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Les bénévoles français-e-s et britanniques présent-e-s quotidiennement sur le terrain ont effectué un recensement tente par tente, cabane par cabane, de la partie sud du bidonville menacée d’expulsion par les autorités. Les chiffres trouvés sont un minimum, puisque toutes les tentes ou cabanes où les équipes de recensement n’ont trouvé personne ont été considérées comme inoccupées, alors que leurs occupant-e-s éventuel-le-s étaient peut-être simplement absent-e-s. Les résultats sont corroborés par les estimations faites par plusieurs associations à partir des distributions de denrées alimentaires.

Il y a donc au minimum 3451 habitant-e-s dans le secteur dont l’expulsion est annoncée. 132 familles ont été recensées. 438 mineurs sont présents sur le secteur, parmi lesquels 291 mineurs isolés, c’est-à-dire qui ne sont pas là avec un membre adulte de leur famille. Et parmi les mineurs isolés, 88 ont de la familles au Royaume-Uni et pourraient s’y rendre légalement si les administrations française et britannique ne faisaient pas obstruction. Aucune solution n’est proposée pour eux par les autorités.

On savait que les chiffres donnés par la préfecture et le ministère de l’intérieur étaient faux. On en a la vérification. Un chiffre a été lancé aux médias par la préfète du Pas-de-Calais en septembre, 6000 personnes dans le bidonville, il fallait ensuite montrer que la politique menée était efficace, donc annoncer un nombre en baisse. Au moment d’expulser, il faut produire un chiffre correspondant aux possibilités de relogement, donc 800 à 1000 places de relogement font dire qu’il y a entre 800 et 1000 habitant-e-s dans la partie sud du bidonville.

Une question serait de savoir jusqu’à quel niveau remontent des estimations proches de la réalité. Tout le monde sait que les chiffres publiés par les autorités sont bidonnés, mais est-ce que tout le monde ment et donne les résultats qu’on attend de lui, ou est-ce que des données plus fiables remontent et jusqu’où ? La situation est la même que dans les pays du Bloc de l’Est sous l’ère soviétique : il faut annoncer que les objectifs du plan ont été réalisés, voire dépassés, tout le monde ment, tout le monde sait que tout le monde ment, mais à partir d’un certain niveau de la hiérarchie on ne peut plus avoir de vision de la réalité.

Si la menace s’est précisée concernant la moitié sud, la préfète avait annoncé que la totalité du bidonville serait détruite d’ici la fin de l’hiver (voir ici, ici, ici et ). On peut compter sur un nombre équivalent d’habitant-e-s dans la partie nord.

Le tribunal administratif de Lille a été saisi par des habitant-e-s du bidonville et des associations d’un recours contre l’expulsion. L’audience aura lieu mardi.

Et rappelons la pétition :

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Premier_Ministre_Valls_Ministre_de_lInterieur_Cazeneuve_Prefete_Buccio_Arretez_la_destruction_de_la_Jungle_de_Calais

 

Hamam légerIl a fallu deux mois pour que les autorités installent trois points d’eau dans le bidonville au printemps, au départ il n’y avait pas d’eau. Il a fallu une condamnation par le conseil d’État à l’automne pour qu’elles en installent d’autres. Les exilé-e-s se sont organisé-e-s pour avoir l’eau chaude. Ici, un hamam (en turc, hammam en arabe) parmi d’autres dans le bidonville.