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Au sud, dans la partie détruite du bidonville, les bulldozers et pelleteuses s’affairent pour pousser, aplanir, enfouir. Faire disparaître ce qui a été, et ce qui s’est passé. Comme si la moitié sud du bidonville n’avait jamais existé, comme si la violence de l’expulsion de trois mille cinq cents personnes et de la destruction de leurs habitations n’avait jamais eu lieu.

Au sud toujours, dans la cabane d’information de Calais Migrant Solidarity, épargnée par les destructions comme « lieu de vie » protégé par le jugement du tribunal administratif de Lille, les négociations entre les grévistes de la faim et la préfecture continuent (voir ici et ). Elles révèlent surtout que l’État n’a aucune volonté de résoudre les problèmes, et qu’il veut avant tout faire disparaître ce mouvement de résistance, comme il fait disparaître les traces des destructions.

Au nord, à 18h30, une cérémonie en hommage aux victimes des attentats de Bruxelles. Au sol, des couvertures aux couleurs du drapeau belge, un cercle autour. Quelques prises de parole, des temps de silence. Quelques fleurs déposées sur les couvertures. Le lieu choisi est devant la cuisine collective créée il y a quelques mois par des volontaires belges, la Belgium Kitchen. Des cérémonies semblables avaient eu lieu à Calais et Grande-Synthe suite aux attentats du 13 novembre.

Au nord, à la nuit tombée, la rue commerçante du bidonville, éclairée par les réverbères et les boutiques, s’anime, avec son marché au vêtements qui se forme chaque soir à ce qui fut le carrefour entre l’artère principale de la partie nord et celle de la partie sud. Amputé d’une partie de lui-même, le bidonville continue à vivre, se reconfigure dans son nouvel espace.

 

Louise-infopoint légerL’Info Point, qui accueille maintenant les grévistes de la faim. Dessin Loup Blaster http://loupblaster.tumblr.com