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Le 3 février, le ministre de l’intérieur annonce l’interdiction des manifestations à Calais. Le 4 février, la préfète du Pas-de-Calais publie un arrêté interdisant la manifestation prévue par le mouvement islamophobe Pegida ce samedi 6 à Calais.

Équité, parce que l’interdiction vaut pour tout le monde ?

Non. Parce que d’un côté il y a des citoyen-ne-s solidaires qui sont amené-e-s à manifester leur opinion dans l’espace public. De l’autre il y a un mouvement xénophobe qui vient dans un contexte d’agressions physiques contre des exilés et contre les biens de personnes solidaires (voitures brûlées ou dont les pneus sont crevés), de constitution de milices patrouillant la nuit, de menaces à l’entre de personnes soutenant les exilé-e-s (voir ici, ici, ici et ).

Interdire les manifestations de manière indifférenciée n’a donc rien d’équitable, ni les buts ni les méthodes ne sont les mêmes des deux côtés.

Mais la préfète du Pas-de-Calais va plus loin dans son arrêté d’interdiction (que vous pouvez télécharger ici). Elle ne justifie pas celle-ci par le risque de violences de la part des manifestants d’extrême-droite, mais des personnes soutenant les exilé-e-s, assimilées à une extrême-gauche violente, et des exilé-e-s eux et elles-mêmes :

« Considérant que, compte tenu de son objet, une contre-manifestation est hautement prévisible à l’appel de de la mouvance « No Border » et des mouvements extrémistes de Gauche, comprenant des militants connus pour leur violence ; qu’à cette occasion, ces manifestants sont susceptibles de mobiliser les migrants présents sur la Lande de Calais et visés par les mots d’ordre de l’association
PEGIDA ; que ceux-ci, dont le nombre atteint près de 3800 individus, font souvent preuve de comportements très violents, comme ce fut le cas lors des deux dernières manifestations respectivement organisées le 8 novembre 2015 et le 23 janvier 2016 à Calais. »

 

Dans son communiqué du 3 février, le ministre de l’intérieur n’avait du reste pas évoqué l’extrême-droite, et l’exemple qu’il cite pour appuyer son interdiction est la manifestation du 23 janvier en soutien aux exilé-e-s (voir ici, ici et ). De même que ce sont les citoyen-ne-s solidaires qui sont depuis hier victimes des contrôles d’identité qu’il a décidé. La cible est claire.

Pediga annonce son intention de manifester, interdiction ou pas.

http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/pegida/rassemblement-anti-migrants-a-calais-lamanifestation-aura-lieu-qu-ils-l-interdisent-ou-non_1299503.html

http://www.nordlittoral.fr/calais/un-militant-pegida-previent-on-veut-defier-cazeneuve-ia0b0n281154

Quoiqu’il arrive ce samedi 6 février, ce qui restera, ce sont les agressions contre les exilé-e-s et leurs soutiens qui vont continuer, une pression policière aggravée, et une interdiction de dénoncer la situation dans l’espace public.

Entre les citoyen-ne-s solidaires et les groupes xénophobes, le ministre de l’intérieur et la préfète du Pas-de-Calais ont choisi contre qui orienter leur politique répressive.

 

Délit solidarité Besson