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« J’étais ici au moment de la fermeture de Sangatte, j’ai couvert des campagnes de Jean-Marie Le Pen, mais je n’avais jamais entendu quelque chose comme ça. J’en avais envie de pleurer. » C’est une journaliste qui revient de couvrir la manifestation de Sauvons Calais qui dit ça, en arrivant au « Foot du Monde contre le racisme » organisé par les soutiens aux exilés. Elle n’est pas la seule.

Les appels à la chasse aux « traitres », les « traitres » étant ceux et celles qui nourrissent, hébergent, soutiennent les « racailles », comprenez les exilés, résonnent étrangement après les agressions de cet été, et la dernière en date de vendredi. Quand aux « racailles », « foutons-les dehors » dit une pancarte.

Étrange aussi la manière dont les autorités ont disposé la scène. Le rassemblement de l’extrême-droite, initialement prévu place d’Armes, a été déplacé à la demande du sous-préfet devant l’hôtel de ville, qui hormis son caractère monumental symbolise le coeur politique de la cité.

Les soutiens des exilés, qui organisaient un tournoi de football permettant aux Calaisiens et aux exilés de se rencontrer, s’étaient vu fermer les portes des terrains de sports de la Citadelle par la mairie, et avaient dû aller squatter des terrains voisins.

D’un côté les hôtes qu’on honore devant l’hôtel de la ville, l’extrême-droite; de l’autre les parias qui doivent se rabattre sur les lieux qu’on veut bien leur laisser, les personnes qui tissent de la solidarité.

En arrière-plan, un préfet qui distingue entre les « associations gestionnaires », qu’il rencontre, et les autres, No Border et Calais Ouverture et Humanité, qu’il ne rencontre pas. Des militants d’extrême-droite qui ciblent leurs agressions sur des membres de No Border et de Calais Ouverture et Humanité. Des élus qui stigmatisent publiquement les militants de No Border, la sénatrice et maire Natacha Bouchard (UMP) les accusant de travailler avec les passeurs, le député Yann Capet (PS) les associant à la mafia et aux passeurs.

Après la fermeture du centre de Sangatte, les autorités ont utilisé le « délit de solidarité », la répression de l’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour de personnes étrangères en situation irrégulière, pour tenter de mettre au pas les associations et les personnes solidaires des exilés. Tout se passe comme si, la loi étant changée et ce qui reste du « délit de solidarité » étant difficile à utiliser contre les associations et les citoyens solidaires, les pouvoirs publics déléguaient à l’extrême-droite la tâche d’intimider les militants récalcitrants. Comme s’il y avait a carotte d’un centre d’accueil de jour pour les « associations gestionnaires », et la schlague de Sauvons Calais pour les No Border et autres citoyens solidaires.

En tout cas, l’affaire de Coulogne comme l’accueil fait à cette manifestation pendant laquelle on appelle à « foutre dehors » les « racailles » et à chasser les « traitres » posent des questions sérieuses quant aux intentions des pouvoirs publics et à leur position par rapport à l’implantation à Calais de cette extrême-droite violente.

« Foot du Monde contre le racisme » a été un temps de rencontre et d’échange, un lieu d’hospitalité. Une graine de la société que nous voulons. Un genre d’initiative que de plus en plus de monde soutien. Une initiative chaleureuse – qu’ont souvent apprécié les personnes qui ont eu à couvrir la manifestation d’extrême-droite et qui sont ensuite venues voir ici ce qui se passait. Faite avec trois fois rien, un terrain, des ballons, du thé et des gâteaux, une sono pour la musique.

Mais des initiatives comme celle-ci seront-elles suffisantes face à la violence qui s’annonce ?

 

Pentax Digital CameraLe rassemblement de Sauvons Calais devant l’hôtel de ville

Pentax Digital CameraLe dispositif policier. Les policiers casqués bouclier en main sont tournés vers l’extérieur, pour protéger la manifestation d’extrême-droite. Contre qui ?

Pentax Digital Camera

Pentax Digital Camera« Foot du monde contre le racisme », sur les terrains du lycée Coubertin