre sept sur la même période en 2013 ». Bizarrement, un de ses supérieurs hiérarchiques, le directeur départemental de la sécurité publique du Pas-de-Calais (Thierry Alonso), estime lui « qu’il n’y a pas d’augmentation importante de la délinquance à Calais liée aux migrants ».

Bref, tout y est. La crise économique ? La faute aux migrants ! La hausse (supposée) de la délinquance ? La faute aux migrants ! Le mauvais temps actuel sur le Calaisis ? etc…

Voici une prise de position politique particulière de la part du syndicat SGP Police Force Ouvrière. Celui-ci ne se cantonne donc plus à la défense des salariés du service public qu’est la police, mais trouve également toutes les réponses aux difficultés que peut rencontrer le territoire du Calaisis en stigmatisant les exilés.

A Calais, les discours et les pratiques racistes et xénophobes ont désormais pignon sur rue. Et tout le monde s’y met. Quand ce n’est pas la municipalité qui interdit aux exilés de jouer au football sur les terrains de la Citadelle, c’est « Sauvons Calais » qui parade place de la mairie et appelle à « foutre dehors les migrants ». Et après des commerçants qui interdisent l’accès à leurs supermarchés, ce sont maintenant des syndicats de police qui « invitent tous les citoyens » à manifester contre les exilés qui « continuent inexorablement de s’amasser aux portes de l’eldorado britannique ».

La stigmatisation des exilés présents à Calais ne résoudra pas la situation. Au contraire, cela risque d’augmenter les actes de violences dans le Calaisis, notamment à l’encontre des personnes migrantes. De plus, les difficultés économiques du territoire sont bien plus anciennes et complexes que ce qu’affirme ce syndicat.

Par ailleurs, augmenter la sécurisation du port (renforts policiers supplémentaires) ne pourra qu’accentuer l’impasse dans laquelle se trouvent les migrants. Seule une politique publique d’hospitalité respectueuse des droits humains permettra une résolution apaisée de cette situation (hébergement, accès facilité à l’asile…).

Enfin, nous nous interrogeons quant à la position des instances nationales syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière : soutiennent-elles la section locale dans cette action ?

Liste des premiers signataires :
Calais, ouverture et humanité / Le Réveil Voyageur
SALAM Nord-Pas-de-Calais / Terre d’Errance (Norrent-Fontes)

1 http://www.unitesgppolice.com/calais-62-journ%C3%A9e-d%E2%80%99action-le-13-octobre
2 http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2014/10/11/migrants-de-calais-fo-police-appelle-la-population-manifester-avec-elle-lundi-569492.html