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Mars – avril 2015 : la majorité des exilés est concentrée sur un terrain à l’écart de la ville sous la pression de la police. 31 août 2015 le premier ministre annonce l’aménagement d’un camp de réfugiés a minima (terrassement, installation de 120 tentes, rien n’est dit à ce stade sur les sanitaires, l’accès à l’eau, le ramassage des déchets…).

Cette installation est prévue pour 1 500 personnes, alors qu’il y a deux à trois fois plus de personnes actuellement sur le site. On est donc dans un cas de figure qui se rencontre sur d’autres sites, comme Tétéghem près de Dunkerque, et sans doute Grande Synthe également dans le Dunkerquois, à l’occasion du « déménagement » à venir du campement existant pour faire place nette à la construction d’un éco-quartier. Une partie des personnes présentes est mise à l’abri dans des conditions restant très précaires mais meilleures, n’offrant qu’une capacité d’accueil insuffisante, les autres exilé-e-s devant se cacher dans des conditions encore plus précaires. Ils sont sensés ne plus exister selon les autorités, ils sont donc exclusivement à la charge des associations.

La question se posera pour le bidonville existant : sera-t-il détruit, ou subsistera-t-il à côté du camp de réfugié-e-s mis en place par l’État ? La première solution semble la plus cohérente avec les intentions des autorités, il s’agira de pousser les exilé-e-s surnuméraires à se cacher et à organiser leur propre invisibilité.

D’autres questions se poseront concernant les personnes : comment se fera le tri des personnes qui auront accès au nouveau camp par rapport à celles qui seront en dehors ? Comment l’État arrivera-t-il à limiter officiellement le nombre à 1 500 ? Par des rafles ? Par des pressions pour faire déguerpir les gens ? Simplement par le déni de leur présence ?

Enfin les questions liées aux règles : l’accès à l’enceinte du centre de jour Jules Ferry est contrôlée par l’association La Vie Active, et contrairement aux anciens lieux de distribution de repas ce n’est pas un lieu de rencontre ouvert entre les bénévoles et les exilé-e-s. En sera-t-il de même pour le nouveau camp, ce qui reviendrait à casser les liens existants entre les personnes solidaires et les exilé-e-s, et à renforcer leur isolement ?

Le nouveau camp sera aménagé à l’horizon 2016, après l’automne et une partie au moins de l’hiver passés sur un terrain marécageux en cas de pluie. En terme de propagande, la mesure indigente de l’État pourra être présentée comme une solution au vu de la dégradation des conditions.

 

Pentax Digital CameraMars 2015, avant la construction du nouveau bidonville, l’étendue sableuse qui est aujourd’hui en face de la clinique de Médecins du Monde, et où sont des cabanes et deux chapiteaux.