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Passeurs d'hospitalités

~ des exilés à Calais

Passeurs d'hospitalités

Archives de Tag: harcèlement policier

Photos d’une frontière

14 mercredi Fév 2018

Posted by passeusesdhospitalites in Non classé

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Bruxelles, Calais, campements, Dunkerque, Exilés, expulsions, Frontière, harcèlement policier, Paris, politiques migratoires, solidarité

La frontière avec l’Angleterre peut être un concept flou.
Il n’y a pas que Calais, comme port, même si ça reste là ou il y a plus de trafic vers outre-Manche. Et avant d’être a Calais, ce trafic est ailleurs. Avec endurcissement de la frontière, plus d’infrastructures, grilles et contrôles, des exile.es tentent le passage d’autres lieux, le long des routes vers Calais, dans d’autres villes.
Avec les contrôles de la police aux frontières anglaises sur l’Euro star au départ de Paris et Bruxelles, par exemple, la frontière anglaise est située bien a l’intérieur de l’Europe continentale.

Paris sous la neige depuis le début de la semaine dernière. Toujours beaucoup de gens autour de la Bulle, cote Porte de la Chapelle. Jaures et Stalingrad habitées.
Des exile.es de passage, qui viennent d’arriver, certain.e.s dont ça fait trois ans qui sont la, dubliné.es, débouté.e.s de l’asile, d’autres avec statut de réfugié.e mais pas d’accès a un logement…
Avant les exile.es (et pas que) s’abritaient sous les ponts de transport public, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Avant les exile.es s’abritaient sous le pont du canal, maintenant grillage, il y a des tentes sous la neige. Un jours les exilé.es seront considéré.es comme des êtres humains, il n’y aura plus ni de grillage ni des gens contraints a habiter a la rue.
Le bâtiment A de l’Université de Paris St-Denis est toujours occupe, les habitants font un appel a dons que vous pouvez trouver ici. Plus d’infos sur cette page FB.
Depuis le début de la semaine, plusieurs travailleur.se.s sans papiers sont en grève et occupent six entreprises en Ile-De-France (Défi Technology ; Event Thaï ; STLG et Sepur; Chronopost et GLS) demandant leur régularisation, et en lutte contre le projet de loi Asile et Immigration.
La CNDA à Monteuil en grève reconductible, jusqu’au 21 février au moins, contre le même projet de loi. Ils dénoncent « une logique comptable de l’asile qui fait primer le raccourcissement des délais de jugement sur la qualité de l’instruction des demandes et des décisions rendues ».

ICI plus d’info sur la reforme du Droit d’Asile, sur le site du Gisti.

A Bruxelles, des centaines de citoyen.nes solidaires ouvrent leur maison aux exile.es , nombreuses entre la gare du nord et le parc St Maximilien. La répression augmente, de nombreuse.s personnes sont enferme.e.s et il y a risque réel pour plusieurs de déportations vers le Soudan.
Sur le site de Getting the Voice Out plus d’info sur les centres fermes en Belgique.
« Update de ce 10/02/2018 : Les arrestations vont bon train, et les cibles préférées actuellement de l’office ces derniers temps sont les mineurs et les femmes. D’après plusieurs témoignages provenant d’hébergeurs qui cherchent leurs hébergés dans les centres, l’information n’est plus donnée depuis plusieurs jours par l’accueil de ces centres. Une des réponses reçue : « weet het niet mevrouw » et clac, ça raccroche…  »

Ouistreham, port de la manche et porte vers l’Angleterre. Ici le récit de la manif du 3 fevrier, contre un rassemblement fasciste. A Caen, des squats qui tiennent, des squats qui tiennent pas, des gens a la rue et une frontière toujours là…
Le matin du 8 fevrier les exilées s’abritant dans la salle paroissiale de Steenvorde ont été invites par des policiers a monte dans des bus direction CAES, et a ne jamais revenir.
A Tattenghem, expulse.e.s il y a quelque semaines avec la même invitation, les exilées reviennent habiter a quelque mètres du terrain ou ils étaient installe.e.s précédemment, car la frontière et ses infrastructures, eux, n’ont pas bougées.
A Angres, la semaine dernière, opération anti passeurs avec une vingtaine de personnes exilées arrêtées, pas que des suspect passeurs…
A Grande Synthe continuent les interpellations des exilées sur leurs lieux de vie, contrôle d’identité, pas de papiers égale souvent Coquelles. Parfois c’est la rétention, parfois on te garde, parfois on te libère dans la rue de la cite Europe, et la on te dit de te démerder pour trouver la gare -si il y a encore des bus ou trains- et rentrer « chez toi ».
A Calais, le jeudi 2 février, expulsion d’une zone de campement entre rue des Verrotieres et route de Gravelines, avec plus de 100 gardiens de la paix. Pour récupérer ses propres affaires, il fallait être déjà la, et ensuite montrer ses papiers… Plus proche de l’hôpital, baston avec des tirs, des blessés, le ministre Collomb qui débarque et les médias surexcites. Mais ce était ni la première baston ni la première expulsion: il y en a quasiment chaque jour, entre autre sur le terrain cote rue des Verrotieres et a la « Lidl Jungle », cote de Marck. Les exile.es perdent la plupart du temps toutes leurs affaires.
Dans ce deuxième endroit, au moins 13 interpellations lundi dernier. Les interpellés étant en majorité afghane, et le CRA de Coquelles n’ayant pas beaucoup de places, les personnes vont probablement être envoyées dans d’autres centre des rétention ici et la, avec différentes jurisprudences en terme d’application du Dublin ou de déportation vers un pays tel que l’Afghanistan (car la France, oui, déporte vers l’Afghanistan).
Entre temps l’État annonce la reprise en charge de la distribution de repas…

Et ce n’est sûrement que la pointe de l’iceberg de la frontière anglaise de ces dernières semaines…

Un peu plus au sud, sur la frontière franco-italienne, se poursuit l’acharnement contre les aidant.e.s solidaires. Cette fois-ci contre une militante d’Amnesty International. D’autres écrits sur le délit de solidarité, ici.

En France, des nombreuses circulaires sont sorties ces derniers temps, visant a ouvrir partout une chasse aux exilé.es et a faciliter leurs expulsions du territoire français. Vous pouvez en trouver ici et ici.
Le harcèlement étatique et policier qui mène a l’éloignement des gens les un.es des autres (et de la frontière), ça complique le suivi des personnes, brisant les liens créés entre les gens, parfois en en créant de nouveaux, parfois fragilisant encore plus les personnes.

 

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photo prise de Facebook, credit Pierre Linguanotto

Grande-Synthe : la politique du zéro abri

17 samedi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Dunkerque, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Il était devenu classique d’opposer Grande-Synthe à Calais. D’un côté une solution d’accueil d’urgence, un camp de réfugié-e-s aux normes internationales voulu par la municipalité, même si la reprise en main par l’État avait entraîné une dégradation des conditions d’accueil (voir ici, ici et là). De l’autre la violence d’une politique de non-accueil. Avec la destruction du bidonville de Calais et la fermeture des structures que l’État y avait mises en place (centre Jules Ferry et camp de containers), et l’incendie du camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe, les conditions ont été nivelées par le bas : la politique du zéro abri s’applique tant dans le Calaisis que dans le Dunkerquois (voir ici, ici et là).

 

Témoignage de la Cimade (cliquez sur le lien pour voir aussi le diaporama qui accompagne l’article) :

http://www.lacimade.org/exiles-grande-synthe-sans-abris-puythouk/

« Les exilés de Grande-Synthe sans abris au Puythouk

14 juin 2017

Depuis l’incendie du camp de la Linière le 10 avril 2017, il n’existe plus de structure d’accueil inconditionnel pour les personnes exilées en transit à Grande-Synthe et sur le littoral. Reportage dans le bois du Puythouck où vivent près de 300 Kurdes irakiens.

Au Puythouk, zone naturelle protégée et bucolique, quelques joggers et promeneurs circulent encore dans les allées, mais ce sont surtout près de 300 personnes exilées qui vivent dans des conditions précaires proches de l’insalubrité. Beaucoup d’enfants, des femmes enceintes et quelques mineurs isolés dorment à même le sol dans le bois et les pelouses alentours. Le seul « équipement » disponible est une benne à ordure installée par la mairie. Pas d’accès à l’eau, pas de toilette ni de douche et surtout pas d’abris. Une situation qui rappelle celle du camp du Basroch. 3 000 personnes exilées y campaient dans la boue en janvier 2016 avant la construction en mars du camp de la Linière.

NETTOYAGE PAR LA POLICE

« La police fait un ‘nettoyage’ comme ils disent, deux fois par semaine » explique Claire Millot de l’association Salam qui distribue des repas quatre jours par semaine. « Mardi ils ont fait une grosse opération, ils empêchent toute tentative d’installation, tentes ou abris précaires sont détruits, les sacs de couchage et les couvertures sont gazés. Mais le harcèlement policier ici c’est rien par rapport à Calais ! » Si les policiers semblent plus corrects que dans le Pas-de-Calais, la différence de traitement est probablement liée à la personnalité du maire, et du préfet du Nord. Magali De Lambert, coordinatrice d’accès au droit pour La Cimade à Grande-Synthe, tempère cette analyse : « On ne peut pas se féliciter, parce qu’ailleurs sur le littoral, la situation est plus violente. » Sans compter les témoignages recueillis parfois terrifiants comme cet homme qui raconte que jeudi 8 juin, à l’occasion d’une tentative de passage, la police est intervenue dans un camion : « Ils ont gazé à l’intérieur du camion, puis refermé la porte un temps avant de faire sortir les personnes et les disperser. » Un garçon d’une dizaine d’années a les yeux très irrités 24 heures après les faits.

UN PROJET DE VIE QUI RESTE LE MÊME

Les personnes exilées ici sont presque toutes originaires du Kurdistan irakien, mais ces jours-ci, une vingtaine d’Iraniens et de Pakistanais partagent leur sort au Puythouk. À Pâques, Salam avait distribué 40 repas, désormais c’est plutôt 250, mais difficile pour les associations de faire des évaluations. « L’incendie du camp, le harcèlement policier, les conditions de vie déplorables dans le bois ne vont pas faire changer de projet de vie les personnes », explique Magali De Lambert, « elles veulent se rendre au Royaume-Uni et très peu renoncent à leur souhait ».

Les familles acceptent parfois des places en centre d’accueil et d’orientation (CAO) pour se reposer un temps. Mais plusieurs sont revenues au Puythouk pour tenter une nouvelle fois le passage. C’est le cas d’une mère avec ses deux filles adolescentes jumelles et un couple avec un enfant de quatre ans revenus pour la troisième fois de CAO. D’autres préfèrent rester près des points de passage et des passeurs, comme Silan, 35 ans, accompagnée de son bébé de six mois : « Mon mari est passé la semaine dernière avec nos deux autres enfants, il a commencé ses démarches pour demander l’asile. » La procédure de réunification familiale est longue, « ça peut durer plus de quatre mois », lui explique Magali De Lambert, « et il faut que vous puissiez fournir des documents d’état civil attestant de votre mariage ainsi que les démarches entreprises par votre mari au Royaume-Uni ». Silan ne peut pas attendre si longtemps « c’est trop long pour les enfants », le lendemain, elle tente une nouvelle fois le passage, mais sera de retour pendant la distribution du repas.

ACTIONS JURIDIQUES

Les possibilités d’actions juridiques concernent aussi les mineurs isolés ou les rares personnes qui souhaitent demander l’asile en France, plutôt que poursuivre leur route vers Londres. Elles sont souvent découragées, car pour faire la démarche, elles sont contraintes de se rendre à Lille, sans moyen de transport. Et attendre, sans hébergement, des semaines, l’enregistrement de leur demande d’asile en préfecture. Beaucoup préfèrent donc rester au Puythouk quand elles apprennent qu’aucune place d’hébergement n’est disponible et qu’elles devront continuer de vivre à la rue.

Redir a 40 ans, il était chercheur à l’université de Duhok, grande ville du Kurdistan au nord de l’Irak. Il connaissait un peu la situation avant de venir, mais ne s’attendait pas à dormir dans la forêt enroulé dans une couverture. « Quand on est menacé de mort, l’urgence c’est la fuite, le reste importe peu. » Avec sa femme et leurs enfants de cinq et huit ans, ils espèrent rejoindre le Royaume-Uni où réside un neveu qui est de nationalité britannique.

UNE MISSION À LA RENCONTRE DES ACTEURS

L’action de La Cimade menée dans sa permanence d’accès aux droits à Grande-Synthe depuis juillet 2016 était liée à l’ouverture du camp de la Linière. Deux mois après l’incendie, même s’il n’y a pas de baisse de fréquentation de sa permanence, La Cimade a entrepris du 6 au 9 juin une mission de terrain à la rencontre des associations et des personnes exilées pour mieux répondre aux besoins des personnes exilées. « On présente nos actions aux partenaires, on évoque les questions de formation et on étudie la possibilité d’une présence au Puythouk pour identifier des personnes qui souhaitent un soutien juridique dans leurs démarches » détaille Magali De Lambert. Emmaüs, Médecins du Monde, Gynécologie sans frontière, Salam, Care4Calais, Refugee Community Kitchen, Dunkirk Legal Support Team, Plateforme citoyenne Bruxelles et autres militants font partie des acteurs de terrain rencontrés dans le cadre de cette mission.

OUVERTURE D’UN NOUVEAU CAMP ?

Mais la question d’une redéfinition de l’action de La Cimade sera peut-être tranchée plus vite que prévu. En effet, Damien Carême, le maire (EELV) de Grande-Synthe a annoncé qu’avec ou sans l’État, il y aurait un nouveau camp. Pour que l’accueil inconditionnel des personnes en exil dans le Nord et le Pas-de-Calais soit réel, quelle que soit leur nationalité et leur situation administrative, ce n’est pas un camp que l’État doit mettre en place, mais plusieurs camps. Une demande soutenue par les associations qui ont écrit le 2 juin au président de la communauté urbaine de Dunkerque.

 

Matthew Pratt : Elizabeth Gay avec les jumelles Sarah et Ann.

 

 

 

Calais – Défenseur des Droits : « Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité »

14 mercredi Juin 2017

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Calais, droits, Exilés, Frontière, harcèlement policier, politiques migratoires

Lundi 12 juin, une équipe du Défenseur des Droits s’est rendue à Calais pour constater la situation actuelle. Le Défenseur des Droits est une institution mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy, regroupant quatre autorités indépendantes (Défenseur des Enfants, Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité, Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, Médiateur de la République). En juin 2011 sa première saisine concerne la situation des exilé-e-s à Calais, sur la base d’un rapport établi par des membres du mouvement No Border, soutenu par une trentaine d’associations. Après enquête, la décision du Défenseur des Droits condamne sans équivoque les violations des droits commises par l’État. Depuis l’institution suit la situation à Calais et a pris position de multiple fois (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

Aujourd’hui, le Défenseur des Droits constate une situation pire que jamais.

 

https://defenseurdesdroits.fr/node/23868

Vous pouvez télécharger le communiqué du Défenseur des Droits ici.

 

« Visite des services du Défenseur des droits le lundi 12 juin à Calais

Mercredi 14 Juin 2017

Le Défenseur des droits dénonce une nouvelle fois les conditions de vie inhumaines que subissent les exilés à Calais

 

Très préoccupé par les faits portés à sa connaissance, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a demandé à ses services de se rendre sur place lundi 12 juin 2017. A cette occasion, ses agents se sont longuement entretenus avec de nombreux exilés et les associations leur venant en aide.

Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs, et qui demeurent à ce jour sans précédent.

 

Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité

La volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré : les personnes – entre 500 et 600 selon plusieurs informations croisées – dont des mineurs, dorment à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations. Ils disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville. Les migrants ne peuvent dès lors plus dormir, ni même se poser ou se reposer et restent constamment sur le qui-vive. Ils sont visiblement dans un état d’épuisement physique et mental.

Tous les points d’eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire. Se laver et boire de l’eau est leur principale demande.

Alors que Tribunal administratif de Lille a considéré le 22 mars 2017 que l’interdiction de distribution de repas par les associations était constitutive d’un traitement inhumain ou dégradant, une seule distribution associative est tolérée le soir, pendant une heure, ce qui ne permet pas de nourrir tous ceux qui le souhaiteraient. Les autres sont empêchées par les forces de l’ordre, au motif de« consignes préfectorales » quel que soit le public concerné (familles, jeunes enfants).  Une association procède à des distributions itinérantes, cherchant ainsi à accéder aux exilés qui n’osent plus se rendre sur les lieux de distribution, de peur de se faire interpeller. Depuis une semaine, parce qu’un prêtre s’est ouvertement opposé à la présence policière sur le parvis de son église, une distribution peut y avoir lieu tous les midis.

 

Un impact particulier sur les femmes et les enfants

Les femmes, qui ne bénéficient plus d’aucune structure dédiée depuis le démantèlement du Centre Jules Ferry, sont susceptibles de faire l’objet de viol et d’exploitation sexuelle. Certaines femmes ont des nourrissons et plusieurs bébés sont à naître dans les prochaines semaines. Aucun dispositif d’accueil ou d’hébergement ne leur semble accessible alors même que la protection maternelle et infantile impose une telle prise en charge.

Parmi les enfants non accompagnés présents, certains sont primo arrivants, d’autres reviennent de CAOMI avec l’idée persistante de se rendre en Grande-Bretagne. Ils indiquent subir le même traitement. La prise en charge par l’aide sociale à l’enfance implique, le soir et la nuit, un passage par le commissariat, ce qui rend particulièrement dissuasive la démarche.

 

Des associations sous pression

Lorsqu’elles tentent de mettre en œuvre des dispositifs qui devraient l’être par les pouvoirs publics (douches, distribution de repas et d’eau), les associations sont entravées et menacées : verbalisation des véhicules garés devant les locaux associatifs, injonction de mettre aux normes la cuisine d’une association présente de très longue date à Calais, menaces de poursuites pour aide au séjour irrégulier. Le Défenseur des droits mène d’ailleurs des investigations s’agissant des entraves qu’auraient subies les associations et les mineurs dans l’accès au dispositif de douches mis en place jusqu’au mois de mai par le Secours Catholique.

Il est par ailleurs difficile à ces associations de conseiller les migrants sur des démarches d’accès au droit. A cet égard, le Défenseur des droits regrette que les départs vers les CAO depuis Calais ne soient plus organisés, de même qu’il ne soit plus possible de déposer une demande d’asile dans la ville, la préfecture située à Lille dissuadant d’entreprendre de telles démarches.

Tout en réitérant ses recommandations générales, notamment à l’égard des mineurs (décision du 20 avril 2016), le Défenseur des droits demande dès à présent la fin de cette sorte de traque, l’autorisation des distributions de repas, la mise à l’abri des mineurs sur place, la mise en place d’un lieu où les personnes peuvent se reposer, se ressourcer et envisager la suite de leur parcours migratoire.

Dans son rapport d’octobre 2015, le Défenseur des droits écrivait : « Depuis les années 2000, c’est la crainte du risque « d’appel d’air » que pourrait provoquer un traitement digne et respectueux des droits des migrants qui est à l’œuvre dans la gestion de la situation du Calaisis. Pour ne pas prendre ce risque, les pouvoirs publics ont d’abord cherché à rendre le moins visible possible le regroupement de migrants et à ne pas créer de « points de fixation » ».

Plus récemment, à l’occasion d’observations présentées devant le Tribunal administratif de Lille dans le cadre du démantèlement de la Lande, il précisait : « le défaut d’anticipation de ces opérations d’expulsion est contreproductif puisqu’il ne fait que déplacer le problème vers un autre site, imposant aux exilés un « nomadisme » forcé ».

 

Le Défenseur des droits regrette que les faits constatés aujourd’hui lui aient à ce point donné raison. Il exhorte les pouvoirs publics à ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés qui, présents sur notre territoire, doivent être traités dignement, conformément au droit et aux engagements internationaux qui lient la France. »

 

« La République et les exilés: de deux «marches» contraires »

12 lundi Juin 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, harcèlement policier, politiques migratoires

Suite à leur dernière visite à Calais, Camille Louis et Étienne Tassin continuent leur interpellation des autorités, tout en questionnant le sens de tout ça. Le gaz, gazer les personnes qui n’ont pas à être là. Un quotidien, qu’il s’agisse de la gazeuse brandie comme un spray d’insecticide ou du bombardement du bidonville comme à la guerre (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et là).

 

https://blogs.mediapart.fr/edition/la-jungle-et-la-ville/article/100617/la-republique-et-les-exiles-de-deux-marches-contraires

« La République et les exilés: de deux «marches» contraires

À l’attention du Président de la République, du ministre de l’intérieur, des préfets des Hauts-de-France, de la maire de Calais… La République est en marche, dites-vous ; les migrants aussi : marchent-ils dans la même direction ?

Les migrants, c’est indiscutable, vont du pire qu’ils quittent vers le meilleur qu’ils convoitent. La république, elle, et chacun peut s’en convaincre sur le littoral des Hauts de France comme à la frontière italienne ou à la Porte de la Chapelle, va du meilleur qu’elle affiche — une devise fièrement soutenue : liberté, égalité, fraternité — aux pires exactions qu’elle commet chaque jour par l’entremise des CRS, de la police nationale ou de l’administration publique. Des hauteurs de la République à la vallée de la Roya, chacun peut en faire l’amer constat. Qu’est-ce que vous, Maire, Préfet ou Ministre de l’Intérieur avez à nous en dire ? Qu’est-ce que vous, Monsieur le Président de la République en marche, vous pensez de ces marches contraires ? Nous aimerions des réponses… Car voici des questionnements légitimes face à des faits observés ou attestés.

Histoire de gaz 1 : d’une non rupture de jeûne à une fracture d’humanité

Aux premiers jours du ramadan à Grande-Synthe, le moment de rompre le jeûne s’approche quand les forces de l’ordre entourent des exilés venant de cuisiner le repas du soir et gazent les marmites, empêchant les migrants de se nourrir après une journée entière sans manger. « Une fois de plus » ou « comme d’habitude » serait-on presque tentés de dire, tant nous nous sommes habitués à être les témoins passifs de l’intolérable et de l’immonde perpétrés par nos États européens qui, au lieu d’offrir l’hospitalité, privent ces femmes et ces hommes des biens communs fondamentaux et s’efforcent de détruire leur capacité d‘être au monde.

Pourtant quelque chose dans cette scène semble être en mesure d’interpeller même le plus distant, le plus indifférent d’entre nous, celui qui ne veut pas savoir ce qu’il advient « d’eux » et considère que ce n’est ni son histoire ni la nôtre. Car les histoires de gaz que l’on emploie pour tuer à petits feux, de gaz qui s’accompagne d’une volonté d’affamer ou d’assoiffer les gens, de gaz qu’on projette aujourd’hui dans les abris de fortune que se construisent les exilés, dont on asperge les couvertures et qu’on répand à l’intérieur de leur lieu de répit où il serait encore possible de se reposer et peut-être même de rêver, bref les histoires où s’associent « chambre » et « gaz », justement, trop justement, ces histoires font bien partie de notre histoire. Pas seulement à nous Français ou à nous résidents des Hauts de France, mais à nous « humanité » qui condamnons régulièrement de tels mariages entre produits chimiques et élimination de ces populations dont on reconnaît pourtant qu’elles composent avec nous une commune humanité.

Or ce n’est pas ainsi, comme part de notre humanité, que vous semblez reconnaitre les exilés en France, mais bien plutôt comme une « communauté à part » qui, depuis quelques années, est désignée comme la menace et la « terreur de toute l’humanité ». De cette terreur fabriquée à l’accusation de terrorisme, il n’y a qu’un pas auquel vous ne cessez d’inviter par vos mesures moins « politiques » que « policières » et vos propos moins « politiques » que « guerriers ». Est-ce un hasard si la violence policière semble avoir redoublé ou gagné en cruauté depuis que nous sommes entrés dans la période du ramadan ? Période censée de fête, de célébration et non pas de repli communautaire mais de partage des coutumes et des histoires entre de multiples « étrangers ». « Étranger » ne désigne pas une identité mais qualifie le rapport qui se crée entre des communautés distinctes où chacune est toujours d’abord « étrangère » à l’autre mais, par là-même, en mesure de la rencontrer, d’apprendre d’elle et de composer avec elle une forme d’habiter en commun. Rencontrer, tisser des relations, se nourrir des différences, cela peut tout simplement se nommer : exister. Et c’est bien à l’empêchement, à l’annulation des existences qu’aujourd’hui, à Calais, à la Porte de la Chapelle mais aussi en Italie ou en Grèce1, nous ne pouvons qu’assister. Comment nommer autrement la violence qui s’exerce aujourd’hui sur cette « population migrante » ?

Pourquoi gazer le repas du ramadan ? Il semble clair qu’il ne s’agit pas seulement d’empêcher les exilés de se nourrir, qu’il ne s’agit pas seulement de l’interdiction prononcée par ailleurs par le Préfet de distribuer des repas : en rendant inconsommable la nourriture préparée avec l’aide des bénévoles, il s’agit, en connaissance de cause, de rendre impossible la rupture du jeûne, ce moment collectif et festif si important dans le rituel du ramadan. Il s’agit de doubler la brutalité physique (condamner à la faim et à la soif par l’usage du gaz) d’une violence symbolique, psychologique, éthique. Il s’agit d’une violence redoublée de cruauté : « vous avez cuisiné pour rien, nous détruisons votre repas ; vous vouliez jeûner, eh bien votre jeûne va se poursuivre mais c’est maintenant nous qui vous l’imposerons ; vous vouliez partager un moment à la fois cultuel et festif, comme un double soulagement dans l’univers de misère que nous vous réservons, eh bien nous vous privons, outre de votre restauration, de vos cérémoniels religieux et de cette parenthèse communautaire que vous vous réserviez dans vos errances singulières ». Ce n’est là ni une exception ni une bavure, c’est une technique d’humiliation en même temps que d’affaiblissement : cette technique est nazie, pourquoi le nierait-on ?

Histoire de gaz 2 : une société en marche ou assignée à résidence ?

Dans un rapport en date du 6 octobre 2015, le Défenseur des droits déclarait : « Nul ne peut occulter l’existence de violences commises à l’encontre des migrants présents à Calais, et plus particulièrement à l’aide de gaz lacrymogène. Pour cette raison, le Défenseur des droits, (…) recommande que le cadre d’emploi des moyens lacrymogènes soit rappelé aux forces de l’ordre amenées à intervenir dans le Calaisis, afin qu’elles fassent un usage nécessaire et proportionné de ces armes – dont l’utilisation ne saurait être banalisée à raison du caractère répétitif de leurs missions.2 » Pouvez-vous nous dire, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Monsieur le Préfet, Madame le Maire en quoi l’usage systématique, agressif autant qu’excessif, de gaz à l’encontre de migrants s’apprêtant à dîner, à se coucher, se levant ou se lavant, constitue-t-il un « un usage nécessaire et proportionné de ces armes » ? L’argument répété des forces de l’ordre pour justifier ces exactions – éviter la reconstitution de campements – tiendrait-il lieu de « politique » et justifierait-il aussi à vos yeux les pratiques fascisantes d’une police abandonnée à sa seule fonction répressive ? La France en marche n’a-t-elle rien d’autre à proposer que la destruction de celles et ceux qui marchent pour leur vie ? Au moment où le nouveau gouvernement s’apprête à faire passer l’obligation de l’arrêt généralisé – l’assignation à résidence – dans le droit commun, n’a-t-on pas un commun droit et devoir de vous interpeller sur vos criantes contradictions3 ? Vous vous dites « en marche » et vous nous soumettez à la menace d’être assigné ou nous offrez le spectacle des marches que l’on transforme en course lorsque les exilés n’ont plus d’autre choix que de fuir, dans les bois, les poursuites, les traques et les violences illogiques perpétrées par vos forces de « l’ordre ».

Mercredi 31 mai, à Calais : alors que les associations de bénévoles viennent d’assurer la distribution de nourriture — la seule qui soit autorisée en raison d’une décision préfectorale immotivée, et qui ne peut avoir lieu qu’en fin de journée, entre 18h et 19h, rue des Verrotières —, les CRS, aidés de la police nationale, poursuivent les migrants qui prétendent passer la nuit aux alentours du lieu de distribution. Cinq tirs de flash ball retentissent. Une bombe lacrymogène est lancée. Ce n’est pas un excès de zèle de quelques gens d’arme exaltés, c’est une consigne : elle ne vise pas à contenir une manifestation menaçante, elle ne relève pas de la « légitime défense », elle est délibérément agressive et couronne une chasse à l’homme désarmé : cette consigne est nazie, pourquoi le nierait-on ?

Un rapport de l’ONG Human Rights Watch de janvier 2015 dénonçait déjà les violences policières contre les migrants de Calais. Les témoignages recueillis étaient accablants : matraquages systématiques, usages injustifiés et disproportionnés de gaz lacrymogènes, humiliations, coups et blessures, etc… La situation a-t-elle cessé ? S’est-telle améliorée ? Le nouveau gouvernement a-t-il pris des dispositions pour que cessent ces abus ? Entendez-vous, Monsieur le Président, restaurer la dignité des forces de l’ordre en les dispensant d’avoir à faire subir à des êtres affaiblis mais admirables une terreur aveugle et blessante égale à celle qu’ils ont fuit espérant trouver en Europe un refuge contre les exactions, les bombes et les gaz que répandent ailleurs milices terroristes et Etats terroristes ? Ou doit-on voir dans la direction que vous semblez prendre de faire passer plusieurs mesures d’exception propres à l’État d’urgence au statut de pratiques « normales », ce que, réellement, signifie la mise en place d’un tel État : la justification du terrorisme comme pratique étatique, le transfert du pouvoir politique au pouvoir militaire et policier ? Est-ce un tel retrait du politique que vous nommez sa mise en marche et en avant ?

Histoire de gaz 3 : la désorientation comme politique. Cherchez le crime.

Jeudi 1er Juin, à Calais : les CRS envahissent le bois Dubruelle, s’emparent des sacs de couchage des exilés, de leurs affaires personnelles, et les gazent. Est-ce utile ? Est-ce intelligent ? Est-ce productif ? Non, c’est inutile, imbécile, improductif. C’est une perte, en tous les sens du terme. Pas simplement au sens économique, le seul argument audible en Europe qui fait dire : « on n’a pas les moyens de vous accueillir, de vous nourrir, de vous loger ». D’une part cela est faux ; d’autre part cette politique et cette police de la destruction et de l’annulation ont un coût énorme. Elles font perdre des moyens à la ville, au département, à l’État, mais aussi et surtout elles font de la perte le produit spécifique de ces différentes instances. Car il faut perdre les exilés, non pas les « orienter » vers les dispositifs pourtant supposés « orienter et accueillir » — ces C.A.O tant vantés comme solution « humaine et digne » lors du démantèlement de ladite « inhumaine et indigne » jungle — mais simplement les faire fuir pour ne plus jamais les revoir : « si je te revois ici, je te conduis direct en CRA », dit le policier à l’exilé. Chasser les exilés (les courser dans le bois mais aussi les expulser du bois) ou les conduire vers le non-lieu de la rétention, c’est de toute façon les conduire à leur perte, autrement dit, à leur mort. Technique de la perte, de la mise à mort, de l’élimination d’une partie de la population : cette technique est nazie, pourquoi feindrait-on de croire le contraire ?

Vendredi 2 juin, à midi, la distribution de nourriture et de boisson est, sur ordre du préfet, empêchée par les forces de l’ordre pour prévenir d’éventuels risque de troubles à l’ordre public. La vidéo prise de la scène montre les migrants, réduits au statut d’animaux apeurés, attendant en tournant au sommet d’un terril, observant la manière dont les CRS bloquent l’accès aux bénévoles associatifs. Certains osent finalement descendre et se rapprochent du cordon de policiers les mains en l’air comme des ennemis défaits. Ils s’agenouillent mains sur la tête en signe de soumission, on les revoit bientôt allongés à terre sans qu’on sache s’ils n’y ont pas été jetés. Ils n’auront rien à manger. Au préalable, les mêmes forces de l’ordre auront arrêté le camion de l’Auberge des migrants pour surcharge pondérale, dressé contravention, exigé qu’il vide ses bidons d’eau pour s’alléger. Le nazisme est devenu routine procédurière, pourquoi le remarquerait-on encore ?

Des dizaines d’autres récits viennent corroborer ces pratiques quotidiennes, dignes du fascisme le plus sombre de notre histoire : détruire les biens et les refuges des migrants, les empêcher de dormir, les priver de nourriture et d’eau, les chasser comme des animaux, les humilier comme des ennemis, les menacer physiquement et verbalement, et surtout les renvoyer vers nulle part puisque partout où qu’ils aillent ils seront reçus de la même façon. Quel crimes ont-ils commis pour être ainsi harcelés ? D’être présents, même illégalement, sur une terre qui se dit d’asile ? Certes non ! Leur crime est autre. Ils ont fui les crimes qui les menaçaient et les exactions qu’ils subissaient dans leurs pays d’origine ; ils ont fui la misère et la mort, ils ont fui les forces d’un ordre injuste et arbitraire et celles d’une économie coloniale appauvrissante ; et révèlent par leur seule présence que ces crimes subis là-bas sont aussi ceux qu’on commet ici : voilà leur crime. Ils sont les véritables témoins du monde tel qu’il est en train de se faire, sans nous. Les uns sont venus chercher refuge au pays qu’ils croyaient des droits de l’homme, ils révèlent que c’est une fiction, voilà leur crime. D’autres, bercés par l’illusion des « Lumières » européennes, ont rejoint l’Europe pour pouvoir, pensent-ils, étudier en paix et partager cette lumière ; ils révèlent la face obscure d’une Europe infidèle à ses principes : voilà leur crime. D’autres encore souhaiteraient poursuivre leur marche vers l’Angleterre, passer encore une frontière. Voilà leur véritable crime : traverser ces frontières supposées protéger les communautés nationales et révéler ainsi, non seulement leur inanité, mais surtout la vacuité de l’identité nationale que les Etats faillis convoquent comme des totems religieux ! La République en marche aurait-elle donc raison de mobiliser, face à cette marche contraire à la sienne, ses forces de l’ordre autorisées à bafouer les droits de celles et ceux qui migrent, à mépriser les militants bénévoles qui tentent de les secourir, à injurier la presse qui tente de dire ou montrer ce qu’ils font ?

 

Nota-bene : brève histoire du gaz

L’usage du gaz est comme la métonymie de la politique européenne à l’égard des migrants. Cette politique n’en est pas une, ce n’est qu’une police ; et cette police, autrefois composée d’agents de la paix, semble ignorer aujourd’hui et les agents et la paix : elle n’est plus qu’une force de répression et d’humiliation, une force d’élimination. Depuis des décennies, son histoire se confond avec celle de son surarmement. M. Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, avait à son époque autorisé l’usage des Flash Ball. Dans une note adressée à la police, Claude Guéant, directeur général de la police nationale indiquait : « j’ai décidé de lever les restrictions concernant l’acquisition du flashball […] sous réserve que les conditions suivantes soient expressément respectées : […] N’utiliser le flashball que dans le cadre strict de la légitime défense. En effet, les essais effectués ont démontré que cette arme ne pouvait être qualifiée de non létale, en raison des lésions graves qu’elle est susceptible d’occasionner, en certaines circonstances.5 » C’est cette arme qu’on ne peut dire non létale qu’emploient les forces de l’ordre contre les exilés venus chercher asile en Europe. Les mêmes forces de l’ordre utilisent ordinairement des pulvérisateurs ou des grenades de gaz lacrymogène CS6 qui peuvent être lancées à la main, à l’aide de lanceurs Chouka ou Cougar ou de fusils, selon la distance qui les séparent de la cible ; elles utilisent également des pulvérisateurs de gaz au poivre OC (oléorésine de capsicum) contre les individus et manifestement contre les biens dont vivent les exilés. Une longue et triste histoire du gaz relie le gaz moutarde lancé dans les tranchées de 14-18  au Zyklon-B utilisé dans les camps de la mort et au gaz sarin employé par Bachar el-Assad sur les civils syriens.

Que la république française n’ait rien d’autre à offrir que des jets de gaz aux exilés qui viennent à sa rencontre doit aussi se comprendre selon cette histoire. La laissera-t-on se répéter? Nous préférons en écrire une nouvelle et témoignerons, dans le texte suivant (et publié ici très prochainement), de ce qui aujourd’hui, à Calais, Norrent-Fontes ou dans la Vallée de la Roya est encore en mesure d’inscrire une histoire politique, résistant à l’effacement policier comme à l’amnésie imposés.

Camille Louis et Etienne Tassin

1Pour le premier cas voir récent article de Carine Fouteau,  et pour le second voir bientôt le texte de Camille Louis dans la revue Plein Droit, racontant la vie de ce lieu d’accueil remarquable qu’est l’Hotel City Plaza à Athènes où résident autour de 400 exilés et dont la ville vient d’ordonner l’évacuation.

2Voir  les tirs de gaz lacrymogènes en direction du camp des migrants par la police à Calais le 07/10/2015, http://observers.france24.com/fr/20151015-video-gaze-moi-ca-gaz-lacrymogenes-no-borders-police-migrants-refugies-calais . Souligné par nos soins.

3Voir notamment : https://www.mediapart.fr/journal/france/080617/syndicats-de-magistrats-vent-debout-contre-la-loi-securite

4https://www.facebook.com/junglenewsfr/videos/615607511980367/

5Voir aussi: Guide des armes anti-émeutes de la police française, Gaspard Glanz, 4 oct. 2014

6« lorsque le CS est chauffé jusqu’à sa décomposition, il émet des fumées très toxiques de chlorure d’hydrogène, de cyanure d’hydrogène, d’oxydes d’azote et de monoxyde de carbone. L’œil est l’organe le plus sensible au CS, suivi des voies respiratoires et de la peau. Une exposition à du CS fortement concentré ou l’ingestion d’aliments contaminés peut provoquer des nausées et des vomissements. Dans le cas des expositions excessives, un oedème pulmonaire peut se développer en 12 à 24 heures et des brûlures chimiques irréversibles peuvent apparaitre sur l’épithélium cornéen », Guide des armes anti-émeutes de la police française, op. cit. »

 

Désert remplaçant la « bonne solution » des containers, dans l’ancienne jungle de Calais © Camille Louis.

 

 

Calais : escalade – encore

10 samedi Juin 2017

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Calais, Exilés, harcèlement policier, politiques migratoires

Un débat à l’autre bout de la France. Une personne qui a vu sur le net une vidéo montrant des policiers gazant de la nourriture s’indigne : un pas vient d’être franchit dans l’inacceptable, il faut réagir pour que cette limite ne soit plus franchie.

Saine réaction face à une violence inacceptable. Réaction nécessaire : la question n’est pas simplement locale, s’exercent à Calais des politiques nationales, bilatérales (franco-britanniques), européennes. Les acteurs locaux, déjà confrontés à l’urgence de la situation, n’ont pas les forces seuls pour infléchir les politiques aux niveaux national, bi-national et européen.

Réaction saine, mais ô combien décalée par rapport à la réalité locale. Dans la saisine adressée au Défenseur des Droits en 2011 (voir ici et là) il est déjà question de gazage de nourriture, de récipients d’eau, de couvertures, parmi d’autres choses, faits remontant jusqu’en 2009 – et les associations locales parlaient de fait similaires dans les années antérieures.

Mais bien sûr quand le ministre de l’intérieur lâche cent cinquante policier-ère-s et gendarmes sur les exilé-e-s à Calais, tandis que le président de la république se répand en plaisanteries grasses sur les exilé-e-s mort-e-s en mer (voir ici, ici et là), le niveau de violence augmente.

Et reste au-delà de la police un effet de système. Quand la mairie (Les Républicains) bloque physiquement l’accès aux douches mises en place par le Secours catholique et se voit condamnée par le tribunal administratif, l’État – la police nationale – prend le relais pour arrêter les exilé-e-s qui viennent se doucher (voir ici, ici, ici, ici, ici et là). Quand la mairie publie des arrêtés municipaux pour interdire les distributions de repas aux exilé-e-s et que le tribunal administratif en suspend l’application, c’est l’État – la police nationale – qui intervient et disperse les distributions quand bon lui semble (voir ici, ici, ici, ici, ici et là).

L’escalade, c’est quand la mairie clôture l’espace où se font les principales distributions de repas, que celles-ci doivent donc se déplacer, et que des « riverains en colère » bloquent la route pour les empêcher, et que la police (ou la gendarmerie) intervient alors pour disperser non les « riverains en colère » mais les exilé-e-s qui viennent simplement s’alimenter. Comme à l’époque du bidonville se complètent et se confortent mutuellement pouvoir d’État, notables locaux et quasi-milices cachant leurs liens avec l’extrême-droite derrière l’image de « riverains en colère » (voir ici, ici, ici, ici, ici et là).

http://www.francetvinfo.fr/france/hauts-de-france/migrants-a-calais/calais-2-associations-humanitaires-denoncent-des-violences-policieres-contre-des-migrants-y-compris-mineurs_2216840.html

http://mobile.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/06/05/le-ministre-de-l-interieur-envoie-des-policiers-supplementaires-a-calais-et-adopte-une-ligne-dure-anti-migrants_5139128_1654200.html

http://www.liberation.fr/france/2017/06/07/a-calais-il-n-y-a-plus-rien-a-part-la-repression-et-le-tout-securitaire_1574914

http://www.nordlittoral.fr/32826/article/2017-06-06/les-migrants-n-ont-plus-rien-faire-calais

http://www.nordlittoral.fr/32822/article/2017-06-06/des-riverains-de-la-rue-du-pont-trouille-mobilises-pour-empecher-la-distribution

 

Édouard Manet : Pertuiset, le chasseur de lions.

 

 

Lettre ouverte : « Calais – Quand «expulsion du camp» finit par signifier «élimination» »

05 lundi Juin 2017

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Calais, Exilés, harcèlement policier, politiques migratoires, solidarité

Signataires de l’Appel de Calais ou Appel des 800, Camille Louis et Étienne Tassin avaient interpellé la préfète du Pas-de-Calais en amont de la destruction de la partie sud du bidonville, puis répondu à une réponse du ministre de l’intérieur. Leur travail sur Calais s’est poursuivi depuis, et vous pouvez lire leurs réflexions sur leur édition du Club de Médiapart, La « jungle » et la « ville ».

https://blogs.mediapart.fr/edition/la-jungle-et-la-ville

De retour d’une nouvelle visite à Calais, Camille Louis et Étienne Tassin interpellent les nouveaux préfet et ministre de l’intérieur sur la situation actuelle :

 

https://blogs.mediapart.fr/edition/la-jungle-et-la-ville/article/030617/calais-quand-expulsion-du-camp-finit-par-signifier-elimination

« Calais – Quand «expulsion du camp» finit par signifier «élimination»

Il y a presque huit mois, l’Etat ordonnait le démantèlement de la «jungle» de Calais ou pour le dire dans les bons termes, l’expulsion des milliers d’exilés qui y résidaient. L’argument était alors celui d’un remplacement des conditions de vie « ignobles » par l’accueil dans un ensemble de C.A.O aménagés et autres mesures «mélioratives». Aujourd’hui voilà ce qu’il en est pour ceux qui sont encore là.

 

Calais, 03 juin 2017

Monsieur le Préfet, Fabien Suidre

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb,

 

Les erreurs se répètent et l’infamie s’accroît. Il est cependant possible d’éviter les premières et d’enrayer la seconde.

Le bidonville de Calais fut détruit en deux vagues, au printemps puis à l’automne 2016. L’expulsion de la « jungle » était supposée « régler le problème des migrants » dans la région. Nous savions bien à l’époque que cela ne règlerait rien et que bientôt les exilés reviendraient hanter les bois et les dunes entourant Calais. Ils sont là, au nombre, estime-t-on, de six-cents à ce jour. Et parmi eux, de nouveau, de nombreux mineurs non accompagnés pour lesquels des obligations spécifiques sont faites à l’Etat — qui s’y soustrait au mépris du droit.

Que fait la police ? Nous constatons qu’elle s’adonne à une chasse à l’homme digne des pires périodes du fascisme : maraudes et expulsions, poursuite des migrants jusque dans les bois où ils trouvent refuge, blocage des distributions de nourriture et des points d’eau. On n’accorde aucun répit, on n’accorde aucun repos : le soir, on gaze les gamelles du repas après une journée de jeune en période de Ramadan, le matin on gaze les sacs de couchage, les affaires personnelles et l’on va jusqu’à gazer les bidons d’eau ! On détruit les abris précaires, les bâches et couvertures qui servent de toiture et de sol et l’on ne se contente pas de rendre l’installation impossible, il faut aussi faire fuir, pourchasser, terroriser, violenter en alternant les moyens : du simple passage à tabac (mineurs isolés de Lille, dans la nuit du 1er juin) jusqu’à l’utilisation de flash ball ou de bombes lacrymogènes (lancés à Calais, dans les derniers jours du mois de mai, sur les exilés et bénévoles n’ayant pas suivi le nouvel arrêté – publié nulle part – n’autorisant la distribution de repas qu’en soirée rue des Verrotières). Ceci, vous le savez, n’est qu’un aperçu de ce qui se passe aujourd’hui dans la région de Calais.

Ces exactions sont sues, documentées, la police elle-même les reconnaît.

Nous vous posons simplement trois questions :

  • À quoi cela sert-il ?
  • Pourquoi la République française transforme-t-elle sa police en milice fasciste, au mépris des fonctionnaires qui entendent la servir honorablement ?
  • Qu’attend l’Etat de ces traitements inhumains et méprisables infligés à des exilés qui seraient disposés à grandir le pays de leurs richesses culturelles et de leurs compétences professionnelles ?

Il nous est impossible de comprendre ce que l’Etat se promet d’une répression systématique, aveugle, destructrice et pour tout dire imbécile, alors qu’une politique organisée d’accueil, d’intégration et de renforcement des formidables ressources que représentent les exilés serait si bénéfique à la France, comme à n’importe quel pays. Il suffit de discuter avec quelques-uns d’entre eux, la plupart jeunes, motivés et compétents, plein d’enthousiasme et d’espoirs, pour se rendre compte de la chance qu’ils représentent pour notre pays. Par quelle aberration idéologique ou quelle soumission aux fantasmes les moins honorables, le gouvernement renonce-t-il à cette opportunité pour ternir son image, se conduire comme n’importe quel groupuscule terroriste – alors qu’il justifie bon nombre de ses mesures policières au nom de la lutte contre ces derniers – et se discréditer sans aucun résultat ? Non seulement cette « politique » ne sert à rien mais elle dessert assez évidemment et la France et la République ; et son gouvernement et les droits dont celui-ci ne cesse de se réclamer.

Il nous est aussi impossible de comprendre ce que l’Etat gagne à inviter ses Compagnies Républicaines de Sécurité à se conduire dans l’ignorance de l’humanité que requiert la compagnie des autres, dans le déni de ce qu’exigent les valeurs républicaines sans cesse convoquées, dans la diffusion systématique de l’insécurité comme règle du vivre-ensemble. Il suffit de discuter quelques instants avec les forces de l’ordre commises à ces exactions pour entendre le dégoût qu’elles ont de ce qu’on leur demande de faire (quel gardien de la paix pourrait sans gêne gazer des bidons d’eau pour assoiffer des êtres humains pourchassés comme des bêtes sauvages ?) Comment un Etat dit de droit, une république dite démocratique, peuvent-ils sans scrupules adopter des pratiques répressives et inhumaines dignes des pires régimes fascistes ? Il se trouve que nous sommes incapables de trouver la moindre raison à ces actes, fût-ce une raison d’Etat. Aussi devons-nous vous alerter : sous couvert de sécurité — mais les exilés commandent-ils que nous sécurisions l’Etat ou que nous humanisions la république ? —, vous êtes en train de fasciser la démocratie et d’installer un Etat autoritaire qui prépare les pires privations de liberté, les pires dénis d’égalité, les pires violations de la fraternité. Nous ne pouvons rester silencieux devant ce qui se met ainsi « en marche ».

Il nous est enfin impossible de comprendre ce que l’Etat attend des traitements inhumains infligés aux migrants qui composent une ressource de compétences, d’intelligence, de motivations et une promesse d’avenir pour nos pays. Par leurs expériences et leurs récits, les exilés contribuent à une connaissance collective et concrète des relations internationales et des situations mondiales (Syrie, Ethiopie, Soudan….) qui restent opaques à l’ensemble des citoyens auxquels, pourtant, le nouveau gouvernement dit vouloir redonner confiance et intérêt politique. A cette chance humaine et politique s’ajoute la chance économique de multiples compétences professionnelles. Pourquoi fait-on mine d’ignorer que les personnes arrivant à Calais, mais aussi partout en Europe, sont artisans et gens de métier ou, pour beaucoup, de jeunes hommes et de jeunes femmes ayant fait ou interrompu des études en ingénierie, en médecine, en arts…  Avez-vous, Monsieur le Préfet, pris quelques heures de votre temps personnel pour aller discuter avec ces exilés à Calais, partager leur existence à Norrent-Fontes, essayer de comprendre leurs motivations et leurs projets dans le bois de Puythouck ? Avez-vous, Monsieur le Ministre, considéré ne fut-ce que qu’un instant la menace qu’ils sont supposés représenter pour notre pays au regard des richesses qu’ils lui apportent ? Et avez-vous songé au coût exorbitant de cette répression inefficace et vaine en comparaison des incroyables bénéfices que la même somme rapporterait si elle était investie dans des structures d’accueil, des centres de formation, des bourses du travail ou des maisons de la culture assurant l’intégration des exilés en France ?

Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, nous vous suggérons une chose simple, de bon sens, peu onéreuse, en vous démarquant des clichés xénophobes qui servent d’argument électoral, au demeurant assez inefficace : ayez l’intelligence de soustraire la question de la migration à la seule compétence du Ministère de l’Intérieur et de doter ce nouveau gouvernement d’une mission interministérielle, travaillant en liens étroits avec les associations locales et les personnes formées à l’accueil des exilés, pour mettre en œuvre des structures adaptées en terme d’habitat, d’éducation, de santé… Ayez l’audace de confier aux régions le soin de structures d’accueil et d’intégration des migrants désireux de mener leur existence en France. Et, dans les Hauts de France, ayez le courage de donner l’exemple d’une politique d’accueil qui dispense les policiers de commettre des actes qui les déshonorent et les exilés de subir des exactions qui les humilient. Vous aurez redonné à la France la fierté dont elle est aujourd’hui privée, la grandeur à laquelle elle a renoncé, l’honneur qu’elle a perdu mais dont elle ne cesse de se réclamer. Et vous aurez du même coup donné à l’Europe l’exemple d’une France enfin libre, égale, fraternelle.

N’est-ce pas là une visée plus heureuse et moins coûteuse, plus glorieuse et moins frileuse, qu’une France en marche pourrait fièrement revendiquer quand une politique xénophobe et une police terroriste n’offrent à la république d’autre destin qu’une France en panne si ce n’est déjà morte ?

 

Croyez, Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, en notre dévouement civique. Mais faites cesser l’ignominie.

Camille Louis et Etienne Tassin »

 

 

Calais : une répression moins visible, mais tout aussi présente

29 lundi Mai 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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Calais, Exilés, harcèlement policier, politiques migratoires

De manière visible, les « migrants » sont « de retour » à Calais. On peut les voir en ville, et notamment dans les parcs publics. La répression à leur encontre est elle devenue moins visible en centre ville. S’il y a deux semaines encore les CRS chassaient les personnes d’apparence étrangère des parcs, la police nationale y circule maintenant en voiture et les gendarmes mobiles à pied sans effectuer de contrôles. De même, si les gendarmes mobiles sont encore en faction à la gare, c’est sur le côté, plus loin de l’entrée, et les contrôles au faciès systématiques ont cessé (voir ici, ici et là).

Dans le temps, ce changement succède immédiatement à la formation du nouveau gouvernement. Rien ne présage s’il durera au-delà des élections législatives, dont le résultat est incertain.

Mais au-delà de cette visibilité au centre-ville, la répression à l’encontre des exilé-e-s continue de manière identique, et peut-être aggravée. La plupart des exilé-e-s dorment en effet dans des conditions extrêmement précaires à la périphérie de la ville, sans pouvoir construire de cabanes, sans tentes ni bâches puisque les associations ayant le plus de moyens logistiques refusent d’en distribuer.

Là, loin du regard de la population, les forces de police et de gendarmerie chassent, arrêtent, détruisent les effets personnels, gazent. Que ce soit dans le bois Dubrulle, près du lieu où se font les distributions de repas dans la zone industrielle des Dunes, près du parc Chico Mendes, entre la ZUP du Beau Marais et la zone industrielle Marcel Doret, dans les terrains parsemés d’étangs entre la route de Saint-Omer et l’échangeur autoroutier, ou à la limite entre les communes de Marck et de Calais, près des parkings sécurisés où se garent les camions pour le Royaume-uni.

 

Charles-Olivier de Penne : Scène de chasse à courre.

Destructions d’abris à Grande-Synthe – possible rafle à Calais

18 jeudi Mai 2017

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Calais, Dunkerque, Exilés, expulsion, harcèlement policier, politiques migratoires

Alors que la formation du gouvernement et la campagne législative accaparent l’attention des médias, la répression se durcit à la frontière britannique.

À Grande-Synthe, les exilé-e-s n’ont pas disparu avec l’incendie du camp de réfugié-e-s de la Linière (voir ici et là). Les conditions de vie sont simplement devenues beaucoup plus précaires et les personnes plus vulnérables. La pression policière est forte, des patrouilles à cheval ont même été mises en place pour débusquer les exilé-e-s dans les dunes et les bois.

http://www.lavoixdunord.fr/160111/article/2017-05-09/la-police-cheval-pour-dissuader-les-migrants-de-s-installer-au-puythouck

Aujourd’hui jeudi en fin d’après-midi, la police a saccagé les abris précaires et détruits les couvertures des quelques deux cents cinquante personnes qui dormaient dans le bois de Puythouck à Grande-Synthe https://goo.gl/maps/TJYXcqVR7yv . Des familles ont été hébergées par la mairie. Pour les autres, la vie est juste plus dure. Le temps est à la pluie.

http://www.lavoixdunord.fr/164883/article/2017-05-18/un-campement-de-fortune-du-puythouck-ou-survivaient-des-migrants-evacue

Selon plusieurs sources, des places auraient été réservées dans des centres de rétention partout en France par le ministère de l’intérieur pour des exilé-e-s de Calais. Une importante rafle serait donc en préparation.

 

Viktor Vasnetsov : Le Chevalier à la croisée des chemins.

 

De la chasse à l’Afghan à l’enfermement des bébés

14 dimanche Mai 2017

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Calais, Exilés, expulsion, harcèlement policier, politiques migratoires, rétention

Fin octobre – début novembre 2016 : destruction du bidonville de Calais. Plusieurs centaines d’exilé-e-s, principalement afghan-e-s, sans abri à Calais, rejoignent le camp de réfugié-e-s de Grande-Synthe. Ces personnes nouvellement arrivées s’y trouvent cantonnées à la marge, dans un lieu ou le passage et certains aspects de la vie du camp sont principalement tenus par des passeurs kurdes. Les tensions s’accumulent et les quatre cinquièmes du camp de Grande-Synthe sont détruits le 10 avril 2017 par un incendie suite à une violente bagarre. Le gouvernement décide que le camp ne sera pas reconstruit et ne rouvrira pas. Une partie des personnes principalement afghanes qui étaient à Grande-Synthe viennent alors à Calais.

Les autorités répondent par une chasse policière ciblant plus particulièrement les Afghan-e-s. C’est ainsi qu’un père de famille est arrêté à la gare de Calais et transféré au centre de rétention du Mesnil-Amelot, près de Paris, pour être expulsé vers l’Afghanistan. Sa compagne, Iranienne, lui rend visite avec leur fille de 8 mois, née à Calais. La visite tourne mal, le bébé se retrouve illégalement enfermé en rétention avec son père avant d’être placé auprès de l’aide sociale à l’enfance, tandis que la mère est placée en garde-à-vue.

Un signe de l’acharnement contre les exilé-e-s, qui marque la prise de fonction du nouveau président de la république.

 

Communiqué de la Cimade :

http://www.lacimade.org/un-bebe-victime-de-lacharnement-de-la-prefecture-du-pas-de-calais/

« Un bébé victime de l’acharnement de la préfecture du Pas-de-Calais

12 mai 2017

Après une privation de liberté illégale, un bébé de 8 mois est placé en famille d’accueil, une famille éparpillée, un père enfermé et menacé d’expulsion en Afghanistan, une mère fragile loin des siens… c’est le résultat de la politique migratoire menée par la France.

Arrivés en France en 2016, Monsieur I et sa compagne Mme V vivent depuis de longs mois dans la jungle de Calais, dans l’espoir de se rendre au Royaume-Uni pour y déposer une demande d’asile. Lui est Afghan et elle iranienne. Leur fille Yasmina est née à l’hôpital de Calais il y a tout juste 8 mois.

Le 10 mai 2017, alors qu’il accompagne son frère à la gare, Monsieur I est interpellé. Au commissariat, il fait part à la police de sa situation familiale. La préfecture du Pas-de-Calais n’en tient pas compte et décide de tenter de le renvoyer en Afghanistan, n’hésitant pas à séparer la famille. Il est emmené seul au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot. De cette séparation va naître une série d’événements humains dramatiques.

Le lendemain, sa compagne lui rend visite au CRA, accompagnée de leur bébé. La situation s’envenime rapidement : Mme V refuse catégoriquement de quitter le centre sans son mari. Désespérée par cette situation, elle entre dans une crise telle qu’elle est extraite du CRA sans son enfant, l’administration craignant pour la sécurité de ce dernier au regard de l’état de nervosité extrême de sa mère. Le bébé demeure donc auprès de son père, enfermé dans le CRA.

L’heure tourne et la situation devient de plus en plus violente. D’un côté, l’enfant est auprès de son père, privé de liberté derrière les barbelés d’un CRA, en dehors de toute procédure légale. De l’autre, la mère fait le pied de grue à l’entrée du CRA, hurlant sa colère et son désespoir de retrouver les siens.

Informée par l’administration du CRA de la tournure dramatique des événements, la préfecture du Pas-de-Calais campe sur ses positions : il est hors de question de remettre en liberté Monsieur I. En définitive, le parquet de Meaux ordonne le placement à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du bébé, tandis que la mère est placée en garde à vue pour trouble à l’ordre public.

24 heures après ces faits, cette famille se retrouve donc complètement éparpillée. Un enfant de 8 mois placé temporairement en famille d’accueil. Un père enfermé en rétention et menacé d’expulsion vers un pays différent de celui de sa compagne. Et une mère – manifestement fragile psychologiquement et peut être pas en état de s’occuper seule de son bébé – dont on ignore la localisation.

En définitive, cet épisode montre combien le droit de mener une vie privée et familiale normale se heurte régulièrement à la machine à expulser mise en œuvre par les autorités françaises, en particulier dans le département du Pas-de-Calais.

Au regard de cette situation dramatique, La Cimade demande la libération immédiate de Monsieur I afin que celui-ci puisse s’occuper de son enfant. »

 

Kamaleddin Behzad (Herat, Afghanistan) : Les funérailles du poète Attar de Nichapour.

La guerre des repas, c’est à toute heure

29 samedi Avr 2017

Posted by passeursdhospitalites in Non classé

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état de droit, Calais, Exilés, harcèlement policier, solidarité

La pression policière ne se limite pas aux distributions de repas du soir, organisées par les associations (voir ici, ici et là), elle est diffuse et porte aussi sur toute distribution tout au long de la journée.

Dès la semaine dernière, plusieurs témoignages de bénévoles qui faisait des maraudes de nuit avec du thé et de la nourriture, et qui ont dû subir des contrôles d’identité, contrôle du véhicule, palpations de sécurité. Des bénévoles se sont entendu dire par les policiers qu’il leur était interdit de revenir à cet endroit et que les distributions y étaient interdite.

Cette semaine, des distributions de repas ont commencé zone industrielle des Dunes le midi, au même endroit que celles du soir. La police intervient quotidiennement pour les disperser, matraque et gazeuse à la main.

La police intervient également pour disperser les distributions de petits déjeuners. Ce matin, exilé-e-s et bénévoles ont été gazé-e-s.

Le fait que les distributions de repas aient lieu dans des espaces périurbains peu fréquentés laisse toute latitude à la police pour agir sans témoins, et met en danger exilé-e-s et bénévoles.

Et rappelons-le, le tribunal administratif de Lille a suspendu l’application des arrêtés anti-distributions pris par la maire de Calais, et l’action de la police viole cette décision de justice de manière de plus en plus claire et assumée (voir ici, ici et là). Un signe de ce qu’est la fin du quinquennat de Français Hollande, mais aussi probablement de ce que sera celui de son héritier.

 

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