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Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives de Tag: bidonville

La Quinzaine des Passeurs d’hospitalités – La destruction du bidonville de Calais

20 mardi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Le point sur

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état d'urgence, bidonville, Calais, Exilés, expulsion, solidarité, violence

LA QUINZAINE DES PASSEURS D’HOSPITALITÉS

La destruction du bidonville de Calais

 

Vous pouvez télécharger La Quinzaine des Passeurs d’hospitalités – La destruction du bidonville de Calais ici.

 

La destruction de l’équivalent d’une ville de dix mille habitant-e-s, l’expulsion de ses habitant-e-s, leur dispersion sur l’ensemble du territoire, la médiatisation de cette opération comme une action humanitaire. La mise en place logistique, policière et médiatique. « Nous » sommes en capacité de faire « ça » aujourd’hui en France. À l’heure de l’état d’urgence permanent. Le fait appelle la réflexion.

Cette newsletter du blog Passeurs d’hospitalités reprend les billets publiés alors, qui témoignent du tournant qui a conduit à la décision détruire (page 2), de la mise en place de l’opération (page 3), de son déroulement (page 10), et brièvement de la situation qu’elle laisse (page 13).

Le tournant.

Rien ne semblait joué à la rentrée 2016, l’État semblait vouloir continuer les destructions partielles du bidonville, à commencer par les commerces et restaurants, un lieu d’accueil pour les mineur-e-s devait ouvrir à l’automne, l’embryon de scolarisation des enfants reprendre en septembre. Il semble bien que c’est l’emballement médiatique de la rentrée, lancé par Le Figaro, et la montée des pressions pour obtenir la destruction totale du bidonville qui aient emporté la décision.

La préparation.

C’est à nouveau Le Figaro qui lance la nouvelle du plan gouvernemental de création de centres d’hébergement pour les expulsé-e-s de Calais. Pour construire son image médiatique, le gouvernement s’assure le consentement d’une partie des acteurs associatifs, puis au fur et à mesure que celui-ci s’érode joue la division, jusque dans les conditions d’accès au site de l’opération. L’état d’urgence est utilisé pour empêcher les manifestations de protestation. Il réussit ainsi à rendre les voix critiques mal audibles. Au fil du temps du temps le dispositif policier se précise, pèse dès avant le début de l’opération sur le Calaisis et les approches du littoral depuis Paris, et les violations des droits qu’elle entraînera deviennent certaines.

La destruction du bidonville et la dispersion des exilé-e-s.

Tandis que quelques sept cents journalistes suivent pour la plupart les parcours guidés mis en place par les autorités, montrent quelques images d’incendie sans chercher à en comprendre le sens, et partent docilement lorsqu’on leur signifie que la messe est dite, l’envers du décor témoigne d’une violence sourde, de l’utilisation de l’état d’urgence à des fins répressives, d’un mépris profond des personnes et de multiples violations de leurs droits.

Au lendemain de la destruction

La situation que nous connaissons aujourd’hui à Calais était prévisible, si ce n’est annoncée, dès avant sa destruction. Elle a commencé à se mettre en place avant et pendant celle-ci, elle est constituée lorsqu’elle s’achève.

CAO : les femmes mises sous pression

08 jeudi Déc 2016

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Asile, bidonville, Calais, Exilés, expulsion, Frontière

Les nouvelles remontent des Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là) de Cazères, entre Toulouse et la frontière espagnole, et de Nîmes, où ont été envoyées des femmes expulsées de Calais lors de la destruction du bidonville et de la fermeture du lieu d’accueil des femmes et enfants du centre Jules Ferry.

Dans ces deux centres, elles sont confrontées à des pressions croissantes pour qu’elles déposent une demande d’asile en France. Pressions faites de menaces, menace d’être mises à la porte du centre, menace d’être expulsées vers leur pays. Ou faites de mensonges, qu’il faut qu’elles déposent une demande d’asile pour pouvoir aller au Royaume-uni.

Alors les exilé-e-s ne s’en laissent pas si facilement conter, elles ont manifesté deux fois pendant la destruction du bidonville pour demander un accès légal au Royaume-uni (voir ici et là), elles savent s’organiser collectivement. Mais elles se trouvent aussi isolées face à des travailleurs sociaux et travailleuses sociales qui leur expliquent que la trêve hivernale n’est pas pour elles.

Un peu de solidarité serait donc bienvenue, dans les CAO, mais aussi après leur sortie volontaire ou forcée. Dans un contexte où les « passeurs » ont renforcé leur pouvoir avec la difficulté accrue du passage, cette solidarité peut permettre de trouver des marges de liberté.

 

jules-ferry-03-11-20163 novembre 2016, centre Jules Ferry, Calais : expulsion des habitantes du lieu de mise à l’abri des femmes et des enfants.

Alerte expulsions vers le Soudan : expulsion expresse pour l’un, prison pour l’autre

02 vendredi Déc 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, rétention

Les choses se sont accélérées. Barker a reçu la réponse négative à sa demande d’asile en rétention hier après-midi, il a été emmené menotté ce matin à 6h à l’aéroport Charles de Gaulle, sans avoir le temps de déposer un recours devant la Cour Nationale du Droit d’Asile, recours qui n’aurait de toute façon pas été suspensif. Expulsion musclée, cette fois-ci, sans possibilité de refus d’embarquement, résultant d’une volonté politique de mener à bien ce renvoi vers le Soudan. Il a été emmené par un vol de la Qatar Airways jusqu’à Doha, d’où un autre vol de la Qatar Airways doit l’emmener à Khartoum cette nuit.

Comme l’écrivait Amnesty International : « Les agents de sécurité interrogent systématiquement les personnes renvoyées au Soudan. Ces services ont souvent été responsables de violations graves des droits humains, tels le recours à la détention arbitraire, la torture et des mauvais traitements. »

https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/france-deux-personnes-bientot-renvoyes-dans-un-pays

Un autre exilé soudanais qui avait été arrêté à Calais pendant la destruction du bidonville et enfermé au centre de rétention de Vincennes est maintenant à la prison de Fresnes. Il avait refusé d’être présenté à l’ambassade du Soudan pour que soit délivré le laissez-passer nécessaire à son expulsion. Il est poursuivi pour avoir fait obstacle à son expulsion, et emprisonné dans l’attente de son procès.

Calais opération humanitaire : choix entre la torture au Soudan et les prisons françaises. Parmi les personnes parties dans les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là) combien seront déboutées de leur demande d’asile et seront placées devant ce choix ?

 

edvard_munch_-_anxietyEdvard Munch : Anxiété.

 

Alerte expulsions vers le Soudan : une pause

01 jeudi Déc 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsions, rétention

Le risque d’expulsion vers le Soudan de personnes arrêtées lors de la destruction du bidonville de Calais a finalement été limité à quelques personnes envoyées au centre de rétention de Vincennes (voir ici, ici, ici et là).

Baker, qui avait eu un vol programmé pour le Soudan le 22 octobre, a refusé d’embarquer. Il a depuis déposé une demande d’asile en rétention. Il s’agit d’une procédure accélérée, qui n’implique pas sa libération. La demande doit normalement être déposée durant les cinq premiers jours de rétention, mais pour se conformer a minima à la législation européenne, la loi française a évolué et prévoit qu’exceptionnellement une demande faite après ce délais peut être recevable. En tout cas celle de Baker a été considérée comme recevable par l’OFPRA, il a a eu un entretien assez long, et il attend la réponse – positive ou négative. Dans ce dernier cas il pourra faire appel.

En cas de réponse négative, il peut toujours être expulsé. Il est donc important de rester vigilant-e-s.

On notera au passage la situation absurde d’une personne que les autorités veulent expulser et qui se trouve forcée par ces mêmes autorités à demander l’asile en France alors que son projet était d’en partir vers le Royaume-uni.

 

the_enigma_of_the_hourGiorgio de Chirico : L’Énigme de l’heure.

Nouveaux remous autour des CAO

29 mardi Nov 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, centres de répit, Exilés, expulsion, solidarité

Après les grèves de faim dans les Centres d’Accueil et d’Orientation de Rennes et de Beaucé, en Bretagne, c’est Coallia, opérateur pour le compte de l’État de la gestion de certains CAO (voir ici, ici, ici et là), qui est en cause dans le département de la Manche. L’association, qui affiche une image moderniste et se qualifie « d’entreprise associative« , a des activités dans le domaine du logement social, de l’hébergement et de l’insertion sociale.

Le prix de journée prévu par le dispositif CAO, 25 € par personne accueillie, ne permettant qu’un encadrement salarié restreint, il est tentant de pallier au manque de main d’œuvre en utilisant des bénévoles, et de détourner l’élan de solidarité citoyenne au profit de l’État. Encadrer strictement les bénévoles permet en outre de limiter le regard critique et les fuites d’information sur ce qui se passe réellement dans les centres.

Cette situation suscite l’indignation de personnes solidaires des exilé-e-s pour lesquelles une réelle action de soutien est contradictoire avec la subordination à l’État et aux opérateurs de sa politique, comme en témoigne la lettre ouverte ci-dessous :

 

« Lettre ouverte au collectif solidarité migrant 50 et à l’association Coallia

Nous qui n’avons pas adhéré à votre collectif, nous souhaitons vous informer de nos raisons.
Nous avons été très étonné-es de la précipitation avec laquelle ce collectif a été créé, par le manque de concertation et de transparence quant à son organisation. Il n’est pas anodin qu’un collectif de bénévoles soit issu d’une association inféodée à l’État : Coallia.

A la réunion de présentation du collectif, nous avons entendu que les bénévoles souhaitant intervenir devaient fournir leur état civil. Les listes des noms seraient alors transmises à la préfecture pour avoir l’autorisation de rentrer en contact avec les réfugiés. Les personnes fichées S ne seront pas autorisées à venir dans les CAO. Cela concerne de nombreux militants écologistes, opposants à la loi travail, soutiens aux migrants. Celles-ci ont été fichées S dans la foulée de l’État d’urgence avec comme volonté de criminaliser toute forme d’opposition.
Nous avons entendu qu’il ne fallait pas avoir de relations avec les médias, seuls les membres fondateurs communiquent à l’extérieur.
Nous avons entendu les bons conseils :
la moitié finira dans un charter alors ne vous attachez pas trop ;
si vous donnez vos numéros de téléphone, c’est à vos risques et périls.

Nous avons entendu que Coallia gérait l’hébergement, la nourriture et l’administratif, et, que le CSM50 n’avait qu’une visée occupationnelle. Or, nous avons fait remonter qu’à Cerisy-la-Forêt, les réfugiés se plaignaient du manque de nourriture, il nous a été répondu-es : « ils ne savent pas partager ». Gérer l’hébergement ? Coallia n’a pas hésité à prévenir la police quand des travailleurs immigrés se sont retrouvés en situation irrégulière dans le foyer Tuiller, en Île de France. Coallia trahit les engagements moraux du travail social.

Nous avons entendu que le collectif était apolitique et non-militant, et qu’il avait la prétention de contrôler toute intervention auprès des réfugiés.
Nous avons compris que nous étions sommé-es de nous plier aux règles qui avaient été arbitrairement imposées par les 15 membres fondateurs du CSM50.

Le CSM 50 vise à étouffer toutes autres formes d’organisations et à maintenir les réfugié-es dans un état d’isolement et de dépendance infantilisante. C’est une atteinte aux libertés. Sans informations ils ne peuvent pas prendre de vraies décisions pour eux-même, ils ne peuvent pas faire valoir leurs droits et décider de leur avenir.
Lorsque des brochures sur les droits des demandeurs d’asile déboutés ont été distribuées, une bénévole du CSM50 en a aussitôt averti le directeur régional de Coallia. Pas besoin de police, les bénévoles du CSM 50 s’en chargent.
Nous avons appris ultérieurement que le directeur avait imposé de reprendre toutes les brochures distribuées, allant jusqu’à les chercher dans leur chambre, sous les matelas. Dans quel genre d’endroit et de pays contrôle-t-on la lecture et l’information ?

Cela n’est pas notre conception de la solidarité.

Nous n’avons pas attendu et n’allons pas attendre ce collectif pour être actif-active , ici comme ailleurs, avec des réfugié-es.
Beaucoup d’entre nous font parti d’associations et de collectifs, et connaissent les difficultés mais aussi les richesses qu’il y a à s’organiser ensemble.
Les réfugiés n’étaient pas conviés à cette réunion, d’après un des « membres fondateurs  » cela n’était pas l’objet de la réunion… Nous pensons que cette attitude est infantilisante, ramène les réfugié-es au statut d’objet que l’on déplace sans les en informer, que l’on occupe pour qu’ils se tiennent tranquilles.
Nous pensons qu’il n’est pas possible de s’organiser au-dessus d’eux, sans eux, qu’il faut faire « avec » et non pas « pour ». Les réfugié-es sont des humains libres, pensant, sachant et pouvant s’organiser de façon autonome.
Nous n’agissons pas par charité mais bien parce que nous sommes révolté-es par les conditions dans lesquelles ils/elles sont arrivé-es en Europe, par le nombre de personnes qui ont laissé leur vie dans la méditerranée. Nous n’ignorons pas que la France est un des plus grands vendeurs d’armes au monde. De grandes entreprises françaises (Thalés, Bouygue, Vinci …) vendent des armes et « sécurisent » les frontières de l’Europe, de façon mortifère. La politique étrangère et militaire, le passé colonial mais surtout les intérêts économiques (or, uranium, diamant, pétrole,…) de la France sont pleinement responsables des situations que les réfugié-es ont dû quitter.
L’État compte sur la générosité populaire pour palier au manque matériel dans les CAO, alors que dans le même temps lors des évacuations, il n’hésite pas à jeter dans les bennes à ordures les dons des populations solidaires avec les migrant-es. C’est scandaleusement banal.

Nous pensons qu’ici comme à Calais les migrant-es sont les bienvenu-es, que chacun-e a le droit de se rendre là où il le souhaite, là où la nécessité le pousse.
Est-ce dire qu’un collectif est apolitique parce qu’il ne fait pas de vague, obéit aux injonctions de l’État, s’autopolice et entend policer les autres, infantilise les réfugié-es et organise leur isolement ?

Un collectif est-il apolitique lorsqu’il demande aux bénévoles de fournir leur identité, de ne pas s’attacher aux réfugié-es (pour s’assurer de leurs expulsions sans vagues ?), de faire de « l’occupationel » (mot emprunté au monde du travail social généralement utilisé autour du handicap lourd : foyer occupationel) terme autour duquel il y aurait beaucoup à dire tant il véhicule du mépris et de la condescendance pour des personnes qui ne feraient de leur vie rien d’autre que d’occuper le temps qui passe ???

Hum… Hum…et tout ceci ne serait pas politique ?

Nous pensons au contraire que ce type d’organisation est très politique. Qu’elle agit et collabore avec l’État dans un souci de lisser la situation, de diluer le « problème migrant  » sur l’hexagone, d’offrir une image de l’évacuation de Calais réussie aux médias. Tout ceci dans un contexte d’élection présidentielle à venir.

Nous pensons que dans la vie, tout est politique.

Nous luttons pour les droits des migrant-es parce que ce sont aussi nos droits.
Nous luttons pour leur liberté parce qu’il s’agit aussi de notre liberté.

No Borders ! No fronteras ! بلا حدود ! Keine Grenzen ! Senza confini ! Uπάρχουν σύνορα !
Amy Grant & Lee Berty »

 

tsunami_by_hokusai_19th_centuryHokusai : La Grande Vague de Kanagawa.

CAO mineur-e-s : course d’obstacles à la minorité

24 jeudi Nov 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsion, mineurs

L’arrêté du 17 novembre 2016 ne concerne pas que les mineur-e-s expulsé-e-s du bidonville de Calais, mais il est publié maintenant, alors que, lorsque le Home Office aura sélectionné ceux et celles qui seront autorisé-e-s à aller au Royaume-uni, les autres sont sensé-e-s intégrer le système français de droit commun de protection de l’enfance.

Pour mémoire, lors de l’expulsion, des personnes ont été considérées mineures par un tri sommaire hors de tout cadre légal – les personnes considérées comme majeures ne se voyant notifier aucune décision qu’elles pourraient contester, ce qui signifie que des personnes mineures ont été envoyées dans les CAO adultes (Centres d’Accueil et d’Orientation – voir ici, ici, ici et là) sans qu’on sache si et comment elles pourront faire valoir leur minorité, et plus encore accéder à une procédure de réunification familiale avec le Royaume-uni à laquelle elles pourraient éventuellement avoir droit. Puis ces 1900 personnes considérées comme mineures ont été envoyées dans des CAOMI (MI pour Mineurs Isolés – voir ici et là), dans lesquelles a été organisé leur maintien hors droit en attendant la décision du Home Office sur leur accès légal au Royaume-uni.

On peut penser qu’une grande partie des mineur-e-s qui recevront une réponse négative du Home Office, ils et elles quitteront les CAOMI et disparaîtront des radars de la protection de l’enfance. Le système a été organisé pour qu’un maximum de ces mineur-e-s restent hors radar et n’accèdent jamais à une protection.

Mais il est possible qu’une partie des personnes jusque-là considérées comme mineures à l’issue de la procédure de tri hors cadre légal restent dans les CAOMI, et il va alors bien falloir faire quelque chose. À commencer par refaire un tri en utilisant cette fois la procédure légale de détermination de la minorité, avant de les confier enfin aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance, soit du département où se trouve le CAOMI, soit d’un autre département. L’arrêté du 17 novembre vient préciser les conditions d’établissement de la minorité.

L’arrêté ne fait nulle part mention des tests osseux pour déterminer la minorité. C’est une méthode intrusive, inexacte et controversée, notamment du point de vue scientifique. Comme la méthode est controversée, elle est masquée par un double jeu de tiroirs. Quand vous lisez « d’investigations complémentaires telles que prévues aux 2° et 3° du II de l’article R. 221-11 du CASF », 2° signifie saisir la préfecture pour vérifier si des documents d’identité ne sont pas faux, 3° saisir le procureur selon l’article 388 alinéa 2 du code civil. Et l’article 388 alinéa 2 c’est les tests osseux. Lesquels sont utilisés systématiquement par une partie des départements où se trouvent des CAOMI pour remettre en cause la minorité des personnes.

Donc, l’arrêté parle de l’évaluation sociale de la minorité, ce qui a toujours l’air plus cool. L’arrêté ne parle pas des critères d’évaluation de l’âge, il dit seulement que le président du conseil départemental s’assure que les personnes réalisant l’évaluation ont une formation ou une expérience leur permettant de le faire.

Par contre, il détaille les étapes de l’entretien :

I L’état civil, à partir des déclarations de la personnes et des documents qu’elle fournit, en signalant les doutes ou incohérence, ce qui va conduire à des « investigations complémentaires telles que prévues aux 2° et 3° du II de l’article R. 221-11 du CASF » (voir plus haut).

II Les liens familiaux, ce qui peut permettre de réunir la personne avec des membres de sa famille, ou établir qu’elle est isolée et prendre par conséquent les mesures de protection nécessaires.

III « La personne évaluée décrit le contexte géopolitique de sa région d’origine » et « L’évaluateur prend en compte l’évolution géopolitique du pays dont elle est ressortissante, telle qu’il peut en avoir une connaissance objective issue notamment de la consultation du site du ministère des affaires étrangères. » Imaginons une personne française de 16 ans ayant éventuellement passé plusieurs mois ou années sur la route, et dont on vérifie qu’elle est bien française en comparant ce qu’elle dit de la France avec des fiches lue sur le site du ministère des affaires étrangères du Japon ou d’Argentine. À priori il y aura de fortes discordances entre la perception qu’un enfant a de son pays et la description géopolitique qui en est faite, ce qui amènera à mettre en doute qu’il vienne bien de ce pays. À part ça, rien à voir avec l’évaluation de la minorité.

IV Le parcours migratoire de la personne et le recours éventuel à des passeurs, ce qui est intéressant pour la police, mais n’a rien à voir avec l’établissement de la minorité.

V Les conditions d’entrée et de séjour en France, même remarque.

VI Conditions de vie depuis l’arrivée en France, idem.

Au final, peu de ces questions concernent l’évaluation de la minorité et les liens familiaux. On peut admettre que le service qui accueillera l’enfant souhaite mieux connaître sa situation et son parcours, mais c’est après la reconnaissance de la minorité, pas forcément dans le même département, et surtout ont peut penser que les travailleur-se-s sociaux-les essayeront d’abord de créer une relation de confiance qui permettra avec le temps de mieux connaître son histoire.

Certains points correspondent à la recherche de contradictions ou d’incohérences dans les déclarations de la personne, d’autres seraient plus en lien avec la demande d’asile, certaines concernent plutôt la police, on peut s’interroger sur les intentions et sur les compétences des personnes qui ont établi cette trame d’entretien.

On peut s’étonner de la présence du ministre de l’intérieur parmi les signataires de l’arrêté. Il s’agit de protection de l’enfance, on ne voit pas trop ce qu’il vient faire là.

La signature du ministre de la justice a une histoire. Comme ces enfants et ces enfants-là spécifiquement sont considérés comme des fardeaux pour les départements qui sont amenés à les prendre en charge, une répartition nationale a été mise en place, et il a fallu trouver une direction ministérielle qui gère le dispositif. Ça a été la Protection Judiciaire de la Jeunesse, rattachée au ministère de la justice, dont l’activité est liée aux mineur-e-s auteur-e-s d’actes de délinquance ou en danger.

Par un communiqué du 2 novembre 2016, le Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant estimait notamment : « Les échecs dans la gestion de la situation des enfants de Calais ne sont pas des événements isolés mais le résultat d’un système de migration lacunaire basé sur des politiques qui se sont développées et ont été mises en œuvre sans prendre en considération les droits de l’enfant ». « Il est essentiel que des mesures soient prises pour que ces enfants bénéficient du soutien nécessaire pour se remettre de ce qu’ils ont vécu. Il convient également de déterminer les responsabilités s’agissant des violations de leurs droits afin que d’autres enfants n’aient pas à subir un sort similaire ».

https://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=38418&Kw1=migrants&Kw2=Calais&Kw3=experts

 

Vous pouvez télécharger l’arrêter du 17 novembre 2016 ici.

 

piranesi9cGiovanni Battista Piranesi : Prisons imaginaires, planche VII.

 

Alerte expulsions vers le Soudan : le soutien continue

23 mercredi Nov 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, Exilés, expulsions, rétention

Baker a refusé de monter hier soir dans l’avion qui devait le conduire au Soudan via Doha. Il n’a pas été forcé à embarquer, comme c’est souvent le cas lors d’une première tentative d’expulsion, mais les choses devraient être plus musclées pour d’autres tentatives. Ce répit devrait permettre que les derniers recours en justice qui ont été déposés soient audiencés, puisque le gouvernement n’avait pas jugé utile de différer l’expulsion pour attendre la décision des juges (voir les épisodes précédents ici, ici, ici et là).

Dans l’attente, il est important de maintenir la pression sur les acteurs impliqués :

Le ministre de l’intérieur, responsable d’une décision d’une telle gravité : vous pouvez écrire à sec.immigration@interieur.gouv.fr

La préfète du Pas-de-Calais, auteure de la décision et qui peut l’annuler :

par téléphone : 03.21.21.20.00

par fax : 03.21.55.30.30

sur le formulaire de la préfecture : http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Contactez-nous

La compagnie Qatar Airways, auprès de laquelle sont réservés les vols pour les expulsion. Vous pouvez téléphoner à son agence de Paris ou vous y rendre pour expliquer courtoisement votre point de vue sur leur participation à ces expulsions.

http://www.qatarairways.com/fr/fr/contact-us.page

Qatar Airways, Agence de Paris, 19 rue de Ponthieu, 75008 Paris, France, 01 43 12 84 40

Vous pouvez aussi l’interpeller sur facebook : https://www.facebook.com/qatarairways

Qatar Airways est une des compagnies pas si nombreuses qui desservent l’aéroport de Khartoum. Elle est aussi une des très rares qui desservent celui d’Asmara, capitale de l’Érythrée. Son rôle dans les expulsions devrait donc s’accroître avec les développement du processus de Khartoum entre l’Union européenne et les État d’Afrique orientale et les accords de réadmission avec le Soudan.

C’est une compagnie qui soigne particulièrement son image, mettant en valeur ses « projets sociaux » :

http://www.qatarairways.com/fr/fr/csr-social.page

sa « conscience enrivonnementale » :

http://www.qatarairways.com/fr/fr/csr.page

ses « récompenses » :

http://www.qatarairways.com/fr/fr/our-awards.page

ou l’expérience inoubliable du transfert par l’aéroport international de Doha :

http://dohahamadairport.com/

Son PDG, Akbar Al-Baker, a été fait officier de la légion d’honneur par François Hollande le 5 juin 2015.

http://www.humanite.fr/francois-hollande-doit-retirer-la-legion-dhonneur-au-pdg-de-qatar-airways-576690

Une image bien incompatible avec l’envoi des personnes expulsées vers les geôles de la dictature soudanaise.

Pour argumenter, vous pouvez vous baser sur les constatations d’Amnesty International :

https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/france-deux-personnes-bientot-renvoyes-dans-un-pays

https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/sudan/report-sudan/

 

 

Alerte expulsion vers le Soudan : urgent – vol programmé ce soir

22 mardi Nov 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsions, rétention

Le tribunal administratif a rejeté la requête de Baker pour faire annuler le Soudan comme pays d’expulsion (voir ici, ici, ici et là). Un vol est prévu ce soir pour son expulsion. Les deux derniers recours déposés seront audiencés après, et ne suspendent pas l’expulsion : vu le mépris du ministère de l’intérieur pour l’institution judiciaire, il est peu probable qu’il diffère l’expulsion pour attendre la décision des juges.

Le vol est prévu à 21h20 avec changement à Doha, par Qatar Airways.

http://www.parisaeroport.fr/passagers/les-vols/vols-depart/D_C11?ckey=20161122CDQR%20038%20%2020161122DOH

Vous pouvez, de manière urgente :

envoyer des mails au ministre de l’intérieur pour lui demander l’annulation de l’expulsion sec.immigration@interieur.gouv.fr

appeler Qatar Airways pour leur demander de ne pas prendre ce passager en raison du risque d’arrestation et de torture à l’arrivée au Soudan : 01.70.95.05.80

Comme le rappelle Amnesty International : « Les agents de sécurité interrogent systématiquement les personnes renvoyées au Soudan. Ces services ont souvent été responsables de violations graves des droits humains, tels le recours à la détention arbitraire, la torture et des mauvais traitements. »

https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/france-deux-personnes-bientot-renvoyes-dans-un-pays

 

Alerte expulsions vers le Soudan : nouvelles de ce lundi – la mobilisation continue

21 lundi Nov 2016

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bidonville, Calais, Exilés, expulsions, rétention

Face à la mobilisation, la préfecture du Pas-de-Calais et le ministre de l’intérieur lâchent du lest, libérant une partie des exilés soudanais enfermés au centre de rétention de Vincennes et risquant l’expulsion pour le Soudan (voir ici, ici et là), mais en maintenant d’autres en rétention. Un vol pour Khartoum est toujours prévu pour demain.

Sur les trois personnes enfermées au CRA 2, qui n’avaient pas de vol programmé, mais ont eu un rendez-vous avec l’ambassade du Soudan pour qu’elle délivre le laissez-passer nécessaire à l’expulsion, deux ont été libérées et une reste en rétention.

Dans le CRA 3, Ibrahim ainsi qu’une autre personne qui n’avait pas encore de vol programmé ont été libérés. Par contre, Baker est maintenu en rétention et a un vol programmé pour demain 21h20 avec changement à Doha.

http://www.parisaeroport.fr/passagers/les-vols/vols-depart/D_C11?ckey=20161122CDQR%20038%20%2020161122DOH

(Comme la taille des centres de rétention est plafonnée à 140 places, qui semble pour le ministère de l’intérieur la limite de ce que serait une « taille humaine », les grands centres de rétention sont formés de plusieurs centres plus petits et théoriquement indépendants. Le centre de rétention de Vincennes est ainsi formé de unités, CRA 1, CRA 2 et CRA3, pour un total de 178 places).

Il est donc important de continuer à relayer l’action d’Amnesty International pour obtenir l’annulation de l’expulsion et la libération de Baker :

https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/france-deux-personnes-bientot-renvoyes-dans-un-pays

« Nous avons besoin de toute urgence de votre aide.
Deux jeunes hommes Soudanais, Ibrahim et Baker, risquent d’être expulsés à tout moment par la France vers des zones de conflit au Soudan.
Ibrahim a d’ailleurs déjà un vol prévu pour demain samedi [vol annulé, mais un autre vol est programmé pour mardi].

Aidez-nous à renforcer notre pression auprès du Ministre de l’Intérieur pour qu’il décide d’interrompre la procédure d’expulsion.

Vous pouvez interpeller le ministre via Twitter
Ou/et adresser le message ci-dessous à Bernard Cazeneuve : sec.immigration@interieur.gouv.fr
N’oubliez pas de nous mettre en copie: scampagne@amnesty.fr

Merci de votre aide

Monsieur le ministre,
Je vous écris pour vous demander d’interrompre l’expulsion de deux ressortissants Soudanais, Ibrahim C et Baker A, actuellement détenus au centre de rétention de Vincennes et pouvant faire l’objet à tout moment d’un éloignement du territoire.
Ibrahim C et Baker A sont respectivement originaires du Darfour et du Kordofan du Sud, deux Etats du Soudan où la guerre sévit depuis des années, et où les civils sont victimes de violations graves de leurs droits humains. S’ils sont renvoyés vers Khartoum, Ibrahim C et Baker A risquent en outre de subir des mauvais traitements de la part des services de sécurité soudanais.
La France est tenue, en vertu de la convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, de ne pas renvoyer des personnes vers des pays où elles seraient exposées à des risques de violations graves de leurs droits humains.
Je vous remercie par avance de prendre en compte ma demande en interrompant les procédures d’expulsion en cours.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de ma haute considération. »

 

trouver-tuyauxDessin Paul Gendrot.

Centres de répit : protestations des exilé-e-s

20 dimanche Nov 2016

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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bidonville, Calais, centres de répit, Exilés, expulsion, solidarité

Face aux difficultés rencontrées dans les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là), les exilé-e-s, premier-ère-s concerné-e-s, organisent leurs propres protestations. Mais leur voix, prise entre réponse policière et condescendance de certaines associations qui assimilent leur parole à un symptôme sans en entendre les mots, peine à sortir des murs.

Réponse policière à Laon, dans l’Aisne, où un exilé a été arrêté. Au-delà de quelques éléments factuels on ne sait rien encore des motivations et des revendications que les exilés ont formulées.

http://www.lechatnoir51.fr/2016/11/mouvement-de-protrstation-au-cao-de-laon.html

D’une grève de la faim au CAO de Beaucé, à côté de Fougères, en Ille-et-Vilaine, on ne connaît que la relecture par des associations qui la présentent comme l’expression d’un malaise dont elles veulent parler avec le préfet, sans qu’une participation des personnes concernées semble envisagée. Il est difficile en tout état de cause de comprendre la situation sans connaître le point de vue des principaux intéressés.

Nous avons plus d’informations sur la grève de la faim au CAO de Rennes, puisque les exilés ont rédigé un communiqué, qui a été diffusé accompagné d’un texte des soutiens apportant des éléments de contexte. Manque juste un contact qui permette de faire le lien et de se tenir au courant de la situation.

C’est à partir de ces éléments diffus, partiels, épars, que nous pouvons essayer de comprendre la manière dont les expulsé-e-s de Calais dispersé-e-s dans toute la France font face collectivement à la situation qui leur est faite.


Vous pouvez télécharger le communiqué des exilés du CAO de Rennes ici.

« Mercredi16 novembre 2016 à Rennes

Nous sommes des personnes qui ont passé environ deux ans, un an, six mois dans la jungle de Calais. La vie à Calais est trop difficile mais nous voulions aller en Grande-Bretagne.
A Calais, il y a eu une rencontre avec le responsable de l’OFPRA de Paris et une personne du gouvernement français. Presque tout le monde a donné ses empreintes en Italie. Ils nous ont dit qu’ils allaient oublier le fait qu’on ait donné nos empreintes si on allait dans les villes, qu’on pouvait choisir. Et qu’ils allaient nous donner les documents nécessaires pour rester en France ou voyager.
A cette réunion là, il y avait des gens à qui la même promesse avait été faite en 2015 et qui avaient appris que leur Dublin n’allait pas être cassé et ont réussi à retourner à Calais. La personne de l’OFPRA a promis que cette fois çi ça ne se reprodurait pas.
On leur a fait confiance par ce que ce n’était pas des porte-paroles qui étaient venus nous voir mais des hauts responsables.
Maintenant, la situation est le contraire de ce qu’ils nous ont dit : quand on est allé à la préfecture d’Ille et Vilaine, on nous a dit que la décision était qu’ils allaient demander à l’Italie si on pouvait être réadmis vers ce pays.
Personne ne voulait rester en France mais ils nous avaient promis qu’on pouvait y rester.
On a eu des rendez-vous par communautés, par pays pour nous expliquer qu’il ne fallait pas fuir, qu’ils avaient certainement nos empreintes ailleurs mais que c’était pas grave, ça arrivait de se faire contrôler, mais on nous a promis que la procédure de DUBLIN allait être cassée.

Nous, on les a cru, mais comme on ne voulait pas rester ici vu que la France était un pays de passage, mais si on était acceptés ici on voulait bien y faire notre demande d’asile. Mais au final, on se rend compte que c’est faux.

Comme c’est le contraire qui sont entrain de nous faire vivre, nous on ne mangera pas et puis y’a rien à faire donc on ne peut que faire ça, s’arrêter de manger. Du coup, hier, le 15 novembre, on a décidé ensemble d’arrêter de manger et aussi aujourd’hui on a dit au bénévoles qui nous donne des cours de français qu’on ne voulait pas faire le cours, qu’on était fatigué par la situation et qu’on avait pas que ça à faire.

Les responsables de Coallia, on ne sait pas vraiment qui ils sont. Au final, les responsables de Coallia ne font rien, on s’est pas si c’est des travailleurs sociaux ou pas. Y’a un responsable qui s’occupe des repas et qui rempli les demandes d’asile des personnes qui sont en procédure normale, ils posent les questions en anglais pour remplir la demande, sinon on peut avoir une traductrice en arabe.
Là, on est énervés, on est stressés à force de pas savoir ce qu’il nous attend.
On veut que les personnes qui s’occupent de nos demandes viennent nous voir et nous parler et ne pas avoir comme interlocuteur les responsable de Coallia qui ne savent rien de nos demandes, ni ne peuvent s’engager.
Par la grève de la faim, on veut que les supérieurs soient avertis pour pouvoir leur parler du fait que la promesse n’a pas été tenue.

Les migrants erythréens, soudannais et sommaliens de Calais à Rennes. »

« Aujourd’hui, mercredi 16 novembre, les responsables de Coallia du CAO de Rennes, ont refusé la tenue d’une rencontre avec une avocate et une traductrice sous pretexte que le CAO était un lieu privé et que chaque activité proposée devait être validée par ses responsables. Les personnes hébergées au CAO ont refusé de s’alimenter depuis 24h et boycottent le peu d’activités proposées par Coallia.
Face à ce refus d’accès à l’information et à leurs droits pour les personnes migrantes, nous nous organisons de notre côté pour soutenir leurs démarches.
Le texte ci-dessus a été écrit collectivement par les personnes migrantes traduit de l’anglais et tigrinien et traduit en français à l’aide d’une traductrice. »


Vous pouvez télécharger le communiqué des soutiens ici.

« Démantèlement de Calais: expulsions en passant par la case CAO.

L’objectif de l’expulsion de Calais était de réduire les migrants à l’invisibilité.

On veut par ce témoignage raconter ce qui se passe au CAO de Rennes, appeler à visibiliser les diverses situations des personnes « mises à l’abri » dans tous ces centres et s’organiser pour coordonner les différentes résistances.

Tant à Calais au moment de leur départ, qu’à leur arrivée au CAO, il a été dit et promis aux migrants que ceux d’entre eux qui sont le coup de la procédure de Dublin verraient leur procédure normalisée, c’est-à-dire qu’ils ne seraient pas renvoyé dans le premier pays où ils se sont fait enregistrés en arrivant en Europe (souvent l’Italie ou la Grèce). On leur a alors promis qu’ils pourraient effectuer leur demande d’asile en France. (cf premier article expansive)

A Rennes, vendredi dernier, à l’occasion d’une cantine que nous avons co-organisé avec les migrants, nous avons pu discuter avec eux de leur situation administrative. Coallia, qui gère ce centre, les presse de remplir leur dossier de demande d’asile sans pour autant mettre à disposition de traducteurs. Par ce manque de temps et de personnes pour traduire leurs récits, certains des migrants imaginaient l’écrire en arabe (alors que leur langue est le tigrinien, langue majoritaire en Erythrée) et le traduire à l’aide de google traduction. Cela rend forcément le récit de choses intimes et personnelles plus compliqué et moins précis et donc les dossiers incomplets et incompréhensible.

Ce qui favoriserait un refus de la demande d’asile, alors qu’en théorie l’Etat devrait fournir un.e traducteur.ice et une aide administrative pour remplir tous les dossiers.

Ensuite, nous avons appris que 36 migrants sur les 47 présents au CAO, lors de leur convocation à la préfecture entre le 2 et le 7 novembre, n’avaient absolument pas eu de procédure normalisée. Cela veut dire qu’au moins 36 migrants sont en procédure Dublin et vont se voir renvoyés dans le pays où ils ont donné leurs empreintes: dans leur cas, l’Italie. La majorité d’entre eux sont ainsi convoqués les 24 et 25 novembre prochain pour une « notification de la décision de remise: Italie, et sa mise à exécution ». Aucun d’entre-eux n’étaient au courant de la raison de leur convocation, alors que la convocation présente la « signature du traducteur ayant traduit le motif de la convocation ».

Leur « traducteur » s’est contenté de leur communiquer par téléphone l’heure et la date du rendez-vous.

Les responsables de Coallia ne leur ont donné aucune garantie que ce ne sont pas les policiers qui vont les attendre à leur prochain rendez-vous à la préfecture ou que les policiers ne viendront pas les chercher directement au centre.

A coté de la situation administrative catastrophique, l’intégrité physique des personnes n’est pas respectée non plus. Vendredi soir, après la cantine, l’un d’entre eux s’est tordu de douleur. Il est en effet malade depuis longtemps, mais SOS médecins, appelés par la sécurité sur place, a refusé de se déplacer ayant « pour consigne de ne plus intervenir dans le CAO ». Qui leur a donné cette consigne?

Aujourd’hui, mercredi 16 novembre, les responsables de Coallia du CAO de Rennes, Victor et Pascal, ont refusé la tenue d’une rencontre avec une avocate et une traductrice. Les personnes hébergées au CAO ont refusé de s’alimenter depuis 24h et boycottent le peu d’activités proposées par Coallia. Nous nous organisons de notre côté pour soutenir leurs démarches.

Le gouvernement a voulu vendre le démantèlement de Calais comme une opération humanitaire.

Ils n’ont fait que disperser des migrant.es dans toute la France afin d’invisibiliser leurs situations et de faciliter la gestion des procédures et des renvois. »

 

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