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Hier samedi, un peu avant minuit. Au coin du parc Saint-Pierre, une friterie et quelques tables et chaises sur le trottoir. À cette heure d’un soir d’automne, ce sont surtout des exilés qui sont là, partageant des portions de frites en guise de repas du soir.

Plusieurs voitures de police surviennent, suivies des fourgonnettes blanches qui servent aux arrestations. Des exilés tentent de s’esquiver, mais les policiers les bloquent. Ils sont plaqués contre les grilles, palpés, contrôlés. Ceux qui n’ont pas de documents en règle sont embarqués dans les fourgons. Une vingtaine d’arrestations, contribution aux rafles du jour qui doivent alimenter les centres de rétention à raison d’une cinquantaine de personnes quotidiennement depuis la dernière visite de Bernard Cazeneuve à Calais (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici et ).

À l’autre bout de la chaîne, les associations de soutien juridique dans les centres de rétention, qui voient ces groupes de personnes raflées, amenées en bus ou en avion, libérées au bout de cinq jours pour faire place à un autre groupe dans les mêmes conditions, expriment leur consternation et leur indignation.

La Cimade :

http://www.lacimade.org/communiques/5601-Calais–le-gouvernement-joue-la-grande-illusion

Forum Réfugiés :

http://www.forumrefugies.org/actualites/le-placement-en-retention-ne-peut-pas-constituer-une-reponse-a-la-crise-de-calais

L’Ordre de Malte :

http://www.ordredemaltefrance.org/images/pdf_a_telecharger/communique_CRA/Communique_30.10.2015.pdf

À ces rafles s’ajoute la pression policière autour du bidonville, avec des contrôles et des limitations de mouvement variables d’heure en heure, des véhicules d’aide humanitaire bloqués de manière arbitraire, selon des modalités et des règles qui semblent changer selon les policiers et leur humeur. Ceci dure depuis une semaine.

Et une opération de relogement loin de Calais sur laquelle on s’interroge (voir ici et ), tant elle parait improvisée et peu claire quant à ses finalités, mise à l’abri hivernale, hébergement, avec ou sans accompagnement administratif, accès ou non à un soutien juridique indépendant garantissant l’accès aux droits, avec ou sans risque d’expulsion pour les personnes qui n’entreraient pas dans le cadre défini par les autorités.

Demain lundi, le tribunal administratif de Lille doit rendre son jugement suite à la plainte déposée par des habitants du bidonville, Médecins du Monde et le Secours catholique contre l’État pour les conditions de vie dans lesquelles sont mises et laissées les 6000 personnes qui y vivent.

Les habitant-e-s de la partie du bidonville qui doit être détruite pour faire place aux containers aménagés promis par Manuel Valls avaient jusqu’à aujourd’hui dimanche pour libérer la place. Une partie des personnes refuse de bouger, les autres sont simplement restées là où elles étaient, on ne sait pas ce qui va se passer demain lundi. Dans le climat de violence actuel de la part de l’État, on est inquiet.

Les habitant-e-s qui refusent d’aller défricher un emplacement pour y poser la tente qui leur serait donnée ont publié un communiqué expliquant leur position :

  • « Construction of the new camp will be right in the middle of the current camp but it is not a real solution for the problems of refugees.
  • The capacity of the new camp is 1500 places which is not sufficient for the refugee population of Calais.
  • The place the government has chosen for the construction is not viable to build a camp.
  • Decisions taken by the French government are unclear to us.
  • The French government forces refugees to evacuate the zone chosen for the construction of the new camp.Therefore we,­ the refugees present in this area,­ refuse to submit to this ingrate politics of anti-solidarity. The day that the government forces us to leave for this construction, that will be the day of our protest. »

La traduction en français :

  • « La construction du nouveau camp sera en plein milieu du camp actuel, mais ce n’est pas une véritable solution pour les problèmes des personnes réfugiées.
  • La capacité du nouveau camp est de 1500 places, ce qui n’est pas suffisant pour la population réfugiée de Calais.
  • La zone choisie par le gouvernement pour la construction n’est pas viable pour un camp.
  • Les décisions prises par le gouvernement français nous paraissent peu claires.
  • Le gouvernement français force des personnes réfugiées à évacuer la zone choisie pour la construction du nouveau camp.

En conséquence nous – les personnes réfugiées présentes dans cette zone – refusons de nous soumettre à cette irrespectueuse politique d’anti-solidarité. Le jour où le gouvernement nous forcera à partir pour démarrer les travaux, nous protesterons collectivement. »