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Au fil des années se sont succédées à la fois les lois précarisant les droits des personnes étrangères, et celles réduisant les libertés publiques. Pourtant, les droits qui subsistent semblent aux gouvernements successifs un tel obstacle à leur politique que l’administration et la police sont amenées quotidiennement à violer ces lois pourtant de plus en plus défavorable. Et les juges, lorsqu’ils sanctionnent les violations de la loi, deviennent la matérialisation de cet obstacle. Dans ce domaine comme dans d’autres, le hollandisme finissant rejoint le sarkozisme finissant.

Et c’est là le sens de la démonstration de force faite par la police jeudi dernier à l’occasion de la distribution de repas, arrivée avec gyrophares, interruption de la distribution, contrôle au faciès, arrestation spectaculaire d’un mineur et de trois autres personnes. Bien sûr montrer aux associations qui sont les maîtres alors que certaines d’entre elles viennent de saisir le Défenseur des Droits et la Contrôleur Générale des Lieux de Privation de Liberté à propos de multiples exactions policières. Mais aussi entraver l’application de l’ordonnance du 22 mars 2017 du tribunal administratif de Lille qui suspend l’application des arrêtés municipaux interdisant les distributions de repas dans certains secteurs de Calais parce que cette interdiction porte atteinte à plusieurs libertés fondamentales et qu’elle créerait une situation assimilable à des traitements inhumains et dégradants (voir ici et ).

Il s’agit donc bien, non pas d’une manifestation de policiers, mais d’une action de la police, voulue par l’autorité hiérarchique (et probablement l’autorité politique dont elle dépend, on ne sait pas à quel niveau a été prise la décision de mener cette opération), et probablement appuyée par une réquisition du procureur de la république de Boulogne/Mer, visant à entraver l’application d’une décision de justice.

Car l’État de droit en est là, aujourd’hui, en France.