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Ce week-end, un exilé érythréen a été laissé pour mort après avoir été agressé à la barre de fer.

http://www.nordlittoral.fr/faits-divers/un-migrant-violemment-agresse-ia0b0n233183

D’autres agressions du même type ont eu lieu fin mai et au mois de juin, des exilés isolés étant attaqués à la barre de fer par des personnes descendant d’une voiture noire ou grise foncée.

Avant l’apparition du groupe d’extrême-droite Sauvons Calais à l’automne 2013, les agressions contre des exilés étaient rares. Depuis, elles se multiplient, et il est difficile de ne pas faire le lien avec les propos violents postés sur sa page facebook et avec les appels à constituer des milices d’autodéfense proférés à l’occasion de la manifestation du 7 septembre 2014.

Les premières agressions donnent une impression d’amateurisme, comme si les auteurs transposaient dans la réalité les propos jetés sur internet. Ainsi, un vigile tire par deux fois dans la nuit, avec une carabine à plomb, sur des exilés passant dans la rue, depuis son lieu de travail. Il est arrêté par la police dans l’heure qui suit le deuxième tir. Il écope non seulement d’une peine de prison, mais perd son travail et toute possibilité de travailler à nouveau dans ce secteur professionnel. De même quatre jeunes attaquent un squat au cocktail Molotov et sont arrêtés dans l’heure qui suit. On a eu aussi des tirs depuis un véhicule avec un pistolet à bille.

À l’inverse, au moins trois agressions ont lieu contre des personnes impliquées dans le soutien aux exilé-e-s au cours de l’été 2014, et là les agresseurs ne sont pas retrouvés.

À ses débuts, Sauvons Calais a bénéficié d’un accueil bienveillant de la part des autorités. Lors de la première manifestation organisée par le groupe sur le perron de l’hôtel de ville, deux adjoints à la maire de Calais, MM. Agius et Mignonet, viennent serrer la main des manifestants anti-migrants.

Du 17 au 24 février 2014, un attroupement constitué de membres de Sauvons Calais et de « riverains », certains mineurs, se tient devant un squat à Coulogne (voir ici, ici et ). Il dure une semaine, des insultes et des menaces de mort de viol fusent, la façade est caillassée, des cocktails Molotov sont jetés, des tentatives d’intrusion ont lieu pendant la nuit. La police est présente mais n’intervient pas, expliquant qu’il n’y a pas de trouble à l’ordre public, ce qui est aussi la position du sous-préfet.

La manifestation du 7 septembre 2014 crée un effet boule-de-neige anti-migrants, avec la venue de Marine Le Pen à Calais, et la manifestation anti-migrants organisée par le syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière, pourtant classé à gauche. Cette manifestation reçoit le soutien de Sauvons Calais, des élus du Front National y participent. Cette montée en puissance installe dans les médias et dans l’opinion l’idée que la population calaisienne est majoritairement hostile aux exilé-e-s. Elle prépare le terrain aux expulsions silencieuses de mars – avril 2015 et au regroupement de la majorité des exilés dans ce ghetto à l’écart de la ville qu’est le nouveau bidonville d’État.

Avec les récentes agressions à la barre de fer, on a l’impression d’un groupe mieux préparé, loin de l’amateurisme des débuts. La violence d’extrême-droite s’est installée dans le paysage calaisien.

 

Coulogne avant après

Coulogne aprèsFévrier 2014, le squat de Coulogne avant et après le caillassage. Photos Calais Ouverture et Humanité.