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Le 21 octobre 2013, un squat Rue neuve est évacué, soixante-dix à quatre-vingts personnes, d’origine érythréenne et éthiopienne, se retrouvent à la rue. Pendant les jours suivants, elles sont chassées de lieu en lieu. Puis quelques-unes s’installent sur ce quai, et n’en sont pas délogées. Un campement se constitue.

Même si cet hiver n’a pas été particulièrement rigoureux, le froid et l’humidité affectent particulièrement ces personnes rapidement remontées vers l’Angleterre après leur passage en Europe, ou qui sont restées quelques temps en Italie avant de chercher ailleurs en Europe un accueil qu’elles n’ont pas trouvé dans ce pays. Les conditions de vie accroissent la prise de risque lors des tentatives de passage, les conditions sanitaires, la marginalisation, le désespoir. La plupart des exilés morts à cette frontière ces derniers mois habitaient ce campement : Robiel le 4 novembre, s’est noyé en tentant d’entrer dans le port à la nage; Yemane, le 10 décembre, mort dans la rue d’une maladie cardiaque chronique dont le traitement a été interrompu par un mauvais diagnostic; Mesfin, le 12 mars, fauché sur l’autoroute par un véhicule qui ne s’est pas arrêté; Senay, trouvé mort le 14 mars dans le bassin de la Batellerie, à proximité du campement, alors qu’il avait disparu depuis plusieurs jours; Abdullah, le 15 mars, mort à l’intérieur d’un camion qui roulait dans la mauvaise direction (*).

Si le camp n’a pas été évacué jusqu’ici, il est néanmoins sous pression. Les exilés qui avaient installé leurs tentes sur les berges du canal de l’autre côté du pont Moliens, ou sous le pont de l’autre côté du canal, en ont été chassés (sans procédure d’expulsion identifiée).

Avec de nouvelles arrivées, le nombre d’habitants du campement grandit dans un espace qui lui reste confiné. Des Soudanais et des Somaliens se sont joints aux Érythréens et aux Éthiopiens. Le campement abrite maintenant près de cent personnes, il n’y a plus assez de tentes, les derniers arrivés dorment sous des bâches de plastique. La gale a fait son apparition. Depuis quelques semaines les mineurs sont de plus en plus nombreux. Comme le conseil général refuse de les prendre en charge au prétexte, ils viennent grossir le nombre des enfants vivant à la rue à Calais.

 

(*) À Calais, des camions partant vers le Royaume-uni et venant du Royaume-uni stationnent sur les mêmes parkings. Il est donc fréquent de monter dans un camion qui va dans la mauvaise direction.

 

Pentax Digital Camera

Campement du Bassin de la Batellerie, 26 février, un boulanger itinérant s’est posé là pour quelques jours et fait le pain bénévolement. Trois mois plus tard, les tentes sont beaucoup plus serrées et occupent tout l’espace. Les tentes qu’on voit dans le fond de l’autre côté du canal ont été expulsées.