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La destruction du bidonville de Calais a repris ce matin, dans un climat de violence aggravé, les policiers ayant semblent-ils la consigne de se lâcher. Le relogement, lui, devient de plus en plus hypothétique.

« Aujourd’hui j’étais dans la Jungle de Calais.

Aujourd’hui j’ai été gazé dans tous les sens par les CRS.

Aujourd’hui j’ai vu des maisons en flammes, des enfants pleurer, des gens désespérés.

Et puis quand j’avais tellement mal aux yeux, quand j’étais par terre, ce sont les habitants de la Jungle qui m’ont relevé, qui m’ont donné une écharpe pour me protéger le visage, qui m’ont donné de l’eau pour me rincer les yeux, qui m’ont filé un câble de téléphone pour me recharger, qui m’ont donné du thé pour me réchauffer.

Aujourd’hui j’ai pris plein de photos et de vidéos parce qu’il faut que tout le monde connaissent la vérité.

Aujourd’hui j’ai compris que mon pays n’était pas celui des droits de l’Homme.

Aujourd’hui j’ai vu la presse se planquer derrière les CRS et mentir à la population dans vos télés et vos journaux.

Je salue tout de même le courage d’Al Jazeera et d’une chaîne d’infos chinoise, qui étaient de notre côté et qui ont morflé comme nous.

Aujourd’hui j’ai vu des associations unies contre cette grosse blague que sont nos politiques.

Aujourd’hui j’étais fier de Polyvalence, l’association pour laquelle je m’investis sans compter mes heures.

Aujourd’hui ce sont à mes enfants et à ma nana que j’ai pensé.

Aujourd’hui je sais ce que je fais là.

Demain on continue et on lâche rien. »

Un bénévole qui tente de trouver des places de relogement pour les habitant-e-s dont les abris ont été détruits :

« Arrivé au CAP, plus de place disponible aujourd’hui pour y enregistrer des gars, « revenez demain à 10h, mais sans fautes ! Parce-quil n’y en aura pas assez pour tout le monde », voilà le discours.. Le gars s’est décomposé aussi en me disant ça. Il me propose des places dans les tentes de la zone tampon, timidement, car sachant qu’elles sont déplorable et pas isolée, 10 fois pire que les abris qu’ils détruisent.

Petit bonus: lu dans je ne sais plus quel journal, le sous prefet qui s’étonne de voir autant d’abris vide et qui déclaré que leur chiffre de 800/1000 était sûrement surestimé ! Il m’a achevé lui.

Je vous dis à cette nuit, on se rejoindra tous dans nos cauchemars respectifs. »

Accompagnant quelques photos :

« Quelques images de Calais… Toujours la même stratégie: Pas à pas, parcelle après parcelle on démantèle… Un incendie de cabane par ci par là, allumé par on ne sait pas toujours qui (les policiers? On ne sait… Mais on l’entend dire). Les pompiers ne dont pas loin, les canons à eau et les lacrymos non plus. Le sous préfet est là. Et mange son sandwich au milieu des décombres. Son secrétaire n’est pas loin. Il passe, repasse, virevolte, communique à la presse étouffée… Les bénévoles sont filtrés. Ils pourraient témoigner ! »

En anglais :

« London2Calais activists on the ground in Calais refugee camp report seeing French police beat up a pregnant woman this morning. Police have also been seen urinating on refugees houses. »

(traduction : « Les militants de London2Calais qui sont sur le terrain dans le campement de réfugiés de Calais rapportent avoir vu la police française battre une femme enceinte ce matin. La police a aussi été vue urinant sur des maisons de réfugiés. »)

En anglais, plus précis, accompagnant une vidéo https://www.facebook.com/HelpRefugeesUK

« CALAIS – VIDEO OF COUPLE BEING BEATEN BY POLICE
Video shot at 9am this morning by one of our team showing a young Iranian Kurdish couple, well know to us, peacefully protesting their eviction before being forced to the ground and beaten with batons by police. They have since been arrested. The husband was screaming that his wife was pregnant. This is not the calm, dignified, humanitarian demolition of the camp that has been promised by the French authorities. »

(traduction : « CALAIS – VIDÉO D4UN COUPLE BATTU PAR LA POLICE. Vidéo filmée à 9h ce matin par notre équipe montrant un jeune couple kurde iranien, que nous connaissons bien, protestant pacifiquement contre leur expulsion avant d’être jetés au sol et matraqués par la police. Ils ont ensuite été arrêtés. Le marri criait que sa femme était enceinte. Ce n’est pas la démolition calme, digne, humanitaire, du campement, qui avait été promise par les autorités françaises. »)

Et les mises à jour de l’association Polyvalence au fil de la journée :

https://www.facebook.com/assopolyvalence

« Calais Jungle en direct :

12h :

Encore une grosse présence des CRS ce matin, le ramassage des débris toujours en cours par les pelleteuses. La zone concernée est toujours inaccessible. Il y a des gens sur le toit de leurs maisons pour les sauver.
L’école des dunes est toujours debout mais fermée ce matin. Elle est dans la zone et ne devrait pas être détruite.
Quelques migrants regardent le démantèlement se faire, désemparés et désespérés. L’ambiance est pesante.

12h20 :

Présence policière toujours très importante, des dizaines de camions.
Distribution de masques anti-lacrymogènes sur place par des militants.

14h00 :

La zone est calme, il pleut.
Des adultes et quelques enfants près des lieux détruits.

15h20 :

Des médias évoquent la reprise d’incendies au sein de la Jungle. Ce sont en fait des bouts de cabanes détruites qui brûlent, comme hier (et probablement depuis hier).
Il pleut beaucoup, les CRS sont toujours là, le démantèlement continue. »

« Calais Jungle en direct :

15h50 :

Les enfants sont chez eux dans les cabanes avec les adultes. Ils réclament l’école, mais les adultes ne souhaitent pas les y amener à cause de la présence des CRS. L’école est en plein milieu du démantèlement, des profs et éducateurs sont sur place.
Hier les CRS ont refusé que l’on abrite les enfants dans l’école pendant les gazages. Résultat : des enfants ont été gazés. »

 

Destruction bidonville 2016-03-01Devant l’École Laïque du Chemin des Dunes, photo pris par un bénévole.