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Le Défenseur des droits avait déjà rendu une décision en 2012 concernant le harcèlement policier à Calais, sur la base d’une saisine de 2011. C’était l’époque Cahuzac, et comme son collègue, le ministre de l’intérieur Manuel Valls nie « en bloc et en détail », droit dans les yeux. Sa réponse est en trois points : 1. les faits ne sont pas avérés 2. les faits sont anciens 3. un CRS a été sanctionné en 2010, donc on fait le nécessaire.

Le Défenseur des droits est à nouveau saisi par de multiples sources début 2015 (voir ici, ici, ici et ), s’autosaisit également sur certains aspects, et rend un nouveau rapport le 6 octobre.

La réponse du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, est rapide (8 jours), longue, touffue, mal écrite et mal étayée. Le but n’est pas qu’on croie ce qu’écrit le ministre, le but est de brouiller les pistes, et de rendre inaudible ce que dit le Défenseur des droits.

Un exemple révélateur, il y a dans le bidonville 3 points points d’eau, qui sont des tuyaux sur lesquels il y a plusieurs robinets. Et bien en bas de page 7 de sa réponse, le ministre joue sur le nombre de points d’eau et le nombre total de robinets pour dire que le Défenseur des droits ne sait pas ce dont il parle. Ça dit le niveau.

Et on pourrait prendre paragraphe par paragraphe la réponse de Cazeneuve, faite d’informations décontextualisées, de chiffres non explicités, de contre-arguments qui en fait ne répondent pas aux éléments soulevés par le Défenseur des droits, de propos méprisants, d’arguties qui déplacent le problème. Brouiller les pistes et décrédibiliser, par des propos qui relèvent d’une polémique de comptoir. Mais une réponse faite d’éléments simples, face à un rapport de 85 pages s’appuyant sur des éléments juridiques, étayé par des témoignages et une enquête de terrain.

Le souci de Cazeneuve est de refermer au plus vite tout débat que pourrait susciter le rapport du Défenseur des droits, et de pouvoir continuer à faire la même chose que jusqu’à présent, sans trop faire de vagues si possible, jusqu’à ce qu’une élection entraîne la nomination d’un autre ministre de l’intérieur.

En attendant, la réalité est là, intolérable.