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Sensés figurer le volet « humanité », à côté des rafles et envoi dans les centres de rétention montrant la « fermeté » (voir ici, ici, ici et ), l’envoi d’exilé-e-s « volontaire » vers des centres d’accueil partout en France (voir ici et ) commence, en à peine deux semaines, à montrer ses faiblesses et ses dessous.

Les solutions de relogement mises en place à la suite des expulsions de cet été à Paris (campements de La Chapelle et du quai d’Austerlitz, squat du Lycée Jean Quarré) avaient déjà attiré notre attention. Des personnes dispersées en Île-de-France, parfois dans des endroits isolés, manquant de moyens de transport, un accompagnement insuffisant, voire inexistant, et une application sans nuance du règlement Dublin III qui bloque toute une partie des demandes d’asile.

Résultat, les personnes auxquelles les autorités n’ont pas proposé de relogement et celles qui ont quitté le leur parce que trop isolé occupent la place de la République, en sont délogées. Elles appelaient à une manifestation de soutien la semaine dernière (voir leur appel ci-dessous).

Une manifestation a également eu lieu hier à Paris pour demander l’enregistrement de toutes les demandes d’asile, sans que le règlement Dublin III fasse obstacle (voir l’appel ci-dessous).

Les exilé-e-s de Calais qui ont accepté l’offre de relogement loin de Calais se heurtent aux mêmes difficultés, sans doute amplifiées par la dispersion et par l’improvisation dans laquelle l’opération s’est mise en place. Après la première série de départs médiatisée, une réalité moins enchanteresse se fait jour.

Ce sont des exilés qui téléphonent à des bénévoles avec lesquels ils sont restés en contact pour leur dire qu’ils sont dans un endroit isolé, qu’on leur apporte simplement des repas et qu’en dehors de ça ils ne voient personne, qu’il n’y a pas de suivi. Ou que le transfert de leur dossier retarde leur demande d’asile de plusieurs semaines. C’est un village des Vosges dont le maire, averti au dernier moment, organise une réunion des habitants contre l’arrivée des « migrants ». C’est Arry, en Moselle, où le maire a été averti la veille pour le lendemain, et l’extrême-droite a manifesté avant même l’arrivée des exilés. C’est une journaliste qui appelle les associations calaisienne pour savoir ce que sont devenu-e-s des exilé-e-s attendu-e-s en Bretagne. On a l’impression que la désorganisation gagne une opération mal préparée et mal accompagnée.

L’autre question pendante, par rapport à laquelle les informations sont de plus en plus inquiétantes, est celle de la nature de ces centres : lieux de mise à l’abri inconditionnelle, quelle que soit la situation administrative, ou lieux de tri entre les personnes qui pourront rester en France et les personnes qui en seront expulsées.

Les personnes ne sont pas informées d’un éventuel risque d’expulsion. On leur dit qu’elles peuvent si elle le souhaitent être hébergées en dehors de Calais, et réfléchir si elles le souhaitent à une éventuelle demande d’asile. Elle ne savent généralement pas non plus où elles sont emmenées.

Or les déclarations des autorités vont dans le sens de centres de tri.

Ainsi le préfet du Loiret :

http://www.larep.fr/loiret/actualite/pays/gatinais/2015/10/28/video-des-migrants-de-calais-accueillis-dans-le-loiret_11640255.html

« Les services préfectoraux vont vérifier si les jeunes gens ont séjourné dans un autre pays avant de parvenir à Calais, afin de s’assurer qu’ils peuvent bénéficier des mesures d’asile. Si tel n’était pas le cas, des procédures de retour pourraient être envisagées. »

La préfète du Pas-de-Calais :

http://www.lavoixdunord.fr/region/creation-du-camp-pour-1-500-refugies-a-calais-le-ia33b48581n3136972

« Les migrants sont hébergés dans des centres de mise à l’abri, tels que leur fonctionnement avait été esquissé par le rapport Vignon-Arribaud et se verra proposer tout ce que la France peut légalement offrir. En revanche, les migrants n’auront pas de traitement de faveur ni pour l’accès à la demande d’asile, ni pour une régularisation de leur séjour. »

Le préfet du Rhône :

http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Actualite/Actualites/Solidarite/Migrants-Il-ne-faut-pas-faire-de-psychose-selon-Michel-Delpuech

« les personnes qui n’ont pas vocation à bénéficier du statut d’asile vont être reconduites dans leur pays d’origine »

 

 

« Communiqué des migrants expulsés de la place de la République :

Nous n’avons ni maison ni aucun droits depuis plus d’un an.
Certains des réfugiés sont des demandeurs d’asile nouvellement arrivés.
Ce matin 29 octobre à 5h la police est venue à nos tentes place de la république, et ils nous ont expulsés de force, et nous ont pris toutes nos affaires.
Lorsque nous étions au lycée Place des Fêtes, le gouvernement nous avait évacué, et avait promis de nous donner des logements et ils en ont donné pour certains mais pas pour tous.
Nous n’avons pas d’endroit pour dormir, pas d’école, aucune aide du gouvernement.
C’est la France ! Pas l’Afghanistan ni la Palestine.
Nous ne sommes pas des criminels, ils nous ont traités comme des criminels, nous sommes traités avec violence comme des criminels, ils nous ont blessés, et se sont comportés comme des criminels.
Nous appelons les gens à se rassembler avec nous ce soir jeudi 29 octobre à 17h30 à République pour soutenir nos droits et nos revendications. »

 

« Action collective

Stop au règlement Dublin !
Enregistrement des demandes d’asile maintenant et pour tou⋅te⋅s !

Après l’évacuation du Lycée Jean Quarré le 23 octobre 2015, les exilés qui occupaient le lieu ont été dispersés. Certains sont encore à la rue, dans des campements (notamment Place de la République), parce qu’ils n’ont pas été hébergés le jour de l’évacuation ou parce qu’ils l’ont été dans des centres à plusieurs centaines de kilomètres de Paris et qu’ils ont voulu revenir près du lieu où ils ont entamé leur demande d’asile. Dans le meilleur des cas, ils sont logés dans des centres d’hébergement pour une durée non déterminée, dont le renouvellement est entre autres conditionné aux démarches administratives engagées au regard de l’asile.

Rassemblement le vendredi 6 novembre 2015 à 14 heures
devant la préfecture – 92 boulevard Ney (métro porte de Clignancourt)

Aujourd’hui, la priorité des exilés du bâtiment occupé de l’ancien lycée Jean Quarré, victimes de la défaillance des pouvoirs publics qui ne fournissent pas un accueil décent à tous les demandeurs d’asile comme aux personnes précaires en général, est celle d’un hébergement stable et convenable pour tous.

Mais un autre problème fait son apparition. Beaucoup d’exilés qui sont présents au lycée occupé ou hébergés dans des centres d’hébergement sont placés par l’administration sous procédure dite « Dublin III », mécanisme basé sur le principe qu’une demande d’asile doit être examinée dans le premier pays européen dans laquelle la personne est arrivée. Les systèmes de fichage et de contrôles étant de plus en plus performants, la France essaye ainsi de « dubliner » de nombreuses personnes vers ces pays et les empêche par conséquent de voir leur demande d’asile instruite en France. Ces exilés sont contraints d’attendre de nombreux mois (environ une année) avant de savoir si la France va les renvoyer vers ce pays « responsable » ou s’ils vont être autorisés à demander l’asile en France (en 2013, à Paris, sur 710 décisions Dublin, au final 7 personnes ont été renvoyées).

Après 20 ans d’application désastreuse de ce mécanisme et au moment où les États de l’Union européenne s’entendent pour « relocaliser » les exilés arrivés en Italie et en Grèce afin de « soulager » ces premiers pays d’accueil, la France continue à appliquer cette procédure inefficace, inéquitable et injuste à ceux qui sont déjà présents sur son territoire.

Dès aujourd’hui, le règlement Dublin – qui a pour conséquence de laisser les personnes dans une situation d’attente interminable – ne doit plus être appliqué. Les demandeurs d’asile doivent pouvoir déposer leur demande dans le pays de leur choix à l’intérieur de l’Union européenne.

Aujourd’hui nous demandons :

  • Un hébergement immédiat et durable de tous les exilés présents au lycée et à la rue, leur assurant un suivi juridique de leur demande d’asile ;
  • L’enregistrement immédiat des demandes d’asile et l’annulation des procédures « Dublin » pour les habitants du lycée Jean Quarré et tous les exilés ;
  • Des papiers pour résider, circuler et travailler librement.

Des réfugiés du lycée Jean Quarré et des personnes solidaires

2 novembre 2015

Pour demander l’enregistrement immédiat par la France des demandes d’asile :
Rassemblement le vendredi 6 novembre 2015 à 14 heures
devant la préfecture
92 boulevard Ney (métro porte de Clignancourt)

Soutenus par :

Acort,
APSR,
Ardhis,
Association IDEAL-92,
Association des Marocains en France,
Association des Tunisiens en France,
ATMF,
Centre Primo Levi,
Cimade Ile de France,
CISPM,
CNT-éducation 75,
CNT Santé Social et Collectivités Territoriales RP,
CSP 75,
Dom’Asile,
Droits devant !!,
Espace Fârâbî,
Fasti,
Gisti,
IJAN,
JRS France,
LDH Fédération de Paris,
Mouvement Utopia,
Mrap,
Solidaire Paris,
Solidarité Jean Merlin,
UJFP,
Union syndicale Solidaires.

Alternative libertaire,
Ensemble !,
NPA,
Parti de Gauche. »