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bidonville, Calais, délit de solidarité, Exilés, expulsion, solidarité
Nous avions eu « les no borders », rendus responsables de toutes les tensions par les autorités, dans un curieux renversement. C’est en effet grâce à leur observation minutieuse des violences policières que le Défenseur des Droits a pu être saisi une première fois en 2011 de la situation calaisienne, avant de l’être à nouveau en 2015 par un éventail plus large d’associations. Par le martèlement répété du même message les autorités tentent de convaincre que les violent-e-s ce sont les militant-e-s de ce mouvement.
Il y a eu « l’ultragauche », associée aux « no borders », notamment lors de tentatives de passage, assez spectaculaire ainsi que la réaction policière qu’elles ont entraînée, sur la rocade d’accès au port début novembre 2015 (voir ici, ici, ici et là).
Il y a maintenant les « zadistes », une des cibles désignées aux procureurs par la circulaire du 20 septembre 2016 du ministère la justice.
La presse locale consacre une pleine page dans son édition papier à ce nouveau sujet :
http://www.nordlittoral.fr/accueil/calais-les-zadistes-de-notre-dame-des-landes-veulent-ia0b0n354001
Il y a réellement des personnes impliquées dans la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui viennent à Calais, parfois depuis plusieurs années (voir ici, ici ou là). Mais il y a aussi des appellations qui sont agitées pour alimenter les fantasmes et les peurs, et ainsi rendre acceptable l’action policière qui va être mise en place pour l’expulsion des dix mille habitant-e-s du bidonville et la destruction de celui-ci se fasse sans témoins, et que rien ne perturbe la mise en scène médiatique prévue par le gouvernement.
Les enseignant-e-s en langues vivantes du Calaisis, donc les professeur-e-s d’allemand, anglais, espagnol, italien, ont ainsi été sollicités par l’intermédiaire des responsables d’établissement à se mettre à la disposition du commissariat de Calais pour l’expulsion :
« Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etablissement,
Dans le cadre du projet de démantèlement du camp de migrants de la Lande, les services de l’Etat souhaiterait solliciter durant cette période (date et durée encore indéterminées) la participation volontaire des professeurs de langue (Anglais, Allemand, Espagnol et Italien) en tant que traducteurs.
Cette participation sera rémunérée.
Vous est-il possible de relayer cette information auprès de votre personnel.
Pour les enseignants intéressés par cette démarche, nous les invitons à nous transmettre par mail les informations suivantes afin d’effectuer un premier recensement :
– Nom et Prénom
– Date et lieu de Naissance
– Adresse et numéro de téléphone
– Adresse mail
Les réponses sont à transmettre rapidement auprès du B/C POMART et du Major DAMMAN à l’adresse suivante :
marie.pomart@interieur.gouv.fr
Merci pour votre coopération,
Bien cordialement,
B/C POMART Marie et Major DAMMAN Bruno
Unité de Prévention
Commissariat de Police de Calais »
Une protestation ferme des syndicats a entraîné l’abandon de ce projet, qui marque néanmoins jusqu’où va la volonté de mainmise du ministère de l’intérieur sur l’ensemble des services publics et de leurs agents.
Vous pouvez télécharger le communiqué des syndicats ici.
Au vu des langues concernées, il ne s’agit pas de traductions en directions des exilé-e-s, mais des militant-e-s de différents pays européens qui seront arrêté-e-s lors de l’expulsion.
Certaines associations qui approuvaient il y a encore quelques semaines le plan d’expulsion du gouvernement entrent elles aussi dans une stigmatisation particulièrement violente de militant-e-s qui pourraient correspondre au portrait-robot des « zadistes », ce qui témoigne de l’éclatement antagoniste du paysage associatif. Ainsi ce commentaire de l’Auberge des Migrants sur la page de cette association :
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=10154391552465339&id=358496450338
« Et aujourd’hui, des personnages, venus de nulle part, sirotant un thé sur la butte de sable, interdisent aux journalistes de prendre des photos, même des plans généraux sur le camp « On ne montre pas la misère » « ce sont les violences policières qu’il faut filmer ». Arrivés récemment, les parasites de la lutte imposent leur arbitraire, comme les flics à l’entrée du camp. »
C’est dans ce contexte que quelques militant-e-s vont tenter, face à un dispositif policier qui les prendra sans doute comme première cible, de témoigner de la manière dont se passe réellement cette expulsion que le gouvernement qualifie « d’humanitaire ».
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pascaline a dit:
Visiblement, un truc bien pourri et nauséabond se prépare en coulisses … un pays qui n’accepte pas qu’une partie de la société civile assiste à une intervention est un drôle de pays ….Je veux témoigner de toute mon admiration et mon soutien à ceux qui ont le courage d’être aux côtés des plus pauvres et des plus fragiles …
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